Narrativement le film est indigent. Le personnage principal, offre par son allure étronesque, une sorte de contrepoids dans sa simili-reptation avec tous les autres monstres qui devrait permettre des juxtapositions de mouvements, de postures, une sorte de danse — mais qui n'est jamais exploitée. Le début sur l’île est féérique, on pense à Meliès, à un monde perdu, il y a quelques chansons, c’est très léger, les couleurs sont belles. Mais il faut attendre la dernière demie-heure du film pour retrouver quelque chose du talent et de la singularité d’Ishiro Honda : dans les scènes d’incendies, la nuit, avec les tanks, quand Mothra arrive à Tokyo et détruit la tour ou à New York, c'est-à-dire les scènes où se mélangent les maquettes de la ville, des véhicules, les camions jaunes qui roulent sur la piste et les prises de vue réelles avec les acteurs et la marionnette, c’est là que le film est passionnant, dans cette combinaison, dans ses images hybrides. Ishiro Honda est un grand metteur en scène de la stratification des images et du chaos.
vendredi 30 avril 2021
vendredi 23 avril 2021
Yoshitarô Nomura, Le vase des sables, 1974
Une enquête, un mort sans motif, la reconstitution de l’enquête, on découvre l'homme qui avait adopté un garçon, devenu musicien star et dont le père était lépreux.
Le début, toute la première moitié est réussie. La deuxième partie, à partir du récital, la vie de l’enfant et son père, muet, est affreuse.
mardi 13 avril 2021
Toshio Matsumoto, 薔薇の葬列 Bara no sōretsu (Les funérailles de Rose), 1969
Œdipe roi transposé dans le Tokyo des années 60 et dans le milieu des travestis. Le film est un objet queer, expérimental, pop, marqué par la nouvelle vague française. Il y a une citation de Le Clézio. Kubrick lui a emprunté au moins deux éléments pour Orange mécanique (le maquillage et l’accélération). La photographie est belle, la narration est déconstruite, le sujet est transgressif mais le film est démonstratif.
jeudi 1 avril 2021
Alfred Machin, Maudite soit la guerre, 1914
Un des premiers films de guerre (une guerre fictive, le film est tourné en 1913). Il y a beaucoup des plans fixes, notamment dans un salon, et des discussions, comme si le fait que le film soit muet n’était pas pris en compte, il y a une gestuelle théâtrale expressive et quelques regards caméra.
La fiction romantique du film n’a pas beaucoup d’intéret mais elle permet de jeter un œil à l’intérieur des villas d’un autre temps, aux costumes, aux attitudes des gens : les images émouvantes d’un monde ancien et disparu et tourné quelques temps avant les bombes.
Mais le film est surtout remarquable pour ses plans aériens, ses images des premiers avions de guerre, des aérostats, les champs de bataille — et une utilisation de la couleur (les photogrammes coloriés à la main) distinguant le paysage, les vêtements, les explosions, etc.
Le film est court (50 minutes), je l’ai vu dans une version sans musique.
mardi 23 février 2021
Jean Renoir, Swamp Water (L'étang tragique), 1941
Premier film américain de Renoir (Irving Pichel est également crédité à la réalisation). Ça ne ressemble pas vraiment à un film de Renoir, et on peut le regarder comme une métaphore accidentelle de sa propre condition de cinéaste expatrié en 1941. C’est un film simple (qui n'a pas l'ambition formelle ou narrative de La grande illusion, de La règle du jeu ou l'étrangeté de La nuit du carrefour). Une sorte de survival dans les marais de Georgie. Un film à l'ambiance atypique, un petit Renoir mais immense.
mercredi 17 février 2021
Alfred Hitchcock, I confess, 1953
Un confesseur (tenu au secret) devient victime. Il y a dans tous les films d’Hitchcock, même dans ses films mineurs (comme dans ceux de Ford ou de Wellman), une scène, une plan, quelque chose qui vaut le coup, qui justifie le visionnage. Ici trois séquences sont remarquables : le tout début avec ses plans fixes sur la ville, la fin dans le restaurant (quand on sort de l’ambiance un peu terne du film) et cette scène dans le champ où Anne Baxter et Montgomery Clift sont ensemble. Le lieu du tournage, Québec, est une singularité géographique dans sa filmographie d'Hitchcock, la photographie est belle, mais l'intrigue est ennuyeuse et la résolution finale est faible.
jeudi 11 février 2021
Carl Theodor Dreyer, Gertrud, 1964
Gertrud, entre son mari, son amant, son ex amant.
Le dernier film de Dreyer est un film radical, ostensiblement artificiel, expérimentalement académique, empesé, magnifique, ridicule, ennuyeux, unique, marquant.
Star Wars : Skeleton Crew, 2024
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