Le FBI débarque au domicile de Reality Winner, traductrice du persan et du patcho. Ce récit d’une appréhension parle moins de leaks que de techniques d’aveu, et de la bascule — sur fond d’idéalisme politique — d’une situation professionnelle pleine de promesses à un auto-sabordage. Un peu artificiel parfois dans sa mise en attente et dans ses obturations référentielles, mais très anxiogène dans sa mise en scène de l’encerclement.
lundi 23 juin 2025
dimanche 9 février 2025
Naoko Ogigami, Le jardin zen, 2023
Une femme, à Tokyo, traverse une phase difficile. Le film commence au moment de la catastrophe de Fukushima, alors que son mari quitte le foyer conjugal. Contamination de l’eau et abandon du domicile dessinent les deux fils du récit. La femme se réfugie dans une secte d’adorateurs de l’eau verte et substitue au jardin de plantes dont s’occupait son mari un karesansui (jardin de pierres). Six mois plus tard, le mari, atteint d’un cancer, revient à la maison.
Le film est une comédie, pince-sans-rire, qui traite de la ménopause, de la place des femmes et de la société patriarcale japonaise. Cette « femme au bord de la crise de nerfs » nippone va maintenir le cap, malgré les injonctions sociales et la tentation de se laisser aller au pire, et traverser, glorieuse l’épreuve et dansante,.
C’est un film remarquable par son ton, son humour, sa justesse et la finesse de ses analyses.
mardi 17 décembre 2024
Silo, 2023
Dix mille humains vivent retranchés dans un silo, socialement stratifiés, observant le monde extérieur — toxique et désolé — à travers un unique hublot. Des reliques du monde d’avant circulent, certaines tolérées, d’autres interdites. La série débute comme une chasse au trésor claustrophobe, centrée sur l’exploration des profondeurs inconnues de la structure, avant de bifurquer vers une enquête policière et le dévoilement progressif d’un complot. La saison 2 articule plus nettement ces deux trames, mais c’est l’exploration des silos par Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) qui demeure la plus captivante.
mardi 10 décembre 2024
Platonic, 2023
Une femme et un homme, complices de leurs années étudiantes, se retrouvent à la quarantaine : lui vient de divorcer, elle s’apprête à reprendre son métier d’avocate après quinze ans consacrés à l’éducation de ses enfants.
Le point de départ du récit — un peu artificiel — permet de mettre en regard deux trajectoires, deux mondes : celui d’un couple bourgeois en reconstruction, et celui d’un hipster célibataire devenu brasseur. La série explore ce moment de la vie où se remettre en phase avec la société ne va plus de soi.
Elle doit beaucoup au charme et à la justesse de Rose Byrne et Seth Rogen.
mardi 12 novembre 2024
Michael Youn, BDE, 2023
Une vieille bande d'amis se retrouve dans le chalet luxueux du beau-père de l'un d'eux, et ça part en vrille. Déficit d'écriture, déficit d'idées, déficit d'humour, sur une énième variation de fête qui dégénère, Helena Noguerra est très belle, mais ça ne suffit pas à faire un film, dommage, Michael Youn a été mieux inspiré par le passé.
mercredi 14 août 2024
Noah Hawley, Fargo 5, 2023
Deux figures, deux forces, des caricatures, presque des abstractions : un cow-boy, mâle, shérif, raciste, terrien, violent, cruel (Jon Hamm) et une femme de pouvoir, sans pitié, mais sans commune mesure avec le précédent — capable de violence dans la légalité (Jennifer Jason Leigh). Entre les deux, une ex-victime, enfant battue, qui se révolte (Juno Temple).
Ce qui faisait Fargo, c’était la spirale infernale dans laquelle se trouvaient embarqués des personnages banals. Il n’y a plus rien ici de cela, la saison 5 traite de la violence conjugale et de la dette. En s'éloignant de son ADN de départ, la série perd de sa puissance narrative et de son entertainement ; elle gagne peut-être en combat social. La photographie est belle, l'interprétation est juste et la réalisation est remarquable.
mardi 13 août 2024
Thomas Bidegain, Soudain seuls, 2023
Une femme et un homme échouent sur une île déserte. Robinsonnade et crise de couple : la combinaison des deux ne fonctionne pas une seule fois, à l'image de la reprise lamentable de Joy division. Le pire du cinéma français.
mercredi 5 juin 2024
Nakache et Toledano, Une année difficile, 2023
Surendettement, mouvement écologique et romance, le film rate à peu près tout, les seules séquences réussies sont les passages comiques avec Jonathan Cohen et Pio Marmaï. La morale pécuniaire bizarre qui clôt le film en rajoute une couche. Le film aurait peut-être dû rester une farce.
jeudi 30 mai 2024
Steve Kozak, Jeremy Coon, A Disturbance in the Force, 2023
Star Wars Holiday Special est un show télé diffusé en novembre 1978 et mettant en scène les personnages de la Guerre des étoiles ; il était destiné à faire patienter les fans entre Un nouvel espoir et L'empire contre-attaque, c'est une sorte d'épisode 1.5, banni, honteux, renié.
A Disturbance in the Force, le documentaire de Steve Kozak et Jeremy Cool revient sur sa genèse à travers des archives (George Lucas, Mark Hamill…) et des entretiens (Jon Favreau, Seth Green…).
On y découvre le rôle déterminant de Charlie Lippincott dans le succès de la saga, pionnier du marketing, et inventeur du fandom : les conventions de SF, la novelisation, la comicbookization, les jouets, tout le merchandising qui a porté les films, c'est lui.
On y apprend aussi que l'épisode s'inscrit à la suite d'une série de shows télé du même type, — ce qui en relativise un peu l'incongruité.
Le documentaire revient sur son impact dans la pop culture et sur le mythe, que l’impossibilité, pour les amateurs, pendant longtemps de s'en procurer une copie, engendra.
A Disturbance in the Force constitue une excellente préface à cet épisode que l’intransigeance de Lucas (« I would track down every copy and destroy it ») n'a pas suffi à exclure du canon et dont Jon Favreau a repris des éléments pour the Madalorian ; épisode qui n'a d'ailleurs pas entaché d'un iota la mythologie Star Wars, et qui illustre très bien la faillibilité d'un raconteur d'histoires fut-il de génie.
dimanche 26 mai 2024
Takashi Yamazaki, Godzilla Minus one, 2023
L'histoire d'une famille qui se construit, dans les décombres de la guerre, avec d'autres liens que ceux de la biologie. Les scènes attendues d'affrontement renouent avec certaines images des premiers films de Ishirō Honda, notamment dans sa réassignation des hommes à des figurines de jeu pour enfant. La première séquence est très réussie. Un beau film sur le sacrifice et la survie.
samedi 6 janvier 2024
Zack Snyder, Rebel Moon, 2023
Des paysans menacés enrôlent un groupe de combattants pour se défendre. L'esthétique maniériste de Snyder (ralenti, couleurs, matières en suspension) fonctionne mieux dans les scènes de combats (à la fin du film) qu'au début, dans son volet paysan. Dans sa structure narrative globale, le film manque d'ampleur, de tension, de cohérence, les sept samouraïs n'ayant aucune autre épaisseur que ce qu'en montre leurs scènes d'introduction/de combat. L'ensemble n'a pas de grande puissance mythologique, mais il y a une certaine beauté de dessin animé dans sa représentation de la guerre.
Xavier Giannoli, D'argent et de sang, 2023
L'arnaque à la taxe au carbone. Série de genre française, très addictive, bien rythmée, avec d’excellentes actrices, acteurs (Ramzy, André Marcon, Niels Schneider, Judith Chemla, Vincent Lindon…) et qui parvient à expliquer simplement les rouages de ce spectaculaire braquage. La série est peut-être un peu longue, les deux derniers épisodes ne parvenant pas à conserver le rythme.
vendredi 5 janvier 2024
Leave the World behind, 2023
Film de genre ante-cataclysmique sophistiqué. La structure cumulative à dessein d'annonce de l'effondrement (le pétrolier échoué, les propriétaires, le bruit, les animaux, les drones, les voitures, le voisin survivaliste, etc.) tient du catalogue, confus dans sa manière de mélanger les genres, plus que de la déconstruction. La toute fin amusante aère un peu l'ensemble.
dimanche 24 décembre 2023
Olivier Marchal, Pax Massilia, 2023
Excellente série de genre, typé, monocorde, vulgaire, avec un défilé de gueules et le ton Olivier Marchal (mais à Marseille) autour d'une vengeance entre malfrats et de deux amis d'enfance dont l'un a embrassé la loi et l'autre la côté obscur.
vendredi 22 décembre 2023
Justine Triet, Anatomie d'une chute, 2023
Film de procès et d’analyse de la désagrégation d'un couple d'écrivains marqué par un drame. L’interprétation et la direction d'acteurs sont remarquables, le jeune Milo Machado-Graner et Antoine Reinarts particulièrement, Sandra Hüller, Swann Arlaud, aussi. Le film est précis, passionnant dans sa partie juridique et dans sa circulation à l'intérieur de l’espace domestique. Palme d’or à Cannes, bon film mais pas le chef d’œuvre attendu.
dimanche 10 décembre 2023
Rémi Bezançon, Un coup de maître, 2023
L’amitié d’un galeriste et d’un peintre.
La réalisation est relâchée, la réflexion sur l’art (intégrité, concession, reconnaissance) est banale, aucune scène n'est vraiment drôle, quand au coup de maître, faussement performatif, il ne relance pas la mécanique paresseuse du récit.
Un film inutile en dépit de ses talentueux interprètes.
Emma Seligman, Bottoms, 2023
Deux lycéennes lesbiennes un peu sur la touche veulent perdre leur virginité avec deux filles populaires. Elles montent un groupe d'auto-défense, un fight-club féminin, dans l'espoir qu'elles les y rejoignent.
Ce film d'initiation amoureuse très classique dans son récit et ses péripéties vaut principalement pour une certaine chorégraphie de la foule, dans le match/baston de la séquence finale et la présence de Kaia Gerber.
mercredi 15 novembre 2023
Alice Géraud, Marc Herpoux et Jean-Xavier de Lestrade, Sambre, 2023
Série en six épisodes sur le violeur de la Sambre. Chaque épisode s'attache à un des protagonistes de l'histoire : une victime, la maire, la juge, la scientifique, le commandant, le tueur. Les acteurs sont justes, la photographie est belle, la réalisation est remarquable, il y a quelques plans au drone qui suivent la rivière, particulièrement réussis. Chaque période, le film commence dans les années 80 et se termine en 2022, est marquée par une musique et le vieillissement assez réussi des personnages. Une bonne série française populaire.
samedi 11 novembre 2023
David Fincher, The Killer, 2023
Un tueur loupe son coup, son commanditaire se venge, le tueur se venge.
À partir de la trajectoire d'une balle, métaphore et version archaïque du contact à distance, empêchée, Fincher met en scène un monde de relations en distanciel, de déplacements, de connections et de transactions sans affect. C'est moins le destin du tueur qui intéresse Fincher que la circulation : aéroport, box, avion, locaux, badges, Amazon, voiture, scooter, téléphone portable, guichet, accès, etc.
La première séquence dans l'immeuble, l'attente, avec les Smiths en BO est peut-être la plus intéressante.
Un film d’une grande élégance formelle, très marqué par Melville, avec une conclusion ratée, mais peut-être à l’image du tir raté du début.
vendredi 10 novembre 2023
Denis Imbert, Sur les chemins noirs, 2023
Le film n’a pas d'ambition formelle mais il aurait pu être plaisant s’il s’était contenté du trajet linéaire, géographique, de la reconstruction de son héros et de ses rencontres. Mais sa construction en flash-back déjoue toute tension et la voix off un peu sentencieuse ajoutée au veston et à l'écharpe du baroudeur distingué détourne de la beauté des paysages, du voyage et de la douleur apaisée.
Materialists, 2025
Rom-com soporifique affreuse et niaise dont le discours sur l’amour est affligeant de convenance, avec des stars auquel on ne croit pas.
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