dimanche 30 mars 2025

Juho Kuosmanen, Les Contes de Kokkola – Une trilogie finlandaise, 2024

Trois contes maniéristes évoquant Méliès, Chaplin, et dont la bande-annonce semblait convoquer Karel Zeman. J'ai du mal à saisir l'enjeu, pourquoi ? Le résultat est un ensemble imprécis et mal rythmé, peut-être simplement un travail de jeunesse de Juho Kuosmanen, auteur du très bon Compartiment n°6.

samedi 29 mars 2025

Dan Berk et Robert Olsen, Novocaine, 2025

Variation sur le corps supplicié dans une comédie horrifique de super-héros (normal), idiote mais assez radicale et jusqu'au-boutiste.

vendredi 28 mars 2025

Alfred Hitchcock, Rebecca, 1940

La jeune mariée à Manderley souffre de la présence prégnante de l’ex-Mrs de Winter. Le récit, un peu long, commence comme une comédie romantique (un aristocrate fortuné s’éprend d’une jeune fille pauvre), se poursuit en film à présence fantomatique, pour s’achever en polar. Pas mon Hitchcock préféré, mais la réalisation du maître reste hors norme.

Marc Webb, La Blanche neige, 2025

Les nains n’ont pas été supprimés : ils ne sont simplement plus incarnés par des acteurs en chair et en os, relégués à des figures numériques ou symboliques, comme si la question de leur représentation embarrassait au point d’être escamotée. Ce choix, loin de proposer une lecture audacieuse du conte, reflète surtout une forme de prudence désincarnée. Le reste du film oscille entre caricature et fadeur : une foule bigarrée, un prince sans consistance façon Robin des Bois, et surtout une Blanche-Neige dont l’apparence physique, dans une histoire qui repose pourtant sur le motif de la rivalité de beauté avec la Reine, ne suscite jamais l’effet escompté. Face à la puissance visuelle et au charisme de Gal Gadot, le déséquilibre est flagrant, presque cruel.

Les effets finaux, où la Reine se dissout dans un déchaînement visuel, parachèvent la mue du conte vers une fantasy lissée, plus proche d’un imaginaire à la Harry Potter que du merveilleux ambigu des frères Grimm.

Le problème n’est pas la fameuse « moulinette woke », mais une incapacité à penser véritablement la mise à jour d’un mythe. L’intention idéologique, en soi respectable, ne suffit pas à faire récit. On ne réécrit pas impunément une structure archétypale sans en interroger profondément les fondements : ici, on corrige sans comprendre, on adapte sans incarner. Le résultat est un film à la fois sursignifiant et creux, où la modernisation tourne court faute de nécessité symbolique.


Kazuya Shiraishi, Le joueur de go, 2025

Jeu de go, samouraïs, honneur, calligraphie, mont Fuji : le nippophile y trouvera tout le folklore attendu. Le joueur de go, en dépit d’une réalisation sans identité, d’effets parfois kitschs et d’une direction d’acteurs caricaturale, est solidement construit et captivant de bout en bout. Un excellent film, malgré ses défauts.


mercredi 26 mars 2025

Barry Levinson, Alto knights, 2025

Un beau film de gangsters, presque intimiste, avec De Niro dans les deux rôles des frères ennemis et amis. Je ne suis pas certain que ce dispositif soit vraiment indispensable, mais mis à part ce gadget, il s'agit d'un film de mafieux final, décontracté et amusé.

mardi 25 mars 2025

Shinji Somai, Typhoon Club, 1985

Un film très singulier sur l’adolescence qui prend son temps et aborde des thèmes de violence, de sexe, de vie et de mort. Étrangement construit, avec des scènes de violence répétitive, un ballet chanté et l’étrange chorégraphie de deux danseurs. Le film m’a beaucoup fait penser à Rivette dans sa structure. L’intrigue se déroule dans un lycée pendant un typhon. C’est une sorte de robinsonnade intérieure.

lundi 24 mars 2025

Thierry Frémaux, Lumière l’aventure continue, 2025

Un film magnifique composé de 120 séquences de 50 secondes réalisées entre 1895 et 1902 par les frères Lumière, qui montre qu'il ne s'agit pas seulement de l'invention d'une forme, mais d'une véritable affirmation esthétique : de nombreux films sont sublimes.

jeudi 20 mars 2025

Colin Eggleston, The Long weekend, 1978

Survival dans le bush australien. Le début du film, avec toute cette mise en place, est subjugant ; la suite devient un peu répétitive et certains éléments (comme le lamantin) sont superflus. Mais c’est un bon film de genre, d’ozploitation, qui explore ce que la propagation de l’espèce humaine fait endurer aux autres espèces.

mercredi 19 mars 2025

Shiori Itō, Black box diaries, 2025

Tout au service de son propos (la réparation) le film déploie pourtant un vrai récit cinématographique d’images et de son. Un excellent documentaire à la première personne d’une journaliste victime d’un viol par un proche de Shinzō Abe.

mardi 18 mars 2025

Tsui Hark, Legend of the Condor Heroes: The Gallants, 2025

Heroic-fantasy et western chinois avec Gengis Khan et une histoire d'amour contrariée. Dans les années 90, le nom de Tsui Hark évoquait une singularité et une certaine virtuosité. Il n’en reste pas grand-chose dans cette Légende des condors, qui ne se distingue plus vraiment des productions mondialisées avec un arrière-plan patrimonial.

lundi 17 mars 2025

Drew Hancock, Companion, 2025

Petite comédie horrifique cumulative mettant en scène des robots de compagnie piratés afin d’échapper au contrôle.

dimanche 16 mars 2025

Gia Coppola, The last showgirl, 2025

Une danseuse à Vegas dont le show touche à sa fin. Une mélancolie, une fête triste, quelque chose qui s'estompe — portée par la fragilité et l’élégance, la beauté de Pamela Anderson qui magnétise tout, entourée des charismatiques Jamie Lee Curtis et Dave Bautista — ainsi que Kiernan Shipka. Cadré assez serré, la photographie est belle. Un beau portrait d'une (très belle) femme.

samedi 15 mars 2025

Michael Morris, Bridget Jones : folle de lui, 2025

Entre la comédie romantique et le conte, Bridget Jones, veuve, revient sur le marché de l'amour. Certaines scènes sont amusantes, mais le film est trop long et trop larmoyant.

vendredi 14 mars 2025

Soderbergh, The Insider, 2025

Un bon thriller d'espionnage sur la manipulation d'un couple d'espions sophistiqués à Londres, avec Cate Blanchett, Michael Fassbender et Pierce Brosnan.

jeudi 13 mars 2025

John McTiernan, Die Hard, 1998

Bruce Willis dans une tour infernale, des terroristes, une prise d'otages, des explosions. Le film est passionnant au début, avec son exploration des gaines techniques de cette immense tour encore en construction. Quelques scènes, comme la chute dans le vide de Hans Gruber ou le saut de John McClane avec le tuyau de refoulement, sont très spectaculaires. Le film est rythmé, mais finit par devenir lassant.

mardi 11 mars 2025

Guan Hu, Black Dog, 2025

Deux parias se lient dans un monde de déserts et de constructions abandonnées. Libération animale et monde post-cataclysmique, un beau film singulier dans des décors superbes, parmi les meutes de chiens, oscillant entre Mad Max et Carnivàle, et qui n’est pas sans rappeler mon roman Futur fleuve.

Boris Lojkine, L'histoire de Souleymane, 2024

Deux jours filmés comme un documentaire d’un travailleur guinéen sans-papiers qui doit jongler entre location de compte Deliveroo, appel au 115 tous les matins pour avoir un lit le soir, bus sociaux, et intermédiaires qui se sucrent au passage — avant un entretien pour être régularisé. Un bon film tendu comme un thriller.

lundi 10 mars 2025

James Mangold, Un parfait inconnu, 2025

L’arrivée à New York d’un jeune musicien, son ascension jusqu’au concert électrique au Newport Folk Festival, ses histoires amoureuses, dont celle avec Joan Baez, et la dissension qui a suivi son virage électrique, problématique qui paraît un peu étrange aujourd’hui. C’est un bon biopic à la réalisation fluide, mais loin de la réussite majeure de Mangold : Logan.


John McTiernan, Predator. 1987

La jungle, un hélicoptère crashé, un commando de forces spéciales et un ennemi invisible. Survival, horreur, science-fiction, bien construit, avec de belles images de jungle et de l’humour.

samedi 8 mars 2025

Bong Joon Ho, Mickey 17, 2025

Le film articule plusieurs trames : la conquête dictatoriale, la prédation anthropique et la réduplication des corps serviables, la chair à canon. C’est trop long, un peu burlesque… La trame des remplaçables n’exploite presque rien de cette idée, et la prédation anthropique est réduite à une caricature. Film de science-fiction burlesque singulier mais décevant, très loin de OkjaMemories of Murder et Parasite.

Duvivier, David Golder, 1931

Adapté d’un roman d’Irène Nemirovsky, premier film parlant de Duvivier. Chute et mort d’un homme qui a réussi. Le récit est ennuyeux, mélodramatique et le jeu des acteurs outré. Mais le film est passionnant pour les scènes entre l’intrigue proprement dite qui jouent sur des tentatives formelles, des superpositions sonores, cadrages, découpage, comme le début magnifique de cette scène finale sur le bateau, le chant des immigrés juifs et la sirène du bateau. Un film remarquable très inégal.


jeudi 6 mars 2025

Sogo Ishii, Crazy family, 1984

La famille Kobayashi devient enfin propriétaire après des années passées en logement social. La découverte d’un termite et l’arrivée du grand-père SDF vont perturber le rêve pavillonnaire, le transformant en cauchemar. Un jeu de massacre jubilatoire, mais trop long — le film ayant déjà donné à peu près tout ce qu’il avait à offrir dans sa première heure. La musique, créditée à 1984, est géniale.

mardi 4 mars 2025

Lou Ye, Suzhou River, 2000

Deux hommes, deux femmes, la rivière Suzhou. Le mélange de genres — histoire d'amour, crime, mystère, fantastique — est intrigant, et les images, filmées comme un documentaire, de la rivière et de ses berges industrielles sont très belles. Un film singulier, flottant dans son récit

Julien Duvivier, Les cinq Gentlemen maudits, 1931

À bord d'un paquebot, en route vers le Maroc, cinq gentlemen, dont un millionnaire. Le film utilise un cadre presque ethnographique pour y couler un récit fantastique et mystérieux. Le mélange est absolument réussi : séquences musicales documentaires de toute beauté, poursuite finale de type slapstick, quelques échos du cinéma muet, et la splendeur des villes marocaines. C'est un des premiers films de Robert Le Vigan. Les Cinq Gentlemen maudits est une parfaite synthèse entre un formalisme hérité des avant-gardes et une narration populaire. Un grand film de Duvivier, injustement méconnu.

Martin Scorcese, After hours, 1985

Une nuit à New York : des sollicitations amoureuses, de l'art contemporain, des bars, des vols et des poursuites. Un conte farfelu, drôle, porté par le ton très juste de Griffin Dunne. Une parenthèse légère dans la filmographie du grand Martin Scorsese.

Ozu, Printemps tardif, 1949

Un film d'une infinie délicatesse sur la séparation d'une jeune femme en âge de se marier de son père veuf. La famille, les conventions, les jeux de rôle sociaux. L'un des films les plus simples et les moins hiératiques d'Ozu. Tout ici est bouleversant.

Bergman, Persona, 1966

Une actrice devient mutique, une infirmière l’accompagne, dans une villa au bord de la mer, et s’expose en lui racontant une aventure sexuel...