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lundi 16 juin 2025

Mikio Naruse, Nuages flottants, 1955

C’est une histoire d’amour entre un homme et une femme qui se sont rencontrés et aimés en Indochine, et qui peinent à se retrouver après la guerre. Un film sur l’inconstance de cet homme, et la difficulté de se reconstruire. Mélodrame sans pathos, tragédie amoureuse, composé de plans brefs, d’une grande modernité, on sort de la séance avec l’impression d’avoir été terrassé.

lundi 9 juin 2025

Kiyoshi Kurosawa, Cloud, 2025

Un revendeur sur le net est démasqué par ceux qu’il a arnaqués. Le film commence comme une chronique de l’e-économie, se transforme en Délivrance, puis en film de traque et enfin en western dans un bâtiment industriel. Cloud est trop long et donne souvent l’impression de bifurquer génériquement par épuisement de ses formes. La dernière séquence, inattendue, artificielle mais très réussie, décadre encore le film vers autre chose. Une singularité qui mérite le détour.

jeudi 5 juin 2025

Shinji Sômai, Le jardin d’été, 1994

L’été, un terrain vague au milieu des constructions modernes, une maison délabrée, un jardin envahi, et un vieil homme. Trois gamins intrigués par cet homme vont finalement l’aider à reprendre pied. Un film d’une luminosité et d’une beauté sidérantes par un réalisateur majeur. Passionnant, qu’il montre le débroussaillage d’un jardin ou qu’il s’attarde sur une scène immobile dans une piscine (et qui aurait presque pu se passer de toute autre intrigue). Un très grand film solaire.

mardi 3 juin 2025

Kei Ishikawa, Lumière pâle sur les collines, 2025

Royaume-Uni, 1982, une femme japonaise, veuve d’un soldat anglais, s’apprête à vendre sa maison. Sa fille, journaliste à Londres, vient l’interroger sur ce qu’elle a vécu après Nagasaki. Le film utilise ces deux époques pour évoquer l’exil, les traumatismes de la guerre, la vie quittée, ce qui se télescope, les affabulations, les séparations, les deuils. S’ouvrant et se fermant sur Ceremony de New Order, porté par une belle photographie et des décors dénaturalisants — à la limite du fantastique, d’excellents acteurs et des plans qui en évoqueront d’autres de l’histoire du cinéma japonais (Mizoguchi, Kaneto Shindō) ce film, d’un grand classicisme et d’une grande sobriété dans sa réalisation, est un enchantement mélancolique. 

mardi 20 mai 2025

Masahiro Shinoda, Fleur pâle, 1964

Un yakuza, qui vient de sortir de prison, s'éprend d'une femme dont on ne saura rien, qu'il fait pénétrer dans un cercle de jeu. La photographie, les plans, le noir et blanc (la ville, les tripots, la nuit), la musique sont de toute beauté.  La violence y est extrêmement stylisée, très artificielle, affectée à l'image du film. Le récit est ténu, presque anecdotique. Un beau film de yakuza de la Nouvelle Vague japonaise.

samedi 10 mai 2025

Kon Ichikawa, La harpe de Birmanie, 1956

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des soldats japonais prisonniers en Birmanie errent. L’un des leurs, harpiste, est présumé mort ; ils croient le recroiser, en bonze, avec un perroquet sur l’épaule. Pas de grand récit ici : le groupe, les vaincus, cherche un disparu, occupé à faire réparation aux morts, entre la beauté des temples birmans, l’horreur des cadavres, les perroquets, et le quotidien d’une « petite mère » et son panier de fruits. Le film déploie une très grande beauté plastique. Ses chants intradiégétiques lui confèrent parfois un étrange aspect de comédie musicale. Un grand film d’errance et d’attente, qui rappelle à la fois Fires on the Plain et The Lost Patrol.

vendredi 28 mars 2025

Kazuya Shiraishi, Le joueur de go, 2025

Jeu de go, samouraïs, honneur, calligraphie, mont Fuji : le nippophile y trouvera tout le folklore attendu.

Malgré une réalisation sans identité, des effets kitschs et une direction d’acteurs parfois approximative, Le Joueur de go est bien construit et captivant de bout en bout. Un excellent film.

mardi 25 mars 2025

Shinji Somai, Typhoon Club, 1985

Un film très singulier sur l’adolescence, qui prend son temps et aborde des thèmes de sexe, de vie et de mort. Singulièrement construit, avec des scènes de violence répétitive, un ballet chanté, et l’étrange chorégraphie de deux danseurs. Le film m’a fait penser à Rivette dans sa structure et sa dilatation des séquences. L’intrigue se déroule dans un lycée pendant un typhon. C’est une sorte de robinsonnade intérieure.

mercredi 19 mars 2025

Shiori Itō, Black box diaries, 2025

Tout entier au service de son propos — la réparation —, le film déploie pourtant un vrai récit cinématographique. Un excellent documentaire à la première personne, réalisé par une journaliste victime d’un viol commis par un proche de Shinzō Abe.

jeudi 6 mars 2025

Sogo Ishii, Crazy family, 1984

La famille Kobayashi devient enfin propriétaire après des années passées en logement social. La découverte d’un termite et l’arrivée du grand-père SDF vont perturber le rêve pavillonnaire, le transformant en cauchemar.

Un jeu de massacre jubilatoire, mais trop long — le film ayant déjà donné à peu près tout ce qu’il avait à offrir dans sa première heure. La musique, créditée à 1984, est géniale.

mardi 4 mars 2025

Ozu, Printemps tardif, 1949

Un film d’une infinie délicatesse sur la séparation d’une jeune femme en âge de se marier de son père veuf. La famille, les conventions, les jeux de rôles sociaux. L’un des films les plus simples et les moins hiératiques d’Ozu. Tout ici est bouleversant.

mardi 18 février 2025

Andreas Hartmann, Arata Mori, Jōhatsu (Evaporés), 2024

80 000 personnes s’évanouissent au Japon chaque année. La plupart réapparaissent, mais certains disparaissent pour de bon. Ce documentaire dresse le portrait de quelques-uns de ces évaporés et de leur passeuse — ceux qui ont accepté de témoigner après avoir disparu et refait leur vie ailleurs, afin d’échapper à leur femme, leur patron, la mafia, des dettes, etc.

Le film survole le phénomène — peut-être limité par la nécessaire confidentialité de ses témoignages. Aucun point technique, quelques belles images du Japon.

lundi 17 février 2025

Toshiharu Ikeda, La légende de la sirène, 1984

Un couple de pêcheurs d’ormeaux est attaqué par des yakuza, l’homme est tué. Accusée du meurtre, la femme trouve refuge sur une petite île, dans un bordel. Et elle va se venger.

Le film est singulier dans sa construction : il emprunte à la chronique insulaire, à la fable, au film aquatique, au pinku eiga, au grotesque et au film d’horreur sanglant. C’est à la fois un récit de vengeance maritale et celui d’une sauvage naïade contre le capitalisme.

Film de genre(s) extrêmement bien réalisé, aux images magnifiques.

dimanche 9 février 2025

Naoko Ogigami, Le jardin zen, 2023

Une femme, à Tokyo, traverse une phase difficile. Le film commence au moment de la catastrophe de Fukushima, alors que son mari quitte le foyer conjugal. Contamination de l’eau et abandon du domicile dessinent les deux fils du récit. La femme se réfugie dans une secte d’adorateurs de l’eau verte et substitue au jardin de plantes dont s’occupait son mari un karesansui (jardin de pierres). Six mois plus tard, le mari, atteint d’un cancer, revient à la maison.

Le film est une comédie, pince-sans-rire, qui traite de la ménopause, de la place des femmes et de la société patriarcale japonaise. Cette « femme au bord de la crise de nerfs » nippone va maintenir le cap, malgré les injonctions sociales et la tentation de se laisser aller au pire, et traverser, glorieuse l’épreuve et dansante,.

C’est un film remarquable par son ton, son humour, sa justesse et la finesse de ses analyses.

Kon Ichikawa, Le pavillon d’or, 1958

Pourquoi le jeune novice Mizoguchi a-t-il incendié le pavillon d’or ? Handicap, humiliation, trahison, honte, fantasme de la pureté, désir de sacralisation, icônes déstatufiées. Un film très riche, d’une grande beauté plastique et sonore, et un des grands films de Kon Ichikawa.

samedi 8 février 2025

Akira Kurosawa, 生きる (Vivre), 1952

Un homme terne — ses collègues l’appellent « la momie » — apprend qu’il a un cancer et décide de vivre, d’apprendre à vivre. Le film est construit en trois parties : la première, brève et bureaucratique (presque kafkaïenne), où il apprend sa maladie ; la deuxième, est une traversée de la ville, érotique et de l’énergie de la nuit ; et la troisième est la longue beuverie qui succède à sa mort, une veillée funèbre entremêlée de flash-backs, et une tentative de réhabilitation de son action ou d’appropriation.

Vivre est une fable d’une grande beauté plastique, qui a marqué Rod Serling dans l’écriture de certains épisodes de La Quatrième Dimension. La deuxième partie est la plus belle ; la troisième, ponctuée de moments sublimes, est un peu distendue — mais c’est souvent le cas chez Kurosawa.

dimanche 8 septembre 2024

Hiroshi Shimizu, Anma to Onna (La femme et ses deux masseurs), 1938

Le récit ici est presque anecdotique : dans un onsen, à la montagne, des masseurs aveugles et des curistes se croisent sur les chemins de randonnées et se retrouvent le soir.

Le génie du film tient à autre chose.

La plus grande partie de la filmographie (169 films) de Hiroshi Shimizu date d’avant 1930, elle est muette et Shimizu en a gardé parfois la trace dans ses films sonores — comme un refus de sacrifier à l'avènement du parlant, un procédé toujours efficace.

Il y a dans La femme et ses deux masseurs une scène singulière, de toute beauté, qui  métaphorise d'une part la cécité et l'extraordinaire dextérité des masseurs, et d'autre la perte qu'entraine l'avancée de la modernité et le désenclavement (ce qui un des thèmes récurrents du cinéma de Shimizu).

L’un des masseurs croise, dans la cour du onsen, une femme, qui va se retourner à plusieurs reprises, sans que lui, aveugle, ne puisse la voir. C'est une scène presque silencieuse, avec uniquement le son étrange de la pellicule — qui évoquerait presque une pièce de Bernhard Günter.

Cette scène se départit des autres : soit qu'elles n'émettent de son que les voix des acteurs (prises au micro directionnel et éliminant tous les bruits parasites); soit que des sons environnementaux ont été captés, ou encore lorsqu'une musique extradiégétique y a été ajoutée.

Le silence et la répétition du mouvement : les deux personnages qui avancent successivement vers la caméra, qui se frôlent et se cognent aux autres curistes, extraient presque cette scène du cadre purement narratif pour une forme d'abstraction. 

Plus généralement, au delà de cette stratification sonore et de cette scène muette, le film met en œuvre une batterie technique : champ / contre champ, travelling le long des coursives, caméra portée qui suit les randonneurs, cadre au niveau des genoux sur les chemins, plans fixes à hauteur de tatami sur les curistes en train de se faire masser, etc. — un prodigieux ensemble de mouvements et de heurts.


Le film rappelle deux films français du début du parlant, dont les récits également anecdotiques servent une expérimentation formelle qui nourrira le cinéma de Godard notamment : La nuit du carrefour de Renoir et La tête d'un homme de Duvivier.

 

 La femme et ses deux masseurs est une merveille et le cinéma de Shimizu est une merveille qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.





dimanche 26 mai 2024

Takashi Yamazaki, Godzilla Minus one, 2023

L'histoire d'une famille qui se construit, dans les décombres de la guerre, avec d'autres liens que ceux de la biologie. Les scènes attendues d'affrontement renouent avec certaines images des premiers films de Ishirō Honda, notamment dans sa réassignation des hommes à des figurines de jeu pour enfant. La première séquence est très réussie. Un beau film sur le sacrifice et la survie. 



samedi 25 novembre 2023

Yôji Yamada, Kazoku, 1970

La famille Kazami quitte la petite île d’Iōjima, à Nagasaki, pour s’installer comme paysans à Hokkaidō.

Le film suit leur voyage depuis l’île : les ferrys, les trains, les escales à Osaka et Tokyo, jusqu’à leur installation à Hokkaidō.

Le trajet est ponctué d’événements anecdotiques et émouvants : l’enfant à la gare, la berceuse Shimabara (島原の子守唄), la beauté des paysages vus par la fenêtre du train, et d’autres, plus tragiques. Mais rien ne parvient à démobiliser entièrement cette famille pauvre, catholique, assaillie par le drame. C’est une des gageures du film : ne pas s’appesantir, et montrer ce qu’on appelle aujourd’hui la résilience, sous un jour furtif.

Le film a valeur de témoignage, par ce qu’il montre d’un Japon en partie disparu (1970, l’Exposition universelle).

Outre Chieko Baishō, on retrouve un autre habitué du cinéma de Yōji Yamada : Chishū Ryū. La musique de Masaru Satō — entre western et veillée funèbre mexicaine — est remarquable.

Un grand film, sur l’exil, la famille, la douleur — entre drame social, film de train, film familial, film populaire et cinéma d’auteur.






vendredi 24 novembre 2023

Yôji Yamada, C'est dur d'être un homme, 1969

Premier film d’une série de cinquante, dont quarante-huit ont été réalisés par Yôji Yamada (elle est considérée comme la plus longue franchise au monde).

C’est dur d’être un homme met en scène les mésaventures de Tora-San, un camelot un peu rustre, maladroit, sympathique et sentimental.

Dans ce premier volet, Tora-San revient dans sa famille après vingt ans d’absence. La dramaturgie repose sur peu d’éléments : des retrouvailles familiales, Tora-San qui fait rater le mariage de sa sœur parce qu’il est saoul, Tora-San qui s’éprend de la fille du grand-prêtre.

Un film bon enfant, assez léger, mais qui n’est pas exempt d’une certaine gravité.

Monument de la culture japonaise.



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