jeudi 30 décembre 2021

Kenji Mizoguchi, Miss Oyu, 1951

Un homme s’éprend de la sœur de la femme à laquelle il est promis. Mais cette femme, veuve et mère, ne peut s’émanciper de sa belle-famille. L’homme épouse donc celle qu’il n’aime pas. Lorsque le fils de la femme aimée meurt, elle est répudiée et quitte le foyer. Quelques années plus tard, l’épouse légitime meurt en couches. L’homme confie alors l’enfant à la sœur, la femme aimée — sans même la revoir.

Le résumé de ce mélodrame, où s’entrelacent un amour impossible et des deuils croisés dans une société codifiée, ne dit rien encore de la puissance du film : de sa photographie, de la perfection du cadre, de la composition stratifiée des plans, de leur profondeur — comme dans un théâtre de papier.

Une scène : les personnages sur la terrasse, la défunte hors champ dans la pièce voisine, un bébé dans les bras, un train qui passe au loin. Un instant suspendu, miraculeux de mise en scène.

Un des plus beaux films du monde.



dimanche 15 août 2021

Keisuke Kinoshita, Vingt-quatre prunelles, 1954

Une institutrice nommée sur une île, dévouée à sa tache. Magnifique mélodrame.

Sadao Yamanaka, Pauvre humanité et ballon de papier, 1937

 Chef d'œuvre.

Tomu Uchida, Détroit de la faim, 1965

Un grand film.

Mizoguchi, L’impératrice Yang Kwei-Fei

Un Mizoguchi en couleurs, et ce n’est pas forcément le point fort, sauf dans une scène d’avancée de la foule la nuit et dans quelques tableaux.

Mizoguchi, La rue de la honte

Le dispositif tout en intérieur est superbe, la violence est ténue mais au final c’est un drame, la femme répudiée par son fils, l’autre dont le mari veut se pendre, l’autre encore qui devient folle et cette scène finale, avec le regard à moitié caché de la jeune fille et la musique, au final un très grand film simple. Sublime.

mardi 29 juin 2021

Méandre

Voici un film abyssalement stupide et d’une consternante nullité. Le film n’assume pas entièrement son concept simple : une fille coincée dans des tubes est sadisée, sans raison. Le réalisateur, lucide sans doute de son déficit d’écriture, va donc encombrer son métrage d’un prologue et d’un épilogue fantastico-new age et mimant l’idée que se fait le réalisateur de la notion de profondeur, espérant peut-être berner un spectateur plus stupide que lui en allongeant légèrement son métrage d’une morale.

jeudi 17 juin 2021

John Ford, Drums Along the Mohawk,1939,

Le scénario est faible, le film est un peu ennuyeux, mais en technicolor, sauvé par une scène (la poursuite finale) de toute beauté.




mardi 15 juin 2021

Cecil B. Demille, Unconquered, 1947

Paulette Goddard, très maquillée tout le temps (le film est en technicolor) est condamnée à purger sa peine (elle est en anglaise) en étant vendue comme esclave aux États-Unis : on la retrouve malmenée, tour à tour, attachée à un poteau, vendue, martyrisée, etcLe film est joliment ennuyeux. Mais il y a cette étrange conquête d'un territoire tourné en studio, et une belle errance finale.

lundi 14 juin 2021

Jean-Jacques Beineix, 37,2, 1986

La photographie est belle et l'image n’a pas vieilli. Le récit se déroule dans des lieux soustraits au monde social (le village sur la plage, la maison à Paris, le magasin de pianos dans le village) et met en scène l'amour fou d'un artiste raté et d'une femme qui sombre dans la folie. C'est très adolescente et très romantique.


John Ford, The Hurricane, 1937

L'essentiel du film est consacré à l’acharnement d’un homme occidental contre le héros (le « sauvage »), à sa condamnation injuste et à ses évasions multiples. Le volet catastrophique attendu ne survient qu'à la fin. L'attente est un longue, mais vaut le coup. John Ford pouvait tout faire.


Marcel Carné, Les portes de la nuit, 1946

Le scénario de Prévert a très peu d’intérêt, le personnage du destin est ridicule, Yves Montand et Nathalie Nattier jouent vraiment mal. Mais les décors sont beaux, la photographie est belle, il y a des très belles images de Paris juste à l’après-guerre (Montmartre, la Rotonde, le bassin de la villette, Jaurès, au tout début du film), les chansons de Kosma et Prévert et une certaine ambiance.

Jaume Collet-Serra, Junge cruise, 2021

Le couple à la manière d'African Queen aurait pu fonctionner, mais le nappage numérique dégouline et rend le film difficile à regarder.

Tristan Séguéla, Docteur ?, 2019

Un film anodin que j’ai bien aimé. C'est une sorte de road-movie dans Paris, la nuit, le dispositif est amusant : Michel Blanc dans la voiture qui dirige le livreur pour les consultations qu'il fait à sa place.

Arthur Harari, Diamant noir, 2015

Prosaïsation d’une forme mythologique dans un film de filiation et de genre (le casse), c'est ambitieux et singulier, mais j'ai eu du mal à y croire, ce qui est peut-être la limite pour moi de ce beau film.


John Huston, The African Queen, 1951

Film d’aventures léger, dans de beaux décors naturels, basé sur l'opposition du couple Katharine Hepburn/vieille fille guindée et Bogart/vieux baroudeur.

Danny DeVito, La guerre des Rose, 1989

Pénible de bout en bout : la réalisation, les couleurs, les acteurs : Kathleen Turner et Michael Douglas.

Tony Scott, Man on fire, 2004

Trop d’effets, la caméra qui tourne, les cuts, les filtres, trop d’effets scénaristiques aussi, le père coupable puis la fille finalement pas morte. Surévalué et pénible.


Nicholas Ray, In A Lonely Place, 1950

Le film joue sur la suspicion qu’on instille dans la tête de sa voisine-maitresse qu'un écrivain (Bogart) est un tueur, doute qui va déclencher la violence de Bogart, et dont on découvrira à la fin si c'est bien lui ou un autre qui l’a tué. 

Jonathan Hensleigh, The ice road, 2021

Liam Neeson dans un camion sur une route de glace et beaucoup trop d'autres éléments parfaitement inutiles (le complot, la sœur, le frère handicapé, etc.)

Barry Levinson, Young Sherlock Holmes, 1985

Film très sympathique, pour son ambiance, son côté tintinesque et Harry Potter avant Harry Potter.

dimanche 13 juin 2021

samedi 12 juin 2021

John Huston, The Maltese falcon, 1941

C’est la deuxième fois que je le vois et à nouveau je suis déçu, je l’ai trouvé ennuyeux, je ne suis pas vraiment certain d’avoir saisi — à nouveau quelque chose m'échappe. Le film est peu alambiqué, le faucon maltais comme un MacGuffin est sans saveur.

 

vendredi 11 juin 2021

Edmund Goulding, Grand Hotel, 1932

Huis-clos dans un grand hôtel et le chassé-croisé de ses occupants : l’homme humilié toute sa vie et qui va bientôt mourir et qui vient « vivre » enfin quelques jours, son ancien patron, un baron-voleur sympathique, une secrétaire dactylo et une danseuse diva. C’est bien réalisé, rythmiquement c’est parfait, il ne se passe pas grand-chose, enfin un meurtre quand même, des promesses, des espérances, des vœux.

 

mardi 8 juin 2021

Robert Wise, The Set-up,1949

Un combat de boxe truqué, l’un des boxers doit se coucher — ce qu’il apprend seulement à la fin du match, il y a une femme aussi qui l’attend et le commanditaire qui va le punir. Le film ne montre rien d’autre que ce match. Chef d’œuvre.


Cheol-soo Jang, Blood Island, 2010

Un rape and revenge assez original, dont l’ambiance, une île isolée, fait beaucoup penser à Profonds désirs des dieux. Une femme martyrisée — on attend de voir jusqu’où ça va aller avant qu’elle ne se révolte — et son « amie » de Séoul, qui ne dit rien, et regarde, et dont la passivité est une forme de trahison.

lundi 7 juin 2021

Hiroshi Shimizu, Ohara Shôsuke-san, 1949

C’est l’histoire d’un alcoolique, qui veut assurer son rang social par sa générosité et qui se retrouve ruiné ; c’est une histoire d’alcool, de l’intrusion de la modernité, de rythmes et de sons différents (ceux des machines à coudre) à la campagne, c’est un film sur ce que détruit la technologie. Les passages chantés des femmes qui racontent l’histoire de monsieur Shôsuke Ohara sont magnifiques. C’est un beau film triste et drôle, sur un fil un peu ténu, qui parvient à ne jamais être vraiment désespéré.


dimanche 6 juin 2021

James Whale, The Old Dark House, 1932

Un film d’horreur pré-code qui vaut surtout pour son début : chutes de pierre, ambiance gothique, manoir lugubre, routes coupées. La suite c’est un vaudeville d’horreur, quasiment sans scénario. La photographie, le décor et l'ambiance sont remarquables, les jambes dénudées de Gloria Stuart signent le pré-code. Mais on est très loin des autres films fantastiques de James Whale réalisés entre 31 et 35 : Frankenstein, La fiancée de Frankenstein et L'homme invisible — qui eux sont des chefs d'œuvre.



Charles Laughton, The Night of the Hunter, 1955

Un voyage en barque, féérique, vers un autre monde — un film presque fantastique, sur la question du bien et du mal, du sexe, de l’abstinence, du désir. La photographie est sublime. Unique réalisation de Charles Laughton. Classique du film noir.

John Farrow, The Big Clock, 1948

Un éditeur (Charles Laughton) assassine sa maitresse et cherche à faire accuser un autre homme, à qui il demande alors, journaliste dans son journal, d’enquêter. Le scénario n’est pas dément mais l’ambiance, le décor, l’horloge, l’ascenseur en font un bon film noir, un bon policier sans policier, rapide, jamais ennuyeux. 

 

samedi 5 juin 2021

Billy Wilder, Witness for the Prosecution, 1957

Un excellent film de procès, une comédie très drôle : Charles Laughton, son infirmière, Tyrone Power en séducteur ignoble, Marlen Dietrich en étrangère abusée.

vendredi 4 juin 2021

Raoul Walsh, High Sierra, 1941

Un excellent film de braquage avec Humphrey Bogart et Ida Lupino. Le braquage en lui-même n'arrive qu'à la fin du film. La traque du personnage m’a fait penser à la fin de First blood. L'ambiance est très réussie, avec ce chien dont il est dit dès le début qu’il porte malheur, le braquage qui foire, et tout ce qu’il y a à coté (la jeune fille dont s’éprend Bogart, qui a un pied bot et qui finalement l’envoie balader), la cabane avec le noir, etc. Un très beau film assez désespéré.




mardi 1 juin 2021

Sergio Leone, Il buono, il brutto, il cattivo, 1966

Le bon, la brute et le truand a une note de 8,8 sur IMDB, il est n°1 de l’année 1966 sur RYM et 6e au classement général des meilleurs films de tous les tempsAi-je été à chaque fois que je l’ai vu dans de mauvaises conditions, mauvais siège, copie, salle, écran d'ordinateur poussiéreux, état personnel défavorable ? Le film est long, la cadrage n'est pas toujours réussi, la fin dans le cimetière me semble totalement ratée (alors que le décor est très beau). Est-ce qu'il a tellement été absorbé et régurgité par ce qui a suivi que sa singularité s'est atténuée, et que son effet tient ou a tenu au différentiel d'avec les westerns précédents ? que ses suites l'ont rétroactivement neutralisé ? J'ai vu les parodies qu'en a fait Gotlib avant de voir le film. Est-ce que la lecture d'une bande dessinée peut ruiner la vision d'un film ? Le bon, la brute et le truand est bon western avec des gueules, une musique entêtante — mais pas un des meilleurs films du monde.



mardi 25 mai 2021

Guy Ritchie, Wrath of Man, 2020

Un film d’action, de vengeance, assez sombre avec Jason Statham. Pourquoi est-il embarqué dans le braquage final, en cours de braquage ? Le type lui dit : ah tu sais je fais des trucs sur le côté, tu comprends ? 

lundi 24 mai 2021

Edmund Goulding, Nightmare Alley, 1947

Un assistant forain ambitieux tue accidentellement un des membres d’un duo de voyance, il obtient de la partenaire restante le code (l’astuce qui leur permettait de faire leur numéro de divination) et qu’il va utiliser avec une autre partenaire.

Le début du film recrée une ambiance foraine des années 30 (qui est à peu près celle que mettra en scène la série Carnival). Cette ambiance change radicalement quand Tyrone Power rencontre la psychanalyste. Il y a d’un côté l’Amérique de la migration, des nomades, des spectateurs naïfs venus voir ces magiciens, ces monstres, ces forains et de l’autre, le monde urbain, sédentaire, moderne, analytique, manipulateur, incarné par cette femme, diplômée, indépendante qui a son cabinet. C’est un film sur la représentation, et sur la chute d’un homme habile qui trouve plus habile, plus manipulateur que lui.


Guillermon del Toro en a fait un remake en 2021.


8⭐️




dimanche 23 mai 2021

Otto Preminger, Where the Sidewalks End, 1950

Un homme est tué. Le père de la maitresse de cet homme est accusé à la place de Dixon, le flic qui l’a accidentellement tué. Le scénario n’est pas inoubliable mais c'est un film d'ambiance remarquable, sur la ville, les appartements d’où l’on voit la ville, et cette femme dans sa loge en contre-plongé.




jeudi 20 mai 2021

Mikio Naruse, Le grondement de la montagne, 1954

Un très beau film avec Setsuko Hara dans le rôle d’une belle femme délaissée et trompée par son mari et qui s’est attachée à son beau père. 

mardi 18 mai 2021

Charles Chaplin, Limelight, 1952

Les numéro de clowns sont difficiles à regarder (même la scène avec Buster Keaton). Et puis il y a ce rachat du vieil homme dont une jeune fille s’éprend et qui refuse son amour en favorisant celui d’un jeune homme, qui ressemble plus à une tentative de dédouanement personnel qu’à un biais narratif juste. Charlot est un personnage du cinéma muet, Chaplin est parvenu à la prolonger au-delà, mais Modern Time est déjà à mon avis moins intéressant que City Light ou The Gold RushLimelight bénéficie d’une indulgence cinéphilique comme testament de Charlot mais je lui préfère sans commune mesure Monsieur Verdoux.


Alexandre Aja, Oxygène, 2021

Une femme se réveille dans un caisson bientôt à court d'oxygène. Le film est bien mené compte tenu de l’exiguïté du décor et de son unique actrice. Mais comme dans Buried, l'occupation du temps contraint à des ressorts narratifs artificiels, les coups de fil au départ aux flics et même à elle-même n’ont aucun sens, c'est un peu dommage.




vendredi 14 mai 2021

Delmer Daves, Dark passage, 1947

Un des quatre films qu'ont tourné ensemble Humphrey Bogart et Lauren Bacall. Le scénario est anecdotique mais le film est singulier pour ses plans et sa première partie, l'évasion tournée en caméra subjective. Le film alterne des plans intérieurs dans les appartements, en mouvement (dans les véhicules) et des compositions dans les rues de San Francisco presque vide, des ponts, des escaliers, de collines, un beau travail de cadrage sur la ville qui lui confère une sorte de rigueur architecturale et qui fournit un contrepoint à la naïveté narrative.



Michael Curtiz, Casablanca, 1942

Pendant la guerre, le patron d’une boite de nuit retrouve accidentellement une femme qu'il a connue dont le mari fait partie de la résistance, il a en sa possession des laisser-passer qui pourrait sauver cet homme dont il a aimé et dont il aime toujours la femme. Un classique très beau.

Howard Hawks, To Have and Have Not, 1944

Sous le régime de Vichy, en Martinique, un homme (Humphrey Bogart) loue son bateau pour des parties de pêche à des clients américains. Il rencontre une jeune femme qui fuit quelque chose. Un jour, on lui propose d’aller chercher des résistants français sur une île.

Le scénario (de Faulkner, d’après Hemingway) n’est pas extraordinaire, le jeu de Lauren Bacall n’est pas juste, et pourtant Hawks a réussi un film presque parfait à partir d’éléments sur lesquels il aurait été difficile de parier isolément.

L’ambiance du film est magnétique : l’exotisme insulaire, l’indolence portée par les mélodies d’Hoagy Carmichael, le piano-bar, l’omniprésence du tabac — troublée par quelques éléments légèrement inquiétants (la traversée en bateau, l’île du Diable) ou gestes incongrus (Bogart désignant les cigarettes à Bacall).

C’est l’émulsion créée par Hawks qui fait de ce film un grand film : les personnages, l’amitié indéfectible de Bogart pour un marin alcoolique dont il s’occupe, la naissance d’un amour, la beauté magnétique de Dolores Moran, les scènes dans le piano-bar avec Hoagy Carmichael jouant Am I Blue — parfois accompagné d’un petit orchestre, parfois de Bacall —, la traversée en mer pour aller chercher les résistants français sur l’île du Diable… Tout cela crée une atmosphère insulaire, exotique, portée par une certaine désinvolture.

On lit parfois que ce film vaut pour la rencontre Bacall/Bogart ou comme un remake de Casablanca. C’est vrai, mais c’est bien au-delà de tout cela.

To Have and Have Not — dont je préfère le titre français, Le Port de l’angoisse, trompeur mais plus adéquat, lui donnant un côté série B — est l’un de mes films préférés de Hawks.



















mercredi 12 mai 2021

Richard Fleischer, The narrow margin, 1952

Un flic escorte la femme d’un criminel qui risque d’être éliminée. Un huis-clos parfait et un grand film de train.

Lumière, Méliès, Hitchcock, Maurice Tourneur (Night of the Demon), Melville, Godard, etc. Le train est là dès le début du cinéma, il est à la fois un motif cinématographique et une métaphore du cinéma, les fenêtres des photogrammes. Bien avant que l’on puisse entrer dans les salles pour voir des films, le voyage en train proposait déjà, l’expérience du défilement rapide, dans un cadre, des images.

https://trainconsultant.com/2019/03/16/les-750-films-long-metrage-dont-le-train-joue-le-premier-role/ 





dimanche 9 mai 2021

Zack Snyder, Army of the dead, 2021

Le début du film est prometteur, un condensé avant l’action, un film dans le film : la constitution de l’équipe. Mais par la suite, les personnages sont insuffisamment typés, ils sont tous quasiment interchangeables, et l’intrigue n’en fait pas grand-chose. Les alphas ne servent à rien, sauf à ajouter de la laideur et de la sauvagerie humaine inutile, et la relation père-fille est dénuée d'intérêt. Dommage, c’est bien réalisé, les décors sont beaux (les ruines du capitalisme), mais ça reste un gros film de zombies ennuyeux.






jeudi 6 mai 2021

Akira Kurosawa, La forteresse cachée, 1958

Film d’aventures à fort capital de sympathie. On y suit un groupe constitué de deux villageois un peu idiots, d’un samouraï et d’une princesse qui convoyent le trésor qu’ils ont trouvé. De nombreux éléments du film sont marquants : le comique des deux villageois, la vallée de pierres, les pierres qui tombent, la jolie princesse en short dynamique, la scène de combustion par les villageois, la mare avec l’or — cette dernière rappelle le marais de Yoda. Le film a été présenté par George Lucas comme l’une des sources d'inspiration de Star Wars. La musique du film aussi évoque celle de Star Wars, et un mouvement des bras de la princesse rappelle C-3PO. Un film décontracté de Kurosawa, qui n’a pas la réputation de ses films portés par des dispositifs plus conceptuels ou plus spectaculaires, comme Les 7 Samouraïs ou Rashomon, mais qui n’a pas vieilli.

Seijun Suzuki, La jeunesse de la bête, 1963

On se perd parfois dans les personnages et dans l’intrigue, pourtant assez basique, de ce film : un type cherche à retrouver le meurtrier d’un de ses amis et infiltre le milieu des yakuzas. C’est d’une très grande inventivité plastique : les cadrages, les plans, le ton général du film, les couleurs, la musique, les intérieurs très 60s et très pop, et le visage extraordinaire de Jo Shishido. 

mercredi 5 mai 2021

Ishiro Honda, Ghidrah, le monstre à trois têtes, 1964

Il y a plusieurs intrigues et protagonistes dans Le Monstre à trois têtes : une princesse en avion venue se réfugier momentanément au Japon, dont l’avion explose en vol ; cette même princesse, sans bracelet, qu’on retrouve à Tokyo, annonçant des catastrophes et se disant venir de Vénus ; des hommes qui la recherchent et veulent la tuer ; son garde du corps ; les deux fées qui doivent repartir chez elles, sur l’île de Mothra, et qui finalement ne repartent pas ; Mothra, Godzilla et Rodan qui décident de s’unir contre le monstre à trois têtes. Plastiquement, le film est très beau, dans une tonalité bien différente du premier Godzilla. Godzilla et Mothra se battent comme dans un match de ping-pong, il n’y a plus rien de la tragédie, c’est un film décontracté, bon enfant, enfantin, avec de la fantasy et du fantastique.




vendredi 30 avril 2021

Ishiro Honda, Mothra, 1960

Narrativement, le film est indigent. Le personnage principal, avec son allure étronesque, offre une sorte de contrepoids, dans sa simili-reptation, à tous les autres monstres — ce qui aurait dû permettre des juxtapositions de mouvements, de postures, une sorte de danse (mais qui ne sont jamais exploitées). Le début sur l’île est féérique, on pense à Méliès, au Monde perdu ; il y a quelques chansons, c’est très léger et les couleurs sont belles. Mais il faut attendre la dernière demi-heure du film pour retrouver quelque chose du talent et de la singularité d’Ishiro Honda : dans les scènes d’incendies, la nuit, avec les tanks, lorsque Mothra arrive à Tokyo et détruit la tour, ou à New York — c’est-à-dire les scènes où se mélangent les maquettes (la ville, les véhicules, les camions jaunes qui roulent sur la piste, etc.) et les prises de vue réelles (avec les acteurs et la marionnette). C’est là que le film devient passionnant, dans cette combinaison, dans ses images hybrides. Ishiro Honda est un grand metteur en scène de la stratification des images et du chaos.




 



























vendredi 23 avril 2021

Yoshitarô Nomura, Le vase des sables, 1974

Un mort sans motif, une enquête et la reconstitution de l’enquête. On découvre l’homme qui avait adopté un garçon, devenu musicien star, et dont le père était lépreux. Le début et toute la première moitié sont réussies. La deuxième partie, à partir du récital, la vie de l’enfant et de son père, muet, est affreuse.

mardi 13 avril 2021

Toshio Matsumoto, 薔薇の葬列 Bara no sōretsu (Les funérailles de Rose), 1969

Œdipe roi transposé dans le Tokyo des années 60 et dans le milieu des travestis. Le film est un objet queer, expérimental, pop, marqué par la Nouvelle Vague française. Il y a une citation de Le Clézio. Kubrick lui a emprunté au moins deux éléments pour Orange mécanique (le maquillage et l’accélération). La photographie est belle, la narration est déconstruite, le sujet est transgressif, mais le film est démonstratif.


 

 















jeudi 1 avril 2021

Alfred Machin, Maudite soit la guerre, 1914

Un des premiers films de guerre (une guerre fictive, le film est tourné en 1913).

Il y a beaucoup de plans fixes, notamment dans un salon, et des discussions, comme si le fait que le film soit muet n’était pas pris en compte. La gestuelle théâtrale est expressive, avec quelques regards caméra.

La fiction romantique du film n’a pas beaucoup d’intérêt, mais elle permet de voir l’intérieur de ces villas d’un autre temps, les costumes, les attitudes des personnages : les images d’un monde ancien et disparu, tourné quelques temps avant que de vraies bombes ne tombent.

Mais le film est principalement remarquable pour ses plans aériens, ses images des premiers avions de guerre, des aérostats, les champs de bataille — et une utilisation de la couleur (les photogrammes coloriés à la main) distinguant le paysage, les vêtements, les explosions, etc.

Le film est court (50 minutes) — je l’ai vu dans une version silencieuse.

 














mardi 23 février 2021

Jean Renoir, Swamp Water (L'étang tragique), 1941

Premier film américain de Renoir (Irving Pichel est également crédité à la réalisation). Ça ne ressemble pas vraiment à un film de Renoir, et on peut le voir comme une métaphore accidentelle de sa propre condition de cinéaste expatrié en 1941. C’est un film simple, qui n'a pas l’ambition formelle ou narrative de La grande illusionLa règle du jeu ou l’étrangeté de La nuit du carrefour. Une sorte de survival dans les marais de Georgie. Un film à l’ambiance atypique. Un Renoir mineur peut-être mais un film passionnant..



mercredi 17 février 2021

Alfred Hitchcock, I confess, 1953

Un confesseur devient une victime. Le lieu du tournage, Québec, est une singularité géographique dans la filmographie d’Hitchcock. La photographie est belle, les plans sont superbes, mais l’intrigue est ennuyeuse et la résolution finale décevante. Pourtant, même dans un film aussi mineur que celui-ci, il y a et comme toujours dans le cinéma d’Hitchcock, une ou plusieurs scènes remarquables qui, à elles seules, justifient le visionnage. Ici, trois séquences : le tout début, avec ses plans fixes sur la ville ; la fin, dans le restaurant (lorsqu’on sort de l’ambiance un peu terne du film) ; et cette scène dans le champ, où Anne Baxter et Montgomery Clift sont ensemble. Un film mineur d’Hitchcock mais immanquable.




 

jeudi 11 février 2021

Carl Theodor Dreyer, Gertrud, 1964

Gertrud : son mari, son amant, son ancien amant. Le dernier film de Dreyer prend la forme d’une pièce de boulevard, mais dans une version ostentatoirement artificielle, académiquement expérimentale. À la fois technique, distancié, empesé, radicale, ridicule.


Renoir, la grande illusion, 1937

Structurée en trois parties ascendantes, de la promiscuité à la solitude (la caserne, le château, les alpages), La Grande Illusion met en sc...