San Francisco, 1906, un séisme ravage la ville. Au cours du drame, le père et l'amant de Frisco Jenny qui est enceinte, meurent. Les années passent, elle est témoin d'un meurtre, puis contrainte à confier la garde de son fils à une famille d'adoption, dont elle observera, de loin, l'ascension sociale. Le film elliptique se déroule sur 25 années — entre Chinatown, un bordel et la prohibition. C’est un mélo sur le sacrifice d’une mère, avec des scènes de genre (film catastrophe, policier). Comme toujours chez Wellman, le film est ponctué de fulgurances formelles, d’associations d’images et de son, qui sont la marque de son génie. C’est le sixième film qu'il a sorti en 1932.
mardi 30 avril 2024
mardi 27 février 2024
John Cromwell, Of Human Bondage (L'emprise), 1934
À Paris, Philip un jeune homme au pied bot, renonce à la peinture et part à Londres étudier la médecine. Il s'éprend de Mildred, une serveuse, qui ne l'aime pas.
Une vie de déchéance, celle de Mildred et une vie de rejet, celle de Philip.
Très beau mélodrame sur l'aliénation amoureuse, la cruauté et l'échec, d’où saillissent quelques scènes comme ce final dans la cacophonie du trafic. C’est le film qui a fait de Bette Davis une star.
lundi 26 février 2024
André de Toth, Pitfall, 1948
Un agent d'assurance s'éprend d'une assurée frauduleuse. Une histoire d'amour, de jalousie, de désir, de routine. Un beau film linéaire noir avec la magnifique Lizabeth Scott.
mercredi 10 janvier 2024
Juan Antonio Bayona, La sociedad de la nieve (Le cercle des neiges), 2023
La tragédie (un avion s'écrase dans la cordillères des Andes, les survivants sont contraints au cannibalisme pour survivre) a fait l’objet d’un film précédent : Alive, avec Ethan Hawke, réalisé par Frank Marshall en 1991 — que j’avais préféré. Cette nouvelle version souffre de sa photographie, de ses couleurs, de ses filtres, de son image artificielle, du maquillage de ses acteurs (dents blanches, visage impeccablement rasé, cernes chromatiquement outrancières, etc.), l'ensemble dénaturalisant le film en une vignette YouTube. Le film est émouvant mais reste malgré ses quelques scènes spectaculaires : le crash, l’ensevelissement, la désolation devant les sommet, plat.
samedi 6 janvier 2024
Zack Snyder, Rebel Moon, 2023
Des paysans menacés enrôlent un groupe de combattants pour se défendre. L'esthétique maniériste de Snyder (ralenti, couleurs, matières en suspension) fonctionne mieux dans les scènes de combats (à la fin du film) qu'au début, dans son volet paysan. Dans sa structure narrative globale, le film manque d'ampleur, de tension, de cohérence, les sept samouraïs n'ayant aucune autre épaisseur que ce qu'en montre leurs scènes d'introduction/de combat. L'ensemble n'a pas de grande puissance mythologique, mais il y a une certaine beauté de dessin animé dans sa représentation de la guerre.
Xavier Giannoli, D'argent et de sang, 2023
L'arnaque à la taxe au carbone. Série de genre française, très addictive, bien rythmée, avec d’excellentes actrices, acteurs (Ramzy, André Marcon, Niels Schneider, Judith Chemla, Vincent Lindon…) et qui parvient à expliquer simplement les rouages de ce spectaculaire braquage. La série est peut-être un peu longue, les deux derniers épisodes ne parvenant pas à conserver le rythme.
vendredi 5 janvier 2024
Leave the World behind, 2023
Film de genre ante-cataclysmique sophistiqué. La structure cumulative à dessein d'annonce de l'effondrement (le pétrolier échoué, les propriétaires, le bruit, les animaux, les drones, les voitures, le voisin survivaliste, etc.) tient du catalogue, confus dans sa manière de mélanger les genres, plus que de la déconstruction. La toute fin amusante aère un peu l'ensemble.
dimanche 24 décembre 2023
Olivier Marchal, Pax Massilia, 2023
Excellente série de genre, typé, monocorde, vulgaire, avec un défilé de gueules et le ton Olivier Marchal (mais à Marseille) autour d'une vengeance entre malfrats et de deux amis d'enfance dont l'un a embrassé la loi et l'autre la côté obscur.
vendredi 22 décembre 2023
Justine Triet, Anatomie d'une chute, 2023
Film de procès et d’analyse de la désagrégation d'un couple d'écrivains marqué par un drame. L’interprétation et la direction d'acteurs sont remarquables, le jeune Milo Machado-Graner et Antoine Reinarts particulièrement, Sandra Hüller, Swann Arlaud, aussi. Le film est précis, passionnant dans sa partie juridique et dans sa circulation à l'intérieur de l’espace domestique. Palme d’or à Cannes, bon film mais pas le chef d’œuvre attendu.
dimanche 10 décembre 2023
Rémi Bezançon, Un coup de maître, 2023
L’amitié d’un galeriste et d’un peintre.
La réalisation est relâchée, la réflexion sur l’art (intégrité, concession, reconnaissance) est banale, aucune scène n'est vraiment drôle, quand au coup de maître, faussement performatif, il ne relance pas la mécanique paresseuse du récit.
Un film inutile en dépit de ses talentueux interprètes.
Emma Seligman, Bottoms, 2023
Deux lycéennes lesbiennes un peu sur la touche veulent perdre leur virginité avec deux filles populaires. Elles montent un groupe d'auto-défense, un fight club féminin, dans l'espoir qu'elles les y rejoignent.
Ce film d'initiation amoureuse très classique dans son récit et ses péripéties vaut principalement pour une certaine chorégraphie de la foule, dans le match/baston de la séquence finale et la présence de Kaia Gerber.
samedi 25 novembre 2023
Yôji Yamada, Kazoku, 1970
La famille Kazami, quittent la petite île d'Iōjima, à Nagasaki pour pour s'installer comme paysans à Hokkaido.
Le film couvre son voyage depuis leur île, les ferrys, les trains, les escales à Osaka et Tokyo jusqu'à leur installation à Hokkaido.
Le voyage est parcouru d’événements anecdotiques émouvants : l'enfant à la gare, la berceuse Shimabara (島原の子守唄), la beauté des paysages par la fenêtre du train et d'autres tragiques. Mais rien ne parvient à démobiliser entièrement cette famille pauvre, catholique et assaillie par le drame. C’est une des gageures du film de ne pas s’appesantir et de montrer, ce qu’on appelle aujourd’hui la résilience, sous un jour furtif.
Le film a valeur de témoignage par ce qu’il montre d'un Japon en partie disparu (1970, l’Exposition universelle).
Outre Chieko Baishô, on trouve un autre habitué du cinéma de Yôji Yamada : Chishū Ryū. La musique de Masaru Sato (une musique de western, de veillée funèbre mexicaine) est remarquable.
Un grand film, sur l'exil, la famille, la douleur — entre drame social, film de train, film familial, film populaire et cinéma d'auteur.
vendredi 24 novembre 2023
Yôji Yamada, C'est dur d'être un homme, 1969
Premier film d'une série de cinquante dont 48 ont été réalisés par Yôji Yamada (elle est considérée comme la plus longue franchise au monde).
C'est dur d'être un homme met en scène les mésaventures de Tora-San, un camelot, un peu rustre, maladroit, sympathique et sentimental.
Dans ce premier volet, Tora-San revient dans sa famille, après vingt ans d'absence. La dramaturgie repose sur peu d'éléments : des retrouvailles familiales, Tora-San qui fait rater le mariage de sa sœur parce qu’il est saoul, Tora-San qui s'éprend de la fille du grand-prêtre.
Un film bon enfant, assez léger mais qui n’est pas exempt d’une certaine gravité.
Monument de la culture japonaise.
mercredi 22 novembre 2023
Yôji Yamada, Les mouchoirs jaunes du bonheur, 1977
Un homme larguée par sa copine, quitte son travail, achète une Mazda rouge, prend le ferry pour Hokkaido. Là-bas il rencontre une femme trahie par son amant, il lui propose une escapade. Sur une plage de la mer d'Okhotsk, ils croisent un homme qui sort de prison et dont on apprendra qu'une femme l'attend peut-être. Deux couples donc, l'un qui se forme, l'autre en attente, une désinvolture timide et maladroite d'un côté, une tragédie de l'autre. C'est un beau film de route, dépaysant, à la fois drôle et profondément émouvant — qui donne envie de partir à Hokkaido, dormir sur des futons dans des hôtels et manger des ramen.
lundi 20 novembre 2023
Agnès Varda, Sans toit ni loi, 1985
La mort par l'errance de Mona, une jeune femme/
Sur sa route, elle va croiser des marginaux, des gens de la campagne, des immigrés — presque tous détestables (pouilleux, envieux, défoncés, violents, traîtres), vivant dans la misère ou des formes d'utopie ratée.
Seule la bourgeoisie échappe au jeu de massacre : deux femmes, la première interprétée par Macha Méril qui soigne des arbres et une vieille dame à la grande maison.
Mona n'explique pas vraiment son parcours, elle dit seulement qu'elle fuit les petits chefs, le travail. Dans le film il n'y a de salut que dans les structures sociales et dans l'acceptation de ses règles, la tentative de s'en affranchir est un suicide.
Agnès Varda utilise des comédiens professionnels et des comédiens amateurs. Le jeu des seconds se détachent de celui des premiers, et les relèguent à des simples éléments d’un décor naturaliste et un peu outrancier — ce qui réinscrit dans la forme du film une dichotomie en reflet de ses différents mondes.
Le film évite le pittoresque, il est rugueux, il a pour lui ne de pas être manichéen, le personnage de Mona n'est pas sympathique, ni excusable. Mais il y a dans l'acharnement de Varda à ne montrer que la spirale infernale d'où Mona ne se débat pas, arrogante, tête haute ou baissée, autant une dénonciation de la misère qu'une invitation à rentrer dans les ordres.
Restent quelques belles scènes, Sandrine Bonnaire et Macha Méryl dans la voiture en train de manger et les scènes en duo avec Hassoun, le tunisien.
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jeudi 16 novembre 2023
Lars von Trier, Dancer in the Dark, 2000
Dancer in the Dark convoque chant, musique et danse et un ensemble de procédés de construction, des ellipses dans le récit, des ellipses de vraisemblance, tous moyens utilisés pour faire advenir dans le temps de la représentation la situation voulue — tous éléments repris de la tragédie grecque ; Dancer in the Dark c'est une pièce d'Euripide au vingtième siècle.
Dans la vie réelle, les innocents comme Selma sont condamnés à mort.
Vingt ans après sa sortie, le torrent émotionnel s'est un peu asséché, mais la perfection technique, rythmique est intacte, Dancer in the Dark reste un grand film, une grande comédie musicale, un grand mélodrame, une grande tragédie sur le destin. Bjork en mère, aveugle, malmenée et Catherine Deneuve en avatar des films de Demy sont parfaites.
mercredi 15 novembre 2023
Alice Géraud, Marc Herpoux et Jean-Xavier de Lestrade, Sambre, 2023
Série en six épisodes sur le violeur de la Sambre. Chaque épisode s'attache à un des protagonistes de l'histoire : une victime, la maire, la juge, la scientifique, le commandant, le tueur. Les acteurs sont justes, la photographie est belle, la réalisation est remarquable, il y a quelques plans au drone qui suivent la rivière, particulièrement réussis. Chaque période, le film commence dans les années 80 et se termine en 2022, est marquée par une musique et le vieillissement assez réussi des personnages. Une bonne série française populaire.
samedi 11 novembre 2023
David Fincher, The Killer, 2023
Un tueur loupe son coup, son commanditaire se venge, le tueur se venge.
À partir de la trajectoire d'une balle, métaphore et version archaïque du contact à distance, empêchée, Fincher met en scène un monde de relations en distanciel, de déplacements, de connections et de transactions sans affect. C'est moins le destin du tueur qui intéresse Fincher que la circulation : aéroport, box, avion, locaux, badges, Amazon, voiture, scooter, téléphone portable, guichet, accès, etc.
La première séquence dans l'immeuble, l'attente, avec les Smiths en BO est peut-être la plus intéressante.
Un film d’une grande élégance formelle, très marqué par Melville, avec une conclusion ratée, mais peut-être à l’image du tir raté du début.
vendredi 10 novembre 2023
Denis Imbert, Sur les chemins noirs, 2023
Le film n’a pas d'ambition formelle mais il aurait pu être plaisant s’il s’était contenté du trajet linéaire, géographique, de la reconstruction de son héros et de ses rencontres. Mais sa construction en flash-back déjoue toute tension et la voix off un peu sentencieuse ajoutée au veston et à l'écharpe du baroudeur distingué détourne de la beauté des paysages, du voyage et de la douleur apaisée.
jeudi 9 novembre 2023
Clint Eastwood, The Gauntlet, 1977
The Gauntlet est un film de route : un flic est chargé de convoyer une prisonnière (et c'est un piège). La route, le duo improbable, l'hôtel, les motards, le désert, la traversée d'un fourgon sous les tirs, etc. C'est riche narrativement, ça ressemble à une bande dessinée, les scènes sont très visuelles. Un excellent film de Clint Eastwood.
Star Wars : Skeleton Crew, 2024
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