mardi 24 juin 2025

Nobuhiko Ōbayashi, House, 1977

Sept jeune filles (Belle, Kung Fu, Mach, Binocles, Fanta, Sweet, Melody) vont passer l’été chez la tante de l’une d’entre elles, dans une grande maison — avec un chat — et qui va les dévorer. Esthétique vaporeuse, stop motion, incrustation, arts martiaux, maison hanté, horreur, psychédélisme, etc., le film d’une inventivité constante est une merveille d’énergie, de débordement, d’auto-engendrement. 

lundi 23 juin 2025

Tina Satter, Reality, 2023

Le FBI débarque au domicile de Reality Winner, traductrice du persan et du patcho. Ce récit d’une appréhension parle moins de leaks que de techniques d’aveu, et de la bascule — sur fond d’idéalisme politique — d’une situation professionnelle pleine de promesses à un auto-sabordage. Un peu artificiel parfois dans sa mise en attente et dans ses obturations référentielles, mais très anxiogène dans sa mise en scène de l’encerclement.

dimanche 22 juin 2025

Jonathan Demme, Stop making sense, 1984

Nul besoin d’être un fan de David Byrne pour goûter à l’extraordinaire énergie de ces concerts. Qu’est-ce que la musique ? C’est de la densité et des choix. Un concert : cette intensité externalisée.

samedi 21 juin 2025

Johann Dionnet, Avignon, 2025

Un comédien de boulevards, pendant le festival d’Avignon, prétend interpréter Le cid afin de séduire une jeune femme. Comédie romantique de réconciliation avec troupe, assez drôle au début.

vendredi 20 juin 2025

jeudi 19 juin 2025

Danny Boyle, 28 ans plus tard, 2025

Il y a une certaine tension au début du film, les images alternent de la plus réussie à la plus laide, comme les effets multicaméra, du ridicule, au meilleur — un film entre les deux, entre le nul de mauvais goût et le réussi.

mercredi 18 juin 2025

Thomas Ngingol, Indomptables, 2025

Yaoundé, un commissaire enquête sur le meurtre d’un autre policier. L’enquête sert plutôt à ce qui s’y narre, entremêlée, sa vie personnelle : une fille issue d’un premier mariage, des enfants, une nouvelle grossesse de sa femme, un collègue malhonnête. Porté par une certaine mélancolie et la beauté de ses images, son exotisme, le film tient aussi sa singularité d’une opposition marquée entre le jeu assez réaliste de ses acteurs périphériques et celui de Thomas Ngingol — évoquant, par exemple, le cinéma de Bruno Dumont.


mardi 17 juin 2025

Mike Flanagan, Life of chuck, 2025

La vie partiellement tragique d’un homme, racontée en trois chapitres dans l’ordre inverse de leur chronologie. L’enjeu d’un tel film et les critiques dithyrambiques qu’il a suscitées laissent sans voix. Ce qu’il dit : la vie de chacun est un univers en soi ; la mort n’efface pas les répercussions que l’on a eues sur les autres de son vivant ; choisis un métier rationnel, mais ta passion — transmise par ta grand-mère — ressurgira comme une madeleine au soir de ta vie.

lundi 16 juin 2025

Mikio Naruse, Nuages flottants, 1955

C’est une histoire d’amour entre un homme et une femme qui se sont rencontrés et aimés en Indochine, et qui peinent à se retrouver après la guerre. Un film sur l’inconstance de cet homme, et la difficulté de se reconstruire. Mélodrame sans pathos, tragédie amoureuse, composé de plans brefs, d’une grande modernité, on sort de la séance avec l’impression d’avoir été terrassé.

dimanche 15 juin 2025

Dean DeBlois, Dragons, 2025

Le film propose, au départ, l’idée sympathique d’une réconciliation entre les espèces et d’une forme de réparation mutuelle — mais cette idée sera au final sacrifiée aux impératifs de l’histoire et à sa scène de massacre. Dommage. 

samedi 14 juin 2025

Marcel Pagnol, Merlusse, 1935

24 décembre, dans un pensionnat, un surveillant malmené par la vie et les élèves, va trouver, enfin, une forme de réparation. Un beau conte de Noël. 

vendredi 13 juin 2025

Stéphan Archinard, François Prévôt-Leygonie, Vacances forcées, 2025

Version, en dure, de Camping : cohabitation forcée dans une villa de différentes classes sociales avec remise en cause des préjugés de chacun. Portée par un excellente distribution (Aure Atika, Pauline Clément, Laurent Stocker, Bertrand Usclat, Clovis Cornillac) cette comédie adaptée d'un film italien, souffre de ses effets scénaristiques trop artificiels, et de certains arcs négligés — pour pourvoir embarquer entièrement.

jeudi 12 juin 2025

Hur Jin-ho, A Normal Family, 2025

Deux frères. L’aîné est avocat, riche, veuf, remarié, père d’un jeune enfant et d’une adolescente née d’un premier mariage. Le cadet est médecin, marié, père d’une adolescente. Une affaire les conduit à ce que l’un soigne une victime dont l’agresseur est défendu par l’autre. Puis un fait divers survient : leurs enfants passent à tabac un SDF. Le film est articulé autour d’une série de dîners chics. En dépit de son décorum, et de son argument coréens (la grand-mère qui n’a pas encore été mise en maison de retraite), A Normal Family, utilise les ressorts d'un boulevard, sophistiqué, un peu cynique — dont il faut accepter les fonctionnements, au mépris de toute logique psychologique ou narrative.

mercredi 11 juin 2025

Edward Yang, Yi Yi, 2000

Chronique familiale et sentimentale composée principalement de plans fixes, et qui évoque — à sa manière, Fanny et Alexandre. Edward Yang a une capacité certaine à capter quelque chose d’une vérité dans ses plans. Un film sobre et captivant.

lundi 9 juin 2025

Kiyoshi Kurosawa, Cloud, 2025

Un revendeur sur le net est démasqué par ceux qu’il a arnaqués. Le film commence comme une chronique de l’e-économie, se transforme en Délivrance, puis en film de traque et enfin en western dans un bâtiment industriel. Cloud est trop long et donne souvent l’impression de bifurquer génériquement par épuisement de ses formes. La dernière séquence, inattendue, artificielle mais très réussie, décadre encore le film vers autre chose. Une singularité qui mérite le détour.

dimanche 8 juin 2025

Martin Scorcese, Taxi driver, 1976

Un vétéran reconverti en chauffeur de taxi cherche une manière de se réintégrer dans le monde, puis de réparer le monde. Il échoue et reprend une vie normale. Un film d’errance urbaine, formellement riche, mais surévalué par rapport à d’autres œuvres de la filmographie de Scorsese.

samedi 7 juin 2025

Victor Vu, Inspecteur Kien, 2025

XIXe siècle, un village dans la montagne, des cadavres décapités retrouvés dans la rivière, un fantôme monstrueux, l’inspecteur enquête. Effets maximaux pour une intrigue minimale, mais on se laisse emporter par cette enquête fantastico-horrifique enfantine, son Sherlock Holmes vietnamien, ses décors et sa langue exotiques.

vendredi 6 juin 2025

Damien Chazelle, Lalaland, 2016

Conte, comédie musicale —deux artistes qui espèrent une forme d’accomplissement, se croisent, s’aiment puis prennent des chemins différents. C’est très beau, émouvant, bien interprété, mais superficiel et caricatural.

 

jeudi 5 juin 2025

Jean-Luc Godard, Scénario, 2024

Scénario, le dernier film inachevé de Godard, est précédé d’un documentaire dans lequel Godard explique à ses assistants, à partir d’une « brochure » qui tient lieu de storyboard, la manière dont le film pourrait se dérouler.

De ces idées, il ne reste pas grand-chose dans la version réalisée et montrée du film.


Cette articulation entre les indications de tournage et le film lui-même compose une sorte de variations des formes qu’il aurait pu prendre — un statut entre l’ébauche et la finalisation.


Dans le film : des images fixes, des extraits d’autres films : Week-endOnly Angels Have Wings…, des parasitages sonores, et le final, une minute de Godard lui-même, assis sur son lit, chemise ouverte, lisant, la veille de sa mort volontaire. Sa voix, parfois chevrotante dans de plus anciennes interventions, ne l’est pas ici. Il n’y a pas une once de morbidité ni de vieillesse dans ces images.


Comment évaluer ce geste, un peu abscons, témoignant de la maîtrise absolue d’une vie qui se conjugue avec l’histoire du cinéma ?

Shinji Sômai, Le jardin d’été, 1994

L’été, un terrain vague au milieu des constructions modernes, une maison délabrée, un jardin envahi, et un vieil homme. Trois gamins intrigués par cet homme vont finalement l’aider à reprendre pied. Un film d’une luminosité et d’une beauté sidérantes par un réalisateur majeur. Passionnant, qu’il montre le débroussaillage d’un jardin ou qu’il s’attarde sur une scène immobile dans une piscine (et qui aurait presque pu se passer de toute autre intrigue). Un très grand film solaire.

Luc Besson, Dracula, 2025

Drame amoureux romantique incapable de susciter la moindre émotion et dont on se demande bien ce qu’a voulu en faire Besson. Un ratage haut ...