mercredi 5 juin 2024

Nakache et Toledano, Une année difficile, 2023

Surendettement, mouvement écologique et romance, le film rate à peu près tout, les seules séquences réussies sont les passages comiques avec Jonathan Cohen et Pio Marmaï. La morale pécuniaire bizarre qui clôt le film en rajoute une couche. Le film aurait peut-être dû rester une farce.

mardi 4 juin 2024

Nakache, Toledano, Hors normes, 2019

Le film de Nakache et Toledano peut-être techniquement le plus intéressant (mais pas mon préféré) et le moins aimable. Le propos n'est jamais démonstratif, la narration est habilement monocorde jusqu'à un éclat : la chute de l’ordinateur et la recherche de l’adolescent, qui témoigne d’une vraie puissance. Ce n'est pas un film sur l'autisme mais, comme toujours chez les deux réalisateurs, un film sur la possibilité de vivre ensemble. 

lundi 3 juin 2024

Ken Annakin, Swiss Family Robinson, 1960

Robinsonnade familiale Disney, d'après le roman de Johann David Wyss.

En débarquant sur l'île, la toute première chose que le plus jeune des fils Robinson, fait, après le naufrage, le tout premier rapport que sapiens a avec cette île, c'est de chevaucher une tortue géante et de s'en servir comme monture. Cette prise de pouvoir est suivie d’une requête de la mère, qui demande, avant toute autre action, de faire une prière. Voici pour l’incipit insulaire : l'île est une ménagerie fantasque, transcontinentale — une sorte d'arche de Noé conçue à dessein de servir et de divertir le maître.

Le film n’est cependant pas tant problématique pour son idéologie (c'est la même que montre Clouzot, plus subtilement, au début du Salaire de la peur) mais de ce qu'on peut imaginer des conditions de tournage de bêtes — comme elles le sont dans la plupart des vidéos d’Instagram ou de TikTok et parfois sous couvert de bien-être animal.

Les acteurs animaux morts pour la patrie Disney depuis longtemps, on peut regarder ce film comme un merveilleux film d'aventures pour enfant, et comme le témoignage de l'égarement et la cruauté de sapiens à l'encontre des autres espèces.




jeudi 30 mai 2024

Steve Kozak, Jeremy Coon, A Disturbance in the Force, 2023

Star Wars Holiday Special est un show télé diffusé en novembre 1978 et mettant en scène les personnages de la Guerre des étoiles ; il était destiné à faire patienter les fans entre Un nouvel espoir et L'empire contre-attaque, c'est une sorte d'épisode 1.5, banni, honteux, renié.

A Disturbance in the Force, le documentaire de Steve Kozak et Jeremy Cool revient sur sa genèse à travers des archives (George Lucas, Mark Hamill…) et des entretiens  (Jon Favreau, Seth Green…).

On y découvre le rôle déterminant de Charlie Lippincott dans le succès de la saga, pionnier du marketing, et inventeur du fandom  : les conventions de SF, la novelisation, la comicbookization, les jouets, tout le merchandising qui a porté les films, c'est lui.

On y apprend aussi que l'épisode s'inscrit à la suite d'une série de shows télé du même type, — ce qui en relativise un peu l'incongruité.

Le documentaire revient sur son impact dans la pop culture et sur le mythe, que l’impossibilité, pour les amateurs, pendant longtemps de s'en procurer une copie, engendra.

A Disturbance in the Force constitue une excellente préface à cet épisode que l’intransigeance de Lucas (« I would track down every copy and destroy it ») n'a pas suffi à exclure du canon et dont Jon Favreau a repris des éléments pour the Madalorian ; épisode qui n'a d'ailleurs pas entaché d'un iota la mythologie Star Wars, et qui illustre très bien la faillibilité d'un raconteur d'histoires fut-il de génie.




dimanche 26 mai 2024

Jean-Luc Godard, Film annonce du film qui n’existera jamais : "Drôles de Guerres", 2024

Ce film (sous cette forme d'esquisse) a reçu l'imprimatur de Godard — confondant l’étape d’un travail à l'œuvre elle-même et l'excluant ainsi de la catégories des œuvres inachevées (ne laissant rien à la décision d'un autre). Pour Godard, c’est une manière de parachever l'œuvre complète, dans une restriction technique, qui est à la fois une poursuite de son travail de collage/montage et une superposition à la technique finale d’un autre grand artiste du XXe, les papiers découpés de Matisse.

Le film est composé en grande partie d'un feuilletage de montages d'images et de textes, silencieux puis musical — dont s’extraient quelques motifs : les cartons de cinéma, les monochromes d'Alphonse Allais et ceux de l'abstraction.

Tout aussi hermétique que le précédent Livre d’image, "Drôles de Guerres" n’en a pas l’âpreté, déployant au contraire une certaine douceur. D'une grande puissance d’émotion. Magnifique point presque final.




Rabah Ameur-Zaïmeche, Le gang des bois du temple, 2022

Film de braquage — ou qui utilise la structure d'un film de braquage, les séquences de film de genre proprement dit n'intéressent pas la réalisateur autrement que parce qu'elles lui fournissent une structure ; son attention se porte sur les interstices (narratifs et géographiques) de la trame : aires d'arrêt d'autoroute, PMU, discussions informelles, etc.

C'est un film de mecs (le seul personnage de femme est raté).

Le film est encadré de deux très belles séquences musicales : dans la première, Annkrist, le visage ridé, chante dans une église lors d'un enterrement ; dans la seconde, un prince saoudien danse, lors d'un concert. Deux folklores. D'une Bretagne de la célébration des morts au Magrebh d'une célébration des vivants. Ameur-Zaïmeche dessine une continuité entre les territoires que la France s'est agrégée.

C'est au final une sorte de conte étrangement articulé, entre scènes très justes et belles et d'autres bancales — comme un mélange bizarre entre Pialat et les Pieds-Nickelés de Forton.

Takashi Yamazaki, Godzilla Minus one, 2023

L'histoire d'une famille qui se construit, dans les décombres de la guerre, avec d'autres liens que ceux de la biologie. Les scènes attendues d'affrontement renouent avec certaines images des premiers films de Ishirō Honda, notamment dans sa réassignation des hommes à des figurines de jeu pour enfant. La première séquence est très réussie. Un beau film sur le sacrifice et la survie. 



jeudi 9 mai 2024

Masters of the air, 2024

Troisième série sur la deuxième guerre mondiale produite par Steven Spielberg et Tom Hanks après Band of Brothers et The Pacific, centrée cette fois sur la Huitième Air Force. La réalisation, la photographie, les décors, les combat aériens témoignent d'un savoir-faire, d’une élégance, d'une qualité hors-normes. Pour autant, depuis Band of Brothers, l’intérêt pour la trilogie va decrescendo.

Dans Band of brothers, la séquence aérienne de parachutage qui débutait le deuxième épisode ouvrait à un récit terrestre, dramatique, romanesque. Ce n’est pas le cas ici, les combats aériens sont leur propre finalité. Pourtant ce sont les scènes après le parachutage, dans la campagne, dans les camps, quand les héros sont faits prisonniers, dans la tension avec l’ennemi, ou dans l'esquisse de l'intrigue amoureuse, quand on s'éloigne des volutes aériennes et des trainées dans le ciel — qui sont vraiment passionnantes, mais ces scènes ne sont pas développées.

Une très belle série ratée. 






Archie Mayo, Petrified Forest, 1936

Dans le désert de l'Arizona, une station essence-épicerie-snack tenue par trois membres d'une même famille : le grand-père, le père et la fille. Surviennent un écrivain hobo, un couple de bourgeois et leur chauffeur et une équipe de bandits.

Le film est constituée de deux parties égales en temps : la mise en place et sa résolution —, la première est la plus passionnante, la deuxième ne faisant qu'effleurer les possibilités promises. C'est un huis-clos ouvert, à travers ses grandes fenêtres vitrées, sur le désert (magnifique), qui sert l'évocation d'une mythologie des États-Unis : virevoltants, base-ball, pionniers, Billy the kid, premier télégramme, etc. En contrepoint un ailleurs évoqué, fantasmatiquement meilleur (la France, François Villon et la cathédrale de Bourges). Il y a une typicité très marquée des personnages, comme dans une bande dessinée C'est le premier rôle important pour Bogart.

Petrified Forest est un film unique, merveilleux.



vendredi 3 mai 2024

Igor Gotesman, Fiasco, 2024

Une série inégale, portée par de bonnes idées (la stagiaire qui contrecarre l'histoire amoureuse, le cuisinier) mais trop peu exploitées.

mardi 30 avril 2024

William Wellman, Frisco Jenny, 1932

San Francisco, 1906, un séisme ravage la ville. Au cours du drame, le père et l'amant de Frisco Jenny qui est enceinte, meurent. Les années passent, elle est témoin d'un meurtre, puis contrainte à confier la garde de son fils à une famille d'adoption, dont elle observera, de loin, l'ascension sociale. Le film elliptique se déroule sur 25 années — entre Chinatown, un bordel et la prohibition. C’est un mélo sur le sacrifice d’une mère, avec des scènes de genre (film catastrophe, policier). Comme toujours chez Wellman, le film est ponctué de fulgurances formelles, d’associations d’images et de son, qui sont la marque de son génie. C’est le sixième film qu'il a sorti en 1932.






mardi 27 février 2024

John Cromwell, Of Human Bondage (L'emprise), 1934

À Paris, Philip un jeune homme au pied bot, renonce à la peinture et part à Londres étudier la médecine. Il s'éprend de Mildred, une serveuse, qui ne l'aime pas.

Une vie de déchéance, celle de Mildred et une vie de rejet, celle de Philip.

Très beau mélodrame sur l'aliénation amoureuse, la cruauté et l'échec, d’où saillissent quelques scènes comme ce final dans la cacophonie du trafic. C’est le film qui a fait de Bette Davis une star.



lundi 26 février 2024

André de Toth, Pitfall, 1948

Un agent d'assurance s'éprend d'une assurée frauduleuse. Une histoire d'amour, de jalousie, de désir, de routine. Un beau film linéaire noir avec la magnifique Lizabeth Scott.




mercredi 10 janvier 2024

Juan Antonio Bayona, La sociedad de la nieve (Le cercle des neiges), 2023

La tragédie (un avion s'écrase dans la cordillères des Andes, les survivants sont contraints au cannibalisme pour survivre) a fait l’objet d’un film précédent : Alive, avec Ethan Hawke, réalisé par Frank Marshall en 1991 — que j’avais préféré. Cette nouvelle version souffre de sa photographie, de ses couleurs, de ses filtres, de son image artificielle, du maquillage de ses acteurs (dents blanches, visage impeccablement rasé, cernes chromatiquement outrancières, etc.), l'ensemble dénaturalisant le film en une vignette YouTube. Le film est émouvant mais reste malgré ses quelques scènes spectaculaires : le crash, l’ensevelissement, la désolation devant les sommet, plat.



samedi 6 janvier 2024

Zack Snyder, Rebel Moon, 2023

Des paysans menacés enrôlent un groupe de combattants pour se défendre. L'esthétique maniériste de Snyder (ralenti, couleurs, matières en suspension) fonctionne mieux dans les scènes de combats (à la fin du film) qu'au début, dans son volet paysan. Dans sa structure narrative globale, le film manque d'ampleur, de tension, de cohérence, les sept samouraïs n'ayant aucune autre épaisseur que ce qu'en montre leurs scènes d'introduction/de combat. L'ensemble n'a pas de grande puissance mythologique, mais il y a une certaine beauté de dessin animé dans sa représentation de la guerre. 



Xavier Giannoli, D'argent et de sang, 2023

L'arnaque à la taxe au carbone. Série de genre française, très addictive, bien rythmée, avec d’excellentes actrices, acteurs (Ramzy, André Marcon, Niels Schneider, Judith Chemla, Vincent Lindon…) et qui parvient à expliquer simplement les rouages de ce spectaculaire braquage. La série est peut-être un peu longue, les deux derniers épisodes ne parvenant pas à conserver le rythme.



vendredi 5 janvier 2024

Leave the World behind, 2023

Film de genre ante-cataclysmique sophistiqué. La structure cumulative à dessein d'annonce de l'effondrement (le pétrolier échoué, les propriétaires, le bruit, les animaux, les drones, les voitures, le voisin survivaliste, etc.) tient du catalogue, confus dans sa manière de mélanger les genres, plus que de la déconstruction. La toute fin amusante aère un peu l'ensemble.



dimanche 24 décembre 2023

Olivier Marchal, Pax Massilia, 2023

Excellente série de genre, typé, monocorde, vulgaire, avec un défilé de gueules et le ton Olivier Marchal (mais à Marseille) autour d'une vengeance entre malfrats et de deux amis d'enfance dont l'un a embrassé la loi et l'autre la côté obscur.



vendredi 22 décembre 2023

Justine Triet, Anatomie d'une chute, 2023

Film de procès et d’analyse de la désagrégation d'un couple d'écrivains marqué par un drame. L’interprétation et la direction d'acteurs sont remarquables, le jeune Milo Machado-Graner et Antoine Reinarts particulièrement, Sandra Hüller, Swann Arlaud,  aussi. Le film est précis, passionnant dans sa partie juridique et dans sa circulation à l'intérieur de l’espace domestique. Palme d’or à Cannes, bon film mais pas le chef d’œuvre attendu.



dimanche 10 décembre 2023

Rémi Bezançon, Un coup de maître, 2023

L’amitié d’un galeriste et d’un peintre.

La réalisation est relâchée, la réflexion sur l’art (intégrité, concession, reconnaissance) est banale, aucune scène n'est vraiment drôle, quand au coup de maître, faussement performatif, il ne relance pas la mécanique paresseuse du récit.

Un film inutile en dépit de ses talentueux interprètes.



Sean Baker, Onora, 2024

Un très long fade-out, de l'euphorie à la remise en place sociale amère d'une jeune strip-teaseuse dont s’est épris momentanément un...