dimanche 24 décembre 2023

Olivier Marchal, Pax Massilia, 2023

Excellente série de genre, typé, monocorde, vulgaire, avec un défilé de gueules et le ton Olivier Marchal (mais à Marseille) autour d'une vengeance entre malfrats et de deux amis d'enfance dont l'un a embrassé la loi et l'autre la côté obscur.



vendredi 22 décembre 2023

Justine Triet, Anatomie d'une chute, 2023

Film de procès et d’analyse de la désagrégation d'un couple d'écrivains marqué par un drame. L’interprétation et la direction d'acteurs sont remarquables, le jeune Milo Machado-Graner et Antoine Reinarts particulièrement, Sandra Hüller, Swann Arlaud,  aussi. Le film est précis, passionnant dans sa partie juridique et dans sa circulation à l'intérieur de l’espace domestique. Palme d’or à Cannes, bon film mais pas le chef d’œuvre attendu.



dimanche 10 décembre 2023

Rémi Bezançon, Un coup de maître, 2023

L’amitié d’un galeriste et d’un peintre.

La réalisation est relâchée, la réflexion sur l’art (intégrité, concession, reconnaissance) est banale, aucune scène n'est vraiment drôle, quand au coup de maître, faussement performatif, il ne relance pas la mécanique paresseuse du récit.

Un film inutile en dépit de ses talentueux interprètes.



Emma Seligman, Bottoms, 2023

Deux lycéennes lesbiennes un peu sur la touche veulent perdre leur virginité avec deux filles populaires. Elles montent un groupe d'auto-défense, un fight club féminin, dans l'espoir qu'elles les y rejoignent.

Ce film d'initiation amoureuse très classique dans son récit et ses péripéties vaut principalement pour une certaine chorégraphie de la foule, dans le match/baston de la séquence finale et la présence de Kaia Gerber.




samedi 25 novembre 2023

Yôji Yamada, Kazoku, 1970

La famille Kazami, quittent la petite île d'Iōjima, à Nagasaki pour pour s'installer comme paysans à Hokkaido.

Le film couvre son voyage depuis leur île, les ferrys, les trains, les escales à Osaka et Tokyo jusqu'à leur installation à Hokkaido.

Le voyage est parcouru d’événements anecdotiques émouvants : l'enfant à la gare, la berceuse Shimabara (島原の子守唄), la beauté des paysages par la fenêtre du train et d'autres tragiquesMais rien ne parvient à démobiliser entièrement cette famille pauvre, catholique et assaillie par le drame. C’est une des gageures du film de ne pas s’appesantir et de montrer, ce qu’on appelle aujourd’hui la résilience, sous un jour furtif.

Le film a valeur de témoignage par ce qu’il montre d'un Japon en partie disparu (1970, l’Exposition universelle).

Outre Chieko Baishô, on trouve un autre habitué du cinéma de Yôji Yamada : Chishū Ryū. La musique de Masaru Sato (une musique de western, de veillée funèbre mexicaine) est remarquable.

Un grand film, sur l'exil, la famille, la douleur — entre drame social, film de train, film familial, film populaire et cinéma d'auteur. 






vendredi 24 novembre 2023

Yôji Yamada, C'est dur d'être un homme, 1969

Premier film d'une série de cinquante dont 48 ont été réalisés par Yôji Yamada (elle est considérée comme la plus longue franchise au monde).

C'est dur d'être un homme met en scène les mésaventures de Tora-San, un camelot, un peu rustre, maladroit, sympathique et sentimental.

Dans ce premier volet, Tora-San revient dans sa famille, après vingt ans d'absence. La dramaturgie repose sur peu d'éléments : des retrouvailles familiales, Tora-San qui fait rater le mariage de sa sœur parce qu’il est saoulTora-San qui s'éprend de la fille du grand-prêtre.

Un film bon enfant, assez léger mais qui n’est pas exempt d’une certaine gravité.

Monument de la culture japonaise. 




mercredi 22 novembre 2023

Yôji Yamada, Les mouchoirs jaunes du bonheur, 1977

Un homme larguée par sa copine, quitte son travail, achète une Mazda rouge, prend le ferry pour Hokkaido. Là-bas il rencontre une femme trahie par son amant, il lui propose une escapade. Sur une plage de la mer d'Okhotsk, ils croisent un homme qui sort de prison et dont on apprendra qu'une femme l'attend peut-être. Deux couples donc, l'un qui se forme, l'autre en attente, une désinvolture timide et maladroite d'un côté, une tragédie de l'autre. C'est un beau film de route, dépaysant, à la fois drôle et profondément émouvant — qui donne envie de partir à Hokkaido, dormir sur des futons dans des hôtels et manger des ramen. 





 

lundi 20 novembre 2023

Agnès Varda, Sans toit ni loi, 1985

La mort par l'errance de Mona, une jeune femme/

Sur sa route, elle va croiser des marginaux, des gens de la campagne, des immigrés — presque tous détestables (pouilleux, envieux, défoncés, violents, traîtres), vivant dans la misère ou des formes d'utopie ratée.

Seule la bourgeoisie échappe au jeu de massacre : deux femmes, la première interprétée par Macha Méril qui soigne des arbres et une vieille dame à la grande maison.

Mona n'explique pas vraiment son parcours, elle dit seulement qu'elle fuit les petits chefs, le travail. Dans le film il n'y a de salut que dans les structures sociales et dans l'acceptation de ses règles, la tentative de s'en affranchir est un suicide.

Agnès Varda utilise des comédiens professionnels et des comédiens amateurs. Le jeu des seconds se détachent de celui des premiers, et les relèguent à des simples éléments d’un décor naturaliste et un peu outrancier — ce qui réinscrit dans la forme du film une dichotomie en reflet de ses différents mondes.

Le film évite le pittoresque, il est rugueux, il a pour lui ne de pas être manichéen, le personnage de Mona n'est pas sympathique, ni excusable. Mais il y a dans l'acharnement de Varda à ne montrer que la spirale infernale d'où Mona ne se débat pas, arrogante, tête haute ou baissée, autant une dénonciation de la misère qu'une invitation à rentrer dans les ordres.

Restent quelques belles scènes, Sandrine Bonnaire et Macha Méryl dans la voiture en train de manger et les scènes en duo avec Hassoun, le tunisien. 





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jeudi 16 novembre 2023

Lars von Trier, Dancer in the Dark, 2000

Dancer in the Dark convoque chant, musique et danse et un ensemble de procédés de construction, des ellipses dans le récit, des ellipses de vraisemblance, tous moyens utilisés pour faire advenir dans le temps de la représentation la situation voulue — tous éléments repris de la tragédie grecque ; Dancer in the Dark c'est une pièce d'Euripide au vingtième siècle.

Dans la vie réelle, les innocents comme Selma sont condamnés à mort.

Vingt ans après sa sortie, le torrent émotionnel s'est un peu asséché, mais la perfection technique, rythmique est intacte, Dancer in the Dark reste un grand film, une grande comédie musicale, un grand mélodrame, une grande tragédie sur le destin. Bjork en mère, aveugle, malmenée et Catherine Deneuve en avatar des films de Demy sont parfaites.



mercredi 15 novembre 2023

Alice Géraud, Marc Herpoux et Jean-Xavier de Lestrade, Sambre, 2023

Série en six épisodes sur le violeur de la Sambre. Chaque épisode s'attache à un des protagonistes de l'histoire : une victime, la maire, la juge, la scientifique, le commandant, le tueur. Les acteurs sont justes, la photographie est belle, la réalisation est remarquable, il y a quelques plans au drone qui suivent la rivière, particulièrement réussis. Chaque période, le film commence dans les années 80 et se termine en 2022, est marquée par une musique et le vieillissement assez réussi des personnages. Une bonne série française populaire.



samedi 11 novembre 2023

David Fincher, The Killer, 2023

Un tueur loupe son coup, son commanditaire se venge, le tueur se venge.

À partir de la trajectoire d'une balle, métaphore et version archaïque du contact à distance, empêchée, Fincher met en scène un monde de relations en distanciel, de déplacements, de connections et de transactions sans affect. C'est moins le destin du tueur qui intéresse Fincher que la circulation  : aéroport, box, avion, locaux, badges, Amazon, voiture, scooter, téléphone portable, guichet, accès, etc.

La première séquence dans l'immeuble, l'attente, avec les Smiths en BO est peut-être la plus intéressante.

Un film d’une grande élégance formelle, très marqué par Melville, avec une conclusion ratée, mais peut-être à l’image du tir raté du début.



vendredi 10 novembre 2023

Denis Imbert, Sur les chemins noirs, 2023

Le film n’a pas d'ambition formelle mais il aurait pu être plaisant s’il s’était contenté du trajet linéaire, géographique, de la reconstruction de son héros et de ses rencontres. Mais sa construction en flash-back déjoue toute tension et la voix off un peu sentencieuse ajoutée au veston et à l'écharpe du baroudeur distingué détourne de la beauté des paysages, du voyage et de la douleur apaisée.



jeudi 9 novembre 2023

Clint Eastwood, The Gauntlet, 1977

The Gauntlet est un film de route : un flic est chargé de convoyer une prisonnière (et c'est un piège). La route, le duo improbable, l'hôtel, les motards, le désert, la traversée d'un fourgon sous les tirs, etc. C'est riche narrativement, ça ressemble à une bande dessinée, les scènes sont très visuelles. Un excellent film de Clint Eastwood.



mercredi 8 novembre 2023

Sam Peckinpah, The Getaway, 1972

Film de route après un casse. The Getaway est le récit d’une chute. Une allégorie ponctuée par une pastorale et l’ensevelissement sous une montagne d’ordures des « héros ». Entre les deux, on aura vu les états les plus méprisables de l’humanité : les hommes sont violents, stupides, faibles, ils méprisent les femmes, les femmes sont prêtes à suivre n’importe quel meneur de danse viril. The Getaway est grotesque, élégant, narrativement dense, rythmiquement, chromatiquement, photographiquement sophistiqué et presque sans y toucher, ce qui est une autre manière d’être élégant.




mardi 7 novembre 2023

Michael Cimino, Thunderbolt And Lightfoot, 1974

Clint Eastwood et Jeff Bridges en duo formé accidentellement, le premier fuyant des ennemis, le deuxième cherchant une manière désinvolte de se réaliser. C'est un film de route, traversé par un casse et des scènes à l'apparence anecdotique dans la construction mais extrêmement marquantes et qui dessinent dans le récit principal (le western) un récit de l’Amérique des années 70. C'est un film traversé par une curieuse insouciance mélancolique et grave. Le premier film de Cimino et un grand film.



lundi 6 novembre 2023

Shinobu Yaguchi, Survival family, 2017

Après une panne mystérieuse qui arrête toute activité, une famille tente de rejoindre Osaka.


Un film post-apocalyptique, de route, de survie mais sans la mythologie SF qui lui est associée, avec un ton à la fois plus léger et plus naturaliste. On y retrouve un certain nombre de motifs presque obligés, les rencontres, la recherche de nourriture, la préservation de l'eau, la traversée du fleuve, les chiens, l’arrêt dans la ferme et la tentation de se sédentariser, etc. mais le film a sa manière singulière.


Les vingt dernières minutes sont malheureusement un peu ratées, appuyant sa dimension familiale : fin joyeuse, tous réunis dans le train et la bonne rigolade.



dimanche 5 novembre 2023

Jean Girault, Le gendarme à New York, 1965

L'argument du film (un congrès de gendarmes aux États-Unis dont la délégation française est représentée par la brigade de Saint-Tropez) n'est quasiment pas exploité, à l'exception d'une scène très drôle de conférence traduite. Le congrès est le prétexte qui permet de déplacer les gendarmes à New York. Le film utilise deux intrigues annexes : la fille de Cruchot passagère clandestine débarquant en même temps que son père et tentant de ne pas se faire repérer par lui et Jean Lefebvre malade et immobilisé. À cela s'ajoutent des digressions citationnelles sans intérêt (un pastiche de West Side Story, une séance d’hypnose, etc.). La partie sur le paquebot est très amusante, notamment dans une brève scène où tentant de se repérer dans le labyrinthe des couloirs, les gendarmes tournent en rond, suivant Cruchot/de Funès sûr de lui, dans une boucle narrative perpétuelle, signature de la série. De funès est génial, mais c’est souvent dans sa relation avec Galabru et pas seulement de son jeu seul que nait la drôlerie de la plupart des scènes (la cuisson du steak). Un film cinématographiquement souvent nul mais sympathique.






samedi 4 novembre 2023

Hugo Benamozig, David Caviglioli, Sentinelle, 2023

Un flic, également chanteur, auteur d'un tube qui commence à dater, est largué par sa maison de disques. On lui confie une enquête : le mari de la prétendante à sa propre réélection à la mairie a été enlevé par uune mystérieuse organisation .

Comme dans leur film précédent, les réalisateurs ont décentré leur intrigue, dans un environnement français mais singulier, ici à la Réunion, suffisamment exotique pour créer un dépaysement (naturel).

L'ensemble est assez riche narrativement. Quelques scènes sont très réussies (le rendez vous avec le producteur), les seconds rôles sont bien écrits et l'ensemble bénéficie d’un beau casting. Jonathan Cohen est génial.

Je regrette juste qu’une rationalisation scénaristique vienne clore l’ensemble — justifiant l’incongruité du personnage interprété par Jonathan Cohen et neutralisant la fin du film. L'intérêt provenant en partie de ce mélange entre incongruité et comportements rationnels.


Albert Pintó, Nowhere, 2023

Sous-genre du film de survie, le film de survie en milieu restreint dont Lifeboat de Hitchcock est peut-être un des premiers exemples. Avec l’apparition du téléphone portable, et la possibilité de limiter le nombre de protagonistes à un seul acteur visible, le genre s’est radicalisé. Il a pu exploiter la situation la plus cauchemardesque : seul et enfermé, c’est ce qu’ont fait Buried et Oxygène. D’autres films, 47 meters down ou the Fall, ont exploité la dimension abyssale et vertigineuse du milieu restreint, la cage dans l’eau, le plateau en hauteur. Nowhere s’inscrit dans ce sous-genre, sans originalité mais avec un pitch intéressant, une femme migrante enceinte dans un container en pleine mer. L’intérêt de ce type de film c’est de voir comment les scénaristes vont s’en sortir, quels astuces scénaristiques ils vont utiliser pour occuper l’heure et demie du métrage. Migrants, passeurs véreux, deuil d’un enfant et culpabilité, maternité seule, adieux au téléphone, téléphone portable à la batterie infinie, montée des eaux mesurée jour après jour, colmatage improbable, Nowhere utilise tout. La pénibilité s’insinue dans la boite scénaristique comme l’eau dans le container où se retrouve enfermée la malheureuse. Nowhere est un mélodrame affreux qui massacre son idée de départ.


vendredi 3 novembre 2023

Roy Ward Baker, A Night to Remember, 1958

La proximité entre le moment de tournage et l'époque qu'il raconte, fournit l'illusion d'une capacité à en mieux saisir l'atmosphère, la technique, comme si flottait encore quelque chose de l'air du temps.

A Night to Remember a été tourné dans les années 50, avec des maquettes. C’est un très beau film catastrophe spectaculaire (et qui tient parfaitement le coup après le monstre de James Cameron).



jeudi 2 novembre 2023

Xavier Gens, Farang, 2023

Dans la lignée de The Raid, mais en beaucoup moins précis, moins épuré, moins radical, moins brillant, moins spectaculaire — et avec un argument social, filial et amoureux inutile. Le scénario n'a aucun intérêt mais la scène finale avec Olivier Gourmet, sanglante, osseuse et violente vaut le coup.





mercredi 1 novembre 2023

Vincente Minnelli, The long, long Trailer, 1954

Les déboires sur la route d'un jeune couple et de leur immense caravane. Un film merveilleux, à la fois d’une grande légèreté comique et d’une dubitation amusée et cinglante de l’American way of life. La photographie est de toute beauté (le film a été tourné en ansco color, ce qui lui confère cette douceur pastel si singulière), comme la composition des plans (notamment les arrivées dans les campings ou dans la famille de Tracy) qui évoque des dioramas Mattel parfaits. Un film pas du tout mineur de Minnelli, assez proche de Tati, ou d'une version mais soustraite de violence du Week-end de Godard, avec les deux acteurs de I love Lucy. Un film merveilleux à voir absolument.



mardi 31 octobre 2023

Douglas Sirk, Written on the Wind, 1956

Une femme dont deux hommes s’éprennent, et la sœur de l'un d'eux : trio ou quator amoureux, différence de classes sociales, virilité suspendue, alcool et tragédie.

Written on the Wind est éblouissant dans sa photographie, ses couleurs, dans la composition de ses plans, dans ses cadres, dans son grain, dans sa lumière, dans le mouvement de ses acteurs, dans sa chorégraphie. Il est formellement tellement sophistiqué, tellement extraordinaire qu’il contraint le spectateur à un regard dédramatisé, c'est un mélo, mais un mélo qui tient à distance émotionnelle le spectateur, fasciné par ce qu'il voit.

Dorothy Malone et Robert Stack sont magnifiques, reléguant Rock Hudson et Lauren Bacall au second plan. Tout est parfait dans ce film, de la séquence d’introduction en voiture, à la métaphore phallique finale. Un chef d'œuvre.

 


 


lundi 30 octobre 2023

Bruno Podalydès, Wahou !, 2023

Bruno Podalydès est un réalisateur dont j'aime beaucoup les hauts (Comme un avion) et là ce Wahou ! est une déception : terne, non inventif, tristounet, relâché, en roue libre, en dépit de sa distributionPodalydès a déjà exploité dans son premier film la contrainte du lieu avec autrement plus de souplesse et d'amusement.



One Piece, 2023

Une série qui invente un univers graphique fantastique à la mesure du manga d'origine. 

dimanche 29 octobre 2023

Vincente Minnelli, Brigadoon, 1954

Un homme, en expédition en Ecosse avec un de ses amis tombe par hasard sur le village de Brigadoon, un village de 1754 qui s’anime une journée par siècle, il tombe amoureux d’une des villageoises, il repart à New York, regrette et revient à Brigadoon. Et l’amour idéal se réveille s’il est puissant. À partir de cette postulat fantaisiste, Minnelli a fait une comédie musicale sur la force et la puissance du rêve, sa valeur performative, la capacité qu'on a d'échapper aux déterminismes. Il y a deux mondes, celui du conte à Brigadoon, qui contraste avec celui de New York années 50, rapide, survolté. Les couleurs, les décors sont magnifiques, le film est un enchantement.



dimanche 22 octobre 2023

Benjamin Lehrer, 38°5 quai des orfèvres, 2023

Dans le genre absurde et débile, avec enquête et situations décalées, ce 38°5 a une certaine exigence rythmique (les séquences s’enchainent, le montage est rapide). Il y a de bons acteurs, Arthus et Caroline Anglade surtout, Didier Bourdon étant presque comme toujours au cinéma, et de manière incompréhensible sous exploité, mal dirigé (comment, quand on a été aussi bon dans ses propres sketchs, il y a 30 ans, peut-on être aussi moyen aujourd’hui ?). 38°5 quai des orfèvres n'est malheureusement que très rarement drôle.

vendredi 22 septembre 2023

George Pollock, Murder at the gallop, 1963

Deuxième film de la série de quatre mettant en scène Miss Marple, interprétée par Margaret Rutherford. L’intrigue est simpliste et repose sur un subterfuge ultra tiré par les cheveux. Mais si on accepte sa narration fantaisiste, cette enquête de Miss Marple (en fait une enquête de Poirot mais déplacée ici chez Miss Marple) est assez sympathique.

mercredi 6 septembre 2023

Jonathan Barré, Bonne conduite, 2023

Une psychologue animatrice de stage de récupération de points de permis se transforme la nuit en tueuse de chauffards. Parallèlement, une équipe de bras cassés enquête sur un mort retrouvé dans le coffre de sa voiture


Une belle photographie, cadre, distribution (Laure Calamy, Grégoire Ludig, David Marsais, Tchéky Karyo), musique, ambiance, etc. Le début est très prometteur.


Mais l’argument initial de la tueuse vengeresse est abandonné très vite et l’ambiance perd son charme quand le film se développe en film de gangster sans intérêt et pas drôle. Un énorme gâchis. 






lundi 4 septembre 2023

Nicholas D. Johnson, Will Merrick, Missing, 2023

Film d’écrans.

Une jeune fille dont la mère a disparu cherche ses traces sur l'internet.

On passe d’une application à une autre, de la recherche d’un mot de passe à la recherche d’une identité via Instagram, de caméras de surveillance à des piratages de comptes Google, à l’embauche d’un type via Taskrabbit, etc.

Surgit tout de suite une interrogation : est-ce que j'ai envie de passer 1h30 de cette journée à nouveau devant un défilé d’applications ?

Si on passe outre, la vitesse du film et l'enchainement des différents indices empêchent son analyse. La première partie est réussie, ce n’est pas subtil mais il y a une vraie aisance technique.

Puis la scénario change de cap, la disparition de la mère passer dans le domaine publique avec enlèvement et FBI. Là ça se gâte, le film devient un fait divers glauque mais banal sans aucun intérêt et dans lequel l’enjeu de l’écran, des caméras de surveillance et de la trace deviennent anecdotiques.

Dommage, ça partait bien, mais le procédé narratif est mal exploité.



samedi 2 septembre 2023

James Mangold, Indiana Jones and the Dial of Destiny, 2023

James Mangold, réalisateur de Logan, un des meilleurs films de super-héros, trois acteurs haut de gamme, Phoebe Waller-Bridge, créatrice des excellentes Crashing et Fleabag, Mad Mikkelsen, et Harrison Ford qui remplie pour la cinquième fois dans le rôle de l'aventurier tintinesque culte, sur le papier, ça faisait envie. Et on a droit à tout ce qu’on pouvait attendre d’un Indiana Jones. Introduction avec bagarre sur le toit d’un train de nazi et objet mythique, puis d’une séquence à l’autre jusqu’au climax final. Phoebe Waller-Bridge est parfaite, le jeune garçon aussi, Mad Mikkelsen aurait pu être plus terrible, on ne s’ennuie pas tout à fait, le résultat n'est jamais vraiment raté mais le film n'est jamais vraiment enthousiasmant.





mardi 29 août 2023

Kim Yong-hoon, Lucky Strike, 2020

Un sac Vuitton plein de billets passe de main en main et structure entièrement ce film coréen décontracté et sanglant, violent et sympathique.



mercredi 23 août 2023

Nicolas Bedos, Mascarade, 2023

Un gigolo s'associe avec une voleuse dans un chassé-croisé amoureux/matrimonial qui ne se passe pas comme prévu. Un film sur la manipulation devrait être retors, habile, ce n'est pas le cas, le scénario est raté, les motifs sont un peu rances, les personnages ne sont pas diaboliques, le film est ennuyeux. On peut saluer une certaine maîtrise technique dans la réalisation. On peut regarder le film comme une tentative de capter la beauté de Marine Vacth.



mardi 22 août 2023

Igor Gotesman, Five, 2016

Film de potes, de colocs, avec un volet gangster — raté en dépit du talents de la plupart de ses interprètes. Le film n'est pas vraiment drôle et ne traite pas brillamment du passage à l'âge adulte. Le mélange des genres ne fonctionne pas.



lundi 14 août 2023

Cecilia Rouaud, Les complices, 2023

Film entièrement raté en dépit d'un début prometteur, d'une excellente distribution principale (François, Damiens,William Lebghil, Laura Felpin) et de quelques excellents seconds rôles (Vanessa Paradis, Bruno Podalydès, le trop rare Jean-François Cayrey et Alicia Hava). Le film ne tient pas ses promesses, gâche son histoire, n'a aucun rythme et se perd dans des scènes étirées inutilement, dommage.



mardi 8 août 2023

Quentin Dupieux, Yannick, 2023

Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser, ses deux films précédents, revisitaient, le premier Le portrait de Dorian Gray et le second le tokusatu à la manière d’une comédie d’horreur à sketchs. Ici c'est le vaudeville. Le film raconte la prise d’otage, par un spectateur, des comédiens et des autres spectateurs, d’un vaudeville. Le film se déroule quasiment en temps réel. L'action est réduite aux discussions entre le preneur d'otage, les acteurs et autres spectateurs. Il y a quelques plans qui décalent de la scène du théâtre proprement dite sur d'autres lieux, et une utilisation ténue et fine de la musique. C’est une comédie politique frontale qui parle de classes et d'humiliation sociales, de reconnaissance et de statut, de maîtrise du temps personnel, de domination, de pouvoir, de centralisation, etc. Je trouve que ça tourne un peu court et que l’auto-réhabilitation finale, yeux humides avant la fin qui s'annonce (les CRS et la restitution de l'ordre) instaure une sorte de tendresse supplémentaire pour le personnage excentré inutile. C'est un Dupieux mineur, comme Au poste.




dimanche 23 juillet 2023

Jean-Paul Le Chanois, Les misérables, 1958

Le film condense dans ses grandes lignes l’intrigue du roman de Victor Hugo, dans une chronologie parfois différente. De nombreux éléments du roman disparaissent (la digression sur Waterloo) mais aussi un épisode pourtant très cinématographique, l'éléphant de la Bastille. Il y a aussi des modifications de scènes emblématiques comme celle de la pièce volée. L'aspect feuilletonesque du roman (le suspense) n'est pas retranscrit. La photographie en extérieur est assez belle, et il y a quelques plans intéressants (Cosette et le seau d’eau), mais on pouvait espérer de la distribution (Gabin/Jean Valjean, Bourvil/Thénardier et Blier/Javert) et du matériau de départ autre chose que cette honnête mais soporifique adaptation, mal rythmée et scolaire. Aucune des scènes mythiques du roman (la scène de la barricade, la mort de Gavroche, les égouts) n'est vraiment incarnée. L’adaptation de Raymond Bernard, 1933 est beaucoup plus intéressante.

 


 

jeudi 13 juillet 2023

Frank Capra, Arsenic and Old Lace Arsenic, 1944

Les scènes en contre-jour sont belles, mais une fois le procédé du film mis en place : les diverses excentricités des personnages présentées et l'articulation entre les vieilles dames débonnairement tueuses et les tentatives de dissimulation du neveu, le film n'offre plus qu'une mécanique amusante, virevoltante parfois brillante mais fatigante. Gary Grant en fait des tonnes. Le film est long et il aurait gagné à être réduit d'un tiers. Un film à la très haute réputation mais qui me semble surévalué. La vie est belle me fait le même effet. Capra, est génial pour moi, dans It Happened One Night et parfois dans Lost Horizon.




mardi 11 juillet 2023

Lloyd Corrigan, Daughter of the dragon, 1931

La princesse Ling Moi (Anna May Wong) découvre que le terrible Fu Manchu (Warner Oland) est son père. Une partie du film s’apparente à du théâtre filmé, avec sorties de scène, discussions et passages d’une pièce à l’autre. Warner Oland est très peu présent à l’écran. Quelques scènes : sous la pluie, dans les caves, un homme jeté dans une pièce filmé depuis le plafond, la chute d’un homme filmée depuis un toit et quelques astuces de dissimulation (sortie murale escamotée, trou dans la toile) valent à elles seules le visionnage de ce petit film — qui précède d’un an la sortie du génial The mask of Fu Manchu, dans lequel Boris Karloff remplacera Warner Oland.


mardi 4 juillet 2023

Lothar Rübelt, Mit dem Motorrad über die Wolken, 1926

Un voyage en moto dans les Dolomites, en 1926. C'est un des premiers road-movies. La photographie est magnifique et les paysages filmés sont magnifiques. Il y a une utilisation de filtres chromatiques qui singularisent les différentes séquences du film. Mais indépendamment de ses intérêts technique et artistique, le film vaut comme le témoignage d'un temps révolu et singulier entre l'essor de la locomotion mécanique individuelle (l'industrie de la moto commence au début du siècle) et avant le tourisme de masse. Un western à moto sans autre action que le déplacement sur des routes de montagnes vides, sans voiture, sans personne, un paradis perdu. C'est un moyen métrage documentaire muet de 46 minutes qui mérite une autre place dans l'histoire du cinéma.


 





lundi 3 juillet 2023

Jean Girault, Le gendarme en balade, 1970

Le film commence par une séquence civile très réussie dans laquelle Cruchot, châtelain haddockesque, s’ennuie ferme dans son château, sa femme (Claude Gensac) pourvoyant à tous ses besoins, anticipant tous ses désirs (pêcheur sous l’eau hameçonnant à la chaine des poissons), élévateur pour accéder au cheval, dispositif d’alarme pour électrocuter les intrus.

Plus tard, dans une autre séquence très réussie du film, c’est un bouchon sur la route qui va donner l’opportunité aux gendarmes de ré-enfiler leurs tenues et de goûter à nouveau aux joies de la mise au pas et de la discipline, dans une scène qui n’est pas sans rappeler le long travelling du Week-end de Godard sorti deux ans avant et qui contient une scène éblouissante qui résume toute l'expressivité géniale de de Funès (le dialogue au sifflet géniale).

La suite est beaucoup moins réussie, elle mélange une fausse amnésie, une sortie chaplinesque calquée sur Ulysse chez le Polyphème, une incursion chez les baba-cools avec voiture fleurie, pétards et amour général. Le film s'enfonce peu à peu, vers un final, à partir des retrouvailles inutiles avec la bonne sœur et les gamins, totalement nul.

C'est un Gendarme très inégal, un drôle de mélange, à la fois rétrospectif avec film de vacances méta, bande dessinée entre Tintin Lariflette, Nouvelle Vague et Homère et nanard.

lundi 26 juin 2023

Fabien Onteniente, Camping, 2006

Gérard Lanvin, chirurgien esthétique (riche) tombe en panne de voiture avec sa fille sur le route de ses vacances, tout prêt du camping des flots bleus, où Franck Dubosc et sa bande de potes passent les leurs, comme à leur habitude. Sa voiture immobilisée par un garagiste sympathique mais farfelu, contraint Gérard Lanvin d'accepter l'hospitalité de Franck Dubosc. 

Mixité un peu compliquée et dépassement des a priori de classes.

À la fin des Bronzés, un illustre prédécesseur film de vacances, c'est le départ de la joyeuse équipe, leur retour à la ville après la parenthèse insulaire. Popeye, un JO (Thierry Lhermitte), bientôt seul, insiste pour que Bobo (Luis Rego) reste avec lui. Bobo refuse. Il y a cette idée que la vraie vie est ailleurs, et que repousser indéfiniment le moment de ce "réajustement" est vain.

Dans Camping, la mélancolie saisit le groupe au départ de Gérard Lanvin quand il parvient finalement à poursuivre ses vacances ailleurs. L'immobilité des JO s'est déplacée chez vacanciersDans Camping, les vacances sont le prolongement de la vie réelle. C'est un ailleurs mais pareil.

Ce n'est pas la seule chose qui sépare ces deux films. Les Bronzés est un grand film sur la mélancolie, et toujours hilarant 50 ans après et porté par un groupe à l'équilibre miraculeux. Camping ne tient que sur les épaules de Franck Dubosc et son absence des scènes marquent systématiquement leur échec, tout y sonne faux, artificiel.



jeudi 22 juin 2023

Gérard Oury, La grande vadrouille, 1966

Une très grande comédie française : un film de route et un duo improbable que la guerre a réuni. C'est une certaine idée de la France. Le film enchaine les scènes marquantes : les bains turcs, la grange Batellière, la nuit à l’hôtel (qui est elle-même une succession de scènes parfaites : l’arrivée dans la ville, à l’hôtel, le plateau repas, l’inversion des lits), etc. La fin est sans doute la partie la moins réussie du film (à partir des chiens). Comment tracer un chemin dans une culture commune à partir de présupposés différents et d'un antagoniste ?

mercredi 21 juin 2023

Sam Hargrave, Tyler Rake 2, 2023

Film d’action ultra spectaculaire, avec un plan séquence hallucinant (encore plus improbable que celui du 1). Le scénario n'a pas d’intérêt mais la maîtrise technique du film a poussé le curseur tellement loin que ça n’a pas d’importance. Un très grand film daction. 

mardi 20 juin 2023

François Ozon, Mon crime, 2023

Sororité 2023 replacée dans les années 30. Un peu toc — mais le défilé des acteurs : Dany Boon, Régis Laspalès, Olivier Broche, Franck de Lapersonne, Daniel Prévost, Luchini, Dussollier, Isabelle Huppert autour de Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder est sympathique. 

lundi 19 juin 2023

Bruno Zincone, Gros dégueulasse, 1985

Le film par sa lecture littérale du personnage, slip taché et couilles qui dépassent, échoue à adapter la bande dessinée de Reiser. L’écriture est un peu paresseuse, les gags ne sont pas drôles, il y a un problème de rythme mais pour autant le film n’est pas complètement raté. Maurice Risch, dans ce rôle si ingrat, s'en sort avec une certaine élégance, il y a un discours sur l’exclusion sociale, des plans documentaires étranges sur un marché ou dans un magasin de lingerie. Une sorte de film franchouillard, un peu crade et qui emprunte en même temps à cette esthétique publicitaire ou de ce qu'on a appelé le cinéma du look. Un drôle de mélange.





dimanche 18 juin 2023

Philippe de Broca, Jean Girault, Jacques Pinoteau, Les Veinards, 1963

Comédie à sketchs sur les changements de mœurs, la loterie, la publicité. Il est question de couples libres, de partouzes, de gain au loto. Il y a des quiproquos, de chassés-croisés domestique/épouse, maitresse/épouse, etc. Vaudeville un peu idiot, lourd, caricatural et pas très drôle, malgré un beau casting (Jacqueline Maillan, Mireille Darc, Louis de Funès, Pierre Mondy, Francis Blanche).

Gérard Jugnot, Fallait pas!… 1996

La veille de son mariage, un homme (Gérard Jugnot) qui a embauché des acteurs pour jouer le rôle de ses parents afin de les présenter à sa femme, se retrouve associé à la débâcle d'une secte. On suit deux récits : le road-movie étrange de cet homme et l'un des adeptes de cette secte (François Morel) poursuivis par les méchants, tandis que sa femme, dans son château, accueille sa fausse belle-famille. La réalisation est un peu relâchée, ce n'est pas hilarant mais le scénario est suffisamment singulier et loufoque, l'ambiance suffisamment étrange pour s'attarder sur ce film de Jugnot qui, s'il n'est pas aussi enthousiasmant que ses deux plus grandes réussites : Une époque formidable, et Monsieur Batignolles, vaut néanmoins largement le coup.

Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d'une banlieue pavillonnaire embarquent accidentellement dans un vaisseau qui les emmène loin de chez eux. Les voici donc...