Pourquoi le jeune novice Mizoguchi a t il incendié le pavillon d’or ? Handicap, humiliation, trahison, honte, fantasme de la pureté, désir de sacralisation, icônes déstatufiées. Un film très riche d’une grande beauté plastique et sonore et un des grands films de Kon Ichikawa.
dimanche 9 février 2025
samedi 8 février 2025
David Lynch, Sailor et Lulla, 1990
Sailor et Lulla est une histoire d’amour fou et un road-movie, plein de sexe et de cigarettes, de chambres d’hôtel et de personnages étranges. Le film peut-être le plus simple de Lynch, le plus explicitement godardien première période.
David Lynch, Inland Empire, 2006
Le tournage d’un film, une malédiction d’acteurs tués, une sitcom avec des lapins anthropomorphes et des rires enregistrés qui soulignent des blagues sans blague. Inland Empire est le long métrage le plus labyrinthique de Lynch, un film désaxé soutenu par quelques trames narratives. Hermétique, ponctué de fulgurances poétiques, presque abstrait. Très proche de Lost Highway et de Mulholland Drive dont il constitue une version dont on aurait poussé le curseur de la déconstruction un peu plus loin. Chant du cygne cinématographique logique de Lynch.
Tim Fehlbaum, 5 septembre, 2025
JO de 1972, Munich, depuis les studio d’ABC : la prise d’otage des athlètes israéliens. Un huis clos, utilisant les images d’archives de cette première attaque terroriste diffusée en direct sur les écrans du monde, filmé comme un épisode de 24.
Akira Kurosawa, 生きる (Vivre), 1952
Un homme, terne (ses collègues l’appelle la momie) apprend qu’il a un cancer et décide de vivre, d’apprendre à vivre. Le film est construit en trois parties, la première brève, bureaucratique (on dirait kafkaïenne) lorsqu’il apprend sa maladie, la deuxième est une traversée de la ville, érotique, et de l’énergie de la nuit, et la troisième est la longue beuverie qui succède à sa mort, une veillée funèbre entremêlée de flash-backs et une tentative de réhabilitation de son action ou d’appropriation. Vivre est une fable d’une grande beauté plastique, qui a marqué Rod Serling et l’écriture de certains épisodes de la Quatrième dimension. La deuxième partie est la plus belle, la troisième ponctuée de moments sublimes est un peu distendue, mais c’est souvent le cas chez Kurosawa.
mercredi 5 février 2025
Denis Villeneuve, Dune 2, 2024
Il y a une exigence esthétique assez rare pour un film de sf de type soap-opéra. Les séquences de chevauchement des vers dans le désert sont très belles. Je suis moins sensible aux séquences de péplum ultra design. Le récit ne s’embarasse pas d’articulation (mais c'était déjà le cas du film de Lynch, peut-être le matériel original). Un objet très élégant, qui maintient un peu le spectateur à distance.
Noémie Merlant, Les femmes au balcon, 2024
Les femmes au balcon commence comme une comédie sororale à la Almodovar puis s'aventure vers le drame conjugal, la farce macabre, le film de fantômes, etc.
Le film se livre à un catalogue de la masculinité toxique (viol, violence conjugale, consultation gynécologique) et de ses remèdes (sororité, castration et éradication des hommes). Il se termine par une séquence : les femmes, marchant, seins nus, dans la rue, enfin libres dans un monde débarrassé des hommes, comme une citation d’un cinéma militant des années 70.
Il y a quelques tentatives formelles, dans le traitement des images, des essais avec des filtres. Les scènes de désexualisation du corps féminin sont assez réussies. Mais le mélange générique, l’imprécision de la mise en scène, comme une trop grande confiance laissée dans le mouvement de ses trois interprètes, plombe le film. Un film de genres trans féministe raté.
lundi 3 février 2025
Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl, 2024
Wallace fabrique un gnome robot capable de supplanter tout autre assistant avec une efficacité et une célérité d'action inouïes. Mais un manchot (ennemi juré de Wallace et Gromit), emprisonné suite au vol du diamant bleu, parvient à le pirater et à le programmer pour une tache diabolique. Une nouvelle excellente aventure toujours cotonneuse des héros en pâte à modeler, qui tombe à pile pour les fêtes de Noël.
Mel Gibson, Vol à haut risque, 2025
Huis-clos, dans un avion, à trois personnages : un prisonnier, un flic et un pilote usurpateur (Mark Wahlberg). C'est une farce qui s’en sort plutôt bien dans ce genre très contraint du film à espace restreint, dans lequel, en général, il s'agit surtout de combler le temps par une série de petites actions improbables. Le film est regardable mais qu’est-ce que Mel Gibson est venu faire dans un projet aussi dénué d'ambition ??
David Lynch, Twin Peaks : Fire walks with me, 1992
Prologue à la série, Twin Peaks, Fire walks with me en même temps qu’il en révèle prosaïquement le mystère. C’est sa limite, quand la série nous emmène vers des contrées si étranges, de réduire le fantastique labyrinthe des trois saisons à un drame sordide. Restent quelques scènes d’une puissance inouïe : le début et la première enquête (le drame qui a précédé la mort de Laura Palmer), le message cryptique de Gordon, la démarche de Bobby imitée par d’autres dans la cour du lycée et, celle de l’ange, comme un écho à Sailor et Lulla.
David Lynch, Une histoire vraie, 1999
Charles Schulz, Peanuts, août 1954.
Un homme âgé, apprenant que son frère, avec qui il est fâché depuis dix ans, vient d’avoir une attaque, entreprend de faire les 500 km qui les séparent, au volant d’un petit tracteur.
C’est un film de route à la vitesse de 7km/h ponctué d’incidents mécaniques et de quelques rencontres (une jeune fille enceinte qui veut s’en aller de chez elle, des cyclistes, des pompiers, des quidams, un prêtre etc.).
À la fois contrepoids à Eraserhead et sa représentation cauchemardesque de la famille, et une attention portée à des éléments plus souvent minorés dans les autres films de Lynch : le café, une bière, le tabac, un feu, la beauté des champs, la pluie, le soleil, les paysages, l’Amérique des terres, la religion, la route qui défile. Et ici entièrement défaits du prisme de l’étrangeté, du fantastique, du mal, des distorsions temporelles et picturales, et d’un fond sonore anthropique — , à l'exception du vrombissement, paisible, d'un silo.
vendredi 31 janvier 2025
David Lynch, Blue Velvet, 1986
J’avais gardé en mémoire deux scènes de ce film : un des pétages de plomb de Dennis Hooper, dans une scène d’une tension inouïe, et cette femme dansant longuement sur le toit d’une camionnette (il s'avère que c'est une voiture et que la scène est extrêmement brève). Je ne sais pas s'il faut interroger le fonctionnement de la mémoire ou la capacité du cinéma de Lynch à fabriquer des images qui se déforment.
Blue Velvet est un teen movie, marqué notamment par Hitchcock et ponctué de quelques bizarreries, qui amplifiées, systématisées deviendront la marque caractéristique des grands films de Lynch, le film vaut surtout sans doute pour ce qu’il annonce.
samedi 18 janvier 2025
Sean Baker, Tangerine, 2015
Le 24 décembre, une prostituée trans qui vient de passer passé 28 jours en prison, part à la recherche de son mec, dans les rues de Los Angeles. Parallèlement, un de ses clients, chauffeur de taxi, entre courses et repas de famille, la recherche. Deux errances qui se rejoignent, dans un Los Angeles saturée de jaune. Road-movie urbain un peu distendu mais avec une énergie, un milieu, une singularité chromatique et quelques scènes (comme celle de l'indien Cherokee dans le taxi) remarquables.
Frank Dubosc, Un ours dans le Jura, 2025
Ce film repose sur un MacGuffin, alléchant, mais, qui une fois l’amorce passée, ne semble plus intéresser Frank Ducosc, il y revient sporadiquement comme à un fil conducteur artificiel. Le véritable sujet du film ce sont les relations distendues entre les personnages (couple, famille, paroissiens…), que ce MacGuffin va permettre de consolider. L’ours ne sert qu'a la fabrication d'une intrigue sur les liens sociaux. Le film a ceci d'un peu paradoxal à la fois de faire tourner en sous-régime ses trois interprètes : Calamy, Dubosc, Poelvoorde et de s'éparpiller dans une multitude de sous-intrigues dont aucune ne trouve vraiment de terme ou d'aboutissement. Un ours dans le Jura que sa bande annonce vend comme un film de genre, enneigé, cruel, à la Fargo, dans lequel des quidams se trouveraient enferrés dans une situation trop grande pour eux ne tient pas sa promesse.
jeudi 16 janvier 2025
Martin Brest, Midnight run, 1988
Film de route, de convoyage, d'aventures, de potes, sympathique et anecdotique.
dimanche 12 janvier 2025
Christian Gudegast, Den of Thieves 2: Pantera, 2025
Excellent film de braquage — avec Gerard Butler. Le film n’est pas un inventif mais il est d’une efficacité remarquable : mise en scène, montage, musique, lumière, direction des acteurs. Les scènes de braquage, les courses-poursuites et fusillades, ne laisse aucun répit et maintienne le film sous tension. L'ambiance générale, le ton du film, tout est réussi.
vendredi 10 janvier 2025
Guillaume Nicloux, Sarah B la divine, 2024
Sarah B la divine se concentre sur deux épisodes tragiques de la vie de Sarah Bernhardt : la perte de sa jambe, et sa séparation de Lucien Guitry. Le personnage interprété par Sandrine Kiberlain est exubérant — mais de manière, si l’on peut dire, un peu outrancière. C’est un film d’alcôve sur la ménagerie animale et humaine qui entourait l'actrice. C’est un film dans sa construction et sa reconstitution très classiques — pas ce que je préfère dans la filmographie du talentueux Guillaume Nicloux.
jeudi 9 janvier 2025
Clint Eastwood, Juré n°2, 2024
Un film de procès dans lequel un juré découvre qu'il est peut-être impliqué dans une affaire. Un très beau film classique, au montage élégant (seul le personnage interprété par Kiefer Sutherland est un peu inutile). Rien dans ce film ne témoigne de l'âge avancé de son réalisateur.
Koya Kamura, Un hiver à Sokcho, 2025
Un dessinateur français s’installe pour quelque temps dans une pension de famille à Sokcho, une petite ville portuaire coréenne. Il loge dans une pension de famille dans laquelle travaille une jeune fille qui y fait la cuisine et dont le père (qu’elle n’a pas connu) est français. Se tisse ainsi entre les deux, par cette langue commune, une relation, entre dessin et cuisine. Le personnage interprété par Rochdy Zem, manque de finesse, il est caricaturalement artiste et français. Les liens et les biographies de ces personnages sont abordés très superficiellement : on ne comprend pas trop le manque d'implication de cet homme, son refus de goûter la nourriture de la pension — non plus que des éléments de la toile de fond du film comme cette femme bandelée qui sort de son hospitalisation. L'ensemble est entrecoupé de beaux dessins animés dont l'objet n’est pas très clair. Le film n'est pas dénué d'un certain charme, qui tient beaucoup à cette ville un peu triste. Il y a de beaux plans sur la manière de préparer le fugu, dans les maisons coréennes ou dans la ville, mais dont on peut regretter qu’il soit montré si peu.
mercredi 1 janvier 2025
Psychose, 1960
Les éléments horrifiques, dont je me souvenais et qui ont constitué une partie de la surprise et de l’effroi au premier visionnage du film, sont presque entièrement neutralisés la deuxième fois, c'est qui saute aux yeux c'est le générique de Saul Bass, la musique de Bernard Herrman, les deux acteurs principaux fascinant, sa photographie, sa tension constante, et sa composition étrange avec son prologue et sa double enquête.
Sam Peckinpah, Pat Garrett and Billy the Kid, 1973
Comment Pat Garret a-t-il fini par tuer Billy the Kid. De belles scènes dont la fin ou encore le passage furtif d’un radeau sur La rivère
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