mercredi 1 novembre 2023

Vincente Minnelli, The long, long Trailer, 1954

Les déboires sur la route d'un jeune couple et de leur immense caravane. Un film merveilleux, à la fois d’une grande légèreté comique et d’une dubitation amusée et cinglante de l’American way of life. La photographie est de toute beauté (le film a été tourné en ansco color, ce qui lui confère cette douceur pastel si singulière), comme la composition des plans (notamment les arrivées dans les campings ou dans la famille de Tracy) qui évoque des dioramas Mattel parfaits. Un film pas du tout mineur de Minnelli, assez proche de Tati, ou d'une version mais soustraite de violence du Week-end de Godard, avec les deux acteurs de I love Lucy. Un film merveilleux à voir absolument.



mardi 31 octobre 2023

Douglas Sirk, Written on the Wind, 1956

Une femme dont deux hommes s’éprennent, et la sœur de l'un d'eux : trio ou quator amoureux, différence de classes sociales, virilité suspendue, alcool et tragédie.

Written on the Wind est éblouissant dans sa photographie, ses couleurs, dans la composition de ses plans, dans ses cadres, dans son grain, dans sa lumière, dans le mouvement de ses acteurs, dans sa chorégraphie. Il est formellement tellement sophistiqué, tellement extraordinaire qu’il contraint le spectateur à un regard dédramatisé, c'est un mélo, mais un mélo qui tient à distance émotionnelle le spectateur, fasciné par ce qu'il voit.

Dorothy Malone et Robert Stack sont magnifiques, reléguant Rock Hudson et Lauren Bacall au second plan. Tout est parfait dans ce film, de la séquence d’introduction en voiture, à la métaphore phallique finale. Un chef d'œuvre.

 


 


lundi 30 octobre 2023

Bruno Podalydès, Wahou !, 2023

Bruno Podalydès est un réalisateur dont j'aime beaucoup les hauts (Comme un avion) et là ce Wahou ! est une déception : terne, non inventif, tristounet, relâché, en roue libre, en dépit de sa distributionPodalydès a déjà exploité dans son premier film la contrainte du lieu avec autrement plus de souplesse et d'amusement.



One Piece, 2023

Une série qui invente un univers graphique fantastique à la mesure du manga d'origine. 

dimanche 29 octobre 2023

Vincente Minnelli, Brigadoon, 1954

Un homme, en expédition en Ecosse avec un de ses amis tombe par hasard sur le village de Brigadoon, un village de 1754 qui s’anime une journée par siècle, il tombe amoureux d’une des villageoises, il repart à New York, regrette et revient à Brigadoon. Et l’amour idéal se réveille s’il est puissant. À partir de cette postulat fantaisiste, Minnelli a fait une comédie musicale sur la force et la puissance du rêve, sa valeur performative, la capacité qu'on a d'échapper aux déterminismes. Il y a deux mondes, celui du conte à Brigadoon, qui contraste avec celui de New York années 50, rapide, survolté. Les couleurs, les décors sont magnifiques, le film est un enchantement.



dimanche 22 octobre 2023

Benjamin Lehrer, 38°5 quai des orfèvres, 2023

Dans le genre absurde et débile, avec enquête et situations décalées, ce 38°5 a une certaine exigence rythmique (les séquences s’enchainent, le montage est rapide). Il y a de bons acteurs, Arthus et Caroline Anglade surtout, Didier Bourdon étant presque comme toujours au cinéma, et de manière incompréhensible sous exploité, mal dirigé (comment, quand on a été aussi bon dans ses propres sketchs, il y a 30 ans, peut-on être aussi moyen aujourd’hui ?). 38°5 quai des orfèvres n'est malheureusement que très rarement drôle.

vendredi 22 septembre 2023

George Pollock, Murder at the gallop, 1963

Deuxième film de la série de quatre mettant en scène Miss Marple, interprétée par Margaret Rutherford. L’intrigue est simpliste et repose sur un subterfuge ultra tiré par les cheveux. Mais si on accepte sa narration fantaisiste, cette enquête de Miss Marple (en fait une enquête de Poirot mais déplacée ici chez Miss Marple) est assez sympathique.

mercredi 6 septembre 2023

Jonathan Barré, Bonne conduite, 2023

Une psychologue animatrice de stage de récupération de points de permis se transforme la nuit en tueuse de chauffards. Parallèlement, une équipe de bras cassés enquête sur un mort retrouvé dans le coffre de sa voiture


Une belle photographie, cadre, distribution (Laure Calamy, Grégoire Ludig, David Marsais, Tchéky Karyo), musique, ambiance, etc. Le début est très prometteur.


Mais l’argument initial de la tueuse vengeresse est abandonné très vite et l’ambiance perd son charme quand le film se développe en film de gangster sans intérêt et pas drôle. Un énorme gâchis. 






lundi 4 septembre 2023

Nicholas D. Johnson, Will Merrick, Missing, 2023

Film d’écrans.

Une jeune fille dont la mère a disparu cherche ses traces sur l'internet.

On passe d’une application à une autre, de la recherche d’un mot de passe à la recherche d’une identité via Instagram, de caméras de surveillance à des piratages de comptes Google, à l’embauche d’un type via Taskrabbit, etc.

Surgit tout de suite une interrogation : est-ce que j'ai envie de passer 1h30 de cette journée à nouveau devant un défilé d’applications ?

Si on passe outre, la vitesse du film et l'enchainement des différents indices empêchent son analyse. La première partie est réussie, ce n’est pas subtil mais il y a une vraie aisance technique.

Puis la scénario change de cap, la disparition de la mère passer dans le domaine publique avec enlèvement et FBI. Là ça se gâte, le film devient un fait divers glauque mais banal sans aucun intérêt et dans lequel l’enjeu de l’écran, des caméras de surveillance et de la trace deviennent anecdotiques.

Dommage, ça partait bien, mais le procédé narratif est mal exploité.



samedi 2 septembre 2023

James Mangold, Indiana Jones and the Dial of Destiny, 2023

James Mangold, réalisateur de Logan, un des meilleurs films de super-héros, trois acteurs haut de gamme, Phoebe Waller-Bridge, créatrice des excellentes Crashing et Fleabag, Mad Mikkelsen, et Harrison Ford qui remplie pour la cinquième fois dans le rôle de l'aventurier tintinesque culte, sur le papier, ça faisait envie. Et on a droit à tout ce qu’on pouvait attendre d’un Indiana Jones. Introduction avec bagarre sur le toit d’un train de nazi et objet mythique, puis d’une séquence à l’autre jusqu’au climax final. Phoebe Waller-Bridge est parfaite, le jeune garçon aussi, Mad Mikkelsen aurait pu être plus terrible, on ne s’ennuie pas tout à fait, le résultat n'est jamais vraiment raté mais le film n'est jamais vraiment enthousiasmant.





mardi 29 août 2023

Kim Yong-hoon, Lucky Strike, 2020

Un sac Vuitton plein de billets passe de main en main et structure entièrement ce film coréen décontracté et sanglant, violent et sympathique.



mercredi 23 août 2023

Nicolas Bedos, Mascarade, 2023

Un gigolo s'associe avec une voleuse dans un chassé-croisé amoureux/matrimonial qui ne se passe pas comme prévu. Un film sur la manipulation devrait être retors, habile, ce n'est pas le cas, le scénario est raté, les motifs sont un peu rances, les personnages ne sont pas diaboliques, le film est ennuyeux. On peut saluer une certaine maîtrise technique dans la réalisation. On peut regarder le film comme une tentative de capter la beauté de Marine Vacth.



mardi 22 août 2023

Igor Gotesman, Five, 2016

Film de potes, de colocs, avec un volet gangster — raté en dépit du talents de la plupart de ses interprètes. Le film n'est pas vraiment drôle et ne traite pas brillamment du passage à l'âge adulte. Le mélange des genres ne fonctionne pas.



lundi 14 août 2023

Cecilia Rouaud, Les complices, 2023

Film entièrement raté en dépit d'un début prometteur, d'une excellente distribution principale (François, Damiens,William Lebghil, Laura Felpin) et de quelques excellents seconds rôles (Vanessa Paradis, Bruno Podalydès, le trop rare Jean-François Cayrey et Alicia Hava). Le film ne tient pas ses promesses, gâche son histoire, n'a aucun rythme et se perd dans des scènes étirées inutilement, dommage.



mardi 8 août 2023

Quentin Dupieux, Yannick, 2023

Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser, ses deux films précédents, revisitaient, le premier Le portrait de Dorian Gray et le second le tokusatu à la manière d’une comédie d’horreur à sketchs. Ici c'est le vaudeville. Le film raconte la prise d’otage, par un spectateur, des comédiens et des autres spectateurs, d’un vaudeville. Le film se déroule quasiment en temps réel. L'action est réduite aux discussions entre le preneur d'otage, les acteurs et autres spectateurs. Il y a quelques plans qui décalent de la scène du théâtre proprement dite sur d'autres lieux, et une utilisation ténue et fine de la musique. C’est une comédie politique frontale qui parle de classes et d'humiliation sociales, de reconnaissance et de statut, de maîtrise du temps personnel, de domination, de pouvoir, de centralisation, etc. Je trouve que ça tourne un peu court et que l’auto-réhabilitation finale, yeux humides avant la fin qui s'annonce (les CRS et la restitution de l'ordre) instaure une sorte de tendresse supplémentaire pour le personnage excentré inutile. C'est un Dupieux mineur, comme Au poste.




dimanche 23 juillet 2023

Jean-Paul Le Chanois, Les misérables, 1958

Le film condense dans ses grandes lignes l’intrigue du roman de Victor Hugo, dans une chronologie parfois différente. De nombreux éléments du roman disparaissent (la digression sur Waterloo) mais aussi un épisode pourtant très cinématographique, l'éléphant de la Bastille. Il y a aussi des modifications de scènes emblématiques comme celle de la pièce volée. L'aspect feuilletonesque du roman (le suspense) n'est pas retranscrit. La photographie en extérieur est assez belle, et il y a quelques plans intéressants (Cosette et le seau d’eau), mais on pouvait espérer de la distribution (Gabin/Jean Valjean, Bourvil/Thénardier et Blier/Javert) et du matériau de départ autre chose que cette honnête mais soporifique adaptation, mal rythmée et scolaire. Aucune des scènes mythiques du roman (la scène de la barricade, la mort de Gavroche, les égouts) n'est vraiment incarnée. L’adaptation de Raymond Bernard, 1933 est beaucoup plus intéressante.

 


 

jeudi 13 juillet 2023

Frank Capra, Arsenic and Old Lace Arsenic, 1944

Les scènes en contre-jour sont belles, mais une fois le procédé du film mis en place : les diverses excentricités des personnages présentées et l'articulation entre les vieilles dames débonnairement tueuses et les tentatives de dissimulation du neveu, le film n'offre plus qu'une mécanique amusante, virevoltante parfois brillante mais fatigante. Gary Grant en fait des tonnes. Le film est long et il aurait gagné à être réduit d'un tiers. Un film à la très haute réputation mais qui me semble surévalué. La vie est belle me fait le même effet. Capra, est génial pour moi, dans It Happened One Night et parfois dans Lost Horizon.




mardi 11 juillet 2023

Lloyd Corrigan, Daughter of the dragon, 1931

La princesse Ling Moi (Anna May Wong) découvre que le terrible Fu Manchu (Warner Oland) est son père. Une partie du film s’apparente à du théâtre filmé, avec sorties de scène, discussions et passages d’une pièce à l’autre. Warner Oland est très peu présent à l’écran. Quelques scènes : sous la pluie, dans les caves, un homme jeté dans une pièce filmé depuis le plafond, la chute d’un homme filmée depuis un toit et quelques astuces de dissimulation (sortie murale escamotée, trou dans la toile) valent à elles seules le visionnage de ce petit film — qui précède d’un an la sortie du génial The mask of Fu Manchu, dans lequel Boris Karloff remplacera Warner Oland.


mardi 4 juillet 2023

Lothar Rübelt, Mit dem Motorrad über die Wolken, 1926

Un voyage en moto dans les Dolomites, en 1926. C'est un des premiers road-movies. La photographie est magnifique et les paysages filmés sont magnifiques. Il y a une utilisation de filtres chromatiques qui singularisent les différentes séquences du film. Mais indépendamment de ses intérêts technique et artistique, le film vaut comme le témoignage d'un temps révolu et singulier entre l'essor de la locomotion mécanique individuelle (l'industrie de la moto commence au début du siècle) et avant le tourisme de masse. Un western à moto sans autre action que le déplacement sur des routes de montagnes vides, sans voiture, sans personne, un paradis perdu. C'est un moyen métrage documentaire muet de 46 minutes qui mérite une autre place dans l'histoire du cinéma.


 





lundi 3 juillet 2023

Jean Girault, Le gendarme en balade, 1970

Le film commence par une séquence civile très réussie dans laquelle Cruchot, châtelain haddockesque, s’ennuie ferme dans son château, sa femme (Claude Gensac) pourvoyant à tous ses besoins, anticipant tous ses désirs (pêcheur sous l’eau hameçonnant à la chaine des poissons), élévateur pour accéder au cheval, dispositif d’alarme pour électrocuter les intrus.

Plus tard, dans une autre séquence très réussie du film, c’est un bouchon sur la route qui va donner l’opportunité aux gendarmes de ré-enfiler leurs tenues et de goûter à nouveau aux joies de la mise au pas et de la discipline, dans une scène qui n’est pas sans rappeler le long travelling du Week-end de Godard sorti deux ans avant et qui contient une scène éblouissante qui résume toute l'expressivité géniale de de Funès (le dialogue au sifflet géniale).

La suite est beaucoup moins réussie, elle mélange une fausse amnésie, une sortie chaplinesque calquée sur Ulysse chez le Polyphème, une incursion chez les baba-cools avec voiture fleurie, pétards et amour général. Le film s'enfonce peu à peu, vers un final, à partir des retrouvailles inutiles avec la bonne sœur et les gamins, totalement nul.

C'est un Gendarme très inégal, un drôle de mélange, à la fois rétrospectif avec film de vacances méta, bande dessinée entre Tintin Lariflette, Nouvelle Vague et Homère et nanard.

Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d'une banlieue pavillonnaire embarquent accidentellement dans un vaisseau qui les emmène loin de chez eux. Les voici donc...