Scénario, son dernier film inachevé, est précédé d’un documentaire dans lequel Godard explique à ses assistants, à partir d’une « brochure » qui tient lieu de storyboard, la manière dont le film pourrait se dérouler. De ces idées, il ne reste pas grand-chose dans la version réalisée et montrée du film. Cette articulation entre les indications de tournage et le film lui-même compose une sorte de variations possibles des formes qu’il aurait pu prendre — un statut entre l’ébauche et la finalisation.
Dans le film : des images fixes, des extraits d’autres films : Week-end, Only Angels Have Wings…, des parasitages sonores, et le final, une minute de Godard lui-même, assis sur son lit, chemise ouverte, lisant, la veille de sa mort volontaire. Sa voix, parfois chevrotante dans de plus anciennes interventions, ne l’est pas ici. Il n’y a pas une once de morbidité ni de vieillesse dans ces images.
Comment évaluer ce geste, abscons, témoignant de la maîtrise absolue d’une vie qui se confond avec l’histoire du cinéma ?
