dimanche 5 novembre 2023

Jean Girault, Le gendarme à New York, 1965

L'argument du film (un congrès de gendarmes aux États-Unis dont la délégation française est représentée par la brigade de Saint-Tropez) n'est quasiment pas exploité, à l'exception d'une scène très drôle de conférence traduite. Le congrès est le prétexte qui permet de déplacer les gendarmes à New York. Le film utilise deux intrigues annexes : la fille de Cruchot passagère clandestine débarquant en même temps que son père et tentant de ne pas se faire repérer par lui et Jean Lefebvre malade et immobilisé. À cela s'ajoutent des digressions citationnelles sans intérêt (un pastiche de West Side Story, une séance d’hypnose, etc.). La partie sur le paquebot est très amusante, notamment dans une brève scène où tentant de se repérer dans le labyrinthe des couloirs, les gendarmes tournent en rond, suivant Cruchot/de Funès sûr de lui, dans une boucle narrative perpétuelle, signature de la série. De funès est génial, mais c’est souvent dans sa relation avec Galabru et pas seulement de son jeu seul que nait la drôlerie de la plupart des scènes (la cuisson du steak). Un film cinématographiquement souvent nul mais sympathique.






samedi 4 novembre 2023

Hugo Benamozig, David Caviglioli, Sentinelle, 2023

Un flic, également chanteur, auteur d'un tube qui commence à dater, est largué par sa maison de disques. On lui confie une enquête : le mari de la prétendante à sa propre réélection à la mairie a été enlevé par uune mystérieuse organisation .

Comme dans leur film précédent, les réalisateurs ont décentré leur intrigue, dans un environnement français mais singulier, ici à la Réunion, suffisamment exotique pour créer un dépaysement (naturel).

L'ensemble est assez riche narrativement. Quelques scènes sont très réussies (le rendez vous avec le producteur), les seconds rôles sont bien écrits et l'ensemble bénéficie d’un beau casting. Jonathan Cohen est génial.

Je regrette juste qu’une rationalisation scénaristique vienne clore l’ensemble — justifiant l’incongruité du personnage interprété par Jonathan Cohen et neutralisant la fin du film. L'intérêt provenant en partie de ce mélange entre incongruité et comportements rationnels.


Albert Pintó, Nowhere, 2023

Sous-genre du film de survie, le film de survie en milieu restreint dont Lifeboat de Hitchcock est peut-être un des premiers exemples. Avec l’apparition du téléphone portable, et la possibilité de limiter le nombre de protagonistes à un seul acteur visible, le genre s’est radicalisé. Il a pu exploiter la situation la plus cauchemardesque : seul et enfermé, c’est ce qu’ont fait Buried et Oxygène. D’autres films, 47 meters down ou the Fall, ont exploité la dimension abyssale et vertigineuse du milieu restreint, la cage dans l’eau, le plateau en hauteur. Nowhere s’inscrit dans ce sous-genre, sans originalité mais avec un pitch intéressant, une femme migrante enceinte dans un container en pleine mer. L’intérêt de ce type de film c’est de voir comment les scénaristes vont s’en sortir, quels astuces scénaristiques ils vont utiliser pour occuper l’heure et demie du métrage. Migrants, passeurs véreux, deuil d’un enfant et culpabilité, maternité seule, adieux au téléphone, téléphone portable à la batterie infinie, montée des eaux mesurée jour après jour, colmatage improbable, Nowhere utilise tout. La pénibilité s’insinue dans la boite scénaristique comme l’eau dans le container où se retrouve enfermée la malheureuse. Nowhere est un mélodrame affreux qui massacre son idée de départ.


vendredi 3 novembre 2023

Roy Ward Baker, A Night to Remember, 1958

La proximité entre le moment de tournage et l'époque qu'il raconte, fournit l'illusion d'une capacité à en mieux saisir l'atmosphère, la technique, comme si flottait encore quelque chose de l'air du temps.

A Night to Remember a été tourné dans les années 50, avec des maquettes. C’est un très beau film catastrophe spectaculaire (et qui tient parfaitement le coup après le monstre de James Cameron).



jeudi 2 novembre 2023

Xavier Gens, Farang, 2023

Dans la lignée de The Raid, mais en beaucoup moins précis, moins épuré, moins radical, moins brillant, moins spectaculaire — et avec un argument social, filial et amoureux inutile. Le scénario n'a aucun intérêt mais la scène finale avec Olivier Gourmet, sanglante, osseuse et violente vaut le coup.





mercredi 1 novembre 2023

Vincente Minnelli, The long, long Trailer, 1954

Les déboires sur la route d'un jeune couple et de leur immense caravane. Un film merveilleux, à la fois d’une grande légèreté comique et d’une dubitation amusée et cinglante de l’American way of life. La photographie est de toute beauté (le film a été tourné en ansco color, ce qui lui confère cette douceur pastel si singulière), comme la composition des plans (notamment les arrivées dans les campings ou dans la famille de Tracy) qui évoque des dioramas Mattel parfaits. Un film pas du tout mineur de Minnelli, assez proche de Tati, ou d'une version mais soustraite de violence du Week-end de Godard, avec les deux acteurs de I love Lucy. Un film merveilleux à voir absolument.



mardi 31 octobre 2023

Douglas Sirk, Written on the Wind, 1956

Une femme dont deux hommes s’éprennent, et la sœur de l'un d'eux : trio ou quator amoureux, différence de classes sociales, virilité suspendue, alcool et tragédie.

Written on the Wind est éblouissant dans sa photographie, ses couleurs, dans la composition de ses plans, dans ses cadres, dans son grain, dans sa lumière, dans le mouvement de ses acteurs, dans sa chorégraphie. Il est formellement tellement sophistiqué, tellement extraordinaire qu’il contraint le spectateur à un regard dédramatisé, c'est un mélo, mais un mélo qui tient à distance émotionnelle le spectateur, fasciné par ce qu'il voit.

Dorothy Malone et Robert Stack sont magnifiques, reléguant Rock Hudson et Lauren Bacall au second plan. Tout est parfait dans ce film, de la séquence d’introduction en voiture, à la métaphore phallique finale. Un chef d'œuvre.

 


 


lundi 30 octobre 2023

Bruno Podalydès, Wahou !, 2023

Bruno Podalydès est un réalisateur dont j'aime beaucoup les hauts (Comme un avion) et là ce Wahou ! est une déception : terne, non inventif, tristounet, relâché, en roue libre, en dépit de sa distributionPodalydès a déjà exploité dans son premier film la contrainte du lieu avec autrement plus de souplesse et d'amusement.



One Piece, 2023

Une série qui invente un univers graphique fantastique à la mesure du manga d'origine. 

dimanche 29 octobre 2023

Vincente Minnelli, Brigadoon, 1954

Un homme, en expédition en Ecosse avec un de ses amis tombe par hasard sur le village de Brigadoon, un village de 1754 qui s’anime une journée par siècle, il tombe amoureux d’une des villageoises, il repart à New York, regrette et revient à Brigadoon. Et l’amour idéal se réveille s’il est puissant. À partir de cette postulat fantaisiste, Minnelli a fait une comédie musicale sur la force et la puissance du rêve, sa valeur performative, la capacité qu'on a d'échapper aux déterminismes. Il y a deux mondes, celui du conte à Brigadoon, qui contraste avec celui de New York années 50, rapide, survolté. Les couleurs, les décors sont magnifiques, le film est un enchantement.



dimanche 22 octobre 2023

Benjamin Lehrer, 38°5 quai des orfèvres, 2023

Dans le genre absurde et débile, avec enquête et situations décalées, ce 38°5 a une certaine exigence rythmique (les séquences s’enchainent, le montage est rapide). Il y a de bons acteurs, Arthus et Caroline Anglade surtout, Didier Bourdon étant presque comme toujours au cinéma, et de manière incompréhensible sous exploité, mal dirigé (comment, quand on a été aussi bon dans ses propres sketchs, il y a 30 ans, peut-on être aussi moyen aujourd’hui ?). 38°5 quai des orfèvres n'est malheureusement que très rarement drôle.

vendredi 22 septembre 2023

George Pollock, Murder at the gallop, 1963

Deuxième film de la série de quatre mettant en scène Miss Marple, interprétée par Margaret Rutherford. L’intrigue est simpliste et repose sur un subterfuge ultra tiré par les cheveux. Mais si on accepte sa narration fantaisiste, cette enquête de Miss Marple (en fait une enquête de Poirot mais déplacée ici chez Miss Marple) est assez sympathique.

mercredi 6 septembre 2023

Jonathan Barré, Bonne conduite, 2023

Une psychologue animatrice de stage de récupération de points de permis se transforme la nuit en tueuse de chauffards. Parallèlement, une équipe de bras cassés enquête sur un mort retrouvé dans le coffre de sa voiture


Une belle photographie, cadre, distribution (Laure Calamy, Grégoire Ludig, David Marsais, Tchéky Karyo), musique, ambiance, etc. Le début est très prometteur.


Mais l’argument initial de la tueuse vengeresse est abandonné très vite et l’ambiance perd son charme quand le film se développe en film de gangster sans intérêt et pas drôle. Un énorme gâchis. 






lundi 4 septembre 2023

Nicholas D. Johnson, Will Merrick, Missing, 2023

Film d’écrans.

Une jeune fille dont la mère a disparu cherche ses traces sur l'internet.

On passe d’une application à une autre, de la recherche d’un mot de passe à la recherche d’une identité via Instagram, de caméras de surveillance à des piratages de comptes Google, à l’embauche d’un type via Taskrabbit, etc.

Surgit tout de suite une interrogation : est-ce que j'ai envie de passer 1h30 de cette journée à nouveau devant un défilé d’applications ?

Si on passe outre, la vitesse du film et l'enchainement des différents indices empêchent son analyse. La première partie est réussie, ce n’est pas subtil mais il y a une vraie aisance technique.

Puis la scénario change de cap, la disparition de la mère passer dans le domaine publique avec enlèvement et FBI. Là ça se gâte, le film devient un fait divers glauque mais banal sans aucun intérêt et dans lequel l’enjeu de l’écran, des caméras de surveillance et de la trace deviennent anecdotiques.

Dommage, ça partait bien, mais le procédé narratif est mal exploité.



samedi 2 septembre 2023

James Mangold, Indiana Jones and the Dial of Destiny, 2023

James Mangold, réalisateur de Logan, un des meilleurs films de super-héros, trois acteurs haut de gamme, Phoebe Waller-Bridge, créatrice des excellentes Crashing et Fleabag, Mad Mikkelsen, et Harrison Ford qui remplie pour la cinquième fois dans le rôle de l'aventurier tintinesque culte, sur le papier, ça faisait envie. Et on a droit à tout ce qu’on pouvait attendre d’un Indiana Jones. Introduction avec bagarre sur le toit d’un train de nazi et objet mythique, puis d’une séquence à l’autre jusqu’au climax final. Phoebe Waller-Bridge est parfaite, le jeune garçon aussi, Mad Mikkelsen aurait pu être plus terrible, on ne s’ennuie pas tout à fait, le résultat n'est jamais vraiment raté mais le film n'est jamais vraiment enthousiasmant.





mardi 29 août 2023

Kim Yong-hoon, Lucky Strike, 2020

Un sac Vuitton plein de billets passe de main en main et structure entièrement ce film coréen décontracté et sanglant, violent et sympathique.



mercredi 23 août 2023

Nicolas Bedos, Mascarade, 2023

Un gigolo s'associe avec une voleuse dans un chassé-croisé amoureux/matrimonial qui ne se passe pas comme prévu. Un film sur la manipulation devrait être retors, habile, ce n'est pas le cas, le scénario est raté, les motifs sont un peu rances, les personnages ne sont pas diaboliques, le film est ennuyeux. On peut saluer une certaine maîtrise technique dans la réalisation. On peut regarder le film comme une tentative de capter la beauté de Marine Vacth.



mardi 22 août 2023

Igor Gotesman, Five, 2016

Film de potes, de colocs, avec un volet gangster — raté en dépit du talents de la plupart de ses interprètes. Le film n'est pas vraiment drôle et ne traite pas brillamment du passage à l'âge adulte. Le mélange des genres ne fonctionne pas.



lundi 14 août 2023

Cecilia Rouaud, Les complices, 2023

Film entièrement raté en dépit d'un début prometteur, d'une excellente distribution principale (François, Damiens,William Lebghil, Laura Felpin) et de quelques excellents seconds rôles (Vanessa Paradis, Bruno Podalydès, le trop rare Jean-François Cayrey et Alicia Hava). Le film ne tient pas ses promesses, gâche son histoire, n'a aucun rythme et se perd dans des scènes étirées inutilement, dommage.



mardi 8 août 2023

Quentin Dupieux, Yannick, 2023

Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser, ses deux films précédents, revisitaient, le premier Le portrait de Dorian Gray et le second le tokusatu à la manière d’une comédie d’horreur à sketchs. Ici c'est le vaudeville. Le film raconte la prise d’otage, par un spectateur, des comédiens et des autres spectateurs, d’un vaudeville. Le film se déroule quasiment en temps réel. L'action est réduite aux discussions entre le preneur d'otage, les acteurs et autres spectateurs. Il y a quelques plans qui décalent de la scène du théâtre proprement dite sur d'autres lieux, et une utilisation ténue et fine de la musique. C’est une comédie politique frontale qui parle de classes et d'humiliation sociales, de reconnaissance et de statut, de maîtrise du temps personnel, de domination, de pouvoir, de centralisation, etc. Je trouve que ça tourne un peu court et que l’auto-réhabilitation finale, yeux humides avant la fin qui s'annonce (les CRS et la restitution de l'ordre) instaure une sorte de tendresse supplémentaire pour le personnage excentré inutile. C'est un Dupieux mineur, comme Au poste.




Josef von Sternberg, The Shanghai Gesture, 1941

Dix ans après Shanghai express , Sternberg réutilise  Shanghai  comme motif d'un autre film. Dans le premier, c’était la destination et ...