mardi 13 mai 2025

Bergman, Persona, 1966

 Une actrice devient mutique, une infirmière l’accompagne en bord de mer, et s’expose en lui racontant une aventure sexuelle ; l’infuse ouvre ensuite que l’actrice l’analyse et . Le film le plus expérimental de Berman traverse de scènes d’une beauté incroyable. Énigmatique expérimental 

lundi 12 mai 2025

Rumours, 2025

Entre le conte fantastique et le faux récit allégorique, cet étrange film brumeux ne ressemble pas à grand chose d’autre : les

membres du G7 soudain seuls sous un carrousel avancé dans la forêt. Un des films les plus excitant de 2025.on peut y chercher une personnification de ces pays, un discours critique sur les discours mais le film est autre chose : c’est un conte qui parle simplement de l’impossibilité du politique face à ce qui le dépasse et qui dépasse l’humanité : notre impuissance face au réel (le capitalisme plus fort que tout) et qui pointe l’inanité des discours l’inutilité de la production des discours : ce n’est pas un film à charge ni à proprement parler une satire

dimanche 11 mai 2025

Kim Jee-Woon, A bittersweet life, 2006

 Récits de vengeances, entre film de baston violent et film de gangster décontracté, c’est assez répétitif mais suffisamment original, un bon film.

samedi 10 mai 2025

Kon Ichikawa, La harpe de Birmanie, 1956

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des soldats japonais prisonniers en Birmanie errent. L’un des leurs, harpiste, est présumé mort ; il croit le recroiser en bronze, avec un perroquet sur l’épaule. Aucun grand récit ici : le groupe, les vaincus, cherche un disparu, occupé à faire réparation aux morts. Entre la beauté des temples birmans, l’horreur des cadavres, des perroquets et le quotidien — la « petite mère » et son panier de fruits —, un film d’une très grande beauté plastique, que ses chants intradiégétiques transforment presque parfois en une étrange comédie musicale. Un grand film d’errance et d’attente, qui rappelle à la fois Fires on the Plain et un film majeur de John Ford : The Lost Patrol.


vendredi 9 mai 2025

Christopher Landon, Drop game, 2025

Thriller, survival en milieu restreint. Un rendez-vous amoureux dans un restaurant luxueux ne se passe pas comme prévu : la femme reçoit sur son téléphone des injonctions de tuer son rencard, sous peine de voir un tueur s’en prendre à son fils. Le récit avance dès le départ sans aucune logique, sans rigueur psychologique, selon une vraisemblance narrative qu’il faut accepter d’emblée. À l’heure de la déconstruction, il met en scène ironiquement la tolérance délirante de la gent masculine face à l’indécision féminine, tout en transformant son héroïne — veuve, mère, rendue insupportable par les événements — en une brillante super-héroïne du quotidien. Carencé sur le plan narratif, le film est pourtant étonnamment captivant et assez réussi, notamment grâce à son excellent final. Débile et brillant.


jeudi 8 mai 2025

David F. Sandberg, Until dawn : la mort sans fin, 2025

Des adolescents coincés dans une maison infernale meurent chaque nuit de manière différente et se réveillent le matin pour revivre à nouveau le cauchemar et remourir. Petit film horrifique à dispositif, sans aucun intérêt.

Jake Schreier, Thunderbolts, 2025

Sans enjeu, sans récit, inregardable à l’exception, à la rigueur, de deux scènes : la scène d’ascension d’un puits, amusante, et la destruction de la ville, vue et revue partout ailleurs. Les tentatives d'humour sont gênantes, et les héros donnent l’impression d’avoir été choisis uniquement pour leur manque de charisme. Consternant de nullité.

mercredi 7 mai 2025

Edward Berger , Conclave, 2024

Le récit est énorme (manigances, attentat, révélation finale) mais le film est bien construit, et dans le genre du thriller, en milieu restreint à rebondissement, . La représentation des rituels, la beauté des intérieurs, les cadrages les acteurs tout concourt à faire de ce thriller un excellent film.

mardi 6 mai 2025

Giulio Callegari, Un monde merveilleux, 2025

Comédie sentimentale de science-fiction, à petit budget. Une mère cherche à récupérer sa fille en compagnie de son robot de compagnie. Sentimentalisme neuneu, réflexion nulle sur les IA. Le film le plus insipide, amateur et gênant de 2025.

lundi 5 mai 2025

Danny Boyle, Slumdog millionaire, 2008

Conte mélodramatique à dispositif gratuit. Un monument de kitsch et de pénibilité chromatico-photographique et narrative. Bouillie inregardable à 8 oscars.

dimanche 4 mai 2025

Scorsese, Cap fear

Un film à part dans la filmographie de Scorsese (bien qu'il y en ait d'autres), entre vengeance horrifique et bouffonnerie. Le montage et la photographie sont remarquables, tout comme les performances des acteurs.

jeudi 1 mai 2025

Cronenberg, Les linceuls, 2025

Les Linceuls est à la fois un film singulier, fascinant, hypnotique et raté. Pur objet cronenbergien, dérangé, il souffre d’un problème d’écriture. Le film explore diverses trames digressives qu’il ne développe pas et qui semble gratuits. Reste un très beau film, troublant, sur le deuil, la décomposition du corps, l’abandon du corps, etc.

mardi 29 avril 2025

Wim Wenders, Tokyo-ga, 1985

Film hybride, commençant et finissant sur Ozu — entre les deux quelques analyses barthésiennes sur le Japon, une réflexion intéressante sur le golf en salle comme « forme pure », et la visite d’un atelier de fabrication des sampuru. Mais rien sur Tokyo, c’est plutôt un film sur le Japon en général, avec un dialogue avec Herzog et quelques plans dans le Shinjuku, et un non-rendez-vous avec Marker croisé à La Jetée.

dimanche 27 avril 2025

Sinners

Film cathartique de noirs, film d’horreur avec des vampires, film musical, récit de filiation noire par la musique : Sinnersmélange un peu de tout, un nanar léché où quelques belles scènes, comme celle de la danse dans le tripot, côtoient le pire : un mélange transgénérationnel de musiciens. Entre naufrage ambitieux et patchwork indigeste.

Shining

lundi 21 avril 2025

The White Lotus 3, 2025

La série est amusante, mais elle ne fonctionne que par des effets qui tombent à l'eau, avec une artificialité systématique qui désamorce tout. Raté, dommage.

mardi 15 avril 2025

Le routard

La situation et la structure alternée— un type du routard teste des restaurants et hôtels, puis en fait le compte rendu à son patron, Christian Clavier, qui se trouve à chaque fois dans une situation différente, dans des pastilles à la manière des Dupondt dans Le Temple du soleil — sont amusantes, mais elles ne sont pas exploitées. La comédie se transforme très vite alors en une comédie d'aventure mal écrite.

lundi 14 avril 2025

De Palma, Les incorruptibles

Eliot Ness traque Al Capone dans ce film à la construction très classique, captivant du début à la fin, avec quelques scènes marquantes, comme celle de la gare.

samedi 12 avril 2025

Daren Aronovsky, Requiem for a dream,

Clip de prévention contre la drogue. Ce n’est pas un film sympathique : couleurs blafardes, montage clipesque et désolation, etc. Mais il y a une certaine énergie qu’on peut reconnaître à son auteur.

David Yarovesky, Piégé, 2025

Un homme pris au piège dans une voiture équipée d’un dispositif de torture/soumission. Film à milieu restreint sur un homme sadisé. Avec de nombreux plans extérieurs qui trahissent le dispositif. Anecdotique et narrativement trop faible, avec Anthony Hopkins dans le rôle du méchant.

Nelson Foix, Zion, 2025

Anti-carte postale de la Guadeloupe. Chris, amateur de roue arrière et d’herbe, hérite d’un nourrisson et d’une livraison le même jour. Le récit est un enchaînement de coïncidences et de déveines qui en ôtent toute crédibilité, maintenant constamment à distance, créant une sorte de fable/thriller social absurde. La photographie est très belle, la musique excellente, et la réalisation témoigne d’un talent certain.

mercredi 9 avril 2025

James Hawes, Amateur, 2025

Un cryptographe du FBI entreprend de traquer et de tuer les assassins de sa femme. Sans originalité, mais bien réalisé et prenant de bout en bout, avec pour chaque assassin un dispositif de meurtre original. Avec Rami Malek et Laurence Fishburne.

Minecraft, 2025

Passée la mise en situation récapitulative un peu lourde, le début du film, avec son univers étrange, est un enchantement. La suite, avec ses scènes de baston et ses protocoles de jeu, devient un peu lassante. Je regrette qu’il n’y ait pas eu plus de place pour des incursions dans le monde réel. Un divertissement sympathique pour les enfants, mais ennuyeux.

mardi 8 avril 2025

Sam Peckinpah, Pat Garrett and Billy the Kid, 1973

Comment Pat Garrett a-t-il fini par tuer Billy the Kid ? De belles scènes, dont la fin, ainsi que le passage furtif d’un radeau sur la rivière. On parle de western crépusculaire ; c’est un western violent dans lequel les animaux sont maltraités.

lundi 7 avril 2025

Hugo Santiago, Invasion, 1969

Dans la ville d'Aquila (version morcelée de Buenos Aires), une milice menée par un homme buvant du maté et ayant un chat tente d’empêcher un groupe d'envahisseurs de s’implanter. Le film est présenté comme une fusion entre Raoul Walsh et Bresson. C’est un thriller politique d’action déconstruit, avec une photographie superbe, dont certains plans sont d'une grande beauté (comme celui de la jeune fille et du lion).

samedi 5 avril 2025

Alonso Ruizpalacios, The grill, 2025

Une journée dans les cuisines d’un restaurant à New York. Des immigrés sans papiers, la frénésie des cuisines, une histoire d’amour, le soupçon d’un vol et un pétage de plomb. Un film parfois brillant dans ses plans-séquences et son beau noir et blanc.

Noémie Saglio, Natacha (presque) hôtesse de l'air, 2025

Le personnage de la bande dessinée de Walthéry avant qu'elle ne devienne hôtesse de l'air. Il y a une certaine énergie, une reconstitution intéressante des années 60 et des moyens, mais le récit est vraiment faible.

jeudi 3 avril 2025

Lionel Baier, La cache, 2025

Le bel appartement d’une famille bourgeoise rue de Grenelle pendant mai 68, sa mythologie, ses générations, la judéité du grand-père, et une visite incongrue. Un beau dernier film pour Michel Blanc, un conte pop plein des années 60 (bandes dessinées, slogans, couleurs, Week-end de Godard).

dimanche 30 mars 2025

Juho Kuosmanen, Les Contes de Kokkola – Une trilogie finlandaise, 2024

Trois contes maniéristes évoquant Méliès, Chaplin, et dont la bande-annonce semblait convoquer Karel Zeman. J'ai du mal à saisir l'enjeu, pourquoi ? Le résultat est un ensemble imprécis et mal rythmé, peut-être simplement un travail de jeunesse de Juho Kuosmanen, auteur du très bon Compartiment n°6.

samedi 29 mars 2025

Dan Berk et Robert Olsen, Novocaine, 2025

Variation sur le corps supplicié dans une comédie horrifique de super-héros (normal), idiote mais assez radicale et jusqu'au-boutiste.

vendredi 28 mars 2025

Alfred Hitchcock, Rebecca, 1940

La jeune mariée à Manderley souffre de la présence prégnante de l’ex-Mrs de Winter. Le récit, un peu long, commence comme une comédie romantique (un aristocrate fortuné s’éprend d’une jeune fille pauvre), se poursuit en film à présence fantomatique, pour s’achever en polar. Pas mon Hitchcock préféré, mais la réalisation du maître reste hors norme.

Marc Webb, La Blanche neige, 2025

Les nains n’ont pas été supprimés : ils ne sont simplement plus incarnés par des acteurs en chair et en os, relégués à des figures numériques ou symboliques, comme si la question de leur représentation embarrassait au point d’être escamotée. Ce choix, loin de proposer une lecture audacieuse du conte, reflète surtout une forme de prudence désincarnée. Le reste du film oscille entre caricature et fadeur : une foule bigarrée, un prince sans consistance façon Robin des Bois, et surtout une Blanche-Neige dont l’apparence physique, dans une histoire qui repose pourtant sur le motif de la rivalité de beauté avec la Reine, ne suscite jamais l’effet escompté. Face à la puissance visuelle et au charisme de Gal Gadot, le déséquilibre est flagrant, presque cruel.

Les effets finaux, où la Reine se dissout dans un déchaînement visuel, parachèvent la mue du conte vers une fantasy lissée, plus proche d’un imaginaire à la Harry Potter que du merveilleux ambigu des frères Grimm.

Le problème n’est pas la fameuse « moulinette woke », mais une incapacité à penser véritablement la mise à jour d’un mythe. L’intention idéologique, en soi respectable, ne suffit pas à faire récit. On ne réécrit pas impunément une structure archétypale sans en interroger profondément les fondements : ici, on corrige sans comprendre, on adapte sans incarner. Le résultat est un film à la fois sursignifiant et creux, où la modernisation tourne court faute de nécessité symbolique.


Kazuya Shiraishi, Le joueur de go, 2025

Jeu de go, samouraïs, honneur, calligraphie, mont Fuji : le nippophile y trouvera tout le folklore attendu. Le joueur de go, en dépit d’une réalisation sans identité, d’effets parfois kitschs et d’une direction d’acteurs caricaturale, est solidement construit et captivant de bout en bout. Un excellent film, malgré ses défauts.


mercredi 26 mars 2025

Barry Levinson, Alto knights, 2025

Un beau film de gangsters, presque intimiste, avec De Niro dans les deux rôles des frères ennemis et amis. Je ne suis pas certain que ce dispositif soit vraiment indispensable, mais mis à part ce gadget, il s'agit d'un film de mafieux final, décontracté et amusé.

mardi 25 mars 2025

Shinji Somai, Typhoon Club, 1985

Un film très singulier sur l’adolescence qui prend son temps et aborde des thèmes de violence, de sexe, de vie et de mort. Étrangement construit, avec des scènes de violence répétitive, un ballet chanté et l’étrange chorégraphie de deux danseurs. Le film m’a beaucoup fait penser à Rivette dans sa structure. L’intrigue se déroule dans un lycée pendant un typhon. C’est une sorte de robinsonnade intérieure.

lundi 24 mars 2025

Thierry Frémaux, Lumière l’aventure continue, 2025

Un film magnifique composé de 120 séquences de 50 secondes réalisées entre 1895 et 1902 par les frères Lumière, qui montre qu'il ne s'agit pas seulement de l'invention d'une forme, mais d'une véritable affirmation esthétique : de nombreux films sont sublimes.

jeudi 20 mars 2025

Colin Eggleston, The Long weekend, 1978

Survival dans le bush australien. Le début du film, avec toute cette mise en place, est subjugant ; la suite devient un peu répétitive et certains éléments (comme le lamantin) sont superflus. Mais c’est un bon film de genre, d’ozploitation, qui explore ce que la propagation de l’espèce humaine fait endurer aux autres espèces.

mercredi 19 mars 2025

Shiori Itō, Black box diaries, 2025

Tout au service de son propos (la réparation) le film déploie pourtant un vrai récit cinématographique d’images et de son. Un excellent documentaire à la première personne d’une journaliste victime d’un viol par un proche de Shinzō Abe.

mardi 18 mars 2025

Tsui Hark, Legend of the Condor Heroes: The Gallants, 2025

Heroic-fantasy et western chinois avec Gengis Khan et une histoire d'amour contrariée. Dans les années 90, le nom de Tsui Hark évoquait une singularité et une certaine virtuosité. Il n’en reste pas grand-chose dans cette Légende des condors, qui ne se distingue plus vraiment des productions mondialisées avec un arrière-plan patrimonial.

lundi 17 mars 2025

Drew Hancock, Companion, 2025

Petite comédie horrifique cumulative mettant en scène des robots de compagnie piratés afin d’échapper au contrôle.

dimanche 16 mars 2025

Gia Coppola, The last showgirl, 2025

Une danseuse à Vegas dont le show touche à sa fin. Une mélancolie, une fête triste, quelque chose qui s'estompe — portée par la fragilité et l’élégance, la beauté de Pamela Anderson qui magnétise tout, entourée des charismatiques Jamie Lee Curtis et Dave Bautista — ainsi que Kiernan Shipka. Cadré assez serré, la photographie est belle. Un beau portrait d'une (très belle) femme.

samedi 15 mars 2025

Michael Morris, Bridget Jones : folle de lui, 2025

Entre la comédie romantique et le conte, Bridget Jones, veuve, revient sur le marché de l'amour. Certaines scènes sont amusantes, mais le film est trop long et trop larmoyant.

vendredi 14 mars 2025

Soderbergh, The Insider, 2025

Un bon thriller d'espionnage sur la manipulation d'un couple d'espions sophistiqués à Londres, avec Cate Blanchett, Michael Fassbender et Pierce Brosnan.

jeudi 13 mars 2025

John McTiernan, Die Hard, 1998

Bruce Willis dans une tour infernale, des terroristes, une prise d'otages, des explosions. Le film est passionnant au début, avec son exploration des gaines techniques de cette immense tour encore en construction. Quelques scènes, comme la chute dans le vide de Hans Gruber ou le saut de John McClane avec le tuyau de refoulement, sont très spectaculaires. Le film est rythmé, mais finit par devenir lassant.

mardi 11 mars 2025

Guan Hu, Black Dog, 2025

Deux parias se lient dans un monde de déserts et de constructions abandonnées. Libération animale et monde post-cataclysmique, un beau film singulier dans des décors superbes, parmi les meutes de chiens, oscillant entre Mad Max et Carnivàle, et qui n’est pas sans rappeler mon roman Futur fleuve.

Boris Lojkine, L'histoire de Souleymane, 2024

Deux jours filmés comme un documentaire d’un travailleur guinéen sans-papiers qui doit jongler entre location de compte Deliveroo, appel au 115 tous les matins pour avoir un lit le soir, bus sociaux, et intermédiaires qui se sucrent au passage — avant un entretien pour être régularisé. Un bon film tendu comme un thriller.

lundi 10 mars 2025

James Mangold, Un parfait inconnu, 2025

L’arrivée à New York d’un jeune musicien, son ascension jusqu’au concert électrique au Newport Folk Festival, ses histoires amoureuses, dont celle avec Joan Baez, et la dissension qui a suivi son virage électrique, problématique qui paraît un peu étrange aujourd’hui. C’est un bon biopic à la réalisation fluide, mais loin de la réussite majeure de Mangold : Logan.


John McTiernan, Predator. 1987

La jungle, un hélicoptère crashé, un commando de forces spéciales et un ennemi invisible. Survival, horreur, science-fiction, bien construit, avec de belles images de jungle et de l’humour.

samedi 8 mars 2025

Bong Joon Ho, Mickey 17, 2025

Le film articule plusieurs trames : la conquête dictatoriale, la prédation anthropique et la réduplication des corps serviables, la chair à canon. C’est trop long, un peu burlesque… La trame des remplaçables n’exploite presque rien de cette idée, et la prédation anthropique est réduite à une caricature. Film de science-fiction burlesque singulier mais décevant, très loin de OkjaMemories of Murder et Parasite.

Duvivier, David Golder, 1931

Adapté d’un roman d’Irène Nemirovsky, premier film parlant de Duvivier. Chute et mort d’un homme qui a réussi. Le récit est ennuyeux, mélodramatique et le jeu des acteurs outré. Mais le film est passionnant pour les scènes entre l’intrigue proprement dite qui jouent sur des tentatives formelles, des superpositions sonores, cadrages, découpage, comme le début magnifique de cette scène finale sur le bateau, le chant des immigrés juifs et la sirène du bateau. Un film remarquable très inégal.


jeudi 6 mars 2025

Sogo Ishii, Crazy family, 1984

La famille Kobayashi devient enfin propriétaire après des années passées en logement social. La découverte d’un termite et l’arrivée du grand-père SDF vont perturber le rêve pavillonnaire, le transformant en cauchemar. Un jeu de massacre jubilatoire, mais trop long — le film ayant déjà donné à peu près tout ce qu’il avait à offrir dans sa première heure. La musique, créditée à 1984, est géniale.

mardi 4 mars 2025

Lou Ye, Suzhou River, 2000

Deux hommes, deux femmes, la rivière Suzhou. Le mélange de genres — histoire d'amour, crime, mystère, fantastique — est intrigant, et les images, filmées comme un documentaire, de la rivière et de ses berges industrielles sont très belles. Un film singulier, flottant dans son récit

Julien Duvivier, Les cinq Gentlemen maudits, 1931

À bord d'un paquebot, en route vers le Maroc, cinq gentlemen, dont un millionnaire. Le film utilise un cadre presque ethnographique pour y couler un récit fantastique et mystérieux. Le mélange est absolument réussi : séquences musicales documentaires de toute beauté, poursuite finale de type slapstick, quelques échos du cinéma muet, et la splendeur des villes marocaines. C'est un des premiers films de Robert Le Vigan. Les Cinq Gentlemen maudits est une parfaite synthèse entre un formalisme hérité des avant-gardes et une narration populaire. Un grand film de Duvivier, injustement méconnu.

Martin Scorcese, After hours, 1985

Une nuit à New York : des sollicitations amoureuses, de l'art contemporain, des bars, des vols et des poursuites. Un conte farfelu, drôle, porté par le ton très juste de Griffin Dunne. Une parenthèse légère dans la filmographie du grand Martin Scorsese.

Ozu, Printemps tardif, 1949

Un film d'une infinie délicatesse sur la séparation d'une jeune femme en âge de se marier de son père veuf. La famille, les conventions, les jeux de rôle sociaux. L'un des films les plus simples et les moins hiératiques d'Ozu. Tout ici est bouleversant.

vendredi 28 février 2025

Wong Kar-wai, 2046, 2004

Le film est traversé de beaux moment et d’au moins une scène sublime, quelques secondes dans un tripot. Il y a la beauté de ses deux acteur.rice, des vêtements, coiffures, maquillage, de la musique de Delerue — tout cela sauve un peu le film. Mais le récit est inutilement étiré et son roman de SF enchâssé inutile. Le pire peut-être, c'est que, si attaché à ses images et à une imagerie des années 60, il ne parvienne pas vraiment à retranscrire quoi que ce soit de la mélancolie amoureuse qu'il met en scène. Un très beau film raté.

jeudi 27 février 2025

Wuershan, Creation of the Gods 2, 2025

Le film est beaucoup trop long, et ne sait pas comment s’arrêter (trois scènes post-génériques…). Il a un problème manifeste de structure, de construction, de rythme. Par ailleurs les dynamiques d’alliance entre les différents protagonistes et leur bestiaire sont à peu près incompréhensibles. Si on passe outre, c'est un film mythologique entre le kitsch et les CGI flashy, jalonné de quelques bonnes scènes de baston/poursuite. 

mercredi 26 février 2025

Robert Bresson, Quatre nuits d’un rêveur, 1971

Un jeune homme interrompt une jeune fille qui s’apprête à sauter du Pont Neuf. Paris, la nuit, la Seine, les bateaux-mouches, des femmes longilignes très belles, la musique des années 70, les cheveux longs des garçons et le sentiment amoureux. Le maniérisme de Bresson, a trouvé dans un certain cinéma de genre, son accomplissement formel : Pickpocket, Un condamné à mort s’est échappé. Ici, dépourvu de toute tension narrative, il montre certaines de ses limites, entre la grâce et le ridicule.

dimanche 23 février 2025

David Lynch, Twin peaks missing pieces, 2014

Récit parallèle au film, prolongeant certaines scènes, mettant en scène des acteurs de la série qui n'apparaissent pas dans le montage final du film.

mardi 18 février 2025

James Whale, La fiancée de Frankenstein, 1935

Le récit est loufoque et hasardeux, mais son artificialité répond parfaitement à celle de sa créature et de ses décors magnifiques), à son tournage en studio : la lande, la foule, le laboratoire, la machine — la fiancée du titre n’apparaissant qu’à la toute fin. On y retrouve tout l'esprit des extraordinaires films fantastiques des années 30 : Les poupées du diable de Tod Browning, Le testament du Docteur Mabuse de Fritz Lang, The Mask of Fu Manchu et les autres films de James Whale.

Andreas Hartmann, Arata Mori, Jōhatsu (Evaporés), 2024

80 000 personnes s'évanouissent au Japon chaque année, la plupart resurgisse mais certains disparaissent pour de bon. Ce documentaire fait le portrait de quelques-un des évaporés et de leur passeuse — ceux qui ont accepté de témoigner après avoir disparu et refait leur vie ailleurs, afin d’échapper à leur femme, leur patron, la mafia, des dettes, etc. Le film survole le phénomène — peut-être limité par la nécessaire confidentialité de ses témoignages, aucun point technique, quelques belles images du Japon. 

lundi 17 février 2025

Toshiharu Ikeda, La légende de la sirène, 1984

Un couple de pêcheur d’ormeaux est attaqué par des yakuza, l’homme est tué. Accusée du meurtre, la femme trouve refuge sur une petite île, dans un bordel. Et elle va se venger. Le film est singulier dans construction, il emprunte à la chronique insulaire, à la fable, au film aquatique, au pinku eiga, au grotesque et au film d’horreur sanglant. C’est à la fois un récit de vengeance maritale et celui d’une sauvage naïade contre le capitalisme. Film de genre(s) extrêmement bien réalisé, aux magnifiques images.

Hou Hsiao Hsien, Mambo, 2001

Vicky veut quitter Hao-Hao mais Hao-Hao la retrouve toujours. Les néons et les lumières artificielles, la fumée des cigarettes et la beauté de son actrice, Shu Qi, constituent les principaux motifs de ce film presque sans récit. Mambo est un film sur la grammaire du cinéma et son pouvoir — qui donne envie de partir à Hokkaido, comme son héroïne, y traîner dans les rues enneigées des cinémas, afin de poursuivre la séance devant d’autres films encore.

dimanche 16 février 2025

Brady Corbet, The Brutalist, 2025

Fresque sur la réhabilitation d’un architecte hongrois, émigré après la guerre aux États-Unis. Le film est ample et ambitieux, mais on peut lui trouver une emphase thématique (judaïsme, religion, architecture, Shoah, immigration, drogue, humiliation sociale, handicap, etc.), musicale (ses cuivres pompeux que semble dédouaner par anticipation la dédicace du film à Scott Walker) et une application scénaristique scolaire (morphologie du récit de réhabilitation) — depuis son « ouverture » en passant par son basculement souterrain et son épilogue raté. Une scène est très belle (la carrière de marbre).


samedi 15 février 2025

Halina Reijn, Baby Girl, 2024

Une femme haut placée (dans le milieu de la robotique) n’a pas de plaisir avec son mari, elle s’émeut d’un jeune stagiaire qu’elle a vu maîtriser un chien. Débute une relation SM qui empiète peu à peu sur sa vie de famille et risque de compromettre sa place dans l’entreprise. À la fin : tout rentre dans l’ordre (le mari réussit à la faire jouir). Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c'est un film, sur le désir (et l’importance de la famille) ponctuée de belles scènes et d'autres ridicules.

vendredi 14 février 2025

Les Tuche 5, 2025

Les Tuche en Grande-Bretagne, le film est une suite de sketchs constamment nuls, empruntant parfois à un humour exogène qui ne fonctionne jamais. On peut trouver la proposition modeste ou fainéante.

jeudi 13 février 2025

Carl Dreyer, La passion de Jeanne d’Arc, 1928

À partir des minutes du procès de Jeanne d’Arc. Le début sur les gros plans de visages, convoque des moments de l’histoire de la peinture — de Bruegel aux dessins de procès de sorcellerie de Victor Hugo. Avec un usage du décor, théâtral, quasiment abstrait et quelques plans pour l'ancrer dans un environnement réaliste. Le film fait un usage presque systématique de la contre-plongée comme pour restituer aux spectateurs la vision (yeux ostensiblement levés vers le ciel) de Jeanne d'Arc. La fin dans sa construction de plans alternés, oiseaux, château, foule, feu est de toute beauté. Chris Marker l'a qualifié de plus beau film du monde. Muet et silencieux.

David Lynch, Eraserhead, 1977

Dans une ville industrielle d’une noirceur et d'une désolation absolues, un couple a un nourrisson à la tête de lapin écorché et dont le corps oval est maintenu par des langes. Cauchemar sur la parentalité, cauchemar tout court, le premier long métrage de Lynch a des traits de son cinéma à venir : les plans qui se rapprochent des murs et sont absorbés par eux, et la présence constante, texturale du son — entre le vrombissement des systèmes anthropiques et la musique. Vingt ans plus lus tard, dans Une histoire vraie, Lynch reviendra, sur le thème de la famille — avec un film, cette fois, en couleurs et lumineux. 

dimanche 9 février 2025

Jacques Audiard, Emilia Perez, 2024

Il y a une certaine virtuosité technique dans les premières chorégraphies chantées du film mais l'ensemble : le récit d'un double parcours (de l'homme vers la femme et du mal vers la rédemption), l'amour filial plus fort que tout, la photographie qui atténue tout contraste à la manière de la dilution générique du récit  — m’évoque plus une bouillie grise qu'un objet trans.


David Lynch, Lost Highway, 1997

Le film est construit en deux parties et en boucle. Dans la première, un couple reçoit des cassettes vidéos filmées aux abords de leur maison puis dans la maison elle-même. À la tension de l’intrusion s'ajoute le soupçon de l’homme sur l’emploi du temps de sa femme. Puis elle est retrouvée morte, le mari est accusé du meurtre et emprisonné.

Le pivot du film est la substitution inexplicable en prison d’un jeune garagiste à sa place.

Dans la deuxième partie, le jeune garagiste libéré rencontre une femme, maîtresse d'un truand psychopathe, et double de la première.

Deux histoires de jalousie autour d'une même femme, dans deux milieux : sophistiqué et arty, prolo et truands. Lynch utilise les effets du film d'horreur sans image d'horreur, un fond sonore, entre musique et environnement amplifié et différentes natures d'images hétérogènes pour raco ter deux histoires qui se répondent.

Sommet du cinéma de Lynch avec Twin Peaks (la série) et Mullholland Drive.

Naoko Ogigami, Le jardin zen, 2023

Une femme, à Tokyo, traverse une phase difficile. Le film commence au moment de la catastrophe de Fukushima et où son mari quitte le foyer conjugal. Contamination de l'eau et abandon du domicile dessinent les deux fils du récit. La femme se réfugie dans une secte d’adorateur de l’eau verte et substitue au jardin de plantes dont s'occupait son mari un karesansui (un jardin de pierres). Six mois plus tard, le mari atteint d’un cancer, revient à la maison.

Le film est une comédie, pince-sans-rire, qui traite de la ménopause, de la place des femmes et de la société patriarcale japonaise. Cette « femme au bord de la crise de nerfs » nippone va maintenir le cap, malgré les injonctions à ce qu'on attend d'elle et la tentation personnelle à se laisser au pire, et traverser glorieuse, l’épreuve et dansante. C'est un film remarquable par son ton, son humour, sa justesse et la finesse de ses analyses.

Kon Ichikawa, Le pavillon d’or, 1958

Pourquoi le jeune novice Mizoguchi a t il incendié le pavillon d’or ? Handicap, humiliation, trahison, honte, fantasme de la pureté, désir de sacralisation, icônes déstatufiées. Un film très riche d’une grande beauté plastique et sonore et un des grands films de Kon Ichikawa.


samedi 8 février 2025

David Lynch, Sailor et Lulla, 1990

Sailor et Lulla est une histoire d’amour fou et un road-movie, plein de sexe et de cigarettes, de chambres d’hôtel et de personnages étranges. Le film peut-être le plus simple de Lynch, le plus explicitement godardien première période.

David Lynch, Inland Empire, 2006

Le tournage d’un film, une malédiction d’acteurs tués, une sitcom avec des lapins anthropomorphes et des rires enregistrés qui soulignent des blagues sans blague. Inland Empire est le long métrage le plus labyrinthique de Lynch, un film désaxé soutenu par quelques trames narratives. Hermétique, ponctué de fulgurances poétiques, presque abstrait. Très proche de Lost Highway et de Mulholland Drive dont il constitue une version dont on aurait poussé le curseur de la déconstruction un peu plus loin. Chant du cygne cinématographique logique de Lynch.

Tim Fehlbaum, 5 septembre, 2025

JO de 1972, Munich, depuis les studio d’ABC : la prise d’otage des athlètes israéliens. Un huis clos, utilisant les images d’archives de cette première attaque terroriste diffusée en direct sur les écrans du monde, filmé comme un épisode de 24. 

Akira Kurosawa, 生きる (Vivre), 1952

Un homme, terne (ses collègues l’appelle la momie) apprend qu’il a un cancer et décide de vivre, d’apprendre à vivre. Le film est construit en trois parties, la première brève, bureaucratique (on dirait kafkaïenne) lorsqu’il apprend sa maladie, la deuxième est une traversée de la ville, érotique, et de l’énergie de la nuit, et la troisième est la longue beuverie qui succède à sa mort, une veillée funèbre entremêlée de flash-backs et une tentative de réhabilitation de son action ou d’appropriation. Vivre est une fable d’une grande beauté plastique, qui a marqué Rod Serling et l’écriture de certains épisodes de la Quatrième dimension. La deuxième partie est la plus belle, la troisième ponctuée de moments sublimes est un peu distendue, mais c’est souvent le cas chez Kurosawa. 

mercredi 5 février 2025

Denis Villeneuve, Dune 2, 2024

Il y a une exigence esthétique assez rare pour un film de sf de type soap-opéra. Les séquences de chevauchement des vers dans le désert sont très belles. Je suis moins sensible aux séquences de péplum ultra design. Le récit ne s’embarasse pas d’articulation (mais c'était déjà le cas du film de Lynch, peut-être le matériel original). Un objet très élégant, qui maintient un peu le spectateur à distance.

Noémie Merlant, Les femmes au balcon, 2024

Les femmes au balcon commence comme une comédie sororale à la Almodovar puis s'aventure vers le drame conjugal, la farce macabre, le film de fantômes, etc.

Le film se livre à un catalogue de la masculinité toxique (viol, violence conjugale, consultation gynécologique) et de ses remèdes (sororité, castration et éradication des hommes). Il se termine par une séquence : les femmes, marchant, seins nus, dans la rue, enfin libres dans un monde débarrassé des hommes, comme une citation d’un cinéma militant des années 70.

Il y a quelques tentatives formelles, dans le traitement des images, des essais avec des filtres. Les scènes de désexualisation du corps féminin sont assez réussies. Mais le mélange générique, l’imprécision de la mise en scène, comme une trop grande confiance laissée dans le mouvement de ses trois interprètes, plombe le film. Un film de genres trans féministe raté.

lundi 3 février 2025

Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl, 2024

Wallace fabrique un gnome robot capable de supplanter tout autre assistant avec une efficacité et une célérité d'action inouïes. Mais un manchot (ennemi juré de Wallace et Gromit), emprisonné suite au vol du diamant bleu, parvient à le pirater et à le programmer pour une tache diabolique. Une nouvelle excellente aventure toujours cotonneuse des héros en pâte à modeler, qui tombe à pile pour les fêtes de Noël.

Mel Gibson, Vol à haut risque, 2025

Huis-clos, dans un avion, à trois personnages : un prisonnier, un flic et un pilote usurpateur (Mark Wahlberg). C'est une farce qui s’en sort plutôt bien dans ce genre très contraint du film à espace restreint, dans lequel, en général, il s'agit surtout de combler le temps par une série de petites actions improbables. Le film est regardable mais qu’est-ce que Mel Gibson est venu faire dans un projet aussi dénué d'ambition ?? 

David Lynch, Twin Peaks : Fire walks with me, 1992

Prologue à la série, Twin Peaks, Fire walks with me en même temps qu’il en révèle prosaïquement le mystère. C’est sa limite, quand la série nous emmène vers des contrées si étranges, de réduire le fantastique labyrinthe des trois saisons à un drame sordide. Restent quelques scènes d’une puissance inouïe : le début et la première enquête  (le drame qui a précédé la mort de Laura Palmer), le message cryptique de Gordon, la démarche de Bobby imitée par d’autres dans la cour du lycée et, celle de l’ange, comme un écho à Sailor et Lulla.

David Lynch, Une histoire vraie, 1999

 






Charles Schulz, Peanuts, août 1954. 

Un homme âgé, apprenant que son frère, avec qui il est fâché depuis dix ans, vient d’avoir une attaque, entreprend de faire les 500 km qui les séparent, au volant d’un petit tracteur. 

C’est un film de route à la vitesse de 7km/h ponctué d’incidents mécaniques et de quelques rencontres (une jeune fille enceinte qui veut s’en aller de chez elle, des cyclistes, des pompiers, des quidams, un prêtre etc.).

À la fois contrepoids à Eraserhead et sa représentation cauchemardesque de la famille, et une attention portée à des éléments plus souvent minorés dans les autres films de Lynch : le café, une bière, le tabac, un feu, la beauté des champs, la pluie, le soleil, les paysages, l’Amérique des terres, la religion, la route qui défile. Et ici entièrement défaits du prisme de l’étrangeté, du fantastique, du mal, des distorsions temporelles et picturales, et d’un fond sonore anthropique — , à l'exception du vrombissement, paisible, d'un silo. 


vendredi 31 janvier 2025

David Lynch, Blue Velvet, 1986

J’avais gardé en mémoire deux scènes de ce film : un des pétages de plomb de Dennis Hooper, dans une scène d’une tension inouïe, et cette femme dansant longuement sur le toit d’une camionnette (il s'avère que c'est une voiture et que la scène est extrêmement brève). Je ne sais pas s'il faut interroger le fonctionnement de la mémoire ou la capacité du cinéma de Lynch à fabriquer des images qui se déforment.

Blue Velvet est un teen movie, marqué notamment par Hitchcock et ponctué de quelques bizarreries, qui amplifiées, systématisées deviendront la marque caractéristique des grands films de Lynch, le film vaut surtout sans doute pour ce qu’il annonce. 

samedi 18 janvier 2025

Sean Baker, Tangerine, 2015

Le 24 décembre, une prostituée trans qui vient de passer passé 28 jours en prison, part à la recherche de son mec, dans les rues de Los Angeles. Parallèlement, un de ses clients, chauffeur de taxi, entre courses et repas de famille, la recherche. Deux errances qui se rejoignent, dans un Los Angeles saturée de jaune. Road-movie urbain un peu distendu mais avec une énergie, un milieu, une singularité chromatique et quelques scènes (comme celle de l'indien Cherokee dans le taxi) remarquables.

Frank Dubosc, Un ours dans le Jura, 2025

Ce film repose sur un MacGuffin, alléchant, mais, qui une fois l’amorce passée, ne semble plus intéresser Frank Ducosc, il y revient sporadiquement comme à un fil conducteur artificiel. Le véritable sujet du film ce sont les relations distendues entre les personnages (couple, famille,  paroissiens…), que ce MacGuffin va permettre de consolider. L’ours ne sert qu'a la fabrication d'une intrigue sur les liens sociaux. Le film a ceci d'un peu paradoxal à la fois de faire tourner en sous-régime ses trois interprètes : Calamy, Dubosc, Poelvoorde et de s'éparpiller dans une multitude de sous-intrigues dont aucune ne trouve vraiment de terme ou d'aboutissement. Un ours dans le Jura que sa bande annonce vend comme un film de genre, enneigé, cruel, à la Fargo, dans lequel des quidams se trouveraient enferrés dans une situation trop grande pour eux ne tient pas sa promesse. 

jeudi 16 janvier 2025

dimanche 12 janvier 2025

Christian Gudegast, Den of Thieves 2: Pantera, 2025

Excellent film de braquage — avec Gerard Butler. Le film n’est pas un inventif mais il est d’une efficacité remarquable : mise en scène, montage, musique, lumière, direction des acteurs. Les scènes de braquage, les courses-poursuites et fusillades, ne laisse aucun répit et maintienne le film sous tension. L'ambiance générale, le ton du film, tout est réussi.

vendredi 10 janvier 2025

Guillaume Nicloux, Sarah B la divine, 2024

Sarah B la divine se concentre sur deux épisodes tragiques de la vie de Sarah Bernhardt : la perte de sa jambe, et sa séparation de Lucien Guitry. Le personnage interprété par Sandrine Kiberlain est exubérant — mais de manière, si l’on peut dire, un peu outrancière. C’est un film d’alcôve sur la ménagerie animale et humaine qui entourait l'actrice. C’est un film dans sa construction et sa reconstitution très classiques — pas ce que je préfère dans la filmographie du talentueux Guillaume Nicloux.

jeudi 9 janvier 2025

Clint Eastwood, Juré n°2, 2024

Un film de procès dans lequel un juré découvre qu'il est peut-être impliqué dans une affaire. Un très beau film classique, au montage élégant (seul le personnage interprété par Kiefer Sutherland est un peu inutile). Rien dans ce film ne témoigne de l'âge avancé de son réalisateur. 

Koya Kamura, Un hiver à Sokcho, 2025

Un dessinateur français s’installe pour quelque temps dans une pension de famille à Sokcho, une petite ville portuaire coréenne. Il loge dans une pension de famille dans laquelle travaille une jeune fille qui y fait la cuisine et dont le père (qu’elle n’a pas connu) est français. Se tisse ainsi entre les deux, par cette langue commune, une relation, entre dessin et cuisine. Le personnage interprété par Rochdy Zem, manque de finesse, il est caricaturalement artiste et français. Les liens et les biographies de ces personnages sont abordés très superficiellement : on ne comprend pas trop le manque d'implication de cet homme, son refus de goûter la nourriture de la pension — non plus que des éléments de la toile de fond du film comme cette femme bandelée qui sort de son hospitalisation. L'ensemble est entrecoupé de beaux dessins animés dont l'objet n’est pas très clair. Le film n'est pas dénué d'un certain charme, qui tient beaucoup à cette ville un peu triste. Il y a de beaux plans sur la manière de préparer le fugu, dans les maisons coréennes ou dans la ville, mais dont on peut regretter qu’il soit montré si peu. 

mercredi 1 janvier 2025

Psychose, 1960

Les éléments horrifiques, dont je me souvenais et qui ont constitué une partie de la surprise et de l’effroi au premier visionnage du film, sont presque entièrement neutralisés la deuxième fois, c'est qui saute aux yeux c'est le générique de Saul Bass, la musique de Bernard Herrman, les deux acteurs principaux fascinant, sa photographie, sa tension constante, et sa composition étrange avec son prologue et sa double enquête. 


Bergman, Persona, 1966

 Une actrice devient mutique, une infirmière l’accompagne en bord de mer, et s’expose en lui racontant une aventure sexuelle ; l’infuse ouvr...