Affichage des articles dont le libellé est Hiroshi Shimizu. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Hiroshi Shimizu. Afficher tous les articles

dimanche 8 septembre 2024

Hiroshi Shimizu, Anma to Onna (La femme et ses deux masseurs), 1938

Le récit ici est presque anecdotique : dans un onsen, à la montagne, des masseurs aveugles et des curistes se croisent sur les chemins de randonnées et se retrouvent le soir.

Le génie du film tient à autre chose.

La plus grande partie de la filmographie (169 films) de Hiroshi Shimizu date d’avant 1930, elle est muette et Shimizu en a gardé parfois la trace dans ses films sonores — comme un refus de sacrifier à l'avènement du parlant, un procédé toujours efficace.

Il y a dans La femme et ses deux masseurs une scène singulière, de toute beauté, qui  métaphorise d'une part la cécité et l'extraordinaire dextérité des masseurs, et d'autre la perte qu'entraine l'avancée de la modernité et le désenclavement (ce qui un des thèmes récurrents du cinéma de Shimizu).

L’un des masseurs croise, dans la cour du onsen, une femme, qui va se retourner à plusieurs reprises, sans que lui, aveugle, ne puisse la voir. C'est une scène presque silencieuse, avec uniquement le son étrange de la pellicule — qui évoquerait presque une pièce de Bernhard Günter.

Cette scène se départit des autres : soit qu'elles n'émettent de son que les voix des acteurs (prises au micro directionnel et éliminant tous les bruits parasites); soit que des sons environnementaux ont été captés, ou encore lorsqu'une musique extradiégétique y a été ajoutée.

Le silence et la répétition du mouvement : les deux personnages qui avancent successivement vers la caméra, qui se frôlent et se cognent aux autres curistes, extraient presque cette scène du cadre purement narratif pour une forme d'abstraction. 

Plus généralement, au delà de cette stratification sonore et de cette scène muette, le film met en œuvre une batterie technique : champ / contre champ, travelling le long des coursives, caméra portée qui suit les randonneurs, cadre au niveau des genoux sur les chemins, plans fixes à hauteur de tatami sur les curistes en train de se faire masser, etc. — un prodigieux ensemble de mouvements et de heurts.


Le film rappelle deux films français du début du parlant, dont les récits également anecdotiques servent une expérimentation formelle qui nourrira le cinéma de Godard notamment : La nuit du carrefour de Renoir et La tête d'un homme de Duvivier.

 

 La femme et ses deux masseurs est une merveille et le cinéma de Shimizu est une merveille qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.





samedi 1 avril 2023

Hiroshi Shimizu, Arigato san, 1936

Un trajet en autobus dans des villages de montagnes au Japon et rien d’autre. Aucune péripétie, aucun accident, seulement ce trajet et les occupants du bus : une passagère qui drague, une mère et sa fille qui part vivre à Tokyo pour des raisons tues, un homme moustachu, des villageois qui demandent au chauffeur de leur ramener des objets de la ville et ce chauffeur toujours aimable qui rend service à tous ceux, sur la route, qui le lui demandent. Le point de vue est celui de lintérieur de l’autobus. Il y a une particularité sonore qui tient aux techniques de prise de son ou à la post-synchronisation : il n'y a aucun bruit extérieur, aucun son mécanique, aucun bruitage, seulement le son des voix, ce qui contribue à la parenthèse enchantée du trajet. Un film simple et beau, qui parle de mouvement et d'immobilité, du délai daccès au monde moderne, de la honte sociale, des lieux préservés encore pour quelques temps du bruit, d'un idéal fantasmé de simplicité et de gentillesse.

 

Un des plus beaux films du monde.

 




lundi 7 juin 2021

Hiroshi Shimizu, Ohara Shôsuke-san, 1949

C’est l’histoire d’un alcoolique, généreux, qui veut assurer son rang social par sa générosité et qui se retrouve ruiné, c’est une histoire d’alcool, de l’intrusion de la modernité, de rythmes différents, de sons différents (ceux des machines à coudre) à la campagne, c’est un film sur ce que détruit la technologie. Les passages chantés des femmes qui racontent l’histoire de monsieur Shôsuke Ohara sont magnifiques. C’est un beau film triste et drôle, sur un fil un peu ténu, qui parvient à ne jamais être vraiment désespéré.


James Mangold, Un parfait inconnu, 2025

L’arrivée à New York d’un jeune musicien, son ascension jusqu’au concert électrique au Newport Folk Festival, ses histoires amoureuses dont ...