vendredi 31 mars 2023

Ernst Lubitsch, Design for living, 1933

L’histoire d’un ménage à trois. Le film est audacieux, lors de la scène finale la femme embrasse alternativement les deux hommes. Pour le reste c’est Lubitsch, c’est léger, un peu aérien, virevoltant parfois inventif, mais je ne suis peut-être pas sensible à sa virtuosité et à sa légereté.

jeudi 30 mars 2023

Michel Deville, Le dossier 51, 1980

Film paranoïaque en caméra subjective, la vie intime d'un homme est scanné par des services secrets afin d’y trouver quelque chose (son homosexualité). Cette traque s’achève sur un accident (un suicide) après la révélation à lui-même à laquelle on l’a poussé. Un film froid et brillant qui invente une forme, celle des caméras de surveillance, des documents photographiques, commentés.

mercredi 29 mars 2023

Monte Hellman, Two lane blacktop, 1971

Deux types traversent les États-unis et font des courses. Ils vont croiser un autre, un type qui adapte son discours à tous ceux qu’il prend en stop, un mythomane, qui se fait ses films.

La toute fin est magnifique : spoiler : des images de moteur et en bande son leur vrombissement, puis le type dans la voiture, la concentration et le silence, un plan sur ce qu’il voit, un champ, une grange, des chevaux, des voitures et le départ de la course, silencieuse, ralentie avec les cheveux qui bouge lentement et le son qui monte mais dont on ne sait pas ce qu’il est (sans doute le projecteur) et le film qui brûle.

Pas de pittoresque, ici, c’est la route la fiction et la voiture comme manière d’avancer, non pas d’aller quelque part mais de ne pas rester immobile, un beau film rêche, sans fioriture.


William A. Wellman, Across the wide Missouri, 1951

Un western d’aventures en couleur avec Clark Gable. William Wellman est génial pour des raisons toujours différentes. Ici ce n’est pas formellement conceptuel comme dans Yellow Sky, la réalisation n'est pas affirmée, ce sont les paysages qui importent. L’histoire est tragique mais le ton est léger  : le parcours des pionniers vers l’ouest, raconté par le fils du héros. Il n’y a ni bon ni méchant, les paysages sont magnifiques. C’est le récit d’un déplacement vers l’ouest, d'une exploration quand elle était encore possible. 



jeudi 23 mars 2023

William A. Wellman, Yellow sky, 1948

Après un casse, des cow-boys pourchassés traversent un désert et débarquent dans une ville fantôme. La ville n'est pas tout à fait vide, une jeune femme et son grand-père, chercheurs d’or y ont établi résidence. Le film articule ces deux lieux : le désert plan (l'épreuve du soleil, de la soif) et son contrepoint architectural, angulaire (la ville fantôme mais dans lequel on trouve de l'eau, de l'or et une jeune fille). La caméra utilise l’intérieur de la maison comme axe et point de vue de manière presque domestique, comme un pivot. Un très grand western atypique, sur l'épreuve, le manque et le désir.

mercredi 22 mars 2023

Juho Kuosmanen, Hytti nro 6 (Compartiment n°6), 2021

Dans les années 90, une femme quitte Moscou en train pour se rendre à Mourmansk afin d'y voir des pétroglyphes, elle partage sa cabine avec un homme. Cohabitation contrainte de deux mondes avec rugosités et interférences et sans résolution finale amoureuse, ou fantasque d'une abolition des classes sociales — sans aboutissement (à l'image de ces dessins gravés qu'on ne verra jamais). Un beau road-movie, assez classique, dans un train, sous la neige, avec Desireless en parfaite bande son.


lundi 20 mars 2023

Edgar Georg Ulmer, Ulmer, The Black cat, 1934

Les dix premières minutes sont géniales : un couple dans un train, un homme qui partage leur wagon, une voiture qu’ils partagent à nouveau, un accident, une maison. L’introduction est parfaite dans son ambiance et son rythme, mais la suite du scénario accumule des motifs (chat noir, momie, secte, sacrifice, torture, domestiques étranges, cave gothique, etc.) qui évoque plus un catalogue qu'un scénario construit. Mais pour ses dix premières minutes, sa photographie, sa maison incroyable et son escalier en colimaçon, pour la coiffure verticale de Lucille Lund et la coiffure étrange du domestique interprété par Egon Brecher, pour Karloff et Lugosi, pour ses décors, son ambiance, le film vaut absolument d'être vu.








mercredi 8 mars 2023

Powell & Pressburger, The red shoes, 1948.

The red shoes est unanimement considéré comme un chef d’œuvre, et figure parmi « les plus grands films de tous les temps ». Visuellement, le film est de toute beauté, la photographie, l’éclairage, le travail sur la couleur, les décors, la mise en scène, les ballets sont extraordinaires. La réalisation est d’une grande finesse, l’interprétation d’Anton Walbrook est géniale, et l’ensemble baigne dans une certaine délicatesse.  Mais il manque, à mon goût, à ce grand ensemble chromatique très propre, très artificiel — dont le sujet est la réussite artistique et le choix (impossible) entre le sacrifice à l’œuvre et l’amour — une forme d’aspérité ou de décalage. C’est très beau, mais ce n'est pas passionnant. 




 

lundi 6 mars 2023

Joe Dante, Gremlins 2, 1990

Film de sale gosse, qui cite constamment, sympathique dans son attaque du capitalisme.  





samedi 4 mars 2023

Léa Mysius, Les 5 diables, 2022

Film de genre français, fantastique, avec une belle photographie et de beaux décors, de beaux paysages. Quelques scènes sont réussies, mais toute l'intrication familiale est ennuyeuse. Le point de départ fantastique n’est pas vraiment exploité et le drame amoureux prend le pas sur le reste, dommage parce que cette petite ville d’ennui en montagne, ces athlètes et leur chorégraphie, la nage dans l’eau glacée, les pouvoirs de la petite fille, le karaoké dans la boite de la ville, les acteurs, tout ça aurait pu faire un beau film de genre. Mais trop d'éléments qui ne s'emboitent pas dissipent entièrement le film : race, homosexualité, pouvoir, éloignement des villes. Beau film raté.

5 ⭐️

jeudi 2 mars 2023

William A. Wellman, Safe in Hell, 1931

Une prostituée tue accidentellement un de ses clients. Elle est contrainte de fuir avec son amant sur une île qui ne pratique pas l’extradition. Sur place, les hommes veulent coucher avec elle, elle refuse. À la fin du film, l’homme qu’elle croyait avoir tué ressurgi, il n’est pas mort mais il a touché l’assurance, et là accidentellement, elle le tue (vraiment). Finalement elle préfère la prison plutôt que de redevenir  une prostituée. Le scénario est faible, c'est un Wellman mineur mais même dans ses films ratés, il y a quelque chose : le début, les images de la Nouvelle Orléans et cette ambiance exotique avec les quatre malfrats dans leur chaise.

mercredi 1 mars 2023

Cedric Gibbons, Tarzan and his mate, 1934

Deuxième Tarzan avec Johnny Weissmuller. Un peu moins étrange que le premier, peut-être parce que les différents niveaux d’images y sont plus fondus, que l’idée de disparité y est volontairement moins manifeste, hormis dans la prise de son, on entend nettement l'acoustique du studio. Mais les scènes de lianes, la photographie, les décors, le cimetière des éléphants, le saut de Jane, le final, cet opéra de rugissements et ce foisonnement d’animaux, cette densité de fauves, l'ensemble laisse bouche bée. Immense film d’aventure.











mardi 28 février 2023

Charles Brabin, The Mask of Fu Manchu, 1932

Un docteur chinois est à la recherche du tombeau de Gengis Khan. Le film est composé principalement de plans fixes. Film d'une richesse et d'une inventivité visuelles et sonores hors norme (les décors, les effets spéciaux, la photo, la scène avec le rayon électrique dans l’air et sa mélodie de bruit (il y a également l'utilisation d'une rythmique industrielle au début du Docteur Mabuse sorti la même année.) qui lui confère une ambiance vénéneuse mystérieuse. The Mask of Fu Manchu est un précipité de sérial en une heure, sa substantifique moelle. Chef d’œuvre du film d’aventure (moralement inacceptable aujourd’hui : les tortures du docteur chinois sont terribles et Myrna Loy, qui interprète la fille sadique de Fu Manchu, est en extase quand elle fait fouetter un homme par deux noirs). Film de musées et d'explorations de tombeau, il a eu une influence majeure sur Hergé et Spielberg (araignée dans le crâne) et ce point de convergence montre très bien l'intérêt du second pour le premier.

9 ⭐️

lundi 27 février 2023

Louis Garrel, L’innocent, 2022

Comédie légère déprimante. Il y a une tentative de faire quelque chose d’aérien, d’un peu virevoltant, cocasse, avec une photographie saturée pas réaliste et très 70s, de faire un film sympathique, c’est raté. C’est un faux film de casse avec un casse qui est la seule partie réussie du film mais parasitée par son vrai objet : ses dialogues romantiques. Garrel n'arrive pas à faire un film de braquage, ni à dire quelque chose des classes populaires, il fait une sorte de comédie romantique et familiale avec un braquage mais constamment injectée de situations romantiques, des dialogues amoureux, dans un croisement mère/amant fils/nouvelle amoureuse meilleure copine de l’ex morte. Le filtre un peu pourri 70s ne suffit pas à feindre  le milieu prolo.

dimanche 26 février 2023

W. S. Van Dyke, Tarzan the ape man, 1932

Le premier Tarzan avec Johnny Weissmuller (et le premier Tarzan parlant). Le film coche à peu près toutes les cases de ce qui est moralement inacceptable aujourd'hui  : racisme, colonialisme, sexisme, spécisme, etc. 


Le film commence avec des scènes d’Afrique filmées et projetées sur une toile en fond, donnant la curieuse impression que les protagonistes blancs, Jane et son père, sont là devant un étal s'apprêtant à faire leur marché, ou à regarder un spectacle de foire. C'est ce qui va se passer pour nous spectateurs, nous allons voir des superpositions, des strates.

 

Dès le début de l’expédition, aux décors peints s’ajoute l’imprécision des bords de l’image elle-même, ses contours un peu flous, une forme de dissipation, comme si la limite entre le film et l'écran n'était pas nette et s'estompait. Une invitation à la confusion.


Les projections en surimpression derrière les acteurs, les prises de studio, les images de documentaires, les décors en carton-pâte, les fonds peints, les faux arbres, les fausses oreilles des éléphants (de grosses oreilles parce que ce sont des éléphants d'Asie et qu'il faut leur conférer une africanité), les faux singes (les humains déguisés) jouant avec des vrais chimpanzés, la tribu des nains peints en noir pour représenter une tribut de pygmées : le film déploie toute une esthétique du faux, du rapiéçage, du patchwork, de l’hétérogène, de la conjointure, de l’hybridation, de la bizarrerie, du vrai/faux — ce que Frankenstein ou Island of lost soul, sortis presque en même temps explorent également. Comme la métaphore de ce qui doit composer avec ses singularités et faire bonne figure, en dépit de toute vraisemblance, pour atténuer ses aspérités. Chef d’œuvre.






William A. Wellman, A star is born, 1937

Mélodrame méta dont trois nouvelles versions auront été tournées depuis, la dernière de et avec Bradley Cooper (et Lady Gaga). C'est Janet Gaynor au visage naïf et enfantin qui incarne la provinciale émerveillée. Son arrivée à Hollywood sera rejouée quasiment telle quelle par Naomi Watts dans Mullholland drive. Le film est encadré de deux monologues pénibles (de la grand-mère). C'est un des films les plus connus de Wellman, et qui participe de mythologie d'Hollywood mais pour autant c'est un de ses films, me semble-t-il, les plus anecdotiques. À l'exception néanmoins de deux scènes, le tournage dans le studio et surtout cette scène de génie : l’altercation dans l’hôtel entre Maine qui arrête de boire et l’autre type et cette foule soudaine et bruyante qui envahit l’espace après la bagarre, et qui valent à elles seules de voir ce film. 

 





samedi 25 février 2023

William A. Wellman, The public enemy, 1931

Ascension et chute d’un malfrat. Sur la même thématique que Little Caesar, sorti la même année mais le film de Wellman est plus inventif. Plusieurs scènes sont géniales : la première séquence quand les deux truands sont encore enfants, la scène du vol de la distillerie, celle de la livraison de charbon et la toute fin quand on le « ramène » à sa famille, très cruelle. 


William A. Wellman, Night Nurse, 1931

Film d’intérieur encadré de deux séquences extérieures : l’arrivée rapide en caméra subjective, d’une ambulance à l’hôpital. La première demie-heure est remarquable : les débuts du travail d’infirmière, l’opération, le bizutage, les filles qui se déshabillent et qu'on regarde. Mais quand survient l’histoire des deux fillettes, des alcooliques et du méchant (Clark Gable), le film perd son intérêt, les dialogues avec les alcooliques sont longs et donnent l’impression de n’être là que pour rallonger le métrage.

 


 

 

mercredi 22 février 2023

Colin Trevorrow, Safety not guaranteed

Des journalistes partent à la recherche d’un type qui a laissé une annonce saugrenue dans laquelle il cherche un acolyte pour aller dans le passé. Ça se transforme en histoire d’amour, le journaliste retourne voir son premier amour dont il retombe amoureux et Aubrey Plazza tombe amoureuse du type qui a laissé l’annonce. Et finalement oui il y a bien une machine à remonter dans le temps. Pas mal pas inoubliable malgré un postulat de départ intéressant.

Preston Sturges, Sullivan’s Travels, 1941

Un étrange film méta sur le cinéma, qui commence comme du screwball et qui finit dans le chef d'œuvre de Merlin LeRoy I Am a Fugitive from a Chain Gang. Un réalisateur de films part sur la route pour se confronter à la misère. En chemin il rencontre une jeune femme aspirante actrice, Veronica Lake. Le propos du film n’est pas d’une grande clarté mais le film vaut le coup pour son sujet un peu insaisissable : le cinéma lui-même, l'histoire du cinéma, Veronica Lake, la crise, l’errance, les classes sociales, l’injustice.

Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d'une banlieue pavillonnaire embarquent accidentellement dans un vaisseau qui les emmène loin de chez eux. Les voici donc...