vendredi 27 juin 2025

One upon a time in Gaza, 2025

Un ancien dealer dont le partenaire a été tue sous ses yeux par un flic devient acteur pour le premier film d’action gazaoui. Il décroise le flic tueur, le tue a son tour puis est lui-même sur le tournage du flic parce que les armes ne tirent pas à blanc.le propos du film est faible et le film est désespérément plat. Entièrement raté.

jeudi 26 juin 2025

Charlie Chaplin, La ruée vers l'or, 1925

Film d’aventures, huis-clos, comédie romantique, film catastrophe, social : il y a de tout ça dans La ruée vers l’or, film majeur de Chaplin et de l’histoire du cinéma, prodige d’inventivité et d’humour.

mercredi 25 juin 2025

Hélène Cattet, Bruno Forzani, Reflet dans un diamant mort, 2025

Il y a une tentative de faire se répondre et virevolter des motifs, débarrassés de toute progression : c’est la singularité de ce film, visuellement et rythmiquement riche — et sa limite : son piétinement, maniériste, fétichiste — et vain. Quelque part entre OSS 117 et Robbe-Grillet.

mardi 24 juin 2025

Nobuhiko Ōbayashi, House, 1977

Sept jeune filles (Belle, Kung Fu, Mach, Binocles, Fanta, Sweet, Melody) vont passer l’été chez la tante de l’une d’entre elles, dans une grande maison — avec un chat — et qui va les dévorer. Esthétique vaporeuse, stop motion, incrustation, arts martiaux, maison hanté, horreur, psychédélisme, etc., le film d’une inventivité constante est une merveille d’énergie, de débordement, d’auto-engendrement. 

lundi 23 juin 2025

Tina Satter, Reality, 2023

Le FBI débarque au domicile de Reality Winner, traductrice du persan et du patcho. Ce récit d’une appréhension parle moins de leaks que de techniques d’aveu, et de la bascule — sur fond d’idéalisme politique — d’une situation professionnelle pleine de promesses à un auto-sabordage. Un peu artificiel parfois dans sa mise en attente et dans ses obturations référentielles, mais très anxiogène dans sa mise en scène de l’encerclement.

dimanche 22 juin 2025

Jonathan Demme, Stop making sense, 1984

Nul besoin d’être un fan de David Byrne pour goûter à l’extraordinaire énergie de ces concerts. Qu’est-ce que la musique ? C’est de la densité et des choix. Un concert : cette intensité externalisée.

samedi 21 juin 2025

Johann Dionnet, Avignon, 2025

Un comédien de boulevards, pendant le festival d’Avignon, prétend interpréter Le cid afin de séduire une jeune femme. Comédie romantique de réconciliation avec troupe, assez drôle au début.

vendredi 20 juin 2025

jeudi 19 juin 2025

Danny Boyle, 28 ans plus tard, 2025

Il y a une certaine tension au début du film, les images alternent de la plus réussie à la plus laide, comme les effets multicaméra, du ridicule, au meilleur — un film entre les deux, entre le nul de mauvais goût et le réussi.

mercredi 18 juin 2025

Thomas Ngingol, Indomptables, 2025

Yaoundé, un commissaire enquête sur le meurtre d’un autre policier. L’enquête sert plutôt à ce qui s’y narre, entremêlée, sa vie personnelle : une fille issue d’un premier mariage, des enfants, une nouvelle grossesse de sa femme, un collègue malhonnête. Porté par une certaine mélancolie et la beauté de ses images, son exotisme, le film tient aussi sa singularité d’une opposition marquée entre le jeu assez réaliste de ses acteurs périphériques et celui de Thomas Ngingol — évoquant, par exemple, le cinéma de Bruno Dumont.


mardi 17 juin 2025

Mike Flanagan, Life of chuck, 2025

La vie partiellement tragique d’un homme, racontée en trois chapitres dans l’ordre inverse de leur chronologie. L’enjeu d’un tel film et les critiques dithyrambiques qu’il a suscitées laissent sans voix. Ce qu’il dit : la vie de chacun est un univers en soi ; la mort n’efface pas les répercussions que l’on a eues sur les autres de son vivant ; choisis un métier rationnel, mais ta passion — transmise par ta grand-mère — ressurgira comme une madeleine au soir de ta vie.

lundi 16 juin 2025

Mikio Naruse, Nuages flottants, 1955

C’est une histoire d’amour entre un homme et une femme qui se sont rencontrés et aimés en Indochine, et qui peinent à se retrouver après la guerre. Un film sur l’inconstance de cet homme, et la difficulté de se reconstruire. Mélodrame sans pathos, tragédie amoureuse, composé de plans brefs, d’une grande modernité, on sort de la séance avec l’impression d’avoir été terrassé.

dimanche 15 juin 2025

Dean DeBlois, Dragons, 2025

Le film propose, au départ, l’idée sympathique d’une réconciliation entre les espèces et d’une forme de réparation mutuelle — mais cette idée sera au final sacrifiée aux impératifs de l’histoire et à sa scène de massacre. Dommage. 

samedi 14 juin 2025

Marcel Pagnol, Merlusse, 1935

24 décembre, dans un pensionnat, un surveillant malmené par la vie et les élèves, va trouver, enfin, une forme de réparation. Un beau conte de Noël. 

vendredi 13 juin 2025

Stéphan Archinard, François Prévôt-Leygonie, Vacances forcées, 2025

Version, en dure, de Camping : cohabitation forcée dans une villa de différentes classes sociales avec remise en cause des préjugés de chacun. Portée par un excellente distribution (Aure Atika, Pauline Clément, Laurent Stocker, Bertrand Usclat, Clovis Cornillac) cette comédie adaptée d'un film italien, souffre de ses effets scénaristiques trop artificiels, et de certains arcs négligés — pour pourvoir embarquer entièrement.

jeudi 12 juin 2025

Hur Jin-ho, A Normal Family, 2025

Deux frères. L’aîné est avocat, riche, veuf, remarié, père d’un jeune enfant et d’une adolescente née d’un premier mariage. Le cadet est médecin, marié, père d’une adolescente. Une affaire les conduit à ce que l’un soigne une victime dont l’agresseur est défendu par l’autre. Puis un fait divers survient : leurs enfants passent à tabac un SDF. Le film est articulé autour d’une série de dîners chics. En dépit de son décorum, et de son argument coréens (la grand-mère qui n’a pas encore été mise en maison de retraite), A Normal Family, utilise les ressorts d'un boulevard, sophistiqué, un peu cynique — dont il faut accepter les fonctionnements, au mépris de toute logique psychologique ou narrative.

mercredi 11 juin 2025

Edward Yang, Yi Yi, 2000

Chronique familiale et sentimentale composée principalement de plans fixes, et qui évoque — à sa manière, Fanny et Alexandre. Edward Yang a une capacité certaine à capter quelque chose d’une vérité dans ses plans. Un film sobre et captivant.

lundi 9 juin 2025

Kiyoshi Kurosawa, Cloud, 2025

Un revendeur sur le net est démasqué par ceux qu’il a arnaqués. Le film commence comme une chronique de l’e-économie, se transforme en Délivrance, puis en film de traque et enfin en western dans un bâtiment industriel. Cloud est trop long et donne souvent l’impression de bifurquer génériquement par épuisement de ses formes. La dernière séquence, inattendue, artificielle mais très réussie, décadre encore le film vers autre chose. Une singularité qui mérite le détour.

dimanche 8 juin 2025

Martin Scorcese, Taxi driver, 1976

Un vétéran reconverti en chauffeur de taxi cherche une manière de se réintégrer dans le monde, puis de réparer le monde. Il échoue et reprend une vie normale. Un film d’errance urbaine, formellement riche, mais surévalué par rapport à d’autres œuvres de la filmographie de Scorsese.

samedi 7 juin 2025

Victor Vu, Inspecteur Kien, 2025

XIXe siècle, un village dans la montagne, des cadavres décapités retrouvés dans la rivière, un fantôme monstrueux, l’inspecteur enquête. Effets maximaux pour une intrigue minimale, mais on se laisse emporter par cette enquête fantastico-horrifique enfantine, son Sherlock Holmes vietnamien, ses décors et sa langue exotiques.

vendredi 6 juin 2025

Damien Chazelle, Lalaland, 2016

Conte, comédie musicale —deux artistes qui espèrent une forme d’accomplissement, se croisent, s’aiment puis prennent des chemins différents. C’est très beau, émouvant, bien interprété, mais superficiel et caricatural.

 

jeudi 5 juin 2025

Jean-Luc Godard, Scénario, 2024

Scénario, le dernier film inachevé de Godard, est précédé d’un documentaire dans lequel Godard explique à ses assistants, à partir d’une « brochure » qui tient lieu de storyboard, la manière dont le film pourrait se dérouler.

De ces idées, il ne reste pas grand-chose dans la version réalisée et montrée du film.


Cette articulation entre les indications de tournage et le film lui-même compose une sorte de variations des formes qu’il aurait pu prendre — un statut entre l’ébauche et la finalisation.


Dans le film : des images fixes, des extraits d’autres films : Week-endOnly Angels Have Wings…, des parasitages sonores, et le final, une minute de Godard lui-même, assis sur son lit, chemise ouverte, lisant, la veille de sa mort volontaire. Sa voix, parfois chevrotante dans de plus anciennes interventions, ne l’est pas ici. Il n’y a pas une once de morbidité ni de vieillesse dans ces images.


Comment évaluer ce geste, un peu abscons, témoignant de la maîtrise absolue d’une vie qui se conjugue avec l’histoire du cinéma ?

Shinji Sômai, Le jardin d’été, 1994

L’été, un terrain vague au milieu des constructions modernes, une maison délabrée, un jardin envahi, et un vieil homme. Trois gamins intrigués par cet homme vont finalement l’aider à reprendre pied. Un film d’une luminosité et d’une beauté sidérantes par un réalisateur majeur. Passionnant, qu’il montre le débroussaillage d’un jardin ou qu’il s’attarde sur une scène immobile dans une piscine (et qui aurait presque pu se passer de toute autre intrigue). Un très grand film solaire.

Fabienne Godet, Le répondeur, 2025

Un écrivain engage un imitateur pour répondre au téléphone à sa place, afin de dégager du temps pour écrire. Comédie un peu anecdotique, mais qui déjoue habilement les attendus qu’elle semble mettre en place (la révélation de la supercherie), pour glisser vers le terrain beaucoup plus subtil des entrelacs amoureux, sexuels, professionnels. Avec les excellents Denis Podalydès et Aure Atika.

mardi 3 juin 2025

Kei Ishikawa, Lumière pâle sur les collines, 2025

Royaume-Uni, 1982, une femme japonaise, veuve d’un soldat anglais, s’apprête à vendre sa maison. Sa fille, journaliste à Londres, vient l’interroger sur ce qu’elle a vécu après Nagasaki. Le film utilise ces deux époques pour évoquer l’exil, les traumatismes de la guerre, la vie quittée, ce qui se télescope, les affabulations, les séparations, les deuils. S’ouvrant et se fermant sur Ceremony de New Order, porté par une belle photographie et des décors dénaturalisants — à la limite du fantastique, d’excellents acteurs et des plans qui en évoqueront d’autres de l’histoire du cinéma japonais (Mizoguchi, Kaneto Shindō) ce film, d’un grand classicisme et d’une grande sobriété dans sa réalisation, est un enchantement mélancolique. 

dimanche 1 juin 2025

Thibault Emin, Else, 2025

Puisant ses influences dans Delicatessen, chez Cocteau et Cronenberg, ce trip minéral sur l’asphyxie du couple et les corps composites agrégés à la matière est en deçà de tout amateurisme ; aucun plan (ce qui n’arrive jamais au cinéma) ne peut en être sauvé. Le scénario déficient, tente de pallier ses lacunes par une distension « poétique » des scènes, ses effets spéciaux sont pauvres, ses cadrages approximatifs, sa prise de son défaillante et sa direction d’acteurs hésitante. Aucune grille de lecture ne peut s’appliquer à un tel objet, qui suscite malgré tout une question : comment a-t-il pu trouver un producteur et un distributeur ?

samedi 31 mai 2025

Dean Fleischer Camp, Lilo et Stitch, 2025

Lilo est orpheline, c'est sa grande sœur qui en a la charge, les services sociaux veulent les séparer. De son côté, un extraterrestre mutant s’échappe de sa planète d’origine. Ces deux êtres rejetés vont s’allier dans une comédie qui mêle prises de vue réelles et animation. Portée par le charme et l’espièglerie de sa jeune comédienne, baignée dans l’atmosphère ensoleillée d’Hawaï et rythmée par un montage enlevé, cette comédie émouvante pour les enfants est réussie.

vendredi 30 mai 2025

Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado, Le Sel de la Terre, 2014

Photographies commentées chronologiquement par lui-même de Sebastião Salgado. Il y a une indéniable force dans ces images ; leur indéniable limite, c’est qu’elles sont avant tout des objets esthétiques, qui ne disent peut-être pas grand-chose des sujets qu’elles racontent. Le parcours, de la dénonciation sociale à la soif de réparation de la terre, témoigne du désastre du monde et de notre espèce. Un documentaire élagué de toute technique, de tous les moyens mis en œuvre, de tout système financier – qu’il aurait pourtant été intéressant de montrer – et de toute réflexion sur la nocivité de vouloir documenter ce qui devrait rester isolé.

mercredi 28 mai 2025

Frederik Louis Hviid, L’ultime braquage, 2025

Un film de braquage danois avec Reda Kateb ; la partie braquage à proprement parler est tendue, mais brouillonne. Quant au préambule, chaque fil qu’il tisse se solde de manière systématiquement déceptive. C’est dommage, car le braquage inaugural laissait présager le meilleur.

mardi 27 mai 2025

Caye Casas, Accident domestique, 2025

Court-métrage distendu en long. Le seul intérêt de ce type de film est de voir comment le coupable va réussir à dissimuler son forfait. Mais on est bien loin d’Hitchcock  : le scénario est consternant, et il n’y a pas une seule idée de cinéma. Faute d’astuce scénaristique, le réalisateur n’a recours qu’à deux procédés : l’étirement infini des scènes et la condamnation de la pièce suspecte. Lorsque la comédie noire patine, il fait basculer son film vers la tragédie. Narrativement paresseux, plastiquement affreux, La table basse échoue entièrement. Et ce, en dépit d’une situation de départ amusante et embarrassante (la table basse et la gamine) et d’une scène inaugurale prometteuse.

dimanche 25 mai 2025

Tim Mielants, Tu ne mentiras point, 2025

Irlande, 1985. Un charbonnier découvre une jeune fille maltraitée dans un couvent. Le film est rugueux, austère, lent. Il alterne le drame rétrospectif de cet homme (pauvreté, perte de sa mère très jeune) et la découverte de cette maltraitance institutionnalisée. Porté par Cillian Murphy impassible et contenu, le film n’est pas passionnant, mais il propose un traitement du son très intéressant et une fin abrupte qui en parachève assez bien l’éviction de tout romanesque.


samedi 24 mai 2025

Lawrence Valin, Little Jafna, 2025

L’infiltré. Thriller dans le 10ᵉ arrondissement avec une communauté jamais montrée au cinéma : les Tamouls. Ce film de genre propose une réflexion sur le communautarisme et l’allégeance aux codes. Il y a un sens du mouvement, de beaux plans et une belle photographie. Un polar sur un Paris exotique, très réussi.

vendredi 23 mai 2025

Mourad Winter, L’amour c’est surcôté, 2025

Début d’une histoire d’amour entre deux personnages issus de milieux sociaux différents. La photographie est assez belle, le duo d’acteurs est bien choisi et quelques répliques sont assez drôles. Mais l’indigence narrative de ce récit, composé de vignettes non articulées, est affligeante.


jeudi 22 mai 2025

Amélie Bonnin, Partir un jour, 2025

Il faut sans doute un certain goût pour la chanson, et les émotions artificielles qu’elle fabrique, pour le terroir, et une nostalgie de l’adolescence à la campagne — pour apprécier Partir un jour. On y trouve : transfuge de classe, maternité non désirée, retour d’un amour adolescent, routier et bord de route. Il y a un soin dans les arrangements des réinterprétations, et on peut trouver à Juliette Armanet un charme dans quelques chansons. Une reprise lancée puis avortée de Cabrel constitue la seule idée cinématographique du film. Mais Partir un jour n’en reste pas moins une sorte d’épisode musical de Plus belle la vie, consternant dans sa forme télévisuelle et la pauvreté de son récit. Que ce téléfilm à l’ambition au ras du sol ait pu faire l’ouverture du Festival de Cannes en dit long sur l’état des prétentions filmiques françaises en 2025.


mercredi 21 mai 2025

Christopher McQuarrie, Mission : Impossible – The Final Reckoning, 2025

Tintin et le mystère de l’IA. En dépit d’un prologue récapitulatif, citationnel et discursif parfaitement superflu (l’histoire est simple : Ethan doit récupérer la clé dans un sous-marin et désamorcer l’entité), MI 8 est un grand film d’aventures structuré par deux scènes (le sous-marin et l’avion) de toute beauté, tension, spectaculaires, et à couper le souffle.

mardi 20 mai 2025

Masahiro Shinoda, Fleur pâle, 1964

Un yakuza, qui vient de sortir de prison, s'éprend d'une femme dont on ne saura rien, qu'il fait pénétrer dans un cercle de jeu. La photographie, les plans, le noir et blanc (la ville, les tripots, la nuit), la musique sont de toute beauté.  La violence y est extrêmement stylisée, très artificielle, affectée à l'image du film. Le récit est ténu, presque anecdotique. Un beau film de yakuza de la Nouvelle Vague japonaise.

lundi 19 mai 2025

Aitor Arregi, Jon Garaño, Marco, l’énigme d’une vie, 2025

Le président d’une association de victimes espagnoles de l’holocauste, qui s’est inventé cette biographie fictive, est démasquée. Un excellent biopic sur le mensonge comme vie, à la manière de L’adversaire de Carrère ou de la série Une amie dévouée avec Laure Calamy. Eduard Fernández, qui interprète le rôle de Marco est excellent.

dimanche 18 mai 2025

Giovanni Aloi, Le domaine, 2025

Faits divers criminel à Saint-Nazaire. Il y a, dans le film, une structuration par un système d’opposition : les gueules (les excellents Patrick d’Assumçao et Lola Le Lann), et les lieux : le burger bon marché du port et le domaine, intéressante, mais il manque, à ce thriller, par ailleurs singulier, une tension.

samedi 17 mai 2025

Vladimir Rodionov, Anges & Cie, 2025

Road-movie de deux âmes pas sœurs, avec anges gardiens qui interfèrent. Le début cette comédie très légère est réussi, drôle et dynamique ; la suite tombe dans un sentimentalisme ennuyeux. Bonne distribution mais déficit d’écriture.

vendredi 16 mai 2025

Simon Verhoeven, Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar, 2025

Ascension et chute d’un duo musical phénomène de la fin des années 1980, porté aux nues avant d’être anéanti lorsqu’on découvrit qu’il ne chantait aucune de ses chansons. Un biopic solide et émouvant sur la cruauté de l’industrie musicale.

jeudi 15 mai 2025

Zach Lipovsky, Adam B. Stein, Destination finale, 2025

La scène inaugurale, stupéfiante de tension et d’humour, déploie ses possibles engrenages avec une jubilation constante. Les suivantes font un peu pâle figure, leur intérêt allant decrescendo — comme si tout avait déjà été donné. Mais le film reste très drôle.

mercredi 14 mai 2025

Michael Mann, La forteresse noire, 1983

Des nazis débarquent dans un village de Roumanie où trône une étrange forteresse, gardée par un homme et ses fils. Malgré leurs mises en garde, des soldats allemands arrachent des croix des murs, libérant une force maléfique.

Entre nanar kitsch, expérience opératique, film fantastique aux effets datés et objet singulier, le troisième long métrage de Michael Mann (qu’il a renié) est une curiosité (à peu près inregardable) et par ailleurs difficilement rattachable à la suite de sa filmographie, mais l’on y trouve quelques beaux plans extérieurs et des séquences avec la musique de Tangerine Dream — qui annoncent parfois ce que Lynch fera plus tard avec Badalamenti.

mardi 13 mai 2025

Ingmar Bergman, Persona, 1966

Une actrice devient mutique. Une infirmière l’accompagne dans une villa au bord de la mer et s’expose en lui racontant une aventure sexuelle. Plus tard, elle découvre que l’actrice révèle cette anecdote intime dans une lettre. Le film le plus expérimental de Bergman. Mal aimable, austère, abscons — d’une beauté sidérante. Lynch s’en souviendra dans Twin Peaks et Mulholland Drive.

lundi 12 mai 2025

Guy Maddin, Evan Johnson, Galen Johnson, Rumours, 2025

Entre le conte fantastique et le faux récit allégorique, ce film étrange et brumeux ne ressemble à rien d’autre. Les membres du G7, sous un carrousel, soudain seuls, avancent dans une forêt.

On serait tenté de voir en ces personnages une personnification du pays qu’ils dirigent : le Canada, bel homme viril et séducteur, aurait le beau rôle ; la Grande-Bretagne et l’Allemagne succombent à ses charmes ; la France, invalide ; le Japon, mutique ; les États-Unis, âgés et assoupis ; l’Italie, anecdotique. Et de lire dans le récit une critique de l’inanité des discours.

Rumours est un conte, où le Petit Chaperon rouge et le loup ont été remplacés par des figures exemplaires contemporaines, soumises, comme tout un chacun, à un corps, à leur désir et à leur intérêt. Ce n’est pas une satire politique : c’est un film sur l’errance face à ce qui dépasse l’humanité — notre impuissance face au réel, un capitalisme plus fort que tout — et qui parle de notre perte, de ce qui devrait nous effarer, et qui pourtant ne fait plus peur aux enfants.

dimanche 11 mai 2025

Kim Jee-Woon, A bittersweet life, 2006

Récits de vengeance — entre film de baston violent et film de gangster décontracté, la structure est assez répétitive, mais l’ensemble reste suffisamment original pour congédier tout ennui.

samedi 10 mai 2025

Kon Ichikawa, La harpe de Birmanie, 1956

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des soldats japonais prisonniers en Birmanie errent. L’un des leurs, harpiste, est présumé mort ; ils croient le recroiser, en bonze, avec un perroquet sur l’épaule. Pas de grand récit ici : le groupe, les vaincus, cherche un disparu, occupé à faire réparation aux morts, entre la beauté des temples birmans, l’horreur des cadavres, les perroquets, et le quotidien d’une « petite mère » et son panier de fruits. Le film déploie une très grande beauté plastique. Ses chants intradiégétiques lui confèrent parfois un étrange aspect de comédie musicale. Un grand film d’errance et d’attente, qui rappelle à la fois Fires on the Plain et The Lost Patrol.

vendredi 9 mai 2025

Christopher Landon, Drop game, 2025


Thriller, survival en milieu restreint. Un rendez-vous amoureux dans un restaurant luxueux ne se passe pas comme prévu : la femme reçoit sur son téléphone des injonctions de tuer son rencard, sous peine de voir un tueur s’en prendre à son fils. Le récit avance dès le départ sans logique ni souci psychologique — selon une invraisemblance narrative qu’il faut accepter d’emblée.

Le film est assez ironique. Il met en scène, pendant plus d’une heure, la tolérance infinie d’un homme face à l’indécision d’une femme — veuve, mère, rendue insupportable par les événements — qui va se transformer en brillante super-héroïne du quotidien.

Carencé sur le plan narratif, le film est pourtant étonnamment captivant et réussi, notamment grâce à son excellent final. Débile et brillant.

jeudi 8 mai 2025

David F. Sandberg, Until dawn : la mort sans fin, 2025

Des adolescents coincés dans une maison infernale meurent chaque nuit d’une manière différente, puis se réveillent pour revivre le cauchemar et mourir à nouveau. Petit film d’horreur à dispositif, sans aucun intérêt.

Jake Schreier, Thunderbolts, 2025

Sans enjeu, sans récit, inregardable, à l’exception — à la rigueur — de deux scènes : l’ascension d’un puits, amusante, et la destruction de la ville, déjà vue partout ailleurs. Les tentatives d’humour sont gênantes, et les héros semblent avoir été choisis pour leur absence de charisme. Consternant de nullité.

mercredi 7 mai 2025

Edward Berger , Conclave, 2024

Le récit est énorme (manigances, attentat, révélation finale), mais le film est bien construit. Haut de gamme dans le genre du thriller en milieu restreint à rebondissements. La représentation des rituels, la beauté des intérieurs, les cadrages, les acteurs — tout concourt à faire de ce thriller un excellent film.

mardi 6 mai 2025

Giulio Callegari, Un monde merveilleux, 2025

Comédie sentimentale de science-fiction à petit budget. Une mère cherche à récupérer sa fille, accompagnée de son robot de compagnie. Sentimentalisme neuneu, réflexion creuse sur les IA. Le film le plus insipide et gênant de 2025.

lundi 5 mai 2025

Danny Boyle, Slumdog millionaire, 2008

Conte mélodramatique à dispositif gratuit. Un monument de kitsch et de pénibilité, chromatique, photographique et narrative. Une bouillie inregardable couronnée de huit Oscars.

dimanche 4 mai 2025

Martin Scorsese, Cap fear, 1991

Un film un peu à part dans la filmographie de Scorsese (mais il y en a beaucoup dans le filmographie de Scorcese) — entre vengeance horrifique et bouffonnerie. Le montage et la photographie sont remarquables, la performances des acteurs aussi.

jeudi 1 mai 2025

Cronenberg, Les linceuls, 2025

Les Linceuls est un film fascinant, hypnotique et raté. Pur objet cronenbergien, dérangé, il souffre d’un problème d’écriture. Le film explore plusieurs pistes digressives dont aucune n'aboutit. Reste un très bel objet, troublant, sur le deuil, la décomposition et l’abandon du corps.

mardi 29 avril 2025

Wim Wenders, Tokyo-ga, 1985

Film hybride, qui commence et se termine sur Ozu — entre les deux, quelques analyses barthésiennes sur le Japon, une réflexion intéressante sur le golf en salle comme « forme pure », et la visite d’un atelier de fabrication de sampuru. Rien sur Tokyo à proprement parler : Tokyo-ga est plutôt un film sur le Japon en général — avec un dialogue avec Herzog, quelques plans dans Shinjuku, et un non-rendez-vous avec Marker, croisé à La Jetée.

dimanche 27 avril 2025

Ryan Coogler, Sinners, 2025

Film cathartique, film d’horreur avec des vampires, film musical, récit de filiation noire par la musique : Sinners mélange un peu de tout. Quelques belles scènes — comme celle de la danse dans le tripot — côtoient le pire : le mélange transgénérationnel de musiciens. Entre naufrage ambitieux, nanar léché et patchwork indigeste.

Stanley Kubrick, Shining, 1980

Un très grand film, plastiquement et prototypique.

lundi 21 avril 2025

The White Lotus 3, 2025

La série est amusante, mais elle ne fonctionne que par des effets qui tombent à l'eau, avec une artificialité systématique qui désamorce tout. Raté, dommage.

mardi 15 avril 2025

Philippe Mechelen, Le routard, 2025

La situation de départ et la structure alternée — un type du Routard teste des restaurants et hôtels, puis en fait le compte rendu à son patron, Christian Clavier, qui se trouve chaque fois dans une situation différente, dans des pastilles à la manière des Dupondt dans Le Temple du soleil — sont amusantes, mais restent inexploitées. La comédie vire très vite à une comédie d'aventure mal écrite.

lundi 14 avril 2025

De Palma, Les incorruptibles, 1987

Eliot Ness traque Al Capone dans ce film à la construction très classique, captivant de bout en bout, avec quelques scènes marquantes — comme celle de la gare — et une distribution haut de gamme.

samedi 12 avril 2025

Daren Aronovsky, Requiem for a dream, 2000

Clip de prévention contre la drogue. Ce n’est pas un film aimable : couleurs blafardes, montage clipesque, atmosphère de désolation, etc. Mais il y a une certaine énergie, et on peut reconnaître à Daren Aronovsky un sens du montage.

David Yarovesky, Piégé, 2025

Un homme pris au piège dans une voiture équipée d’un dispositif de torture/soumission. Film à milieu restreint sur un homme sadisé. Avec de nombreux plans extérieurs qui trahissent le dispositif. Anecdotique et narrativement trop faible, avec Anthony Hopkins dans le rôle du méchant.

Nelson Foix, Zion, 2025

Anti-carte postale de la Guadeloupe. Chris, amateur de roue arrière et de beuh, hérite d’un nourrisson et d’une livraison le même jour. Le récit est un enchaînement de coïncidences et de déveines qui en ôtent toute crédibilité, maintenant constamment à distance, créant une sorte de fable/thriller social absurde. La photographie est très belle, la musique excellente, et la réalisation témoigne d’un talent certain.

mercredi 9 avril 2025

c, Amateur, 2025

Un cryptographe du FBI entreprend de traquer et tuer les assassins de sa femme. Sans originalité, mais bien réalisé et prenant de bout en bout, avec pour chaque assassin un dispositif de meurtre original. Avec Rami Malek et Laurence Fishburne.

Jared Hess, Minecraft, 2025

Passée une mise en situation récapitulative un peu lourde, le début du film, avec son univers étrange, est un enchantement. Mais la suite, entre scènes de baston et protocoles de jeu, est très vite lassante. On regrette que les incursions des personnages du jeu dans le monde réel n’aient pas donné lieu à une trame plus développée. Un divertissement sympathique pour les enfants, mais ennuyeux.

mardi 8 avril 2025

Sam Peckinpah, Pat Garrett and Billy the Kid, 1973

Comment Pat Garrett a-t-il fini par tuer Billy the Kid ? De belles scènes, notamment la fin, et le passage furtif d’un radeau sur la rivière. On parle souvent de western crépusculaire ; c’est surtout un western violent, où les animaux sont maltraités.

lundi 7 avril 2025

Hugo Santiago, Invasion, 1969

Dans la ville d’Aquila (version morcelée de Buenos Aires), une milice menée par un homme buvant du maté et qui a un chat tente d’empêcher un groupe d’envahisseurs de s’implanter. Le film est présenté comme une fusion entre Raoul Walsh et Bresson. C’est un thriller politique d’action déconstruit, à la photographie superbe, avec certains plans d’une grande beauté — comme celui de la jeune fille et du lion. Borges et Bioy Casares ont participé à l’écriture du scénario. Cette prestigieuse collaboration n’empêche pas le film d’être un peu daté.

samedi 5 avril 2025

Alonso Ruizpalacios, The grill, 2025

Une journée dans les cuisines d’un restaurant à New York. Des immigrés sans papiers, la frénésie du service, une histoire d’amour, le soupçon d’un vol, un pétage de plomb. Un film parfois brillant, avec de beaux plans-séquences et un noir et blanc soigné.

c, Natacha (presque) hôtesse de l'air, 2025

Le personnage créé par Walthéry, avant qu’elle ne devienne hôtesse de l’air. Le film déploie une certaine énergie, une reconstitution soignée des années 60 et des moyens visibles, mais le récit demeure d’une paresse affligeante.

jeudi 3 avril 2025

Lionel Baier, La cache, 2025

Le bel appartement d’une famille bourgeoise rue de Grenelle pendant mai 68, sa mythologie, ses générations, la judéité du grand-père, et une visite incongrue. Un beau dernier film pour Michel Blanc, un conte pop plein des années 60 (bandes dessinées, slogans, couleurs, Week-end de Godard).

dimanche 30 mars 2025

Juho Kuosmanen, Les Contes de Kokkola – Une trilogie finlandaise, 2024

Trois contes maniéristes évoquant Méliès, Chaplin, et dont la bande-annonce semblait convoquer Karel Zeman. J’ai eu du mal à en saisir l’enjeu. Le résultat est un ensemble imprécis, mal rythmé — peut-être simplement un travail de jeunesse de Juho Kuosmanen, l’auteur du très bon Compartiment n°6.

samedi 29 mars 2025

Dan Berk et Robert Olsen, Novocaine, 2025

Variation sur le corps supplicié dans une comédie horrifique de super-héros normal, idiote mais assez radicale et jusqu’au-boutiste.

vendredi 28 mars 2025

Alfred Hitchcock, Rebecca, 1940

La jeune mariée à Manderley souffre de la présence prégnante de l’ex-Mrs de Winter. Le récit, un peu long, commence comme une comédie romantique (un aristocrate fortuné s’éprend d’une jeune fille pauvre), se poursuit en film à présence fantomatique et s’achève en polar. Pas mon Hitchcock préféré, mais la mise en scène du maître reste hors norme.

Marc Webb, La Blanche neige, 2025

Contrairement à ce que j’avais cru lire, les nains n’ont pas été supprimés : ils ne sont simplement plus interprétés par des acteurs en chair et en os. Pour le reste, le film oscille entre caricature et fadeur : un prince sans consistance, façon Robin des Bois, et une Blanche-Neige bien terne face à la beauté de Gal Gadot. Les effets finaux, où la Reine se dissout dans un déchaînement visuel, parachèvent la mue du conte en une fantasy lissée, proche d’un imaginaire à la Harry Potter. Le problème n’est pas la moulinette woke, mais l’incapacité à penser la mise à jour d’un mythe.

Kazuya Shiraishi, Le joueur de go, 2025

Jeu de go, samouraïs, honneur, calligraphie, mont Fuji : le nippophile y trouvera tout le folklore attendu.

Malgré une réalisation sans identité, des effets kitschs et une direction d’acteurs parfois approximative, Le Joueur de go est bien construit et captivant de bout en bout. Un excellent film.

mercredi 26 mars 2025

Barry Levinson, Alto knights, 2025

Un beau film de gangsters, presque intimiste, avec De Niro dans les deux rôles des frères ennemis et amis. Je ne suis pas certain que ce dispositif soit vraiment indispensable, mais mis à part ce gadget, c’est un film de mafieux, final, décontracté et amusé.

mardi 25 mars 2025

Shinji Somai, Typhoon Club, 1985

Un film très singulier sur l’adolescence, qui prend son temps et aborde des thèmes de sexe, de vie et de mort. Singulièrement construit, avec des scènes de violence répétitive, un ballet chanté, et l’étrange chorégraphie de deux danseurs. Le film m’a fait penser à Rivette dans sa structure et sa dilatation des séquences. L’intrigue se déroule dans un lycée pendant un typhon. C’est une sorte de robinsonnade intérieure.

lundi 24 mars 2025

Thierry Frémaux, Lumière l’aventure continue, 2025

Un film magnifique composé de 120 séquences de 50 secondes, réalisées entre 1895 et 1902 par les frères Lumière, qui montre qu’il ne s’agit pas seulement de l’invention d’une forme, mais d’une véritable affirmation esthétique. De nombreux films sont sublimes.

jeudi 20 mars 2025

Colin Eggleston, The Long weekend, 1978

Survival dans le bush australien. Le début du film, avec toute sa mise en place, est subjugant ; la suite est un peu répétitive et certains éléments (comme le lamantin) sont superflus. Mais c’est un bon film de genre, d’ozploitation, fantastique, qui explore ce que la propagation de l’espèce humaine fait endurer aux autres espèces.

mercredi 19 mars 2025

Shiori Itō, Black box diaries, 2025

Tout entier au service de son propos — la réparation —, le film déploie pourtant un vrai récit cinématographique. Un excellent documentaire à la première personne, réalisé par une journaliste victime d’un viol commis par un proche de Shinzō Abe.

mardi 18 mars 2025

Tsui Hark, Legend of the Condor Heroes: The Gallants, 2025

Heroic-fantasy et western chinois avec Gengis Khan et une histoire d’amour contrariée. Dans les années 90, le nom de Tsui Hark évoquait une singularité et une certaine virtuosité. Il n’en reste pas grand-chose dans cette Légende des condors, qui ne se distingue plus vraiment des productions mondialisées à arrière-plan patrimonial.

lundi 17 mars 2025

Drew Hancock, Companion, 2025

Petite comédie horrifique cumulative, mettant en scène des robots de compagnie piratés afin d’échapper au contrôle.

dimanche 16 mars 2025

Gia Coppola, The last showgirl, 2025

Une danseuse à Vegas dont le show touche à sa fin. Une mélancolie, une fête triste, quelque chose qui s’estompe — portée par la fragilité, l’élégance, la beauté de Pamela Anderson, qui magnétise tout, entourée des charismatiques Jamie Lee Curtis, Dave Bautista et Kiernan Shipka. Cadré assez serré, avec une belle photographie. Un beau portrait d’une (très belle) femme.

samedi 15 mars 2025

Michael Morris, Bridget Jones : folle de lui, 2025

Entre la comédie romantique et le conte — Bridget Jones, veuve, revient sur le marché de l’amour. Certaines scènes sont amusantes, mais le film est trop long et trop larmoyant.

vendredi 14 mars 2025

Soderbergh, The Insider, 2025

Un bon thriller d’espionnage sur la manipulation d’un couple d’espions sophistiqués à Londres, avec Cate Blanchett, Michael Fassbender et Pierce Brosnan.

jeudi 13 mars 2025

John McTiernan, Die Hard, 1998

Bruce Willis dans une tour infernale : des terroristes, une prise d’otages, des explosions. Le film est passionnant au début, avec son exploration des gaines techniques de cette immense tour encore en construction. Quelques scènes, comme la chute dans le vide de Hans Gruber ou le saut de John McClane avec le tuyau de refoulement, sont très spectaculaires. Le film est rythmé, mais finit par devenir lassant.

mardi 11 mars 2025

Guan Hu, Black Dog, 2025

Deux parias se lient dans un monde de déserts et de constructions abandonnées. Libération animale et monde post-cataclysmique, un beau film singulier dans des décors superbes, parmi les meutes de chiens, oscillant entre Mad Max et Carnivàle, et qui n’est pas sans rappeler mon roman Futur fleuve.

Deux parias se lient dans un monde de déserts et de constructions abandonnées. Libération animale et monde post-cataclysmique : un beau film singulier, dans des décors superbes, parmi les meutes de chiens, oscillant entre Mad Max et Carnivàle, et qui n’est pas sans rappeler mon roman Futur fleuve.

Boris Lojkine, L'histoire de Souleymane, 2024

Deux jours filmés comme un documentaire : un travailleur guinéen sans-papiers doit jongler entre location de compte Deliveroo, appel au 115 chaque matin pour avoir un lit le soir, bus sociaux et intermédiaires qui se sucrent au passage — avant un entretien pour être régularisé.

Un bon film, tendu comme un thriller.

lundi 10 mars 2025

James Mangold, Un parfait inconnu, 2025

L’arrivée à New York d’un jeune musicien, son ascension jusqu’au concert électrique au Newport Folk Festival, ses histoires amoureuses — dont celle avec Joan Baez — et la dissension qui a suivi son virage électrique, problématique qui paraît un peu étrange aujourd’hui.

C’est un bon biopic, à la réalisation fluide, mais loin de la réussite majeure de Mangold : Logan.

John McTiernan, Predator. 1987

La jungle, un hélicoptère crashé, un commando de forces spéciales et un ennemi invisible. Survival, horreur, science-fiction : bien construit, avec de belles images de jungle et de l’humour.

samedi 8 mars 2025

Bong Joon Ho, Mickey 17, 2025

Le film articule plusieurs trames : la conquête dictatoriale, la prédation anthropique et la réduplication des corps serviables — la chair à canon. C’est trop long, un peu burlesque. La trame des remplaçables n’exploite presque rien de cette idée, et la prédation anthropique est réduite à une caricature.

Film de science-fiction burlesque, singulier mais décevant, très loin de OkjaMemories of Murder et Parasite.

Duvivier, David Golder, 1931

Adapté d’un roman d’Irène Némirovsky, premier film parlant de Duvivier. Chute et mort d’un homme qui a réussi. Le récit est ennuyeux, mélodramatique, et le jeu des acteurs, outré.

Mais le film est passionnant dans ses scènes en marge de l’intrigue proprement dite, qui jouent sur des tentatives formelles : superpositions sonores, cadrages, découpage — comme le début magnifique de cette scène finale sur le bateau, avec le chant des immigrés juifs et la sirène du navire.

Un film remarquable, très inégal.

jeudi 6 mars 2025

Sogo Ishii, Crazy family, 1984

La famille Kobayashi devient enfin propriétaire après des années passées en logement social. La découverte d’un termite et l’arrivée du grand-père SDF vont perturber le rêve pavillonnaire, le transformant en cauchemar.

Un jeu de massacre jubilatoire, mais trop long — le film ayant déjà donné à peu près tout ce qu’il avait à offrir dans sa première heure. La musique, créditée à 1984, est géniale.

mardi 4 mars 2025

Lou Ye, Suzhou River, 2000

Deux hommes, deux femmes, la rivière Suzhou. Le mélange de genres — histoire d’amour, crime, mystère, fantastique — est intrigant, et les images, filmées comme un documentaire, de la rivière et de ses berges industrielles sont très belles. Un film singulier, flottant dans son récit.

Julien Duvivier, Les cinq Gentlemen maudits, 1931

À bord d’un paquebot, en route vers le Maroc, cinq gentlemen, dont un millionnaire. Le film utilise un cadre presque ethnographique pour y couler un récit fantastique et mystérieux. Le mélange est absolument réussi : séquences musicales documentaires de toute beauté, poursuite finale de type slapstick, quelques échos du cinéma muet, et la splendeur des villes marocaines.

C’est l’un des premiers films de Robert Le Vigan. Les Cinq Gentlemen maudits est une parfaite synthèse entre un formalisme hérité des avant-gardes et une narration populaire. Un très grand film de Duvivier, et de l’histoire du cinéma, injustement méconnu.

Martin Scorcese, After hours, 1985

Une nuit à New York : des sollicitations amoureuses, de l’art contemporain, des bars, des vols et des poursuites. Un conte farfelu, drôle, porté par le ton très juste de Griffin Dunne. Une parenthèse légère dans la filmographie du grand Martin Scorsese.

Ozu, Printemps tardif, 1949

Un film d’une infinie délicatesse sur la séparation d’une jeune femme en âge de se marier de son père veuf. La famille, les conventions, les jeux de rôles sociaux. L’un des films les plus simples et les moins hiératiques d’Ozu. Tout ici est bouleversant.

vendredi 28 février 2025

Wong Kar-wai, 2046, 2004

Le film est traversé de beaux moments et d’au moins une scène sublime, quelques secondes dans un tripot. Il y a la beauté de ses deux acteur·rice·s, des vêtements, coiffures, maquillages, de la musique de Delerue — tout cela sauve un peu le film.

Mais le récit est distendu, et son roman de SF enchâssé, inutile. Le pire, peut-être, c’est que, tout en étant si attaché à ses images et à une imagerie des années 60, il ne parvient pas vraiment à retranscrire quoi que ce soit de la mélancolie amoureuse qu’il met en scène.

Un très beau film raté.

jeudi 27 février 2025

Wuershan, Creation of the Gods 2, 2025

Le film est beaucoup trop long et ne sait pas comment s’arrêter (trois scènes post-génériques…). Il a un problème manifeste de structure, de construction, de rythme. Par ailleurs, les dynamiques d’alliance entre les différents protagonistes et leur bestiaire sont à peu près incompréhensibles.

Si l’on passe outre, c’est un film mythologique entre le kitsch et les CGI flashy, jalonné de quelques bonnes scènes de baston/poursuite.

mercredi 26 février 2025

Robert Bresson, Quatre nuits d’un rêveur, 1971

Un jeune homme interrompt une jeune fille qui s’apprête à sauter du Pont-Neuf. Paris, la nuit, la Seine, les bateaux-mouches, des femmes longilignes très belles, la musique des années 70, les cheveux longs des garçons et le sentiment amoureux.

Le maniérisme de Bresson a trouvé, dans un certain cinéma de genre, son accomplissement formel : PickpocketUn condamné à mort s’est échappé. Ici, dépourvu de toute tension narrative, il montre certaines de ses limites, entre la grâce et le ridicule.

dimanche 23 février 2025

David Lynch, Twin peaks missing pieces, 2014

Récit parallèle au film, prolongeant certaines scènes, mettant en scène des acteurs de la série qui n’apparaissent pas dans le montage final du film.

mardi 18 février 2025

James Whale, La fiancée de Frankenstein, 1935

Le récit est loufoque et hasardeux, mais son artificialité répond parfaitement à celle de sa créature et de ses décors (magnifiques), ainsi qu’à son tournage en studio : la lande, la foule, le laboratoire, la machine — la fiancée du titre n’apparaissant qu’à la toute fin.

On y retrouve tout l’esprit des extraordinaires films fantastiques des années 1930 : Les Poupées du diable de Tod Browning, Le Testament du docteur Mabuse de Fritz Lang, The Mask of Fu Manchu, et d’autres films de James Whale.

Andreas Hartmann, Arata Mori, Jōhatsu (Evaporés), 2024

80 000 personnes s’évanouissent au Japon chaque année. La plupart réapparaissent, mais certains disparaissent pour de bon. Ce documentaire dresse le portrait de quelques-uns de ces évaporés et de leur passeuse — ceux qui ont accepté de témoigner après avoir disparu et refait leur vie ailleurs, afin d’échapper à leur femme, leur patron, la mafia, des dettes, etc.

Le film survole le phénomène — peut-être limité par la nécessaire confidentialité de ses témoignages. Aucun point technique, quelques belles images du Japon.

lundi 17 février 2025

Toshiharu Ikeda, La légende de la sirène, 1984

Un couple de pêcheurs d’ormeaux est attaqué par des yakuza, l’homme est tué. Accusée du meurtre, la femme trouve refuge sur une petite île, dans un bordel. Et elle va se venger.

Le film est singulier dans sa construction : il emprunte à la chronique insulaire, à la fable, au film aquatique, au pinku eiga, au grotesque et au film d’horreur sanglant. C’est à la fois un récit de vengeance maritale et celui d’une sauvage naïade contre le capitalisme.

Film de genre(s) extrêmement bien réalisé, aux images magnifiques.

Hou Hsiao Hsien, Mambo, 2001

Vicky veut quitter Hao-Hao, mais Hao-Hao la retrouve toujours. Les néons et les lumières artificielles, la fumée des cigarettes et la beauté de son actrice, Shu Qi, constituent les principaux motifs de ce film presque sans récit.

Mambo est un film sur la grammaire du cinéma et son pouvoir — qui donne envie de partir à Hokkaido, comme son héroïne, y traîner dans les rues enneigées, devant les cinémas, afin de poursuivre la séance devant d’autres films encore.

dimanche 16 février 2025

Brady Corbet, The Brutalist, 2025

Fresque sur la réhabilitation d’un architecte hongrois, émigré après la guerre aux États-Unis. Le film est ample et ambitieux, mais on peut lui trouver une emphase thématique (judaïsme, religion, architecture, Shoah, immigration, drogue, humiliation sociale, handicap, etc.), musicale (ces cuivres pompeux que semble vouloir dédouaner par anticipation la dédicace à Scott Walker) et une application scénaristique scolaire (morphologie du récit de réhabilitation) — depuis son « ouverture », en passant par son basculement souterrain, jusqu’à son épilogue raté. Une scène est très belle : la carrière de marbre.

Le film est dédié à Scott Walker, avec lequel Brady à collaboré, ce qui est une manière d'alignement à une esthétique (baroque, ample, industrielle) mais qui ne suffit pas pour autant à le mettre sur un pied d’égalité avec lui. Le film est qualifié de chef d’œuvre dans plusieurs journaux. Il ressemble dans sa structure, certains de ses plans et sa révélation finale à There will be blood, lui aussi volontiers qualifié régulièrement de chef d’œuvre. À supposer que le film de Paul Thomas Anderson en soit un, le seul décalque suffirait à disqualifier The Brutalist. Il y a là une une confusion entre l’ampleur, l’application d’un certain équilibre structurel et la réussite technique (la mise en scène de Brady est réussie mais n’est pas virtuose). la réutilisation de procédés. Un chef d’œuvre n’est peut être pas l’application de procédés déjà expérimentés ailleurs, il doit proposer une forme de novation. I

samedi 15 février 2025

Halina Reijn, Baby Girl, 2024

Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c'est un film, sur le désir (et l’importance de la famille) ponctuée de belles scènes et d'autres ridicules.

Une femme haut placée (dans le milieu de la robotique) n’a pas de plaisir avec son mari. Elle s’émeut d’un jeune stagiaire qu’elle a vu maîtriser un chien. Débute une relation SM qui empiète peu à peu sur sa vie de famille et risque de compromettre sa place dans l’entreprise. À la fin : tout rentre dans l’ordre (le mari réussit à la faire jouir).

Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c’est un film sur le désir (et l’importance de la famille), ponctué de belles scènes et d’autres ridicules.

vendredi 14 février 2025

Jean-Paul Rouve, God Save the Tuche, 2025

Les Tuche en Grande-Bretagne : le film est une suite de sketchs constamment nuls, empruntant parfois à un humour exogène qui ne fonctionne jamais. On peut trouver la proposition modeste ou fainéante.

jeudi 13 février 2025

Carl Dreyer, La passion de Jeanne d’Arc, 1928

À partir des minutes du procès de Jeanne d’Arc. Le début, avec ses gros plans de visages, convoque des moments de l’histoire de la peinture — de Bruegel aux dessins de procès de sorcellerie de Victor Hugo. Avec un usage du décor théâtral, quasiment abstrait, et quelques plans pour l’ancrer dans un environnement réaliste.

Le film fait un usage presque systématique de la contre-plongée, comme pour restituer aux spectateurs la vision (yeux ostensiblement levés vers le ciel) de Jeanne d’Arc. La fin, dans sa construction de plans alternés — oiseaux, château, foule, feu — est de toute beauté.

Chris Marker l’a qualifié de plus beau film du monde. Muet et silencieux.

David Lynch, Eraserhead, 1977

Dans une ville industrielle d’une noirceur et d’une désolation absolues, un couple a un nourrisson à la tête de lapin écorché et dont le corps ovale est maintenu par des langes. Cauchemar sur la parentalité, cauchemar tout court, le premier long métrage de Lynch porte déjà des traits de son cinéma à venir : les plans qui se rapprochent des murs et sont absorbés par eux, et la présence constante, texturale, du son — entre le vrombissement des systèmes anthropiques et la musique.

Vingt ans plus tard, dans Une histoire vraie, Lynch reviendra sur le thème de la famille — avec un film, cette fois, en couleurs et lumineux.

dimanche 9 février 2025

Jacques Audiard, Emilia Perez, 2024

Il y a une certaine virtuosité technique dans les premières chorégraphies chantées du film, mais l’ensemble — le récit d’un double parcours (de l’homme vers la femme, et du mal vers la rédemption), l’amour filial plus fort que tout, la photographie qui atténue tout contraste à la manière de la dilution générique du récit — m’évoque plus une bouillie grise qu’un objet trans.

David Lynch, Lost Highway, 1997

Le film est construit en deux parties et en boucle. Dans la première, un couple reçoit des cassettes vidéo filmées aux abords de leur maison, puis dans la maison elle-même. À la tension de l’intrusion s’ajoute le soupçon de l’homme sur l’emploi du temps de sa femme. Puis elle est retrouvée morte, le mari est accusé du meurtre et emprisonné.

Le pivot du film est la substitution inexplicable, en prison, d’un jeune garagiste à sa place.

Dans la deuxième partie, le jeune garagiste, libéré, rencontre une femme, maîtresse d’un truand psychopathe, et double de la première.

Deux histoires de jalousie autour d’une même femme, dans deux milieux : sophistiqué et arty, prolo et truand. Lynch utilise les effets du film d’horreur sans image d’horreur, un fond sonore — entre musique et environnement amplifié — et différentes natures d’images hétérogènes pour raconter deux histoires qui se répondent.

Sommet du cinéma de Lynch avec Twin Peaks (la série) et Mulholland Drive.

Naoko Ogigami, Le jardin zen, 2023

Une femme, à Tokyo, traverse une phase difficile. Le film commence au moment de la catastrophe de Fukushima, alors que son mari quitte le foyer conjugal. Contamination de l’eau et abandon du domicile dessinent les deux fils du récit. La femme se réfugie dans une secte d’adorateurs de l’eau verte et substitue au jardin de plantes dont s’occupait son mari un karesansui (jardin de pierres). Six mois plus tard, le mari, atteint d’un cancer, revient à la maison.

Le film est une comédie, pince-sans-rire, qui traite de la ménopause, de la place des femmes et de la société patriarcale japonaise. Cette « femme au bord de la crise de nerfs » nippone va maintenir le cap, malgré les injonctions sociales et la tentation de se laisser aller au pire, et traverser, glorieuse l’épreuve et dansante,.

C’est un film remarquable par son ton, son humour, sa justesse et la finesse de ses analyses.

Kon Ichikawa, Le pavillon d’or, 1958

Pourquoi le jeune novice Mizoguchi a-t-il incendié le pavillon d’or ? Handicap, humiliation, trahison, honte, fantasme de la pureté, désir de sacralisation, icônes déstatufiées. Un film très riche, d’une grande beauté plastique et sonore, et un des grands films de Kon Ichikawa.

samedi 8 février 2025

David Lynch, Sailor et Lulla, 1990

Sailor et Lulla est une histoire d’amour fou et un road-movie, plein de sexe et de cigarettes, de chambres d’hôtel et de personnages étranges. Le film peut-être le plus simple de Lynch, le plus explicitement godardien première période.

Sailor et Lula est une histoire d’amour fou et un road-movie, plein de sexe et de cigarettes, de chambres d’hôtel et de personnages étranges. Le film peut-êtrele plus simple de Lynch, le plus explicitement godardien, première période.

David Lynch, Inland Empire, 2006

Très proche de Lost Highway et de Mulholland Drive dont il constitue une version dont on aurait poussé le curseur de la déconstruction un peu plus loin. Chant du cygne cinématographique logique et imparablement logique de Lynch.

Le tournage d’un film, une malédiction d’acteurs tués, une sitcom avec des lapins anthropomorphes et des rires enregistrés qui soulignent des blagues sans blague. Inland Empire est le long métrage le plus labyrinthique de Lynch, un film désaxé, soutenu par quelques trames narratives. Hermétique, ponctué de fulgurances poétiques, presque abstrait.

Très proche de Lost Highway et de Mulholland Drive, dont il semble pousser encore plus loin le curseur de la déconstruction. Chant du cygne cinématographique imparablement logique, de Lynch.

Tim Fehlbaum, 5 septembre, 2025

JO de 1972, Munich, depuis les studios d’ABC : la prise d’otage des athlètes israéliens. Un huis clos utilisant les images d’archives de cette première attaque terroriste diffusée en direct sur les écrans du monde, filmé comme un épisode de « 24 heures chrono ».

Akira Kurosawa, 生きる (Vivre), 1952

Un homme terne — ses collègues l’appellent « la momie » — apprend qu’il a un cancer et décide de vivre, d’apprendre à vivre. Le film est construit en trois parties : la première, brève et bureaucratique (presque kafkaïenne), où il apprend sa maladie ; la deuxième, est une traversée de la ville, érotique et de l’énergie de la nuit ; et la troisième est la longue beuverie qui succède à sa mort, une veillée funèbre entremêlée de flash-backs, et une tentative de réhabilitation de son action ou d’appropriation.

Vivre est une fable d’une grande beauté plastique, qui a marqué Rod Serling dans l’écriture de certains épisodes de La Quatrième Dimension. La deuxième partie est la plus belle ; la troisième, ponctuée de moments sublimes, est un peu distendue — mais c’est souvent le cas chez Kurosawa.

mercredi 5 février 2025

Denis Villeneuve, Dune 2, 2024

Il y a une exigence esthétique assez rare pour un film de science-fiction de type soap-opéra. Les séquences de chevauchement des vers dans le désert sont très belles. Je suis moins sensible aux scènes de péplum ultra-design.

Le récit ne s’embarrasse pas d’articulations — mais c’était déjà le cas dans le film de Lynch, peut-être est-ce lié au matériau d’origine.

Un objet très élégant, qui maintient toutefois le spectateur à distance.

Noémie Merlant, Les femmes au balcon, 2024

Les Femmes au balcon commence comme une comédie sororale à la Almodóvar, puis s’aventure vers le drame conjugal, la farce macabre, le film de fantômes, etc.

Le film déroule un véritable catalogue de la masculinité toxique (viol, violence conjugale, consultation gynécologique) et de ses remèdes : sororité, castration, éradication des hommes. Il se termine par une séquence où les femmes, seins nus, marchent dans la rue — enfin libres dans un monde sans hommes — comme une représentation d'un certain esprit militant des années 70.

Quelques tentatives formelles sont perceptibles, notamment dans le traitement de l’image, avec des filtres et des effets. Les scènes de désexualisation du corps féminin sont assez réussies. Mais le mélange des genres, l’imprécision de la mise en scène, comme une trop grande confiance laissée au seul mouvement de ses trois interprètes, plombent le film.

Un film de genres trans féministe raté.

lundi 3 février 2025

Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl, 2024

Wallace fabrique un gnome robot, capable de supplanter n’importe quel assistant avec une efficacité et une célérité d’action inouïes. Mais un manchot — ennemi juré de Wallace et Gromit, emprisonné après le vol du diamant bleu — parvient à le pirater et à le reprogrammer pour une tâche diabolique. Une nouvelle excellente aventure, toujours cotonneuse, des héros en pâte à modeler — qui tombe à point pour les fêtes de Noël.

Mel Gibson, Vol à haut risque, 2025

Huis clos dans un avion, à trois personnages : un prisonnier, un flic, et un pilote usurpateur (Mark Wahlberg). C’est une farce qui s’en sort plutôt bien dans le genre très contraint du film à espace restreint, où il s’agit souvent de combler le temps par une série de petites actions improbables. Le film est regardable mais qu’est-ce que Mel Gibson est venu faire dans un projet aussi dénué d’ambition ?

David Lynch, Twin Peaks : Fire walks with me, 1992

Prologue à la série, Twin Peaks: Fire Walk With Me en révèle en même temps prosaïquement le mystère. C’est sa limite : là où la série nous entraînait vers des contrées étranges et mouvantes, le film ramène le fantastique labyrinthe des trois saisons à un drame sordide.

Reste pourtant quelques scènes d’une puissance inouïe : le début et la première enquête (le drame qui a précédé la mort de Laura Palmer), le message cryptique de Gordon, la démarche de Bobby imitée par d’autres dans la cour du lycée, et celle de l’ange — comme un écho à Sailor et Lula.

David Lynch, Une histoire vraie, 1999

 






Charles Schulz, Peanuts, août 1954. 

Un homme âgé, apprenant que son frère — avec qui il est fâché depuis dix ans — vient d’avoir une attaque, entreprend de parcourir les 500 km qui les séparent au volant d’un petit tracteur.

C’est un film de route à la vitesse de 7 km/h, ponctué d’incidents mécaniques et de quelques rencontres : une jeune fille enceinte qui veut fuir sa famille, des cyclistes, des pompiers, des quidams, un prêtre, etc.

À la fois contrepoids à Eraserhead et à sa représentation cauchemardesque de la famille, The Straight Story accorde une attention rare, chez Lynch, à des éléments souvent minorés dans ses autres films : un café, une bière, une cigarette, un feu, la beauté des champs, la pluie, le soleil, les paysages, l’Amérique des terres, la religion, la route qui défile.

Et tout cela entièrement défait du prisme de l’étrangeté, du fantastique, du mal, des distorsions temporelles ou picturales, et d’un fond sonore anthropique — à l’exception du vrombissement, paisible, d’un silo.

vendredi 31 janvier 2025

David Lynch, Blue Velvet, 1986

J’avais gardé en mémoire deux scènes de ce film : l’un des pétages de plomb de Dennis Hopper, dans une séquence d’une tension inouïe, et cette femme dansant longuement sur le toit d’une camionnette — il s’avère qu’il s’agit en réalité d’une voiture, et que la scène est extrêmement brève.

Je ne sais pas s’il faut interroger le fonctionnement de la mémoire ou la capacité du cinéma de Lynch à fabriquer des images qui se déforment.

Blue Velvet est un teen movie, marqué notamment par Hitchcock et ponctué de quelques bizarreries, qui deviendront la marque caractéristique de ses grands films. Blue Velvet vaut surtout, sans doute, pour ce qu’il annonce.

samedi 18 janvier 2025

Sean Baker, Tangerine, 2015

Le 24 décembre, une prostituée trans, tout juste sortie de 28 jours de prison, part à la recherche de son mec dans les rues de Los Angeles. Parallèlement, l’un de ses clients, chauffeur de taxi, la cherche, entre ses courses et repas de famille. Deux errances qui finissent par se croiser, dans un Los Angeles saturé de jaune.

Road-movie urbain un peu distendu, mais porté par une vraie énergie, un milieu singulier, une identité chromatique forte et quelques scènes remarquables — comme celle de l’Indien Cherokee dans le taxi.

Frank Dubosc, Un ours dans le Jura, 2025

Ce film repose sur un MacGuffin alléchant, mais qui, une fois l’amorce passée, ne semble plus vraiment intéresser Frank Ducosq : il y revient sporadiquement, comme à un fil conducteur un peu artificiel. Le véritable sujet du film, ce sont les relations distendues entre les personnages (couple, famille, paroissiens…), que ce MacGuffin va permettre de réactiver ou de consolider. L’ours ne sert qu’à fabriquer une intrigue sur les liens sociaux.

Le film a ceci de paradoxal : il fait tourner en sous-régime ses trois interprètes — Calamy, Dubosc, Poelvoorde — tout en s’éparpillant dans une multitude de sous-intrigues, dont aucune ne trouve vraiment d’issue ou d’aboutissement.

Un ours dans le Jura, que sa bande-annonce vendait comme un film de genre enneigé, cruel, à la Fargo, où des quidams se retrouvent piégés dans une situation trop grande pour eux ne tient pas sa promesse.

jeudi 16 janvier 2025

dimanche 12 janvier 2025

Christian Gudegast, Den of Thieves 2: Pantera, 2025

Excellent film de braquage — avec Gerard Butler. Le film n’est pas inventif, mais il est d’une efficacité remarquable : mise en scène, montage, musique, lumière, direction d’acteurs. Les scènes de braquage, les courses-poursuites et les fusillades ne laissent aucun répit et maintiennent le film sous tension. L’ambiance générale, le ton du film — tout est réussi.

vendredi 10 janvier 2025

Guillaume Nicloux, Sarah B la divine, 2024

Sarah B. la divine se concentre sur deux épisodes tragiques de la vie de Sarah Bernhardt : la perte de sa jambe et sa séparation de Lucien Guitry. Le personnage interprété par Sandrine Kiberlain est exubérant — mais, si l’on peut dire, de manière un peu outrancière.

C’est un film d’alcôve, sur la ménagerie animale et humaine qui entourait l’actrice. Sa construction comme sa reconstitution sont très classiques — pas ce que je préfère dans la filmographie du talentueux Guillaume Nicloux.

jeudi 9 janvier 2025

Clint Eastwood, Juré n°2, 2024

Un film de procès dans lequel un juré découvre qu’il est peut-être impliqué dans l’affaire. Un très beau film classique, au montage élégant — seul le personnage interprété par Kiefer Sutherland paraît un peu inutile. Rien, ici, ne trahit l’âge avancé de son réalisateur.

Koya Kamura, Un hiver à Sokcho, 2025

Un dessinateur français s’installe pour quelque temps dans une pension de famille à Sokcho, petite ville portuaire coréenne. Il loge dans l’établissement où travaille une jeune fille qui y fait la cuisine, et dont le père — qu’elle n’a pas connu — est lui aussi français. Une relation se tisse entre eux, à travers cette langue commune, entre dessin et cuisine.

Le personnage interprété par Rochdy Zem manque de finesse : il est caricaturalement artiste et français. Les liens et biographies des personnages sont abordés de manière très superficielle : on ne comprend pas bien le manque d’implication de cet homme, son refus de goûter la nourriture de la pension, ni certains éléments de la toile de fond du film, comme cette femme bandelée sortant de l’hôpital.

L’ensemble est ponctué de beaux dessins animés, dont la fonction narrative reste flous. Le film n’est pas dénué d’un certain charme, qui tient beaucoup à cette ville un peu triste. Il y a de très beaux plans sur la préparation du fugu, dans les maisons coréennes ou dans la ville — mais qu’on aurait aimé voir davantage.

mercredi 1 janvier 2025

Hitchcock, Psychose, 1960

Les éléments horrifiques, dont je me souvenais et qui avaient contribué à la surprise et à l’effroi du premier visionnage, sont presque entièrement neutralisés à la deuxième séance. Ce qui frappe désormais, c’est la précision et la justesse de la réalisation, le générique de Saul Bass, la musique de Bernard Herrmann, les deux acteurs principaux fascinants, la photographie, la tension constante, et cette composition étrange avec prologue et double enquête.

Un vrai chef-d’œuvre, pour le coup, prototypique — comme beaucoup de films d’Hitchcock, qui fut à la fois un immense réalisateur, prolixe, et inventeur de formes matricielles du cinéma.

One upon a time in Gaza, 2025

Un ancien dealer dont le partenaire a été tue sous ses yeux par un flic devient acteur pour le premier film d’action gazaoui. Il décroise le...