La surprise que provoquait la chronologie non linéaire du film se dissipe nécessairement aux multiples visionnages, comme celle des tonalités qui composent ses différentes segments. Mais trente ans après, Pulp fiction reste un grand plaisir de cinéma, le meilleur film avec Réservoir dog, de son auteur.
vendredi 15 novembre 2024
Columbo and the Murder of a Rock Star (Jeux d'ombre), 1991
Un avocat tue sa compagne, une ex-rockstar et tente de faire accuser son amant. Le titre français dévoile la manière dont Columbo va prouver la culpabilité du meurtrier, en révélant l'astuce mise en place par l'avocat pour se disculper. C'est comme toujours la manière dont l'inspecteur piège le coupable plus que l'évidence du subterfuge qui est captivante, sa manière de surprendre le tueur et le spectateur par un pas de côté, fut-il énorme. Il y a dans la VF, des bruitages à un volume sonore disproportionné (le verre d'eau pendant le procès, et la chute des baies rouges) qui ajoutent à l'incongruité du récit. Un excellent Columbo — deuxième période, avec Shera Danese, comme alliée du méchant.
Bruno Podalydès, La petite vadrouille, 2024
Bruno Podalydès a déjà utilisé les étapes d'une circulation fluviale dans un film, l'un de ses meilleurs : Comme un avion — qui mettait en scène un canoéiste évoluant parmi les méandres d’une rivière et les habitants de ses berges. Cette redite du dispositif, en négatif, souffre de la comparaison, La petite vadrouille n'a pas le charme, la précision, l'inventivité du précédent, sa manière de créer un monde suspendu, bucolique. Il y a quelques belles idées dans La petite vadrouille comme cette troupe de branquignols malins qui se déplace à chaque écluse, incarnant toujours de nouveaux hôtes ou la balançoire sous un pont. Mais l'argument du film, amoureux est un peu lâche, et Bruno Podalydès a été mieux inspiré par le passé dans ses dialogues.
mercredi 13 novembre 2024
Éric Judor, Problémos, 2017
Un couple et leur fille débarquent dans une communauté, qu'une pandémie va encore isoler un peu plus du monde. Robinsonnade survivaliste très drôle dont la fin s'étire un peu.
Artus, Un p'tit truc en plus, 2024
Le film n'a pas d'ambition cinématographique, et n'est pas très drôle, il vaut surtout pour sa seule troupe des comédiens. Mais que dire d'un tel succès, et d'un film qui incite à ne pas singulariser la singularité ?
John Sherwood, The Monolith Monsters, 1957
Une série B de SF très typée année 50, une étrange pierre noire grossit au contact de l'eau et contamine ceux qui la touche, les pétrifiant. Quelques beaux plans de ces monstres monolithiques valent le coup d'œil sur ce film sympathique, mais ennuyeux, dépourvu de toute tension narrative.
mardi 12 novembre 2024
Michael Youn, BDE, 2023
Une vieille bande d'amis se retrouve dans le chalet luxueux du beau-père de l'un d'eux, et ça part en vrille. Déficit d'écriture, déficit d'idées, déficit d'humour, sur une énième variation de fête qui dégénère, Helena Noguerra est très belle, mais ça ne suffit pas à faire un film, dommage, Michael Youn a été mieux inspiré par le passé.
samedi 9 novembre 2024
Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, Le comte de Monte-Cristo, 2024
Le récit est passionnant, mais c'est le scénario de Dumas qui est génial. Pour autant, ce n'est pas une grande expérience de cinéma. Le film n'a pas l'ampleur des grands films à laquelle son scénario pourrait prétendre, l'image reste bien télévisuelle et la mise en scène plate.
Coralie Fargeat, The Substance, 2024
Fable farcesque chromatique, fluo, sexy — et son opposé : monstrueux, putrescent, ridé, difforme. L'intrigue exploite une seule idée jusqu'au bout : le mythe de la jeunesse éternelle, une variation du Portrait de Dorian Gray. Il y avait déjà dans son précédent film cette même tenue d'une seule ligne de laquelle la réalisatrice ne déviait jamais. Les références ostentatoires vont de Kubrick à Cronenberg et Lynch. Il y a dans ce film une certaine radicalité jubilatoire — pour qui est sensible au genre grand-guignol. On peut s'étonner que ce soit pour son scénario, si mince, qu’il a été primé à Cannes, tant ce sont ses images qui sautent aux yeux.
jeudi 7 novembre 2024
Maxime Govare, Heureux gagnants, 2024
Sketchs mettant en scène des malheureux gagnants au loto avec de bonnes actrices et acteurs. Anecdotique.
Columbo, La griffe du crime, 1997
Une femme et son amant assassinent le rival du mari de la première et disposent des preuves afin de faire soupçonner le mari. Ici les preuves sont évidentes et c'est au cours d'une simple confrontation que les coupables vont finalement, dévoilant leur complicité par deux gestes, se trahir eux-mêmes. C'est Shera Danese, le femme de Peter Falk qui joue la méchante. Un excellent Columbo deuxième période.
Jean-Christophe Meurisse, Les pistolets en plastique, 2024
Un film entièrement pénible et stupide, ponctué de quelques scènes comme extraites d'autres programmes (celle avec Jonathan Cohen) mais qui ne parviennent pas à le sauver de son désastre formel et de propos. Un cinéma qui se voudrait semble-t-il incisif, percutant, provocateur mais qui reste définitivement bas du front. Affligeant.
Jean-Christophe Meurisse, Oranges sanguines, 2022
Suite de sketchs attendus et complaisamment médiocres.
Erle C. Kenton, Island of lost soul, 1932
Un film plastiquement sublime dans tout son prologue, à la fois dans sa photographie, et dans son montage, sur le bateau, sur le pont, aux abords de l'île, dans le brume, dans l'encadrement des rochers : chaque plan est une affirmation de cinéma :
Par la suite, quand le récit proprement dit commence, lorsqu'il s'agit de montrer les rapports entre les différentes formes d'humanité, la photographie est moins travaillée, les plans sont moins inspirés. L'intrigue tourne autour d'une romance impossible, brasse beaucoup en très peu de temps : modification génétique, sexualité, sauvagerie, domination, sadisme, croyances…
Le réalisateur, Erle C. Kenton a réalisé plusieurs Frankenstein, un Dracula et plusieurs Abbott et Costello, c'est à Karl Struss, directeur de la photographie et à Hans Dreier, directeur artistique, qu'on doit la beauté étrange de ce film : sa photographie et son maquillage. Un film inégal magnifique.
mercredi 6 novembre 2024
Charles Lamont, Abbott and Costello Go to Mars, 1953
Abbott et Costello embarquent dans une fusée à destination de Mars, mais qui atterrit non loin de son lieu de décollage, en plein mardi-gras, créant la confusion chez les astronautes amateurs qui croient reconnaitre dans les figures monstrueuses en papier mâché des martiens.
La fusée s'envolera une deuxième fois, jusque sur Vénus, planète prétexte à montrer des vénusiennes en tenue sexy.
Il y avait dans la beauté des décors, du vaisseau, du véhicule et dans l'articulation de ces planètes (la terre prise pour une autre et la gynocratie vénusienne), une promesse comique, une ambition — qui comme la planète Mars du titre — ne seront jamais atteintes.
dimanche 3 novembre 2024
Guy Ritchie, The gentlemen, 2024
À la mort de son père, le fils cadet, un militaire hérite du domaine et d'une plantation de cannabis dont il découvre l’existence. Aristocratie anglaise et trafiquants divers, une bonne série, qui ne tient pas tout à fait les promesses de ses débuts enthousiasmant.
dimanche 27 octobre 2024
Fleischer, The Chinaman, 1920
Bref dessin animé dont l'intérêt principal vient de ce qu’il mélange animation et film.
Jeremy Saulnier, Rebel Ridge, 2024
Un homme noir est arrêté par les flics et dépossédé des 30000€ d'une caution destinée à libérer son cousin. L'homme va essayer de récupérer ce qui lui est dû. Rebel Ridge a une certaine ambition narrative à son début mais qui n'est pas tout à fait tenue. Reste une sorte de Rambo, plus administratif, moins social, et un peu longuet.
dimanche 8 septembre 2024
Hiroshi Shimizu, Anma to Onna (La femme et ses deux masseurs), 1938
Le récit ici est presque anecdotique : dans un onsen, à la montagne, des masseurs aveugles et des curistes se croisent sur les chemins de randonnées et se retrouvent le soir.
Le génie du film tient à autre chose.
La plus grande partie de la filmographie (169 films) de Hiroshi Shimizu date d’avant 1930, elle est muette et Shimizu en a gardé parfois la trace dans ses films sonores — comme un refus de sacrifier à l'avènement du parlant, un procédé toujours efficace.
Il y a dans La femme et ses deux masseurs une scène singulière, de toute beauté, qui métaphorise d'une part la cécité et l'extraordinaire dextérité des masseurs, et d'autre la perte qu'entraine l'avancée de la modernité et le désenclavement (ce qui un des thèmes récurrents du cinéma de Shimizu).
L’un des masseurs croise, dans la cour du onsen, une femme, qui va se retourner à plusieurs reprises, sans que lui, aveugle, ne puisse la voir. C'est une scène presque silencieuse, avec uniquement le son étrange de la pellicule — qui évoquerait presque une pièce de Bernhard Günter.
Cette scène se départit des autres : soit qu'elles n'émettent de son que les voix des acteurs (prises au micro directionnel et éliminant tous les bruits parasites); soit que des sons environnementaux ont été captés, ou encore lorsqu'une musique extradiégétique y a été ajoutée.
Le silence et la répétition du mouvement : les deux personnages qui avancent successivement vers la caméra, qui se frôlent et se cognent aux autres curistes, extraient presque cette scène du cadre purement narratif pour une forme d'abstraction.
Plus généralement, au delà de cette stratification sonore et de cette scène muette, le film met en œuvre une batterie technique : champ / contre champ, travelling le long des coursives, caméra portée qui suit les randonneurs, cadre au niveau des genoux sur les chemins, plans fixes à hauteur de tatami sur les curistes en train de se faire masser, etc. — un prodigieux ensemble de mouvements et de heurts.
Le film rappelle deux films français du début du parlant, dont les récits également anecdotiques servent une expérimentation formelle qui nourrira le cinéma de Godard notamment : La nuit du carrefour de Renoir et La tête d'un homme de Duvivier.
La femme et ses deux masseurs est une merveille et le cinéma de Shimizu est une merveille qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.
jeudi 15 août 2024
John Ford, The Lost Patrol, 1934
Des soldats, échoués dans une oasis en plein désert de Mésopotamie, après la mort de leur chef, attendent, affrontant un ennemi invisible. À partir d’une situation minimale, d’un seul lieu et de quelques motifs : l'angoisse, la soif, la raréfaction de l’espoir et des cigarettes, John Ford réalise un grand film de guerre sans combat (et un récit allégorique qui est une sorte de matrice de la Quatrième dimension), captivant de bout en bout et preuve encore de ce que le génie de Ford s'est manifesté bien avant Stagecoach.
Sean Baker, Onora, 2024
Un très long fade-out, de l'insouciance à la réalité amère, d'un jeune garçon très favorisé et d'une jeune strip-teaseuse. Le fi...
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Réalisé par Patrick McGoohan, dont c'est là la quatrième participation à un épisode de Columbo, et qui interprète aussi le rôle d'Er...
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