L’été, un terrain vague au milieu des constructions modernes, une maison délabrée, un jardin envahi, et un vieil homme. Trois gamins intrigués par cet homme vont finalement l’aider à reprendre pied. Un film d’une luminosité et d’une beauté sidérantes par un réalisateur majeur. Passionnant, qu’il montre le débroussaillage d’un jardin ou qu’il s’attarde sur une scène immobile dans une piscine (et qui aurait presque pu se passer de toute autre intrigue). Un très grand film solaire.
jeudi 5 juin 2025
Fabienne Godet, Le répondeur, 2025
Un écrivain engage un imitateur pour répondre au téléphone à sa place, afin de dégager du temps pour écrire. Comédie un peu anecdotique, mais qui déjoue habilement les attendus qu’elle semble mettre en place (la révélation de la supercherie), pour glisser vers le terrain beaucoup plus subtil des entrelacs amoureux, sexuels, professionnels. Avec les excellents Denis Podalydès et Aure Atika.
mardi 3 juin 2025
Kei Ishikawa, Lumière pâle sur les collines, 2025
Royaume-Uni, 1982, une femme japonaise, veuve d’un soldat anglais, s’apprête à vendre sa maison. Sa fille, journaliste à Londres, vient l’interroger sur ce qu’elle a vécu après Nagasaki. Le film utilise ces deux époques pour évoquer l’exil, les traumatismes de la guerre, la vie quittée, ce qui se télescope, les affabulations, les séparations, les deuils. S’ouvrant et se fermant sur Ceremony de New Order, porté par une belle photographie et des décors dénaturalisants — à la limite du fantastique, d’excellents acteurs et des plans qui en évoqueront d’autres de l’histoire du cinéma japonais (Mizoguchi, Kaneto Shindō) ce film, d’un grand classicisme et d’une grande sobriété dans sa réalisation, est un enchantement mélancolique.
dimanche 1 juin 2025
Thibault Emin, Else, 2025
Puisant ses influences dans Delicatessen, chez Cocteau et Cronenberg, ce trip minéral sur l’asphyxie du couple et les corps composites agrégés à la matière est en deçà de tout amateurisme ; aucun plan (ce qui n’arrive jamais au cinéma) ne peut en être sauvé. Le scénario déficient, tente de pallier ses lacunes par une distension « poétique » des scènes, ses effets spéciaux sont pauvres, ses cadrages approximatifs, sa prise de son défaillante et sa direction d’acteurs hésitante. Aucune grille de lecture ne peut s’appliquer à un tel objet, qui suscite malgré tout une question : comment a-t-il pu trouver un producteur et un distributeur ?
samedi 31 mai 2025
Dean Fleischer Camp, Lilo et Stitch, 2025
Lilo est orpheline, c'est sa grande sœur qui en a la charge, les services sociaux veulent les séparer. De son côté, un extraterrestre mutant s’échappe de sa planète d’origine. Ces deux êtres rejetés vont s’allier dans une comédie qui mêle prises de vue réelles et animation. Portée par le charme et l’espièglerie de sa jeune comédienne, baignée dans l’atmosphère ensoleillée d’Hawaï et rythmée par un montage enlevé, cette comédie émouvante pour les enfants est réussie.
vendredi 30 mai 2025
Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado, Le Sel de la Terre, 2014
Photographies commentées chronologiquement par lui-même de Sebastião Salgado. Il y a une indéniable force dans ces images ; leur indéniable limite, c’est qu’elles sont avant tout des objets esthétiques, qui ne disent peut-être pas grand-chose des sujets qu’elles racontent. Le parcours, de la dénonciation sociale à la soif de réparation de la terre, témoigne du désastre du monde et de notre espèce. Un documentaire élagué de toute technique, de tous les moyens mis en œuvre, de tout système financier – qu’il aurait pourtant été intéressant de montrer – et de toute réflexion sur la nocivité de vouloir documenter ce qui devrait rester isolé.
mercredi 28 mai 2025
Frederik Louis Hviid, L’ultime braquage, 2025
Un film de braquage danois avec Reda Kateb ; la partie braquage à proprement parler est tendue, mais brouillonne. Quant au préambule, chaque fil qu’il tisse se solde de manière systématiquement déceptive. C’est dommage, car le braquage inaugural laissait présager le meilleur.
mardi 27 mai 2025
Caye Casas, Accident domestique, 2025
Court-métrage distendu en long. Le seul intérêt de ce type de film est de voir comment le coupable va réussir à dissimuler son forfait. Mais on est bien loin d’Hitchcock : le scénario est consternant, et il n’y a pas une seule idée de cinéma. Faute d’astuce scénaristique, le réalisateur n’a recours qu’à deux procédés : l’étirement infini des scènes et la condamnation de la pièce suspecte. Lorsque la comédie noire patine, il fait basculer son film vers la tragédie. Narrativement paresseux, plastiquement affreux, La table basse échoue entièrement. Et ce, en dépit d’une situation de départ amusante et embarrassante (la table basse et la gamine) et d’une scène inaugurale prometteuse.
dimanche 25 mai 2025
Tim Mielants, Tu ne mentiras point, 2025
Irlande, 1985. Un charbonnier découvre une jeune fille maltraitée dans un couvent. Le film est rugueux, austère, lent. Il alterne le drame rétrospectif de cet homme (pauvreté, perte de sa mère très jeune) et la découverte de cette maltraitance institutionnalisée. Porté par Cillian Murphy impassible et contenu, le film n’est pas passionnant, mais il propose un traitement du son très intéressant et une fin abrupte qui en parachève assez bien l’éviction de tout romanesque.
samedi 24 mai 2025
Lawrence Valin, Little Jafna, 2025
L’infiltré. Thriller dans le 10ᵉ arrondissement avec une communauté jamais montrée au cinéma : les Tamouls. Ce film de genre propose une réflexion sur le communautarisme et l’allégeance aux codes. Il y a un sens du mouvement, de beaux plans et une belle photographie. Un polar sur un Paris exotique, très réussi.
vendredi 23 mai 2025
Mourad Winter, L’amour c’est surcôté, 2025
Début d’une histoire d’amour entre deux personnages issus de milieux sociaux différents. La photographie est assez belle, le duo d’acteurs est bien choisi et quelques répliques sont assez drôles. Mais l’indigence narrative de ce récit, composé de vignettes non articulées, est affligeante.
jeudi 22 mai 2025
Amélie Bonnin, Partir un jour, 2025
Il faut sans doute un certain goût pour la chanson, et les émotions artificielles qu’elle fabrique, pour le terroir, et une nostalgie de l’adolescence à la campagne — pour apprécier Partir un jour. On y trouve : transfuge de classe, maternité non désirée, retour d’un amour adolescent, routier et bord de route. Il y a un soin dans les arrangements des réinterprétations, et on peut trouver à Juliette Armanet un charme dans quelques chansons. Une reprise lancée puis avortée de Cabrel constitue la seule idée cinématographique du film. Mais Partir un jour n’en reste pas moins une sorte d’épisode musical de Plus belle la vie, consternant dans sa forme télévisuelle et la pauvreté de son récit. Que ce téléfilm à l’ambition au ras du sol ait pu faire l’ouverture du Festival de Cannes en dit long sur l’état des prétentions filmiques françaises en 2025.
mercredi 21 mai 2025
Christopher McQuarrie, Mission : Impossible – The Final Reckoning, 2025
Tintin et le mystère de l’IA. En dépit d’un prologue récapitulatif, citationnel et discursif parfaitement superflu (l’histoire est simple : Ethan doit récupérer la clé dans un sous-marin et désamorcer l’entité), MI 8 est un grand film d’aventures structuré par deux scènes (le sous-marin et l’avion) de toute beauté, tension, spectaculaires, et à couper le souffle.
mardi 20 mai 2025
Masahiro Shinoda, Fleur pâle, 1964
Un yakuza, qui vient de sortir de prison, s'éprend d'une femme dont on ne saura rien, qu'il fait pénétrer dans un cercle de jeu. La photographie, les plans, le noir et blanc (la ville, les tripots, la nuit), la musique sont de toute beauté. La violence y est extrêmement stylisée, très artificielle, affectée à l'image du film. Le récit est ténu, presque anecdotique. Un beau film de yakuza de la Nouvelle Vague japonaise.
lundi 19 mai 2025
Aitor Arregi, Jon Garaño, Marco, l’énigme d’une vie, 2025
Le président d’une association de victimes espagnoles de l’holocauste, qui s’est inventé cette biographie fictive, est démasquée. Un excellent biopic sur le mensonge comme vie, à la manière de L’adversaire de Carrère ou de la série Une amie dévouée avec Laure Calamy. Eduard Fernández, qui interprète le rôle de Marco est excellent.
dimanche 18 mai 2025
Giovanni Aloi, Le domaine, 2025
Faits divers criminel à Saint-Nazaire. Il y un a système d'opposition, entre les gueules (les excellents Patrick d’Assumçao et Lola Le Lann), et les lieux : le burger bon marché du port et le domaine, assez intéressant, mais il manque, à ce thriller par ailleurs singulier, une tension.
samedi 17 mai 2025
Vladimir Rodionov, Anges & Cie, 2025
Road-movie de deux âmes pas sœurs, avec anges gardiens qui interfèrent. Le début cette comédie très légère est réussi, drôle et dynamique ; la suite tombe dans un sentimentalisme ennuyeux. Bonne distribution mais déficit d’écriture.
vendredi 16 mai 2025
Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar, 2025
Ascension et chute d’un duo musical phénomène de la fin des années 1980, porté aux nues avant d’être anéanti lorsqu’on découvrit qu’il ne chantait aucune de ses chansons. Un biopic solide et émouvant sur la cruauté de l’industrie musicale.
jeudi 15 mai 2025
Zach Lipovsky, Adam B. Stein, Destination finale, 2025
La scène inaugurale, stupéfiante de tension et d’humour, déploie ses possibles engrenages avec une jubilation constante. Les suivantes font un peu pâle figure, leur intérêt allant decrescendo — comme si tout avait déjà été donné. Mais le film reste très drôle.
mercredi 14 mai 2025
Michael Mann, La forteresse noire, 1983
Des nazis débarquent dans un village de Roumanie où trône une étrange forteresse, gardée par un homme et ses fils. Malgré leurs mises en garde, des soldats allemands arrachent des croix des murs, libérant une force maléfique.
Entre nanar kitsch, expérience opératique, film fantastique aux effets datés et objet singulier, le troisième long métrage de Michael Mann (qu’il a renié) est une curiosité (à peu près inregardable) et par ailleurs difficilement rattachable à la suite de sa filmographie, mais l’on y trouve quelques beaux plans extérieurs et des séquences avec la musique de Tangerine Dream — qui annoncent parfois ce que Lynch fera plus tard avec Badalamenti.
Mike Flanagan, Life of chuck, 2025
La vie partiellement tragique d’un homme, racontée en trois chapitres dans l’ordre inverse de leur chronologie. L’enjeu d’un tel film et les...
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