Un film entièrement pénible et stupide, ponctué de quelques scènes comme extraites d'autres programmes (celle avec Jonathan Cohen) mais qui ne parviennent pas à le sauver de son désastre formel et de propos. Un cinéma qui se voudrait semble-t-il incisif, percutant, provocateur mais qui reste définitivement bas du front. Affligeant.
jeudi 7 novembre 2024
Jean-Christophe Meurisse, Oranges sanguines, 2022
Suite de sketchs attendus et complaisamment médiocres.
Erle C. Kenton, Island of lost soul, 1932
Un film plastiquement sublime dans tout son prologue, à la fois dans sa photographie, et dans son montage, sur le bateau, sur le pont, aux abords de l'île, dans le brume, dans l'encadrement des rochers : chaque plan est une affirmation de cinéma :
Par la suite, quand le récit proprement dit commence, lorsqu'il s'agit de montrer les rapports entre les différentes formes d'humanité, la photographie est moins travaillée, les plans sont moins inspirés. L'intrigue tourne autour d'une romance impossible, brasse beaucoup en très peu de temps : modification génétique, sexualité, sauvagerie, domination, sadisme, croyances…
Le réalisateur, Erle C. Kenton a réalisé plusieurs Frankenstein, un Dracula et plusieurs Abbott et Costello, c'est à Karl Struss, directeur de la photographie et à Hans Dreier, directeur artistique, qu'on doit la beauté étrange de ce film : sa photographie et son maquillage. Un film inégal magnifique.
mercredi 6 novembre 2024
Charles Lamont, Abbott and Costello Go to Mars, 1953
Abbott et Costello embarquent dans une fusée à destination de Mars, mais qui atterrit non loin de son lieu de décollage, en plein mardi-gras, créant la confusion chez les astronautes amateurs qui croient reconnaitre dans les figures monstrueuses en papier mâché des martiens.
La fusée s'envolera une deuxième fois, jusque sur Vénus, planète prétexte à montrer des vénusiennes en tenue sexy.
Il y avait dans la beauté des décors, du vaisseau, du véhicule et dans l'articulation de ces planètes (la terre prise pour une autre et la gynocratie vénusienne), une promesse comique, une ambition — qui comme la planète Mars du titre — ne seront jamais atteintes.
dimanche 3 novembre 2024
Guy Ritchie, The gentlemen, 2024
À la mort de son père, le fils cadet, un militaire hérite du domaine et d'une plantation de cannabis dont il découvre l’existence. Aristocratie anglaise et trafiquants divers, une bonne série, qui ne tient pas tout à fait les promesses de ses débuts enthousiasmant.
dimanche 27 octobre 2024
Fleischer, The Chinaman, 1920
Bref dessin animé dont l'intérêt principal vient de ce qu’il mélange animation et film.
Jeremy Saulnier, Rebel Ridge, 2024
Un homme noir est arrêté par les flics et dépossédé des 30000€ d'une caution destinée à libérer son cousin. L'homme va essayer de récupérer ce qui lui est dû. Rebel Ridge a une certaine ambition narrative à son début mais qui n'est pas tout à fait tenue. Reste une sorte de Rambo, plus administratif, moins social, et un peu longuet.
dimanche 8 septembre 2024
Hiroshi Shimizu, Anma to Onna (La femme et ses deux masseurs), 1938
Le récit ici est presque anecdotique : dans un onsen, à la montagne, des masseurs aveugles et des curistes se croisent sur les chemins de randonnées et se retrouvent le soir.
Le génie du film tient à autre chose.
La plus grande partie de la filmographie (169 films) de Hiroshi Shimizu date d’avant 1930, elle est muette et Shimizu en a gardé parfois la trace dans ses films sonores — comme un refus de sacrifier à l'avènement du parlant, un procédé toujours efficace.
Il y a dans La femme et ses deux masseurs une scène singulière, de toute beauté, qui métaphorise d'une part la cécité et l'extraordinaire dextérité des masseurs, et d'autre la perte qu'entraine l'avancée de la modernité et le désenclavement (ce qui un des thèmes récurrents du cinéma de Shimizu).
L’un des masseurs croise, dans la cour du onsen, une femme, qui va se retourner à plusieurs reprises, sans que lui, aveugle, ne puisse la voir. C'est une scène presque silencieuse, avec uniquement le son étrange de la pellicule — qui évoquerait presque une pièce de Bernhard Günter.
Cette scène se départit des autres : soit qu'elles n'émettent de son que les voix des acteurs (prises au micro directionnel et éliminant tous les bruits parasites); soit que des sons environnementaux ont été captés, ou encore lorsqu'une musique extradiégétique y a été ajoutée.
Le silence et la répétition du mouvement : les deux personnages qui avancent successivement vers la caméra, qui se frôlent et se cognent aux autres curistes, extraient presque cette scène du cadre purement narratif pour une forme d'abstraction.
Plus généralement, au delà de cette stratification sonore et de cette scène muette, le film met en œuvre une batterie technique : champ / contre champ, travelling le long des coursives, caméra portée qui suit les randonneurs, cadre au niveau des genoux sur les chemins, plans fixes à hauteur de tatami sur les curistes en train de se faire masser, etc. — un prodigieux ensemble de mouvements et de heurts.
Le film rappelle deux films français du début du parlant, dont les récits également anecdotiques servent une expérimentation formelle qui nourrira le cinéma de Godard notamment : La nuit du carrefour de Renoir et La tête d'un homme de Duvivier.
La femme et ses deux masseurs est une merveille et le cinéma de Shimizu est une merveille qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.
jeudi 15 août 2024
John Ford, The Lost Patrol, 1934
Des soldats, échoués dans une oasis en plein désert de Mésopotamie, après la mort de leur chef, attendent, affrontant un ennemi invisible. À partir d’une situation minimale, d’un seul lieu et de quelques motifs : l'angoisse, la soif, la raréfaction de l’espoir et des cigarettes, John Ford réalise un grand film de guerre sans combat (et un récit allégorique qui est une sorte de matrice de la Quatrième dimension), captivant de bout en bout et preuve encore de ce que le génie de Ford s'est manifesté bien avant Stagecoach.
Guy Ritchie, The Ministry of Ungentlemanly Warfare, 2024
Pendant la guerre, un commando exceptionnel s'empare d'un navire italien. Post-Tarantino rythmé avec de spectaculaires acteurs (les très balèzes Henri Cavill et Alan Ritchson et la magnifique Eiza Gonzales). Guy Ritchie a désormais, semble-t-il, abandonné les effets de son style ultra maniériste pour une forme moins clinquante et plus reposante visuellement.
mercredi 14 août 2024
Jamel Debbouze, Terminal, 2024
Il y avait sans doute l'espoir chez les amateurs de H que s'y rejoue quelque chose de cette époque là ou que la série emprunte à d'autres modèles, brillants comme The Office. Mais Terminal use d'une autre partition, outrancière, un peu nulle, avec rires qui soulignent les gags — qui évoque sans doute plus les sitcoms françaises des années 80 qui l'ont précédée comme Maguy et Marc et Sophie — et bêtisier dans le générique de fin (ce qui est presque toujours un aveu de ratage). Il y a une tentative lourde de ne rien rater des thèmes qui polarisent la société. Mais c'est surtout le défaut de précision technique qui rend la série difficile à regarder. Les épisodes avec Manu Payet (sorte de Todd Packer, moins vulgaire) sont les plus drôles.
Julien Hervé, Cocorico — on ne choisit pas ses ancêtres, 2024
Noah Hawley, Fargo 5, 2023
Deux figures, deux forces, des caricatures, presque des abstractions : un cow-boy, mâle, shérif, raciste, terrien, violent, cruel (Jon Hamm) et une femme de pouvoir, sans pitié, mais sans commune mesure avec le précédent — capable de violence dans la légalité (Jennifer Jason Leigh). Entre les deux, une ex-victime, enfant battue, qui se révolte (Juno Temple).
Ce qui faisait Fargo, c’était la spirale infernale dans laquelle se trouvaient embarqués des personnages banals. Il n’y a plus rien ici de cela, la saison 5 traite de la violence conjugale et de la dette. En s'éloignant de son ADN de départ, la série perd de sa puissance narrative et de son entertainement ; elle gagne peut-être en combat social. La photographie est belle, l'interprétation est juste et la réalisation est remarquable.
mardi 13 août 2024
George Miller, Furiosa, 2024
Un récit de vengeance, dont la vengeance est presque absente, plein de barbares, de dunes, de poussière, de moteur, de mécanique et de sable. Le métrage est divisé en cinq séquences, inégales, la route et la poursuite composant les scènes les plus réussies du film, le staticité s'accommodant moins bien de l'horlogerie un peu enfantine du dieselpunk. La troisième partie, une course poursuite hyper inventive est démente. Furiosa est moins surprenant que Mad Max : Fury Road, mais en conserve une certaine ampleur narrative et picturale.
Thomas Bidegain, Soudain seuls, 2023
Une femme et un homme échouent sur une île déserte. Robinsonnade et crise de couple : la combinaison des deux ne fonctionne pas une seule fois, à l'image de la reprise lamentable de Joy division. Le pire du cinéma français.
vendredi 2 août 2024
Gustave Kervern, Benoît Delépine, En même temps, 2022
Les deux réalisateurs ont réussi là un film moins didactique, curieusement moins frontalement politique qu'à leur habitude, et avec un sujet pourtant directement politique, mais dont le postulat grotesque, la fable, a comme évacué la charge qui porte leurs précédents métrages — comme si le sujet les exonérait en partie du devoir militant. Peut-être leur meilleur film.
jeudi 25 juillet 2024
Michael Curtiz, The Kennel Murder Case, 1933
Un concours canin, un chien tué, puis un homme retrouvé mort dans sa chambre fermée. L’inspecteur enquête. La réalisation est fluide, brillante, vive mais la narration est confuse et le mystère de la chambre close est (beaucoup) moins intéressant que le processus qui mène à sa résolution.
mercredi 24 juillet 2024
The Acolyte, 2024
Sixième série Star Wars en prise de vues réelles, décriée, notée à 3.9 5 sur imdb. Narrativement, la série n'est pas captivante, avec des répétitions qui distendent l'ensemble, un défaut de fluidité et une intrigue qui relève du soap. Mais les décors sont magnifiques, et les trop (rares) attaques de gros insectes sont réussies.
mardi 23 juillet 2024
Guillaume Nicloux, Dans la peau de Blanche Houellebecq, 2024
Troisième épisode après L’enlèvement de Michel Houellebecq et Thallaso d'une trilogie (pour l'instant) de Guillaume Nicloux avec et sur Michel Houellebecq.
Le film commence par un préambule, dans l'appartement de Houellebecq, avec des formes anticipée des doubles qui seront développées plus tard dans le film proprement dit (un réalisateur qui propose à Houellebecq un rôle peut-être pornographique, une femme âgée et son "neveu" noir, un assistant hors la loi) et se termine sur la plage, avec un autre double. Entre les deux, Houellebecq, déphasé, se rend en Guadeloupe, assister à un concours de sosies de lui-même présidé par Blanche Gardin.
Il y a des punchs, des discussions sur le colonialisme, des champignons hallucinogènes, une limousine, un cousin qui tient un restaurant, un meurtre, une histoire d'amour. C'est très drôle et singulier.
lundi 22 juillet 2024
Zack Snyder, Rebel Moon 2, 2024
Le film souffre d'une pauvreté narrative désarçonnante pour un projet de cette envergure. Zack Snyder n’a rien à raconter. Mais la photographie est souvent magnifique, à nouveau, comme dans le premier volet, surtout dans les vols des vaisseaux et leurs fumées et dans la belle scène de combat apocalyptique finale — le début du film se tenant à l'évocation lumineuse et douce d'un ranch amish.
Superstore, saison 1, 2015
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