Le film n’a pas d'ambition formelle mais il aurait pu être plaisant s’il s’était contenté du trajet linéaire, géographique, de la reconstruction de son héros et de ses rencontres. Mais sa construction en flash-back déjoue toute tension et la voix off un peu sentencieuse ajoutée au veston et à l'écharpe du baroudeur distingué détourne de la beauté des paysages, du voyage et de la douleur apaisée.
vendredi 10 novembre 2023
jeudi 9 novembre 2023
Clint Eastwood, The Gauntlet, 1977
The Gauntlet est un film de route : un flic est chargé de convoyer une prisonnière (et c'est un piège). La route, le duo improbable, l'hôtel, les motards, le désert, la traversée d'un fourgon sous les tirs, etc. C'est riche narrativement, ça ressemble à une bande dessinée, les scènes sont très visuelles. Un excellent film de Clint Eastwood.
mercredi 8 novembre 2023
Sam Peckinpah, The Getaway, 1972
Film de route après un casse. The Getaway est le récit d’une chute. Une allégorie ponctuée par une pastorale et l’ensevelissement sous une montagne d’ordures des « héros ». Entre les deux, on aura vu les états les plus méprisables de l’humanité : les hommes sont violents, stupides, faibles, ils méprisent les femmes, les femmes sont prêtes à suivre n’importe quel meneur de danse viril. The Getaway est grotesque, élégant, narrativement dense, rythmiquement, chromatiquement, photographiquement sophistiqué et presque sans y toucher, ce qui est une autre manière d’être élégant.
mardi 7 novembre 2023
Michael Cimino, Thunderbolt And Lightfoot, 1974
Clint Eastwood et Jeff Bridges en duo formé accidentellement, le premier fuyant des ennemis, le deuxième cherchant une manière désinvolte de se réaliser. C'est un film de route, traversé par un casse et des scènes à l'apparence anecdotique dans la construction mais extrêmement marquantes et qui dessinent dans le récit principal (le western) un récit de l’Amérique des années 70. C'est un film traversé par une curieuse insouciance mélancolique et grave. Le premier film de Cimino et un grand film.
lundi 6 novembre 2023
Shinobu Yaguchi, Survival family, 2017
Après une panne mystérieuse qui arrête toute activité, une famille tente de rejoindre Osaka.
Un film post-apocalyptique, de route, de survie mais sans la mythologie SF qui lui est associée, avec un ton à la fois plus léger et plus naturaliste. On y retrouve un certain nombre de motifs presque obligés, les rencontres, la recherche de nourriture, la préservation de l'eau, la traversée du fleuve, les chiens, l’arrêt dans la ferme et la tentation de se sédentariser, etc. mais le film a sa manière singulière.
Les vingt dernières minutes sont malheureusement un peu ratées, appuyant sa dimension familiale : fin joyeuse, tous réunis dans le train et la bonne rigolade.
dimanche 5 novembre 2023
Jean Girault, Le gendarme à New York, 1965
L'argument du film (un congrès de gendarmes aux États-Unis dont la délégation française est représentée par la brigade de Saint-Tropez) n'est quasiment pas exploité, à l'exception d'une scène très drôle de conférence traduite. Le congrès est le prétexte qui permet de déplacer les gendarmes à New York. Le film utilise deux intrigues annexes : la fille de Cruchot passagère clandestine débarquant en même temps que son père et tentant de ne pas se faire repérer par lui et Jean Lefebvre malade et immobilisé. À cela s'ajoutent des digressions citationnelles sans intérêt (un pastiche de West Side Story, une séance d’hypnose, etc.). La partie sur le paquebot est très amusante, notamment dans une brève scène où tentant de se repérer dans le labyrinthe des couloirs, les gendarmes tournent en rond, suivant Cruchot/de Funès sûr de lui, dans une boucle narrative perpétuelle, signature de la série. De funès est génial, mais c’est souvent dans sa relation avec Galabru et pas seulement de son jeu seul que nait la drôlerie de la plupart des scènes (la cuisson du steak). Un film cinématographiquement souvent nul mais sympathique.
samedi 4 novembre 2023
Hugo Benamozig, David Caviglioli, Sentinelle, 2023
Un flic, également chanteur, auteur d'un tube qui commence à dater, est largué par sa maison de disques. On lui confie une enquête : le mari de la prétendante à sa propre réélection à la mairie a été enlevé par uune mystérieuse organisation .
Comme dans leur film précédent, les réalisateurs ont décentré leur intrigue, dans un environnement français mais singulier, ici à la Réunion, suffisamment exotique pour créer un dépaysement (naturel).
L'ensemble est assez riche narrativement. Quelques scènes sont très réussies (le rendez vous avec le producteur), les seconds rôles sont bien écrits et l'ensemble bénéficie d’un beau casting. Jonathan Cohen est génial.
Je regrette juste qu’une rationalisation scénaristique vienne clore l’ensemble — justifiant l’incongruité du personnage interprété par Jonathan Cohen et neutralisant la fin du film. L'intérêt provenant en partie de ce mélange entre incongruité et comportements rationnels.
Albert Pintó, Nowhere, 2023
Sous-genre du film de survie, le film de survie en milieu restreint dont Lifeboat de Hitchcock est peut-être un des premiers exemples. Avec l’apparition du téléphone portable, et la possibilité de limiter le nombre de protagonistes à un seul acteur visible, le genre s’est radicalisé. Il a pu exploiter la situation la plus cauchemardesque : seul et enfermé, c’est ce qu’ont fait Buried et Oxygène. D’autres films, 47 meters down ou the Fall, ont exploité la dimension abyssale et vertigineuse du milieu restreint, la cage dans l’eau, le plateau en hauteur. Nowhere s’inscrit dans ce sous-genre, sans originalité mais avec un pitch intéressant, une femme migrante enceinte dans un container en pleine mer. L’intérêt de ce type de film c’est de voir comment les scénaristes vont s’en sortir, quels astuces scénaristiques ils vont utiliser pour occuper l’heure et demie du métrage. Migrants, passeurs véreux, deuil d’un enfant et culpabilité, maternité seule, adieux au téléphone, téléphone portable à la batterie infinie, montée des eaux mesurée jour après jour, colmatage improbable, Nowhere utilise tout. La pénibilité s’insinue dans la boite scénaristique comme l’eau dans le container où se retrouve enfermée la malheureuse. Nowhere est un mélodrame affreux qui massacre son idée de départ.
vendredi 3 novembre 2023
Roy Ward Baker, A Night to Remember, 1958
La proximité entre le moment de tournage et l'époque qu'il raconte, fournit l'illusion d'une capacité à en mieux saisir l'atmosphère, la technique, comme si flottait encore quelque chose de l'air du temps.
A Night to Remember a été tourné dans les années 50, avec des maquettes. C’est un très beau film catastrophe spectaculaire (et qui tient parfaitement le coup après le monstre de James Cameron).
jeudi 2 novembre 2023
Xavier Gens, Farang, 2023
Dans la lignée de The Raid, mais en beaucoup moins précis, moins épuré, moins radical, moins brillant, moins spectaculaire — et avec un argument social, filial et amoureux inutile. Le scénario n'a aucun intérêt mais la scène finale avec Olivier Gourmet, sanglante, osseuse et violente vaut le coup.
mercredi 1 novembre 2023
Vincente Minnelli, The long, long Trailer, 1954
Les déboires sur la route d'un jeune couple et de leur immense caravane. Un film merveilleux, à la fois d’une grande légèreté comique et d’une dubitation amusée et cinglante de l’American way of life. La photographie est de toute beauté (le film a été tourné en ansco color, ce qui lui confère cette douceur pastel si singulière), comme la composition des plans (notamment les arrivées dans les campings ou dans la famille de Tracy) qui évoque des dioramas Mattel parfaits. Un film pas du tout mineur de Minnelli, assez proche de Tati, ou d'une version mais soustraite de violence du Week-end de Godard, avec les deux acteurs de I love Lucy. Un film merveilleux à voir absolument.
mardi 31 octobre 2023
Douglas Sirk, Written on the Wind, 1956
lundi 30 octobre 2023
Bruno Podalydès, Wahou !, 2023
Bruno Podalydès est un réalisateur dont j'aime beaucoup les hauts (Comme un avion) et là ce Wahou ! est une déception : terne, non inventif, tristounet, relâché, en roue libre, en dépit de sa distribution. Podalydès a déjà exploité dans son premier film la contrainte du lieu avec autrement plus de souplesse et d'amusement.
One Piece, 2023
Une série qui invente un univers graphique fantastique à la mesure du manga d'origine.
dimanche 29 octobre 2023
Vincente Minnelli, Brigadoon, 1954
Un homme, en expédition en Ecosse avec un de ses amis tombe par hasard sur le village de Brigadoon, un village de 1754 qui s’anime une journée par siècle, il tombe amoureux d’une des villageoises, il repart à New York, regrette et revient à Brigadoon. Et l’amour idéal se réveille s’il est puissant. À partir de cette postulat fantaisiste, Minnelli a fait une comédie musicale sur la force et la puissance du rêve, sa valeur performative, la capacité qu'on a d'échapper aux déterminismes. Il y a deux mondes, celui du conte à Brigadoon, qui contraste avec celui de New York années 50, rapide, survolté. Les couleurs, les décors sont magnifiques, le film est un enchantement.
dimanche 22 octobre 2023
Benjamin Lehrer, 38°5 quai des orfèvres, 2023
Dans le genre absurde et débile, avec enquête et situations décalées, ce 38°5 a une certaine exigence rythmique (les séquences s’enchainent, le montage est rapide). Il y a de bons acteurs, Arthus et Caroline Anglade surtout, Didier Bourdon étant presque comme toujours au cinéma, et de manière incompréhensible sous exploité, mal dirigé (comment, quand on a été aussi bon dans ses propres sketchs, il y a 30 ans, peut-on être aussi moyen aujourd’hui ?). 38°5 quai des orfèvres n'est malheureusement que très rarement drôle.
vendredi 22 septembre 2023
George Pollock, Murder at the gallop, 1963
Deuxième film de la série de quatre mettant en scène Miss Marple, interprétée par Margaret Rutherford. L’intrigue est simpliste et repose sur un subterfuge ultra tiré par les cheveux. Mais si on accepte sa narration fantaisiste, cette enquête de Miss Marple (en fait une enquête de Poirot mais déplacée ici chez Miss Marple) est assez sympathique.
mercredi 6 septembre 2023
Jonathan Barré, Bonne conduite, 2023
Une psychologue animatrice de stage de récupération de points de permis se transforme la nuit en tueuse de chauffards. Parallèlement, une équipe de bras cassés enquête sur un mort retrouvé dans le coffre de sa voiture
Une belle photographie, cadre, distribution (Laure Calamy, Grégoire Ludig, David Marsais, Tchéky Karyo), musique, ambiance, etc. Le début est très prometteur.
Mais l’argument initial de la tueuse vengeresse est abandonné très vite et l’ambiance perd son charme quand le film se développe en film de gangster sans intérêt et pas drôle. Un énorme gâchis.
lundi 4 septembre 2023
Nicholas D. Johnson, Will Merrick, Missing, 2023
Film d’écrans.
Une jeune fille dont la mère a disparu cherche ses traces sur l'internet.
On passe d’une application à une autre, de la recherche d’un mot de passe à la recherche d’une identité via Instagram, de caméras de surveillance à des piratages de comptes Google, à l’embauche d’un type via Taskrabbit, etc.
Surgit tout de suite une interrogation : est-ce que j'ai envie de passer 1h30 de cette journée à nouveau devant un défilé d’applications ?
Si on passe outre, la vitesse du film et l'enchainement des différents indices empêchent son analyse. La première partie est réussie, ce n’est pas subtil mais il y a une vraie aisance technique.
Puis la scénario change de cap, la disparition de la mère passer dans le domaine publique avec enlèvement et FBI. Là ça se gâte, le film devient un fait divers glauque mais banal sans aucun intérêt et dans lequel l’enjeu de l’écran, des caméras de surveillance et de la trace deviennent anecdotiques.
Dommage, ça partait bien, mais le procédé narratif est mal exploité.
samedi 2 septembre 2023
James Mangold, Indiana Jones and the Dial of Destiny, 2023
James Mangold, réalisateur de Logan, un des meilleurs films de super-héros, trois acteurs haut de gamme, Phoebe Waller-Bridge, créatrice des excellentes Crashing et Fleabag, Mad Mikkelsen, et Harrison Ford qui remplie pour la cinquième fois dans le rôle de l'aventurier tintinesque culte, sur le papier, ça faisait envie. Et on a droit à tout ce qu’on pouvait attendre d’un Indiana Jones. Introduction avec bagarre sur le toit d’un train de nazi et objet mythique, puis d’une séquence à l’autre jusqu’au climax final. Phoebe Waller-Bridge est parfaite, le jeune garçon aussi, Mad Mikkelsen aurait pu être plus terrible, on ne s’ennuie pas tout à fait, le résultat n'est jamais vraiment raté mais le film n'est jamais vraiment enthousiasmant.
Star Wars : Skeleton Crew, 2024
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