mardi 12 novembre 2024

Michael Youn, BDE, 2023

Une vieille bande d'amis se retrouve dans le chalet luxueux du beau-père de l'un d'eux, et ça part en vrille. Déficit d'écriture, déficit d'idées, déficit d'humour, sur une énième variation de fête qui dégénère, Helena Noguerra est très belle, mais ça ne suffit pas à faire un film, dommage, Michael Youn a été mieux inspiré par le passé.

samedi 9 novembre 2024

Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, Le comte de Monte-Cristo, 2024

Le récit est passionnant, mais c'est le scénario de Dumas qui est génial. Pour autant, ce n'est pas une grande expérience de cinéma. Le film n'a pas l'ampleur des grands films à laquelle son scénario pourrait prétendre, l'image reste bien télévisuelle et la mise en scène plate.

Coralie Fargeat, The Substance, 2024

Fable farcesque chromatique, fluo, sexy — et son opposé : monstrueux, putrescent, ridé, difforme. L'intrigue exploite une seule idée jusqu'au bout : le mythe de la jeunesse éternelle, une variation du Portrait de Dorian Gray. Il y avait déjà dans son précédent film cette même tenue d'une seule ligne de laquelle la réalisatrice ne déviait jamais. Les références ostentatoires vont de Kubrick à Cronenberg et Lynch. Il y a dans ce film une certaine radicalité jubilatoire — pour qui est sensible au genre grand-guignol. On peut s'étonner que ce soit pour son scénario, si mince, qu’il a été primé à Cannes, tant ce sont ses images qui sautent aux yeux.





jeudi 7 novembre 2024

Maxime Govare, Heureux gagnants, 2024

Sketchs mettant en scène des malheureux gagnants au loto avec de bonnes actrices et acteurs. Anecdotique.

Columbo, La griffe du crime, 1997

Une femme et son amant assassinent le rival du mari de la première et disposent des preuves afin de faire soupçonner le mari. Ici les preuves sont évidentes et c'est au cours d'une simple confrontation que les coupables vont finalement, dévoilant leur complicité par deux gestes, se trahir eux-mêmes. C'est Shera Danese, le femme de Peter Falk qui joue la méchante. Un excellent Columbo deuxième période.

Jean-Christophe Meurisse, Les pistolets en plastique, 2024

Un film entièrement pénible et stupide, ponctué de quelques scènes comme extraites d'autres programmes (celle avec Jonathan Cohen) mais qui ne parviennent pas à le sauver de son désastre formel et de propos. Un cinéma qui se voudrait semble-t-il incisif, percutant, provocateur mais qui reste définitivement bas du front. Affligeant.

Jean-Christophe Meurisse, Oranges sanguines, 2022

 Suite de sketchs attendus et complaisamment médiocres.

Erle C. Kenton, Island of lost soul, 1932

Un film plastiquement sublime dans tout son prologue, à la fois dans sa photographie, et dans son montage, sur le bateau, sur le pont, aux abords de l'île, dans le brume, dans l'encadrement des rochers : chaque plan est une affirmation de cinéma :

Par la suite, quand le récit proprement dit commence, lorsqu'il s'agit de montrer les rapports entre les différentes formes d'humanité, la photographie est moins travaillée, les plans sont moins inspirés. L'intrigue tourne autour d'une romance impossible, brasse beaucoup en très peu de temps : modification génétique, sexualité, sauvagerie, domination, sadisme, croyances…

Le réalisateur, Erle C. Kenton a réalisé plusieurs Frankenstein, un Dracula et plusieurs Abbott et Costello, c'est à Karl Struss, directeur de la photographie et à Hans Dreier, directeur artistique, qu'on doit la beauté étrange de ce film : sa photographie et son maquillage. Un film inégal magnifique.













 



mercredi 6 novembre 2024

Charles Lamont, Abbott and Costello Go to Mars, 1953

Abbott et Costello embarquent dans une fusée à destination de Mars, mais qui atterrit non loin de son lieu de décollage, en plein mardi-gras, créant la confusion chez les astronautes amateurs qui croient reconnaitre dans les figures monstrueuses en papier mâché des martiens.

La fusée s'envolera une deuxième fois, jusque sur Vénus, planète prétexte à montrer des vénusiennes en tenue sexy. 

Il y avait dans la beauté des décors, du vaisseau, du véhicule et dans l'articulation de ces planètes (la terre prise pour une autre et la gynocratie vénusienne), une promesse comique, une ambition — qui comme la planète Mars du titre — ne seront jamais atteintes. 





dimanche 3 novembre 2024

Guy Ritchie, The gentlemen, 2024

À la mort de son père, le fils cadet, un militaire hérite du domaine et d'une plantation de cannabis dont il découvre l’existence. Aristocratie anglaise et trafiquants divers, une bonne série, qui ne tient pas tout à fait les promesses de ses débuts enthousiasmant.

dimanche 27 octobre 2024

Fleischer, The Chinaman, 1920

 Bref dessin animé dont l'intérêt principal vient de ce qu’il mélange animation et film.

Jeremy Saulnier, Rebel Ridge, 2024

Un homme noir est arrêté par les flics et dépossédé des 30000€ d'une caution destinée à libérer son cousin. L'homme va essayer de récupérer ce qui lui est dû. Rebel Ridge a une certaine ambition narrative à son début mais qui n'est pas tout à fait tenue. Reste une sorte de Rambo, plus administratif, moins social, et un peu longuet.

dimanche 8 septembre 2024

Hiroshi Shimizu, Anma to Onna (La femme et ses deux masseurs), 1938

Le récit ici est presque anecdotique : dans un onsen, à la montagne, des masseurs aveugles et des curistes se croisent sur les chemins de randonnées et se retrouvent le soir.

Le génie du film tient à autre chose.

La plus grande partie de la filmographie (169 films) de Hiroshi Shimizu date d’avant 1930, elle est muette et Shimizu en a gardé parfois la trace dans ses films sonores — comme un refus de sacrifier à l'avènement du parlant, un procédé toujours efficace.

Il y a dans La femme et ses deux masseurs une scène singulière, de toute beauté, qui  métaphorise d'une part la cécité et l'extraordinaire dextérité des masseurs, et d'autre la perte qu'entraine l'avancée de la modernité et le désenclavement (ce qui un des thèmes récurrents du cinéma de Shimizu).

L’un des masseurs croise, dans la cour du onsen, une femme, qui va se retourner à plusieurs reprises, sans que lui, aveugle, ne puisse la voir. C'est une scène presque silencieuse, avec uniquement le son étrange de la pellicule — qui évoquerait presque une pièce de Bernhard Günter.

Cette scène se départit des autres : soit qu'elles n'émettent de son que les voix des acteurs (prises au micro directionnel et éliminant tous les bruits parasites); soit que des sons environnementaux ont été captés, ou encore lorsqu'une musique extradiégétique y a été ajoutée.

Le silence et la répétition du mouvement : les deux personnages qui avancent successivement vers la caméra, qui se frôlent et se cognent aux autres curistes, extraient presque cette scène du cadre purement narratif pour une forme d'abstraction. 

Plus généralement, au delà de cette stratification sonore et de cette scène muette, le film met en œuvre une batterie technique : champ / contre champ, travelling le long des coursives, caméra portée qui suit les randonneurs, cadre au niveau des genoux sur les chemins, plans fixes à hauteur de tatami sur les curistes en train de se faire masser, etc. — un prodigieux ensemble de mouvements et de heurts.


Le film rappelle deux films français du début du parlant, dont les récits également anecdotiques servent une expérimentation formelle qui nourrira le cinéma de Godard notamment : La nuit du carrefour de Renoir et La tête d'un homme de Duvivier.

 

 La femme et ses deux masseurs est une merveille et le cinéma de Shimizu est une merveille qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.





jeudi 15 août 2024

John Ford, The Lost Patrol, 1934

Des soldats, échoués dans une oasis en plein désert de Mésopotamie, après la mort de leur chef, attendent, affrontant un ennemi invisible. À partir d’une situation minimale, d’un seul lieu et de quelques motifs : l'angoisse, la soif, la raréfaction de l’espoir et des cigarettes, John Ford réalise un grand film de guerre sans combat (et un récit allégorique qui est une sorte de matrice de la Quatrième dimension), captivant de bout en bout et preuve encore de ce que le génie de Ford s'est manifesté bien avant Stagecoach.



Guy Ritchie, The Ministry of Ungentlemanly Warfare, 2024

Pendant la guerre, un commando exceptionnel s'empare d'un navire italien. Post-Tarantino rythmé avec de spectaculaires acteurs (les très balèzes Henri Cavill et Alan Ritchson et la magnifique Eiza Gonzales). Guy Ritchie a désormais, semble-t-il, abandonné les effets de son style ultra maniériste pour une forme moins clinquante et plus reposante visuellement.

mercredi 14 août 2024

Jamel Debbouze, Terminal, 2024

Il y avait sans doute l'espoir chez les amateurs de H que s'y rejoue quelque chose de cette époque là ou que la série emprunte à d'autres modèles, brillants comme The Office. Mais Terminal use d'une autre partition, outrancière, un peu nulle, avec rires qui soulignent les gags — qui évoque sans doute plus les sitcoms françaises des années 80 qui l'ont précédée comme Maguy et Marc et Sophie — et bêtisier dans le générique de fin (ce qui est presque toujours un aveu de ratage)Il y a une tentative lourde de ne rien rater des thèmes qui polarisent la société. Mais c'est surtout le défaut de précision technique qui rend la série difficile à regarder. Les épisodes avec Manu Payet (sorte de Todd Packer, moins vulgaire) sont les plus drôles.



Julien Hervé, Cocorico — on ne choisit pas ses ancêtres, 2024

Cocorico aligne l'ensemble des travers d'une certaine comédie française caricaturale, dont Christian Clavier s'est fait l'interprète récurrent, et en dépit de mon admiration pour son génie comique, je n'ai pas pu aller au delà péniblement des 15 premières minutes.

Noah Hawley, Fargo 5, 2023

Deux figures, deux forces,  des caricatures, presque des abstractions : un cow-boy, mâle, shérif, raciste, terrien, violent, cruel (Jon Hamm) et une femme de pouvoir, sans pitié, mais sans commune mesure avec le précédent — capable de violence dans la légalité (Jennifer Jason Leigh)Entre les deux, une ex-victime, enfant battue, qui se révolte (Juno Temple).

Ce qui faisait Fargo, c’était la spirale infernale dans laquelle se trouvaient embarqués des personnages banals. Il n’y a plus rien ici de cela, la saison 5 traite de la violence conjugale et de la dette. En s'éloignant de son ADN de départ, la série perd de sa puissance narrative et de son entertainement ; elle gagne peut-être en combat social. La photographie est belle, l'interprétation est juste et la réalisation est remarquable. 




mardi 13 août 2024

George Miller, Furiosa, 2024

Un récit de vengeance, dont la vengeance est presque absente, plein de barbares, de dunes, de poussière, de moteur, de mécanique et de sable. Le métrage est divisé en cinq séquences, inégales, la route et la poursuite composant les scènes les plus réussies du film, le staticité s'accommodant moins bien de l'horlogerie un peu enfantine du dieselpunk. La troisième partie, une course poursuite hyper inventive est démente. Furiosa est moins surprenant que Mad Max : Fury Road, mais en conserve une certaine ampleur narrative et picturale.






Thomas Bidegain, Soudain seuls, 2023

Une femme et un homme échouent sur une île déserte. Robinsonnade et crise de couple : la combinaison des deux ne fonctionne pas une seule fois, à l'image de la reprise lamentable de Joy division. Le pire du cinéma français.

Mark L. Lester, Commando, 1985

John Matrix a 11 heures pour délivrer sa fille des mains du général Arius. Comédie d'action rythmée très réussie.