dimanche 16 novembre 2025

Alexe Poukine, Kika, 2025

Un film sur le deuil et la réparation, très juste notamment dans sa manière inaugurale, par touches — la suite est un peu plus démonstrative. Un film d’une grande sensibilité portée par une remarquable actrice.

Hong Sang-Soo, Ce que cette nature te dit, 2025

La maison sur la colline.

Première journée passée avec la belle-famille d’un poète — qui ne répondra pas aux espérances. Le film, brut, fait de plans fixes et de rares zooms, montre avec ironie cette épreuve d’abord présentée avec bienveillance. Très réjouissant dans son analyse des rapports de classe et des protocoles sociaux.




samedi 15 novembre 2025

Jean-Baptiste Thoret, The Neon People, 2025

Environ 2 000 personnes vivraient dans le labyrinthe de tunnels sous Las Vegas. Ce sont les portraits de quelques-uns d’entre eux que fait Jean-Baptiste Thoret. Certains — le blues à la guitare, l’homme et son chien — sont particulièrement émouvants. L’ensemble alterne plans sur les néons de la ville et les sans-abri, lampe au front ou assis sur des chaises roulantes dans les parties les plus basses des tunnels. La construction, faite de micro-acmés et de redémarrages, patine, à l’image de ces vies sans doute, mais manque d’une structure. La musique évoque celle de John Carpenter.



Kōsaku Yamashita, Lady Yakuza : Chronique des joueurs, 1969

Cinquième opus de la série Lady Yakuza.

Oryū, exilée suite à la mort d’un de ses hommes, cache sa condition de yakuza et vit normalement parmi des métayers travaillant au commerce de l’indigotier et soumis à des clans.

Assez vite, les relations entre les différents protagonistes deviennent incompréhensibles, sans pour autant dissiper le plaisir de l’histoire ; c’est une sorte de western nippon verbal, avec bastons sanglantes (sans goutte sur les tatamis), coups magiques de Lady Yakuza qui semblent ne pas y toucher et surtout des parties de cartes constamment passionnantes.

C’est la force de ce film, porté par une photographie magnifique et une belle musique, que de rester captivant en dépit de ce scénario fonctionnant pas à-coups.

vendredi 14 novembre 2025

Kon Ichikawa, L'Étrange Obsession, 1959

Un homme qui n’arrive plus à satisfaire sexuellement sa jeune femme découvre dans la jalousie une nouvelle forme de vigueur. Il manipule ainsi sa femme et le jeune médecin promis à sa fille afin qu’ils entament une liaison. Le film, formellement très sophistiqué (les cadres et la musique sont sublimes, la photographie de toute beauté), utilisent de métaphores sexuelles proches de celles qu’Hitchcock emploie au même moment dans La Mort aux trousses, et un humour un peu incongru dans ce type de récit. Adapté d’un roman de Tanizaki, Palme d’or ex æquo à Cannes en 1960 avec L’Avventura. Une étrange pièce dans la filmographie de l’immense Kon Ichikawa.



jeudi 13 novembre 2025

Dan Trachtenberg, Badlands Predator, 2025

Après le bon Prey, Badlands Predator perd en originalité dans sa poursuite de la série. Entre les sabres de Stars Wars, les rituels klingons, King Kong et Godzilla, le film emprunte beaucoup, et rate sa construction narrative. Au final, une quête basique avec constitution de l’équipe et meurtre du père. Restent une faune et une flore plaisante, dark version pauvre d’Avatar.

jeudi 30 octobre 2025

Rob Reiner, Misery, 1990

Un écrivain, qui vient d'achever son dernier roman, un tournant dans son œuvre, dans un chalet, isolé, sous la neige, a un accident de voiture, il est sauvé par une de ses fans, infirmière, qui va le séquestrer, et lui demander d'infléchir le destin de son héroïne — adorée. Thriller d'horreur, tout y est évident et limpide : de la caractérisation minimale de ses quelques personnages (notamment secondaires) à sa construction narrative et sa gestion du suspense. Un film sur le fanatisme, le pouvoir de la littérature, la solitude, l’isolement — tendu et simple.

Carpenter, The Ting,

Double, terrien, froid, blanc d’Alien. Pourtant, et si plastiquement et d’un point de vue de la réalisation le film de Carpenter rivalise avec celui de Ridley Scott, ce n’est pas le cas, du point de vue du récit.

jeudi 23 octobre 2025

Alexandre Astier, Kamelott 2, 2025

Le film ne parvient pas à créer l’ampleur, le caractère épique qu’une telle aventure requiert.

Plus généralement il soufre de faiblesses techniques dans : sa mise en scène, ses cadrages, ses prises de vue et sa direction d’acteurs.

Par ailleurs, certains arcs narratifs — celui de Lancelot en particulier — n’ont aucun intérêt et interrogent la pertinence du recours à ce type d’effets spéciaux (ce budget) dans un tel cadre.

Le film peine à faire cohabiter ses registres hétérogènes : scènettes comiques d’inspiration télévisuelle, quête, drame, mythe.

Une forme d’amateurisme dans la réalisation. Astier est un réalisateur de sketchs télé, pas de cinéma (ou de dessinés animés, ses deux Astérix ne présentaient pas ces défauts).

Cela dit, passée la première heure laborieuse, éprouvante, gênante, on peut, peu à peu, se laisser prendre au rythme étrange de ce navet.

mardi 21 octobre 2025

Jan Kounen, L’homme qui rétrécit, 2025

Fallait-il refaire une adaptation du roman de Richard Matheson et du film de Jack Arnold ? La perception des phénomènes physiques a bien changé en soixante-dix ans, et la naïveté du propos original s’accordait à ses effets spéciaux.

Le film de Jan Kounen n’est pas vraiment un film d’aventures : il parle d’un homme qui s’éloigne — des siens, de la société, du monde — et qui est confronté à l’extrême solitude. Il y a une vraie dimension tragique, déjà présente dans le film d’Arnold. Le film joue sur plusieurs registres : la robinsonnade, le survival ; la séquence de la maison de poupée semble adapter un épisode de La Quatrième Dimension, tandis que la scène de l’aquarium est un hommage à Méliès.

Les scènes d’affrontement, de gigantisme insectes sont intéressantes pour ce qu’elles nous rapprochent d’une forme de perception (anthropocentrée) des bêtes minuscules , celà dit je me serais sans doute mieux satisfait d'un film d’aventures bourrin sur fond vert, que de cet entre-deux.

dimanche 19 octobre 2025

Radu Jude, Dracula, 2025

Variations, suite de sketchs, autour de la figure de Dracula, et de l’empalement, du godemiché et du pénis. Une partie des séquences sont des films de genre assez kitsch et bas de gamme dans leur production (tous les effets spéciaux « spectaculaires » sont confiés à l’IA). Certains segments se rattachent au forceps à l’ensemble, et sans proposer quelque chose de vraiment décalé. Le film dure presque trois heures : c’est parfois lourd, navrant, décousu mais, comme toujours chez Radu Jude, c’est un cinéma stimulant, qui donne envie de faire des films.

samedi 18 octobre 2025

Kristen Stewart, Chronology of water, 2025

Une jeune fille, nageuse est abusée par son père, elle se marie, accouche d’un enfant mort-né, puis devient écrivain. Il y a une belle maîtrise du montage et du son. Mais ce premier essai, tourné en pellicule, ne s’affranchit pas d’un certain dolorisme romantico-arty, à la fois adolescent et caricatural (Kim Gordon en maîtresse BDSM).

vendredi 17 octobre 2025

Orson Welles, La soif du mal, 1958

Le film de Welles est une succession de séquences — dont certaines, notamment la séquence inaugurale, jouissent d’une forte réputation —, liées par un scénario un peu lache. Le ton du film oscille entre la tragédie et le grotesque, le jeu des acteurs entre le naturalisme et l’outrance. Plus généralement, on sent un volonté de faire shakespearien en mêlant bouffonnerie et tragédie — très démonstrative. La photographie en noir et blanc est contrastée, les décors superbes, les thématiques multiples (frontière, nord sud, attentat, drogue, couple interethnique, pétrole, etc.). Un grand film shakespearien théorique raté.

mercredi 15 octobre 2025

Cédric Jimenez, Chien 51, 2025

Chien 51 part de l’idée la plus simpliste et la plus rabâchée qui soit sur l’intelligence artificielle — impossible de faire moins inventif. À partir de cet archétype, le film rate absolument tout : la représentation du Paris futuriste, les scènes de reformulation des crimes, les personnages, l’intrigue et même ses scènes d’action. Tout y est étriqué, gênant (le karaoké, la scène finale). Une sorte d’épisode de Dark Angel — mais bâclé, vieillot et sans intérêt.

lundi 13 octobre 2025

dimanche 12 octobre 2025

Vinciane Millereau, C’était mieux demain, 2025

Un couple caricatural des années 50 propulsé aujourd'hui et confronté au progrès et donc à sa propre remise en cause. Mal écrit et sans rythme. Une énième comédie française fainéante reposant sur un grand acteur  comique (Didier Bourdon) ayant abandonné toute ambition depuis plus de 30 ans. Comment peut-on passer des chefs d'œuvre des Inconnus à ça ?

Le moins bon (Stephanie de Monaco) y côtoyait le meilleur (Cinéma Cinémas, Avis de recheche, etc.) mais ça fonctionnait toujours plus ou moins parce que ça reposait sur le pastiche, sur quelque chose de préexistant. Bourdon était sans douter un pasticheur de génie, plus qu'un grand acteur.


samedi 11 octobre 2025

Joachim Rønning, Tron: Ares, 2025

Un long clip de NIN avec des super héros à moto très rapide et des traînées numériques rouge orange. Il y avait pourtant beaucoup à faire de ce va et vient entre numérisation du réel et réalisation du numérique.

vendredi 10 octobre 2025

Radu Jude, N’attendez pas trop de la fin du monde, 2022

Une journée dans la vie d’Angela Raducanu, qui filme des entretiens avec des ouvriers handicapés — destinés à l’entreprise responsable de leur handicap, laquelle doit choisir parmi eux le meilleur martyr à faire figurer dans un film de réhabilitation interne.

Ces séquences en noir et blanc granuleux alternent, d’une part, avec des extraits de vidéos qu’Angela publie sur Instagram, où elle se met en scène sous les traits d’un avatar outrancier et ultra vulgaire, et, d’autre part, avec un film des années 1970 ou 1980 dans lequel apparaît l’un des protagonistes de ces entretiens.

L’avant-dernière partie du film est constituée d’une série de plans fixes montrant quelques-unes des six cents croix qui jalonnent l’une des routes les plus dangereuses de la région.


Le film se referme sur le tournage du film lui-même.

Un film cinéphile sur le cynisme du capitalisme, mêlant plusieurs registres d’images et de discours, très drôle, inventif et stimulant.



jeudi 9 octobre 2025

Vasílis Kekátos, Nos jours sauvages, 2025

Robins des bois tatoués, en camping-car, avec effets d’intensité : musique pompière qui monte, soleil et hurlements lupins.

mercredi 8 octobre 2025

Richard Linklater, Nouvelle vague, 2025

Le tournage d’À bout de souffle, filmé de la même manière. Biopic cinématographiquement anecdotique et en même temps toujours réjouissant.

Mamoru Oshii, L’œuf de l’ange, 1985

Dans un monde en ruines, sans habitants, une jeune fille protège un œuf. Elle rencontre un homme qui la met en garde sur l’attention constan...