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jeudi 5 juin 2025

Jean-Luc Godard, Scénario, 2024

Scénario, le dernier film inachevé de Godard, est précédé d’un documentaire dans lequel Godard explique à ses assistants, à partir d’une « brochure » qui tient lieu de storyboard, la manière dont le film pourrait se dérouler.

De ces idées, il ne reste pas grand-chose dans la version réalisée et montrée du film.


Cette articulation entre les indications de tournage et le film lui-même compose une sorte de variations des formes qu’il aurait pu prendre — un statut entre l’ébauche et la finalisation.


Dans le film : des images fixes, des extraits d’autres films : Week-endOnly Angels Have Wings…, des parasitages sonores, et le final, une minute de Godard lui-même, assis sur son lit, chemise ouverte, lisant, la veille de sa mort volontaire. Sa voix, parfois chevrotante dans de plus anciennes interventions, ne l’est pas ici. Il n’y a pas une once de morbidité ni de vieillesse dans ces images.


Comment évaluer ce geste, un peu abscons, témoignant de la maîtrise absolue d’une vie qui se conjugue avec l’histoire du cinéma ?

mercredi 7 mai 2025

Edward Berger , Conclave, 2024

Le récit est énorme (manigances, attentat, révélation finale), mais le film est bien construit. Haut de gamme dans le genre du thriller en milieu restreint à rebondissements. La représentation des rituels, la beauté des intérieurs, les cadrages, les acteurs — tout concourt à faire de ce thriller un excellent film.

mercredi 9 avril 2025

c, Amateur, 2025

Un cryptographe du FBI entreprend de traquer et tuer les assassins de sa femme. Sans originalité, mais bien réalisé et prenant de bout en bout, avec pour chaque assassin un dispositif de meurtre original. Avec Rami Malek et Laurence Fishburne.

dimanche 30 mars 2025

Juho Kuosmanen, Les Contes de Kokkola – Une trilogie finlandaise, 2024

Trois contes maniéristes évoquant Méliès, Chaplin, et dont la bande-annonce semblait convoquer Karel Zeman. J’ai eu du mal à en saisir l’enjeu. Le résultat est un ensemble imprécis, mal rythmé — peut-être simplement un travail de jeunesse de Juho Kuosmanen, l’auteur du très bon Compartiment n°6.

mardi 11 mars 2025

Boris Lojkine, L'histoire de Souleymane, 2024

Deux jours filmés comme un documentaire : un travailleur guinéen sans-papiers doit jongler entre location de compte Deliveroo, appel au 115 chaque matin pour avoir un lit le soir, bus sociaux et intermédiaires qui se sucrent au passage — avant un entretien pour être régularisé.

Un bon film, tendu comme un thriller.

mardi 18 février 2025

Andreas Hartmann, Arata Mori, Jōhatsu (Evaporés), 2024

80 000 personnes s’évanouissent au Japon chaque année. La plupart réapparaissent, mais certains disparaissent pour de bon. Ce documentaire dresse le portrait de quelques-uns de ces évaporés et de leur passeuse — ceux qui ont accepté de témoigner après avoir disparu et refait leur vie ailleurs, afin d’échapper à leur femme, leur patron, la mafia, des dettes, etc.

Le film survole le phénomène — peut-être limité par la nécessaire confidentialité de ses témoignages. Aucun point technique, quelques belles images du Japon.

samedi 15 février 2025

Halina Reijn, Baby Girl, 2024

Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c'est un film, sur le désir (et l’importance de la famille) ponctuée de belles scènes et d'autres ridicules.

Une femme haut placée (dans le milieu de la robotique) n’a pas de plaisir avec son mari. Elle s’émeut d’un jeune stagiaire qu’elle a vu maîtriser un chien. Débute une relation SM qui empiète peu à peu sur sa vie de famille et risque de compromettre sa place dans l’entreprise. À la fin : tout rentre dans l’ordre (le mari réussit à la faire jouir).

Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c’est un film sur le désir (et l’importance de la famille), ponctué de belles scènes et d’autres ridicules.

dimanche 9 février 2025

Jacques Audiard, Emilia Perez, 2024

Il y a une certaine virtuosité technique dans les premières chorégraphies chantées du film, mais l’ensemble — le récit d’un double parcours (de l’homme vers la femme, et du mal vers la rédemption), l’amour filial plus fort que tout, la photographie qui atténue tout contraste à la manière de la dilution générique du récit — m’évoque plus une bouillie grise qu’un objet trans.

mercredi 5 février 2025

Denis Villeneuve, Dune 2, 2024

Il y a une exigence esthétique assez rare pour un film de science-fiction de type soap-opéra. Les séquences de chevauchement des vers dans le désert sont très belles. Je suis moins sensible aux scènes de péplum ultra-design.

Le récit ne s’embarrasse pas d’articulations — mais c’était déjà le cas dans le film de Lynch, peut-être est-ce lié au matériau d’origine.

Un objet très élégant, qui maintient toutefois le spectateur à distance.

Noémie Merlant, Les femmes au balcon, 2024

Les Femmes au balcon commence comme une comédie sororale à la Almodóvar, puis s’aventure vers le drame conjugal, la farce macabre, le film de fantômes, etc.

Le film déroule un véritable catalogue de la masculinité toxique (viol, violence conjugale, consultation gynécologique) et de ses remèdes : sororité, castration, éradication des hommes. Il se termine par une séquence où les femmes, seins nus, marchent dans la rue — enfin libres dans un monde sans hommes — comme une représentation d'un certain esprit militant des années 70.

Quelques tentatives formelles sont perceptibles, notamment dans le traitement de l’image, avec des filtres et des effets. Les scènes de désexualisation du corps féminin sont assez réussies. Mais le mélange des genres, l’imprécision de la mise en scène, comme une trop grande confiance laissée au seul mouvement de ses trois interprètes, plombent le film.

Un film de genres trans féministe raté.

lundi 3 février 2025

Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl, 2024

Wallace fabrique un gnome robot, capable de supplanter n’importe quel assistant avec une efficacité et une célérité d’action inouïes. Mais un manchot — ennemi juré de Wallace et Gromit, emprisonné après le vol du diamant bleu — parvient à le pirater et à le reprogrammer pour une tâche diabolique. Une nouvelle excellente aventure, toujours cotonneuse, des héros en pâte à modeler — qui tombe à point pour les fêtes de Noël.

vendredi 10 janvier 2025

Guillaume Nicloux, Sarah B la divine, 2024

Sarah B. la divine se concentre sur deux épisodes tragiques de la vie de Sarah Bernhardt : la perte de sa jambe et sa séparation de Lucien Guitry. Le personnage interprété par Sandrine Kiberlain est exubérant — mais, si l’on peut dire, de manière un peu outrancière.

C’est un film d’alcôve, sur la ménagerie animale et humaine qui entourait l’actrice. Sa construction comme sa reconstitution sont très classiques — pas ce que je préfère dans la filmographie du talentueux Guillaume Nicloux.

jeudi 9 janvier 2025

Clint Eastwood, Juré n°2, 2024

Un film de procès dans lequel un juré découvre qu’il est peut-être impliqué dans l’affaire. Un très beau film classique, au montage élégant — seul le personnage interprété par Kiefer Sutherland paraît un peu inutile. Rien, ici, ne trahit l’âge avancé de son réalisateur.

lundi 23 décembre 2024

Sean Baker, Anora, 2024

Un très long fade-out : de l’euphorie à la remise en place sociale amère d’une jeune strip-teaseuse dont s’éprend un jeune garçon favorisé. Le film est structuré en séquences, chacune associée à un lieu et à une tonalité : la boîte de nuit, l’euphorie et la désinvolture ; la maison, le rappel à l’ordre ; la ville, la recherche et l’errance ; le tribunal, l’annulation du mariage, etc. Le film est distendu et, malgré la variété de ses registres, reste dépourvu d’aspérités. Mikey Madison est géniale. Un bon film, mais pas au-delà.



samedi 21 décembre 2024

Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d’une banlieue pavillonnaire découvrent un vaisseau spatial enfoui qui les propulse accidentellement à l’autre bout de la galaxie. Les voici donc tentant, tant bien que mal, de rentrer chez eux. Ils sont accompagnés dans leur quête par un pseudo-Jedi (Jude Law). Chaque épisode les confronte à une nouvelle planète et de nouveaux dangers. Le premier épisode évoque un fantasme de geek : un mash-up entre Star Wars et Les Goonies. La suite est une série enfantine, narrativement très simple, anecdotiquement plaisante.



mercredi 18 décembre 2024

Ridley Scott, Gladiator II, 2024

Il faut d’emblée accepter des CGI qui ne cherchent pas le réalisme : ils sont là pour représenter, comme des cercles peuvent figurer des têtes en bande dessinée. Une fois cette convention $ — un peu kitsch — admise, Ridley Scott nous embarque dans un récit visuel virtuose et parfaitement mené, qui rappelle à quel point il reste un immense réalisateur. On peut lui préférer ses chefs-d’œuvre des années 1970-80, mais il n’a clairement pas renoncé — ni à la mise en scène, ni au cinéma comme puissance narrative.

lundi 9 décembre 2024

Doria Tillier, Iris, 2024

Iris est institutrice et vit dans le bel appartement de sa grand-mère, avec sa cousine. Elle écrit un livre pour enfants, trouve un éditeur, et tombe amoureuse d’un homme plus âgé. Personnage décalé, elle obéit à une exigence logique discursive qui n’est pas celle de ses contemporains. Entre la comédie romantique et la fable, la série très douce, écrite et interprétée par Dora Tillier, déploie une singularité poétique à contre-courant. Avec : Anaïde Rozam, Jeanne Balibar, François Morel et Denis Podalydès.




mardi 19 novembre 2024

The Office (AU), 2024

Cette version australienne réutilise les codes de l'originale et de sa déclinaison américaine, la typologie de certains personnages, des éléments de la trame, les plans de cadrage sur la ville, etc. Le premier épisode est raté mais au fur et à mesure des suivants, le calque avec l'originale s'efface, jusqu'à ce que la série trouve un ton et une identité nationale (exotique). Une très honorable nouvelle version.



vendredi 15 novembre 2024

Une amie dévouée, 2024

Une femme s'invente un lien avec l'attentat du Bataclan et participe à la création d'une association de victimes. La série est un peu longue, alors qu'elle donne l'impression de survoler à la fois la psychologie de cette femme et la manière dont ses arnaques sont mises en place. Les personnages satellites en dispersent encore un peu plus le propos. Il y a dans cette combinaison qui tient à la fois du témoignage d'un drame récent et d'une fiction de genre (l'usurpateur, le mythomane — comme cela a été traité dans L'adversaire et L'emploi du temps) — un hiatus inhibant leur articulation.



Quentin Dupieux, Le deuxième acte, 2024

Quentin Dupieux est prolixe et sa relecture du cinéma de genre me semblait — jusqu'à Au poste — passionnante, mais ce sont plutôt ses structures à enchâssement dont il semble faire la marque caractéristique désormais de son cinéma.

Le film est construit sur une série de travellings (on en verra les rails à la fin du film), mettant en scène quatre comédiens, dans différentes combinaisons.

Plusieurs fictions s'entremêlent, dont l'une d'elles les met en scène dans des rôles qui jouent de la confusion avec ce qu'ils sont dans la (vraie) vie. Le propos du film est un peu nébuleux, et les différents discours qui construisent ces scènettes, banals : les acteurs jouent un rôle, la société va mal, et le cinéma n'y peut pas grand chose… S'y ajoutent quelques touches sur l'IA et le consentement — mais qui donnent plus l'impression de ne pas vouloir passer à côté de certains sujets actuels que d'avoir quelque chose à en dire.

Quelques scènes amusantes (lorsque Léa Seydoux appelle sa mère chirurgienne qui lui fait part de sa honte face à son jeu médiocre, et lui rappelle qu'elle n'aurait pas dû choisir cette voie, et lorsque le figurant essaie de demander leur 06 à Vincent Lindon et Raphael Queunard) sauvent un peu le film de son procédé et de notre ennui.

Le deuxième acte est une sorte de relecture structurelle, sèche, de Sullivan’s Travels — dont le réalisateur aurait disparu sous l'IA.



Sophie Letourneur, L’aventura, 2025

 Des vacances en Sardaigne. Ce film naturaliste très juste résonne à tous ceux qui ont pris des vacances, un temps suspendu spécifique de la...