Fallait-il refaire une adaptation du roman de Richard Matheson et du film de Jack Arnold ? La perception des phénomènes physiques, la science ont bien changé en soixante-dix ans, et la naïveté du film original s’accordait à ses effets spéciaux.
Le film de Jan Kounen n’est pas vraiment un film d’aventures avec effets de gigantisme : il parle d’un homme qui s’éloigne — des siens, de la société, du monde — et qui est confronté à l’extrême solitude. Il y a une vraie dimension tragique, déjà présente dans le film d’Arnold, encore accentuée ici.
Le film joue sur plusieurs registres : la robinsonnade, le survival ; la séquence de la maison de poupée semble adapter un épisode de La Quatrième Dimension, la scène de l’aquarium est une sorte d’hommage à Méliès.
Les scènes d’affrontement ont la force de proposer un regard sur la nature perceptuelle des bêtes minuscules proche de nous, et à ce titre, je me serais sans doute plus satisfait d'un film d’aventures bourrin sur fond vert, plutôt que de cet entre deux.