mercredi 10 décembre 2025

Renoir, la grande illusion, 1937

Structurée en trois parties ascendantes, de la promiscuité à la solitude (la caserne, le château, les alpages), La Grande Illusion met en scène quelques-uns des thèmes fondateurs de la littérature et de l’art (la fraternité, le sacrifice, la guerre, l’amour) ; il évoque aussi plus anecdotiquement des thématiques à la résonance contemporaine : le trouble du travestissement et le véganisme.

Porté par des typologies très marquées : la gouaille (Carette), la retenue (Stroheim), le populaire (Gabin), la distance aristocratique (Fresnay), c’est, avec Le Trou et Un condamné à mort s’est échappé, un des plus grands films d’évasion (et français).

Un chef-d’œuvre émouvant, humaniste et technique — remarquable par sa mise en scène et sa photographie.


lundi 8 décembre 2025

Mamoru Oshii, L’œuf de l’ange, 1985

Dans un monde en ruines, sans habitants, une jeune fille protège un œuf. Elle rencontre un homme qui la met en garde sur l’attention constante qu’elle doit lui accorder. Il parle du déluge. Des ombres de baleines font surgir des pêcheurs fantômes. Puis il casse l’œuf.

Principalement muet, ce conte noir — dont les références proviennent plus du romantisme occidental des ruines que du post-cataclysme japonais — parvient à éviter les écueils de ce type de récit cryptique et symbolico-religieux par sa puissance visuelle et sonore.

Un des premiers longs métrages du réalisateur de Ghost in the Shell et d’Avalon.

Isao Takahata, Mes voisins les yamada, 1999

Nonoko est oubliée sur un banc ; les balles des enfants restent de l’autre côté de la barrière : qui range la maison ?

Adapté du yonkoma de Hisaichi Ishii, Mes voisins les Yamada se distingue des productions phares du studio Ghibli par son graphisme esquissé, aquarellé et sa thématique du quotidien.

Cette succession de tranches de vie aborde, sous un couvert plutôt drôle, des problématiques comme celle qu’on appelle aujourd’hui la charge mentale.

Une réserve : certains accompagnements au piano prennent trop de place, comme si la musique cherchait à combler un vide que l’épure du dessin n’appelle pas.

dimanche 7 décembre 2025

Derek Jarman, Wittgenstein, 1993

Il y a là la tentative de réaliser le biopic d’un philosophe (et spécialement de Wittgenstein), et avec un défaut manifeste de moyens : fond noir, rares éléments de décor, vêtements très colorés. On pourrait saluer une sorte d’essence de la mise en scène, un retour aux origines foraines du cinéma. Mais on peut aussi ne pas s’enchanter devant cet académisme compassé, caricatural. Rien ici ne restitue la puissance poétique des textes de Wittgenstein, dont Jarman propose une lecture personnelle – pour ne pas dire à contre-sens –, un peu comme ces représentations burlesques des pièces de Beckett. Autoportrait par Wittgenstein, navet queer-arty-intello, plus que chant du cygne flamboyant.


samedi 6 décembre 2025

Fabrice Éboué, Gérald le conquérant, 2025

Reprenant le procédé du mockumentary et les regards caméra de The Office, déjà brillamment exploités dans Inside Jamel Comedy Club, Fabrice Éboué les applique ici au récit d’un furieux dingue qui veut créer un parc identitaire avant de basculer dans le terrorisme. Malgré l’intention salutaire de renvoyer tout le monde dos à dos, cette comédie mal écrite n’est jamais drôle : le premier ratage total de Fabrice Éboué, autrement mieux inspiré dans ses films précédents et dans sa brillante série.

vendredi 5 décembre 2025

Reedland, 2025

Les marais, une communauté, le meurtre d’une jeune fille. Polar étrange sur le désir des hommes – dont l’un va s’incarner dans le crime, l’autre se contenir et chercher, dans la dénonciation du premier, une tentative vaine d’exutoire.

Le film lorgne parfois vers le cinéma de Dumont (le Nord).

La photographie et le travail sonore – quelque part entre Francisco López et les drones atmosphériques du cinéma de Lynch – sont magnifiques.

Il y a quelques incongruités scénaristiques (à la limite du fantastique) et certains éléments sont sans doute trop appuyés ou trop ténus (la manière de rétorquer, la vengeance trop faible, le sort réservé au cheval), mais c’est l’un des meilleurs films de l’année, l’un des plus originaux.

mercredi 3 décembre 2025

Gremillon, Gueule d’amour, 1937

Deux villes : Orange, Paris ; une certaine typicité ; une galerie de personnages ; des acteurs admirables, dont Gabin et Mireille Balin, et une histoire d’amour — sur fond de différences de classes sociales et d’un certain idéalisme. Comédie qui se finit dramatiquement, Gueule d’amour est une démonstration de génie de la réalisation — à partir d’un canevas insignifiant.

mardi 2 décembre 2025

David Mackenzie, Relay, 2025

Dans le genre thriller, série B mélancolique et tendue, à New York où deux solitudes se frôlent, Relay est plutôt plaisant : les acteurs sont bons et la réalisation est fluide — jusqu’à un moment du récit, un retournement de situation en dépit de tout ce qui avait été mis en place. Un film, en quelque sorte, post-factuel, post-cumulatif, cas d’école de la négligence et du foutage de gueule scénaristique.

dimanche 30 novembre 2025

Herzog, Fata morgana, 1971

La réalisation n’est pas à la hauteur de ses images : ses images d’éléments brouillés par la chaleur, en suspension (ont-elles marqué Lucas quand il a fait Star Wars ?), ses travellings et son acte 3 kitsch et inventif. Les parties 1 et 2 sont trop peu distinctes, il y a des images-scories inutiles, et il y a surtout — outre le choix des musiques totalement inadapté — un problème de son, de prise de son, de grain et de beauté de la voix, et de répartition du texte ; ce texte-là devrait nous emporter et il nous laisse constamment en retrait. Par ailleurs film est déplaisant dans sa complaisance à montrer la maltraitance animale. Un grand film raté.

Conversation secrète, 1974

Le début du film, composé de deux ballets étranges (le parc, l’atelier) est très beau, la deuxième partie s’étire en une sorte de thriller paranoïaque nonchalant. Un film plastiquement, sonorement très réussi, narrativement décevant.

samedi 29 novembre 2025

Hsiao-Hsien Hou, Le jardin de grand-père, 1984

Deux enfants de Taipei passent, alors que leur mère est malade, un été à la campagne chez leurs grands-parents. Un regard depuis l’enfance pour aborder l’enfance et d’autres questions : maternités, larcin, accident, etc. Une belle chronique d’un été par un cinéaste majeur.

vendredi 28 novembre 2025

La femme la plus riche du monde, 2025

L’interprétation de laurent Lafitte est assez enthousiasmante. Mais cette farce, dépourvue de toute idée de mise en scène est — et malgré son rythme enlevé, ennuyeuse — délitée rapidement, en un interminable fade-out.

jeudi 27 novembre 2025

Ozu, Fin d’automne, 1960

Fin d’automne reprend l’argument de Printemps tardif (1949), dans lequel Setsuko Hara interprétait le rôle de la jeune fille et Chishū Ryū celui du père ; ici ils incarnent respectivement ceux de la mère et l’oncle. Le récit est le même : l’émancipation de l’enfant restant une fois que son parent est veuf, mais cette fois encouragée, par un trio d’amis, maladroits.

Un film émouvant dont la forme peut sembler moins ostensible que dans d’autres d’Ozu ; mais les ballets fugaces des mollets, les traversées en arrière plan du champ, les mouvements des pipes, sont très beaux. Et ces intérieurs, à ras de tatamis, où se téléscopent des codes sociaux et des cultures, donnent envie de s’y allonger et d’y habiter .

Yórgos Lánthimos, Bugonia, 2025

Cuivres grandiloquents pour appuyer ce que ne souligne pas la dramaturgie. La partie principale, Emma Watson, crâne rasée, ensuite de vaseline, torturée, est ennuyeuse. Les départs en vélo de Jesse Plemons me donnait l’impression fugace de regarder un film de Quentin Dupieux. Bugonia est moins antipathique que les précédents films de Yórgos Lánthimos, certes. La fin est amusante mais tout ça pour ça ?

mardi 25 novembre 2025

Eric Besnard, Jean Valjean, 2025

Il faut du temps pour rentrer dans ce film, théâtral, artificiel, trop déférent vis-à-vis du roman.
 La partie centrale, dans la carrière de marbre est la plus réussie — la beauté chromatique y est pour beaucoup (c’est le troisième film de l’année après The Brutalist et L’inconnu de la Grande Arche à s’y dérouler partiellement). 
Des acteurs, c’est Isabelle Carré qui s’en sort le mieux ; l'interprétation de Jean Valjean, taiseux contenu, n'est pas vraiment convainquante et celle de la bonne de l'évêque, catastrophique. 
Pour le reste, pourquoi avoir choisi cet épisode ? d'autres sont infiniment plus cinématographiques.
 L’adaptation des Misérables est un genre cinématographique en soi, et un genre difficile.

lundi 24 novembre 2025

Yasujirō Ozu, Bonjour (お早よう, Ohayō), 1959

Commérage, occcidentalisation et début de la société de consommation au Japon dans les années 50.

Alors que des soupçons d’une appropriation des cotisations par la présidente de l’association de quartier (afin de s’acheter une machine à laver) viennent suciter la méfiance chez les commères, deux enfants, agacés des codes sociaux et de ne pas avoir de télévision chez eux, entament une grève de la parole.

Comédie subtile — dont les plans évoquent l’abstraction géométrique et les compositions de Mondrian — au ton tatiesque.

Alain Cuny, L’annonce faite à Marie, 1991

Comment transposer la pièce de Claudel à l’écran. Une composition picturale, sophistiquée des images, une désynchronisation des acteurs et des voix, et des plans intercalaires sur la nature. Un film hors du temps majeur, par un jeune cinéaste de 80 ans.

dimanche 23 novembre 2025

mercredi 19 novembre 2025

Running man, 2025

Ni grand film d’action, ni fable politique, une bande dessinée trop longue avec beaucoup d’images clignotantes en second plan pour stimuler une possible attention défaillante et détourner les plus accrocs de leur téléphone pendant la séance. Le mélange de charge politique révolutionnaire et d’action peine à convaincre, le film
est fatiguant malgré un soin apporté à l’image.

lundi 17 novembre 2025

Simón Mesa Soto, Un poète, 2025

Un poète, père, vivant encore chez sa propre mère et complaisant, découvre l’œuvre d’une jeune poétesse issue d’un milieu défavorisé. À travers elle, il va tenter de compenser l’échec de sa carrière littéraire et de sa paternité. Un film brut, anti-glamour, naturaliste et assez drôle.


dimanche 16 novembre 2025

Alexe Poukine, Kika, 2025

Un film sur le deuil et la réparation, très juste notamment dans sa manière inaugurale, par touches — la suite est un peu plus démonstrative. Un film d’une grande sensibilité portée par une remarquable actrice.

Hong Sang-Soo, Ce que cette nature te dit, 2025

La maison sur la colline.

Première journée passée avec la belle-famille d’un poète — qui ne répondra pas aux espérances. Le film, brut, fait de plans fixes et de rares zooms, montre avec ironie cette épreuve d’abord présentée avec bienveillance. Très réjouissant dans son analyse des rapports de classe et des protocoles sociaux.




samedi 15 novembre 2025

Jean-Baptiste Thoret, The Neon People, 2025

Environ 2 000 personnes vivraient dans le labyrinthe de tunnels sous Las Vegas. Ce sont les portraits de quelques-uns d’entre eux que fait Jean-Baptiste Thoret. Certains — le blues à la guitare, l’homme et son chien — sont particulièrement émouvants. L’ensemble alterne plans sur les néons de la ville et les sans-abri, lampe au front ou assis sur des chaises roulantes dans les parties les plus basses des tunnels. La construction, faite de micro-acmés et de redémarrages, patine, à l’image de ces vies sans doute, mais manque d’une structure. La musique évoque celle de John Carpenter.



Kōsaku Yamashita, Lady Yakuza : Chronique des joueurs, 1969

Cinquième opus de la série Lady Yakuza.

Oryū, exilée suite à la mort d’un de ses hommes, cache sa condition de yakuza et vit normalement parmi des métayers travaillant au commerce de l’indigotier et soumis à des clans.

Assez vite, les relations entre les différents protagonistes deviennent incompréhensibles, sans pour autant dissiper le plaisir de l’histoire ; c’est une sorte de western nippon verbal, avec bastons sanglantes (sans goutte sur les tatamis), coups magiques de Lady Yakuza qui semblent ne pas y toucher et surtout des parties de cartes constamment passionnantes.

C’est la force de ce film, porté par une photographie magnifique et une belle musique, que de rester captivant en dépit de ce scénario fonctionnant pas à-coups.

vendredi 14 novembre 2025

Kon Ichikawa, L'Étrange Obsession, 1959

Un homme qui n’arrive plus à satisfaire sexuellement sa jeune femme découvre dans la jalousie une nouvelle forme de vigueur. Il manipule ainsi sa femme et le jeune médecin promis à sa fille afin qu’ils entament une liaison. Le film, formellement très sophistiqué (les cadres et la musique sont sublimes, la photographie de toute beauté), utilisent de métaphores sexuelles proches de celles qu’Hitchcock emploie au même moment dans La Mort aux trousses, et un humour un peu incongru dans ce type de récit. Adapté d’un roman de Tanizaki, Palme d’or ex æquo à Cannes en 1960 avec L’Avventura. Une étrange pièce dans la filmographie de l’immense Kon Ichikawa.



jeudi 13 novembre 2025

Dan Trachtenberg, Badlands Predator, 2025

Après le bon Prey, Badlands Predator perd en originalité dans sa poursuite de la série. Entre les sabres de Stars Wars, les rituels klingons, King Kong et Godzilla, le film emprunte beaucoup, et rate sa construction narrative. Au final, une quête basique avec constitution de l’équipe et meurtre du père. Restent une faune et une flore plaisante, dark version pauvre d’Avatar.

jeudi 30 octobre 2025

Rob Reiner, Misery, 1990

Un écrivain, qui vient d'achever son dernier roman, un tournant dans son œuvre, dans un chalet, isolé, sous la neige, a un accident de voiture, il est sauvé par une de ses fans, infirmière, qui va le séquestrer, et lui demander d'infléchir le destin de son héroïne — adorée. Thriller d'horreur, tout y est évident et limpide : de la caractérisation minimale de ses quelques personnages (notamment secondaires) à sa construction narrative et sa gestion du suspense. Un film sur le fanatisme, le pouvoir de la littérature, la solitude, l’isolement — tendu et simple.

Carpenter, The Ting,

Double, terrien, froid, blanc d’Alien. Pourtant, et si plastiquement et d’un point de vue de la réalisation le film de Carpenter rivalise avec celui de Ridley Scott, ce n’est pas le cas, du point de vue du récit.

jeudi 23 octobre 2025

Alexandre Astier, Kamelott 2, 2025

Le film ne parvient pas à créer l’ampleur, le caractère épique qu’une telle aventure requiert.

Plus généralement il soufre de faiblesses techniques dans : sa mise en scène, ses cadrages, ses prises de vue et sa direction d’acteurs.

Par ailleurs, certains arcs narratifs — celui de Lancelot en particulier — n’ont aucun intérêt et interrogent la pertinence du recours à ce type d’effets spéciaux (ce budget) dans un tel cadre.

Le film peine à faire cohabiter ses registres hétérogènes : scènettes comiques d’inspiration télévisuelle, quête, drame, mythe.

Une forme d’amateurisme dans la réalisation. Astier est un réalisateur de sketchs télé, pas de cinéma (ou de dessinés animés, ses deux Astérix ne présentaient pas ces défauts).

Cela dit, passée la première heure laborieuse, éprouvante, gênante, on peut, peu à peu, se laisser prendre au rythme étrange de ce navet.

mardi 21 octobre 2025

Jan Kounen, L’homme qui rétrécit, 2025

Fallait-il refaire une adaptation du roman de Richard Matheson et du film de Jack Arnold ? La perception des phénomènes physiques a bien changé en soixante-dix ans, et la naïveté du propos original s’accordait à ses effets spéciaux.

Le film de Jan Kounen n’est pas vraiment un film d’aventures : il parle d’un homme qui s’éloigne — des siens, de la société, du monde — et qui est confronté à l’extrême solitude. Il y a une vraie dimension tragique, déjà présente dans le film d’Arnold. Le film joue sur plusieurs registres : la robinsonnade, le survival ; la séquence de la maison de poupée semble adapter un épisode de La Quatrième Dimension, tandis que la scène de l’aquarium est un hommage à Méliès.

Les scènes d’affrontement, de gigantisme insectes sont intéressantes pour ce qu’elles nous rapprochent d’une forme de perception (anthropocentrée) des bêtes minuscules , celà dit je me serais sans doute mieux satisfait d'un film d’aventures bourrin sur fond vert, que de cet entre-deux.

dimanche 19 octobre 2025

Radu Jude, Dracula, 2025

Variations, suite de sketchs, autour de la figure de Dracula, et de l’empalement, du godemiché et du pénis. Une partie des séquences sont des films de genre assez kitsch et bas de gamme dans leur production (tous les effets spéciaux « spectaculaires » sont confiés à l’IA). Certains segments se rattachent au forceps à l’ensemble, et sans proposer quelque chose de vraiment décalé. Le film dure presque trois heures : c’est parfois lourd, navrant, décousu mais, comme toujours chez Radu Jude, c’est un cinéma stimulant, qui donne envie de faire des films.

samedi 18 octobre 2025

Kristen Stewart, Chronology of water, 2025

Une jeune fille, nageuse est abusée par son père, elle se marie, accouche d’un enfant mort-né, puis devient écrivain. Il y a une belle maîtrise du montage et du son. Mais ce premier essai, tourné en pellicule, ne s’affranchit pas d’un certain dolorisme romantico-arty, à la fois adolescent et caricatural (Kim Gordon en maîtresse BDSM).

vendredi 17 octobre 2025

Orson Welles, La soif du mal, 1958

Le film de Welles est une succession de séquences — dont certaines, notamment la séquence inaugurale, jouissent d’une forte réputation —, liées par un scénario un peu lache. Le ton du film oscille entre la tragédie et le grotesque, le jeu des acteurs entre le naturalisme et l’outrance. Plus généralement, on sent un volonté de faire shakespearien en mêlant bouffonnerie et tragédie — très démonstrative. La photographie en noir et blanc est contrastée, les décors superbes, les thématiques multiples (frontière, nord sud, attentat, drogue, couple interethnique, pétrole, etc.). Un grand film shakespearien théorique raté.

mercredi 15 octobre 2025

Cédric Jimenez, Chien 51, 2025

Chien 51 part de l’idée la plus simpliste et la plus rabâchée qui soit sur l’intelligence artificielle — impossible de faire moins inventif. À partir de cet archétype, le film rate absolument tout : la représentation du Paris futuriste, les scènes de reformulation des crimes, les personnages, l’intrigue et même ses scènes d’action. Tout y est étriqué, gênant (le karaoké, la scène finale). Une sorte d’épisode de Dark Angel — mais bâclé, vieillot et sans intérêt.

lundi 13 octobre 2025

dimanche 12 octobre 2025

Vinciane Millereau, C’était mieux demain, 2025

Un couple caricatural des années 50 propulsé aujourd'hui et confronté au progrès et donc à sa propre remise en cause. Mal écrit et sans rythme. Une énième comédie française fainéante reposant sur un grand acteur  comique (Didier Bourdon) ayant abandonné toute ambition depuis plus de 30 ans. Comment peut-on passer des chefs d'œuvre des Inconnus à ça ?

Le moins bon (Stephanie de Monaco) y côtoyait le meilleur (Cinéma Cinémas, Avis de recheche, etc.) mais ça fonctionnait toujours plus ou moins parce que ça reposait sur le pastiche, sur quelque chose de préexistant. Bourdon était sans douter un pasticheur de génie, plus qu'un grand acteur.


samedi 11 octobre 2025

Joachim Rønning, Tron: Ares, 2025

Un long clip de NIN avec des super héros à moto très rapide et des traînées numériques rouge orange. Il y avait pourtant beaucoup à faire de ce va et vient entre numérisation du réel et réalisation du numérique.

vendredi 10 octobre 2025

Radu Jude, N’attendez pas trop de la fin du monde, 2022

Une journée dans la vie d’Angela Raducanu, qui filme des entretiens avec des ouvriers handicapés — destinés à l’entreprise responsable de leur handicap, laquelle doit choisir parmi eux le meilleur martyr à faire figurer dans un film de réhabilitation interne.

Ces séquences en noir et blanc granuleux alternent, d’une part, avec des extraits de vidéos qu’Angela publie sur Instagram, où elle se met en scène sous les traits d’un avatar outrancier et ultra vulgaire, et, d’autre part, avec un film des années 1970 ou 1980 dans lequel apparaît l’un des protagonistes de ces entretiens.

L’avant-dernière partie du film est constituée d’une série de plans fixes montrant quelques-unes des six cents croix qui jalonnent l’une des routes les plus dangereuses de la région.


Le film se referme sur le tournage du film lui-même.

Un film cinéphile sur le cynisme du capitalisme, mêlant plusieurs registres d’images et de discours, très drôle, inventif et stimulant.



jeudi 9 octobre 2025

Vasílis Kekátos, Nos jours sauvages, 2025

Robins des bois tatoués, en camping-car, avec effets d’intensité : musique pompière qui monte, soleil et hurlements lupins.

mercredi 8 octobre 2025

Richard Linklater, Nouvelle vague, 2025

Le tournage d’À bout de souffle, filmé de la même manière. Biopic cinématographiquement anecdotique et en même temps toujours réjouissant.

William Friedkin, French connection, 1971

Course-poursuite très spectaculaire à New York. Une espèce d'exercice de style assez radical dans sa manière de réduction du polar à une traque, qui n’est pas sans annoncer, sous une forme urbaine et plus resserrée, ce que Friedkin fera avec Sorcerer.

mardi 7 octobre 2025

Jafar Panahi, Un simple accident, 2025

Iran. Récit de vengeance puis de pardon. Le dernier plan — une fin en tension, est assez beau. Pour le reste, c'est un film mineur. Une Palme d’or donnée manifestement pour des raisons non cinématographiques.

dimanche 5 octobre 2025

Neo Sora, Happyend, 2025

Un Japon légèrement futuriste, un peu plus sous contrôle, un lycée et une esquisse de révolte. Film sur l'adolescence et le passage à l'âge adulte, dont certaines scènes sont assez réussies, mais l'ensemble un peu plat manque d’aspérité.

samedi 4 octobre 2025

Francis Lawrence, Marche ou crève, 2025

Navet bonhomme qui rate tout : ses dialogues (interminable), ses personnages,  la marche elle-même si mal filmée, la route et ses paysages. Il y avait beaucoup à faire à partir de cette idée, de ce roman de Stephen King et rien n'a été fait.

vendredi 3 octobre 2025

James Cameron, Avatar : La Voie de l'eau, 2022

J'avais vu Avatar (le 1) sur mon ordinateur au début des années 2010, et j'avais trouvé le spectacle décevant (alors que j'avais adoré, dans les mêmes conditions, Titanic). Mais je me souviens aussi avoir entendu Godard raconter être allé voir Titanic et y avoir vu des choses intéressantes. Sa ressortie au cinéma m'a donné envie d'y aller, et je n'ai pas été déçu. Le spectacle est au rendez-vous ; les scènes sous-marines, les scènes de combat sont extraordinaires — notamment dans cette indistinction entre les acteurs et l'animation. Le scénario est enfantin, le tout début est une sorte de visite documentaire de la planète. James Cameron reste le grand maître du très grand spectacle populaire.

jeudi 2 octobre 2025

Radu Jude, Kontinental 25, 2025

Une huissière de justice et un sdf delogé — qui se suicide lors de l'intervention. Son mari et ses enfants qui partent en Grèce, elle se retrouve seule avec sa culpabilité et quelques rendez-vous : une amie, sa mère, un ancien élève, un prêtre. Le dispositif : des plans fixes filmes à l’iPhone 15, un aspect brut. Une comédie sans fioriture, assez réussie.

John M. Stahl, Péché mortel (Leave her to Leaven), 1945

L’amour d’Helen pour Richard est exclusif. Reclus dans un ranch, son dessein se dévoile peu à peu. Décor de western,  filmé dans un Technicolor magnifique, un beau mélodrame doux et vénéneux.

mercredi 1 octobre 2025

Johan Grimonprez, Bande-son pour un coup d’état, 2025

L’indépendance du Congo et l’assassinat de Patrice Lumumba. La CIA, les mines d’uranium, un concert de Louis Armstrong, Khrouchtchev, la famille royale belge. Ce documentaire au montage dense et étourdissant, entremêle le jazz (Max Roach, Duke Ellington, Nina Simone) comme moteur du récit au jazz comme matériau rythmique de composition, et forme d’émancipation formelle — c’est sa force (un poème politique) et sa lacune : évoquant la guerre froide, l’impérialisme et la décolonisation, de rester, pour qui ne connaît pas parfaitement cette histoire, dans une impression dénonciatrice un peu néubuleuse.

mardi 30 septembre 2025

Joachim Trier, Sentimental value, 2025

À la mort de leur mère, leur père revient vivre dans la maison familiale. Il est réalisateur, l’une des filles est comédiennes, l’autre est universitaire, il veut faire un nouveau film dans la maison, avec sa fille. Réparation familiale, grande maison chargée, poids du passé ; un beau film sur les liens familiaux difficiles — avec d’excellentes actrices et acteurs. On pense inévitablement à Bergman.

dimanche 28 septembre 2025

Paul Thomas Anderson, Une bataille après l’autre, 2025

Le film est passionnant pour au moins deux scènes qui témoignent d’une maitrise technique et d'un sens du rythme exceptionnels — à elles seules, elles valent le coup : la circulation à l’intérieur de la maison/ville du sensei (toute l’exfiltration de Bob) et la poursuite finale en voiture.

Les 2h50 du film passent à toute allure, sans temps mort. Le film est une farce, grotesque, presque un cartoon — dans lequel la révolution, et le métissage sont des motifs qui ne me semblent pas avoir de portée politique. Anderson n'en dit rien. Les personnages sont caricaturaux. Les méchants blancs sont des membres d'une sorte de KKK du XXIe, et la révolutionnaire noire est sexuelle et traitresse.

Ce qui intéresse Paul Thomas Anderson dans le film c'est comme dans There will be blood qu'il repose sur un secret de paternité dévoilé comme un twist. Tout ça pour ça.

(notes du 17 octobre : la réception critique de Sirat et de Une bataille après l'autre témoigne de la crispation idéologique qui entache les analyses de film aujourd'hui. Magrebh, techno, camions et freaks suffisant pour certains à faire un film sur la déterritorialisation. Et personnage métisse suffisant à injecter de la défiance dans tous les discours révolutionnaires. Le film de PTA repose sur un petit twist comme dans There Will be Blood qui lui permet de boucler son assemblage de séquences, c'est l'impression qu'il donne ; de concevoir des séquences formelles (et deux d'entre elles sont remarquables et de construire une histoire à partir de ça, le principe est intéressant mais il fait un flop).

Je pense que Paul Thomas Anderson est un technicien brillant mais je ne suis vraiment pas sur qu'il soit un grand réalisateur.

Kenji Misumi, La lame diabolique, 1965

Hanpei, un vassal fils d’une femme et dit-on d’un chien, travaille pour un seigneur, il est jardinier, il fait pousser des fleurs. De son origine, il tire une grande vitesse. Il tue des espions dans des combats dont, les les coups portés, ce sont les conventions du genre sont toujours à côté. Un chambara de série b, un peu dispersé dans son récit, beaucoup moins captivant que les deux autres films de Misumi présentés.

samedi 27 septembre 2025

Darren Aronofsky, Pris au piège, 2025

Une sorte de Dude et un enchaînement de problèmes, c’est énergique drôle et loin de effets tapageurs d’Aronofsky, moins singulier sans doute mais assez sympathique 

Kenji Misumi, Le sabre, 1964

Un dojo, un maître, des élèves, un entraînement. Dévotion, ascèse, honneur, culpabilité. Le film traite de la psyché japonaise et de l’américanisation de la société, par l’utilisation d’éléments du cinéma pop américain. Un très beau film qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.

vendredi 26 septembre 2025

Lucile Hadžihalilović, La tour de glace, 2025

Une jeune orpheline fugue de son foyer et atterri sur le tournage d’une adaptation de la reine des neiges, elle noue une relation avec la star du film : une diva prédatrice. Le film est plastiquement très beau. Narrativement,  si le début tient bien le cap, le suite piétine, faute d’un scénario vraiment solide, qui se contente de délayer ses thèmes : le rêve et la réalité, la prédation, l’emprise, le cinéma, l’identification.

Kenji Misumi, 斬る, Kiru (Tuer !), 1962

Un samouraï aux origines tragiques voit les femmes qu’il devait protéger mourir, il se met au service d’un shogun. Chambara de série b, au scénario (de Kaneto Shindō) extrêmement simple. Tuer ! trouve un ton très juste, entre le comique un peu involontaire (la botte secrète, les combats et les coups jamais portés) et une très grande élégance formelle.

jeudi 25 septembre 2025

Pierre Schoeller, Rembrandt, 2025

Une ingénieure en nucléaire a une révélation devant un tableau de Rembrandt et se mue en lanceuse d’alerte : « attention, il peut y avoir un emballemenf climatique qui produirait un emballement nucléaire ». Incomprise, elle s’éloigne du monde. Les acteurs sont assez bons, la photographie est belle, mais la révélation est si ridicule qu'elle n’est pas à la hauteur de ce qu’elle suscite (donc du film), quand aux tableaux de Rembrandt, déclencheurs, ils sont greffés artificiellement sur le récit, lui conférant une fausse profondeur. Une belle forme parfois appuyée (notamment dans sa musique) pour un propos neuneneu. 

mercredi 24 septembre 2025

Yann Gozlan, Dalloway, 2025

Thriller high-tech paranoïaque avec IA qui prend le contrôle. Dans une résidence d’artiste, une écrivaine hantée par la culpabilité, essaie de finir d’écrire un livre sur la mort de son fils. Ça voudrait évoquer sans doute Shutter Island et un peu 2001. Ce n’est pas déplaisant, il y a un savoir faire technique, mais c'est trop faible scénaristiquement.

mardi 23 septembre 2025

Akira Kurosawa, Chien enragé, 1949

Un flic se fait voler son flingue et traque celui qui, balle après balle, l’utilise. Polar bifurquant vers une sorte d’errance/quête — d’une beauté formelle et d’une inventivité constantes. Film majeur de Kurosawa.

lundi 22 septembre 2025

Gregg Araki, The Doom Generation, 1995

Voyage dans la nuit d’un couple qui embarque avec lui un troisième larron. Le début du film semble, avec son hétérogénéité très cartoonesque, promettre une certaine énergie, un peu grotesque, et une forme de cartographie de l'adolescence : sexe, drogue, rock’n roll et junk food. Mais ce road-movie queer revendiqué abandonne en cours de route ses quelques amorces pour s’achever dans un plan à trois avorté et punitif. The Doom Generation est au final un film fainéant, mal écrit et bien dans les clous.

dimanche 21 septembre 2025

Chris Miller, Les Schtroumpfs le film, 2025

Trappes, rayons magiques, portes d’entrée dimensionnelles, etc. : tout ce qui dispense d’une vraie construction narrative est ici convoqué pour faire avancer le récit. La seule bonne idée du film, mais le procédé a déjà été utilisé dans un épisode des Simpson, tient à l'utilisation, lors des brèves séquences des techniques différentes, suggérant le passage d’une dimension à une autre. Une chanson de Rihanna, Anyone (qui ressemble par ailleurs à Halo de Beyoncé) peut aussi être sauvée. Tout le reste témoigne d’une fainéantise d’écriture et d’un défaut d’ambition.

samedi 20 septembre 2025

Michael Angelo Covino, Libre échange, 2025

Deux couples qui se séparent et des variations. Drôle, sans plus, feignant une certaine outrance pour un propos convenu.

vendredi 19 septembre 2025

Kurosawa, Les bas-fonds, 1957

Théâtral (un unique décor), braillard, grotesque, relâché — bien loin de la rigueur compositionelle de ses grands films. Seule la fin, très drôle, sauve cet aparté mineur de la filmographie de Kurosawa.

jeudi 18 septembre 2025

Lucas Belvaux. Les tourmentés, 2025

Chasse à l’homme désamorcée qui se meut en drame sentimental neuneu de réparation, plombée et toujours au bord du ridicule.

mercredi 17 septembre 2025

Shih-Ching Tsou, Left-Handed Girl, 2025

Chronique familiale, à Taipei, dans un marché de nuit. Un film, d’une grande justesse, subtilité, composition — avec une belle photographie, d’excellentes actrices, qui parvient à parler du statut des femmes taiwanaises, de la famille — par son scénario, de manière non didactique. Première réalisation solo de Shih-Ching Tsou. Un des meilleurs films de l’année.

Vincent Maël Cardona, Le roi soleil, 2025

Un bar PMU, des habitués, un ticket gagnant, un drame. Le début du film propose plusieurs points de vue — mais le dispositif est finalement abandonné au profit d'un simple jeu de massacre moral (voler c'est mal). Une sorte d'Amélie Poulain dépressive, renfermée, aux images poisseuses. Totalement raté.

lundi 15 septembre 2025

Akira Kurosawa, Entre le ciel et l’enfer, 1963

Suite de séquences formelles, picturales, rythmiques, narratives structurant les trois parties d’une intrigue policière : la négociation, la rançon, l'enquête. Film majeur de Kurosawa et de toute l'histoire du cinéma. Chef d’œuvre.

 

dimanche 14 septembre 2025

Yasuzô Masumura, La bête aveugle, 1969

Un sculpteur aveugle enlève un modèle afin d’accomplir son œuvre. Peu à peu, elle s’éprend de lui. Farce de la cruauté, fétichiste, jusqu’au-boutiste, entre l'appartement surréaliste à la Dali, le pinku eiga et le nanar bataillien. Une curiosité daté, sur des problématiques œdipienne et de porosité entre l’artiste, le modèle et l’œuvre.

samedi 13 septembre 2025

John Woo, Hard Boiled, 1991

Pur film d’action dense. Il y a une virtuosité dans ce déferlement d’explosion, de tirs, de flingues, de tueries et quelques scènes sont remarquables. On peut aussi trouver l’ensemble grotesque, kitsch (saxophone, ralentis) et éreintant.

Genki Kawamura, Exit 8, 2025

Un homme reçoit un appel de son ex-petite amie : elle est enceinte. Va-t-elle garder l’enfant ? L’homme erre ensuite dans une boucle de couloir du métro à la recherche de la sortie 8. Le début — cette répétition du parcours dont il faut chercher les différences — est assez enthousiasmant, mais le film se distend très vite entre effets fantastiques gratuits et propos creux (sommes-nous des PNJ ? Nos vies répétitives ont-elles un sens ? etc.). Un navet, dont on ne peut sauver que le générique.

jeudi 11 septembre 2025

Petra Volpe, En première ligne, 2025

Une journée dans un hôpital, une infirmière. Le film, dénué de sensationnalisme, parvient à captiver, avec un ensemble de gestes banals : déballer une seringue, faire une perfusion, circuler d’une chambre à l’autre. Rien d’autre que le quotidien dans un hôpital. Une sorte de thriller, avec une belle lumière, sans l’argument du thriller. Le film s’achève et une question se pose : quel est le salaire des infirmières ?

mercredi 10 septembre 2025

Oliver Laxe, Sirāt, 2025

Film de route, survival, film de désert, film musical, film de freaks : Sirāt s’annonce comme une promesse cinématographique — entre Antonioni, SorcererMad Max et FreaksPourtant, dès la première minute, on sait que l'expérience ne sera pas au rendez-vous, quelque chose cloche, un problème de cadrage. Par la suite, les quelques rares beaux plans du film (des phares dans la nuit) sont immédiatement neutralisés par les scènes suivantes, avec acteurs et dialogues : non dirigées, mal chorégraphiées, mal rythmées. Quant au récit, il se nourrit de quelques micro-actions tragiques totalement gratuites, inféodées à la nécessité de la durée et jamais à son intrigue — comme dans ces films à milieu restreint contraints par l'exiguïté de leur espace à l'artificialité des événements, ce qui est un comble ici. Que dit le film : marginaux, réfugiez-vous dans d’autres zones, le réel vous rattrapera quand même. Comment ce nanar d’une telle nullité technique et d’une telle bêtise narrative a-t-il pu susciter autant d'éloges ? Mystères de la critique… à laquelle sans doute quelques thématiques qui résonnent aujourd’hui : Maghreb, mutilés, techno, désert, marginalités — semblent suffire à faire un film…

mardi 9 septembre 2025

Yang Li, Escape from the 21st Century, 2024

Trois adolescents, plongés dans des produits chimiques découvrent un moyen de voyager dans le futur. Le film parle du passage à l’âge adulte et de ce qu'il faut abandonner de l’adolescence. Objet pop d’une inventivité visuelle époustouflante, ultra rythmée, combinant bd, animation, jeu vidéo, glitch, l’ensemble est éprouvant — narrativement forcément en deçà de sa densité graphique extraordinaire. Je n’ai pas vraiment adoré mais c’est absolument singulier — ça évoque Everything Everywhere All at Once.

dimanche 24 août 2025

Luc Besson, Dracula, 2025

Drame amoureux romantique, mal écrit, articulant deux récits (si on veut…) : la recherche d’une femme par le comte et par le prêtre — le film saborde  systématiquement ses idées et est incapable de susciter la moindre émotion. Qu’est-ce que Besson a bien voulu faire ?

Subway, son meilleur film, articulait une histoire très simple (un type veut monter un groupe de rock), un univers singulier (une société à part composée de marginaux et de représentants de l’ordre), un lieu étrange (le métro), un casting hors-norme : en quelque sorte du Mocky, avec un scénario enfantin, filmé et réalisé avec une certaine vitesse et une forme clinquante (ce que les américains ont appelé le cinéma du look). Il avait trouvé sa formule, qu’il a sacrifié pour viser un cinéma international, il aurait dû la garder.

samedi 23 août 2025

James Gunn, Superman, 2025

En dépit de deux idées, de l’ordre du décor (le globule attaquée derrière la vitre et les scènes de vitesse horizontales), le film, qui utilise des ressorts narratifs médiocres, est raté

vendredi 22 août 2025

Jianjie Lin, Brief History of a Family, 2025

Dans un appartement désincarné, impersonnel, bourgeois. Un couple adopte un camarade de leur fils, orphelin. Issu d’un milieu populaire, il semble pourtant mieux correspondre à leurs aspirations que leur propre fils biologique. Va-t-il le remplacer ? Une version désamorcée de La Servante ou de Parasites, avec un beau travail sonore et une certaine rigueur de composition. Mais un peu vain.


jeudi 21 août 2025

Olivier Schneider, Les Orphelins, 2025

Bastons, poursuites en bagnoles et explosions. Un film d'action français décontracté, réalisé à la truelle, médiocre dans toute sa mise en place mais efficace et sympathique dans ses chorégraphies.

mercredi 20 août 2025

Julia Ducorneau, Alpha, 2025

Dans une époque indéterminée, un virus transforme les humains en statues de marbre.

Une adolescente qui, vit seule avec sa mère, revient, après une soirée, avec un tatouage. A-t-elle été contaminée par l’aiguille ? Puis un frère, drogué et malade, débarque. L’épidémie sert de cadre à ce double récit : chronique de l’adolescence, des premiers amours, de sa place dans le groupe, et décrépitude d’une fin de vie.

Héritage familial, faux souvenirs, croyances, culpabilité, présence des morts : Alpha est l’histoire d’un deuil qui s’éternise et qui empêche le présent.

Alpha est inégal. Certains de ses dialogues didactique sonnent faux, sa direction d’acteurs est parfois bancale, et la densité de ses thématiques déborde et aurait gagné à être resserrée mais le film contient aussi quelques-unes des images les plus saisissantes du cinéma de 2025 (la tempête sur l’échafaudage, la cité de terre rouge).

Le meilleur film de Julia Ducournau après le raté Titane et l’inégal Grave.

lundi 18 août 2025

Freaky Friday 2, 2025

Quatre femmes d’une famille recomposée (grand-mère, mère, fille et belle-fille) échangent accidentellement de corps pendant quelques jours : le potentiel comique de ce high-concept est évacué au profit d’une histoire de liens familiaux bien sage. 

dimanche 17 août 2025

Aurélien Peyre, L’épreuve du feu, 2025

Un été, une île, un jeune bourgeois qui y a une maison de famille et des amis du passé, et sa petite amie, une esthéticienne. Le groupe va tester cet amour. Un film sur la cruauté des rapports de classe, des histoires d’amour, et de l’appartenance au groupe.

samedi 16 août 2025

Timo Tjahjanto, Nobody 2, 2025

Bastons et explosions mal écrites. Ni la sympathie que suscite le personnage interprété par Bob Odenkirk, ni la présence de Sharon Stone ne sauve de l’inintérêt absolu ce numéro 2.

vendredi 15 août 2025

Ari Aster, Eddington, 2025

Eddington parle de pandémie, évoque Black Live Matter, les fake news — dans un mélange de western, de film politique et d’enquête sabordée.

Le propos est d’une telle confusion, qu’il semble simplement accompagner l’indécision générique formelle du réalisateur, ayant plongé, au petit bonheur la chance, quelques problématiques contemporaines dans un shaker, avec l’espoir qu’il en ressortirait, magiquement, l’esprit du temps.

jeudi 14 août 2025

Junta Yamaguchi, En boucle, 2025

Un ryokan, dans les montagnes au nord de Kyoto, clients et employés revivent une boucle de 2 minutes et s’adaptent. Comment infléchir les choses ? Comédie fantastique, grotesque, avec un argument de sf cheap.


Akiva Schaffer, Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?, 2025

Suite des films de ZAZ. Le film est plaisant, sans être jamais hilarant. Liam Neeson fait le job — comme on dit, Pamela Anderson était bien meilleure dans un rôle plus proche d'elle-même (The Last showgirl).

mardi 12 août 2025

Peter Weir, Master and Commander, 2003

Un grand film d’aventure populaire, ménageant ses effets et nos émotions, et quelques plans de toute beauté.

lundi 11 août 2025

Mizoguchi, Les amants crucifiés, 1954

Mélodrame amoureux qui contient certains des plus beaux plans de l’histoire du cinéma.

La grande salle de l’UGC presque pleine un 11 août.

dimanche 10 août 2025

Michael Philippou et Danny Philippou, Substitution - Bring Her Back, 2025

Deux enfants orphelins, un garçon et une fille malvoyante sont accueillis par une femme. Deuil impossible et manipulation, un film d’horreur correct avec les balises du genre.

samedi 9 août 2025

Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, Confidente, 2025

Une opératrice de téléphone rose, reçoit, après un tremblement de terre, un appel d’un jeune homme coincé sous les décombres. Thriller à milieu restreint, avec imbroglio scénaristique, d’une nullité et d'une prétention abyssales.

vendredi 8 août 2025

Guillaume de Fontenay, BADH, 2025

Une agence secrète française échappe à une tentative d’élimination après une mission. Film d’action assez réussi dans ses scènes musclées et dans sa manière d’appréhender l’espace architectural lors des poursuites. Pour le reste, le scénario est trop ténu pour captiver. Il manque par ailleurs quelque chose à la caractérisation du personnage de BADH pour incarner cette idée de vengeance. L’intéret majeur du film réside dans le choix de son actrice, Marine Vacth, fragile, sèche, sobre et sans artifice et dont l’extraordinaire beauté subjugue à chaque plan.

jeudi 7 août 2025

Zach Cregger, Weapons, 2025

17 enfants d’une classe disparaissent. Que s’est-il passé ? Le film adopte successivement les points de vu de ses différents protagonistes pour faire avancer l’enquête. Thriller, film d’horreur, mais aussi film pavillonnaire, Weapons raconte les peurs de l’Amérique, de manière non didactique. Le film n’est pas dénué d’humour, ses acteurs sont remarquables, comme sa musique, sa réalisation et son montage. Le deus ex machina de la résolution finale (la sorcière) et son apparat clownesque en sont les deux éléments convenus, faciles.

Francis Galluppi, Last stop : Yuma county, 2025

La station-service-restaurant isolée, motif de la mythologie américaine. Archie Mayo en avait fait un très beau film, La forêt pétrifiée — celui-ci en constitue une sorte de remake, dont il reproduit aussi le défaut de construction : situation captivante et résolution bâclée. Ce qui est mis en place, dans ses personnages (la restauratrice, le représentant, les bandits, le couple, etc.) n'est pas vraiment exploité — ce sont des figures, presque interchangeables. Le film n'est pas déplaisant mais, ses auspices post-Tarentino, laissait présager autre chose qu’une petite série B.

lundi 4 août 2025

Joel Coen et Ethan Coen, The big Lebowski, 1998

Une sorte de Bijoux de la Castafiore, fausse intrigue, faux drame, un casting extraordinaire (jusque dans les rôles les plus brefs) : Jeff Bridge, John Goodman (encore obèse, et dont l’extraordinaire puissance de jeu a perdu en devenant mince), Julianne Moore, Steve Buscemi, Philip Seymour. Hoffman, John Turturro, jusqu’à Sam Elliott — avec une caractérisation des personnages immédiate, limpide. Une manière de désinvolture face au monde, traversé d’emmerdes mais qui se ne laisse jamais emporter, drôle, inventif, brillant. Comédie majeure, et peut-être le meilleur film des frères Coen. 

dimanche 3 août 2025

Les 4 fantastiques, 2025

Sauver le bébé mutant ou la terre, les 4 fantastiques se refusent à choisir. Dans des sixties fantasmés, une comédie sans intérêt, en dépit de la magnétique surfeuse d’argent sacrificielle (Julia Garner).

mercredi 30 juillet 2025

KEFF, Gangs of Taiwan, 2025

Une cantine à Taïwan, tenue par un couple et leur fils adoptif muet, qui traîne avec des malfrats. Le film développe trois intrigues : familiale, mafieuse et amoureuse. Les deux premières sont bien entremêlées ; la troisième, accessoire, reste en retrait. Les images sont belles, le début est très réussi, mais l’ensemble est trop long.

mardi 29 juillet 2025

Raphael Queunard, I love Pérou, 2025

Autofiction narcissique, qui commence sur un ton bouffon et feint de se conclure par une méditation sur la solitude. Anecdotique et pas drôle.

Sean Byrne, Dangerous animals, 2025

Le dangereux animal, c’est l’homme. Excellent survival, film de requin, thriller, body-horror. Avec une héroïne qui n’a pas froid aux yeux. C’est la princesse charmante, désormais, qui sauve le prince.

lundi 28 juillet 2025

Sophie Letourneur, L’aventura, 2025

Une famille, des vacances en Sardaigne.
Ce film naturaliste, très juste, résonnera chez tous ceux qui sont partis en vacances avec leurs parents, et ont connu ce temps suspendu, magique, très spécifique, où l’on goûte des plaisirs étrangers mâtinés de quotidienneté.

dimanche 27 juillet 2025

Kohei Igarashi, Super happy forever, 3025

Une station balnéaire, et la naissance d’une histoire d’amour. Et puis cinq ans plus tard, après la mort de la femme, l’amoureux revient sur les lieux.

Un très beau film, ténu, avec Charles Trenet en bande-son, sur la fragilité des rencontres, les opportunités à saisir, sur ce qu’il y a avant l’amour et après la perte.

jeudi 24 juillet 2025

Celine Song, Materialists, 2025

Une matchmakeuse vit une histoire avec un 10/10 parce qu’elle est matérialiste, comme toutes ses clientes. Mais finalement, elle ne l’est pas tant que ça, puisqu’elle choisit un vieil amour, fauché.
Rom-com soporifique, affreuse et niaise, dont le discours sur l’amour est d’une affligeante banalité, avec des stars auxquelles on ne croit pas une seule seconde.
Un des trois pires films que j’ai vus cette année

mardi 22 juillet 2025

Refn, Pusher

Le premier visionnage de la trilogie Pusher m’avait fait une très forte impression. À sa ressortie, le film a sans doute un peu perdu de sa force, un peu atténuée par le temps et les films de Refn qui ont suivi Le guerrier silencieux : sa période américaine qui me semble moins intéressante. Mais Pusher cauchemar d’une semaine témoigne d’une énergie, de la puissance de jeu de Kim Bodnia — qui n’a pas eu la carrière du très charismatique Mads Mikkelsen.  requistoir contre la drogue ce drogue de dealer 

dimanche 13 juillet 2025

Alain Chabat, Le combat des chefs, 2025

La brève série d’Alain Chabat est assez enthousiasmante dans ses quatre premiers épisodes puis franchement ratée sur le dernier,  ce qui relativise l’intérêt global de l’ensemble. Il y a un problème de fluidité dans les voix, très séquencées, symptôme d’une écriture manifestement contrainte par un découpage préalable. Certaines voix fonctionnent bien (notamment Obélix), tandis que d’autres manquent cruellement de dynamique. Quant à la musique, très datée et souvent dénaturante, elle constitue sans doute l’un des grands échecs de la série.


lundi 7 juillet 2025

Emilie Blichfeldt, The Ugly Stepsister, 2025

Portrait de quelques femmes affirmées dans un conte qui revisite Cendrillon, par le body-horror. Cruel à tous points de vue (celui du corps contraint, des disparités de la beauté, de la manipulation) et captivant. Il y manque une rigueur formelle, dans son cadrage et son rythme pour en faire un grand film.

dimanche 6 juillet 2025

Adrian Molina, Domee Shi, Madeline Sharafian, Elio, 2025

Importance de la famille biologique, de l’affirmation de soi, du renoncement aux codes sociaux pour le bien-être de ses enfants : ce conte est un récit d’intentions au scénario trop lâche. L’intention doit suivre le récit. Joli, féerique, mais qui peine à captiver malgré la richesse de son bestiaire.

samedi 5 juillet 2025

Gareth Edwards, Jurrasic World Renaissance, 2025

En dépit d’un démarrage laborieux et d’une mise en situation un peu poussive — mais ce n’est sans doute pas très important ; entre Moby DickLe Temple du SoleilIndiana JonesKing Kong et Alien : un excellent film d’aventures, qui retrouve l’esprit de la trilogie originelle.

vendredi 4 juillet 2025

Peter Dourountzis, Rapaces, 2025

Une fille massacrée à l’acide : une enquête de journalistes du magazine Détectives, avec un final bien tendu. Un excellent thriller porté par une excellente distribution.

mercredi 2 juillet 2025

Quentin Dupieux, L’accident de piano, 2025

Malgré la brièveté de ses films, le cinéma de Dupieux se distend de plus en plus, patine, pour en retarder la révélation. Passée la situation de départ, et la mise en place des motifs, l’ensemble devient presque sans objet et ennuyeux.

Mais avec son rythme de travail, un bon film tous les trois ou quatre ans, Dupieux se maintient quand même dans le haut du panier.



mardi 1 juillet 2025

Martin Bourboulon, 13 jours 13 nuits, 2025

L’évacuation de l’ambassade de France en août 2021 lorsque Kaboul tombe aux mains des talibans, la dernière ambassade encore non évacuée, un suspense haletant et empli d’une certaine mélancolie dans ses images.

lundi 30 juin 2025

Ido Fluk, Köln 75, 2025

Monté comme un thriller dont on connaît l’issue heureuse, récit de la ténacité d’une jeune fille issue de la bourgeoisie pour mener à bien un projet ambitieux. Le film est un peu inégal, la partie « familiale » sacrifiée au reste beaucoup plus intéressant.

dimanche 29 juin 2025

Isao Takahata, Pompoko, 1994

Les tanukis luttent contre les humains. Un conte transformiste lucide sur l’incontrôlable expansion anthropique au détriment de toutes les autres espèces sauvages et leur fatale adaptation.

samedi 28 juin 2025

Joseph Kosinski, F1, 2025

Un film très américain, remplissant toutes les cases du scénario attendu, efficace, parfaitement réussi. Un cinéma de sensation, émouvant.

vendredi 27 juin 2025

Arab Nasser, Tarzan Nasser, Once upon a time in Gaza, 2025

Un ancien dealer, dont le partenaire a été tué sous ses yeux par un flic, se retrouve à jouer dans le tout premier film d’action gazaoui. Il recroise le policier meurtrier, le tue à son tour, puis est lui-même abattu sur le tournage : les armes n’étant pas chargées à blanc. Il y a un côté un peu miteux qui retranscrit sans doute le quotidien désespéré de la ville assiégée. Pour le reste, ce film de genre, étriqué, est désespérément dépourvu de toute tension. Prix de la mise en scène - Un Certain Regard 2025 : c’est un acte de résistance qui est salué, pas une grammaire filmique.

jeudi 26 juin 2025

Charlie Chaplin, La ruée vers l'or, 1925

Film d’aventures, huis-clos, comédie romantique, film catastrophe, social : il y a de tout ça dans La ruée vers l’or, film majeur de Chaplin et de l’histoire du cinéma, prodige d’inventivité et d’humour.

mercredi 25 juin 2025

Hélène Cattet, Bruno Forzani, Reflet dans un diamant mort, 2025

Il y a une tentative de faire se répondre et virevolter des motifs, débarrassés de toute progression : c’est la singularité de ce film, visuellement et rythmiquement riche — et sa limite : son piétinement, maniériste, fétichiste — et vain. Quelque part entre OSS 117 et Robbe-Grillet.

mardi 24 juin 2025

Nobuhiko Ōbayashi, House, 1977

Sept jeune filles (Belle, Kung Fu, Mach, Binocles, Fanta, Sweet, Melody) vont passer l’été chez la tante de l’une d’entre elles, dans une grande maison — avec un chat — et qui va les dévorer. Esthétique vaporeuse, stop motion, incrustation, arts martiaux, maison hanté, horreur, psychédélisme, etc., le film d’une inventivité constante est une merveille d’énergie, de débordement, d’auto-engendrement. 

lundi 23 juin 2025

Tina Satter, Reality, 2023

Le FBI débarque au domicile de Reality Winner, traductrice du persan et du patcho. Ce récit d’une appréhension parle moins de leaks que de techniques d’aveu, et de la bascule — sur fond d’idéalisme politique — d’une situation professionnelle pleine de promesses à un auto-sabordage. Un peu artificiel parfois dans sa mise en attente et dans ses obturations référentielles, mais très anxiogène dans sa mise en scène de l’encerclement.

dimanche 22 juin 2025

Jonathan Demme, Stop making sense, 1984

Nul besoin d’être un fan de David Byrne pour goûter à l’extraordinaire énergie de ce montage de plusieurs concerts.

samedi 21 juin 2025

Johann Dionnet, Avignon, 2025

Un comédien de boulevards, pendant le festival d’Avignon, prétend interpréter Le cid afin de séduire une jeune femme. Comédie romantique de réconciliation avec troupe, assez drôle au début.

vendredi 20 juin 2025

jeudi 19 juin 2025

Danny Boyle, 28 ans plus tard, 2025

Il y a une certaine tension au début du film. Les images et les effets multicaméra, alternent, de la plus réussie à la plus laide, du ridicule, au meilleur.

mercredi 18 juin 2025

Thomas Ngingol, Indomptables, 2025

Yaoundé, un commissaire enquête sur le meurtre d’un autre policier. L’enquête sert plutôt à ce qui s’y narre, entremêlée, sa vie personnelle : une fille issue d’un premier mariage, des enfants, une nouvelle grossesse de sa femme, un collègue malhonnête. Porté par une certaine mélancolie et la beauté de ses images, son exotisme, le film tient aussi sa singularité d’une opposition marquée entre le jeu naturaliste de ses acteurs périphériques et celui de Thomas Ngingol.

mardi 17 juin 2025

Mike Flanagan, Life of chuck, 2025

La vie partiellement tragique d’un homme, racontée en trois chapitres dans l’ordre inverse de leur chronologie. L’enjeu d’un tel film et les critiques dithyrambiques qu’il a suscitées laissent sans voix. Ce qu’il dit : la vie de chacun est un univers en soi ; la mort n’efface pas les répercussions que l’on a eues sur les autres de son vivant ; choisis un métier rationnel, mais ta passion — transmise par ta grand-mère — ressurgira comme une madeleine au soir de ta vie.

lundi 16 juin 2025

Mikio Naruse, Nuages flottants, 1955

C’est une histoire d’amour entre un homme et une femme qui se sont rencontrés et aimés en Indochine, et qui peinent à se retrouver après la guerre. Un film sur l’inconstance de cet homme, et la difficulté de se reconstruire. Mélodrame sans pathos, tragédie amoureuse, composé de plans brefs, d’une grande modernité. On sort de la séance, accablé de beauté et d’une telle puissance cinématographique.

dimanche 15 juin 2025

Dean DeBlois, Dragons, 2025

Le film propose, au départ, l’idée sympathique d’une réconciliation entre espèces et d’une manière de réparation mutuelle — idée au final sacrifiée aux impératifs scénaristiques et à sa scène de massacre. Dommage. 

samedi 14 juin 2025

Marcel Pagnol, Merlusse, 1935

24 décembre, dans un pensionnat, un surveillant malmené par la vie et les élèves, va trouver, enfin, une forme de réparation. Un beau conte de Noël. 

vendredi 13 juin 2025

Stéphan Archinard, François Prévôt-Leygonie, Vacances forcées, 2025

Version, en dure, de Camping : cohabitation forcée dans une villa de différentes classes sociales avec remise en cause des préjugés de chacun. Portée par un excellente distribution (Aure Atika, Pauline Clément, Laurent Stocker, Bertrand Usclat, Clovis Cornillac) cette comédie adaptée d'un film italien, souffre de ses effets scénaristiques trop artificiels, et de certains arcs négligés — pour pourvoir embarquer entièrement.

jeudi 12 juin 2025

Hur Jin-ho, A Normal Family, 2025

Deux frères. L’aîné est avocat, riche, veuf, remarié, père d’un jeune enfant et d’une adolescente née d’un premier mariage. Le cadet est médecin, marié, père d’une adolescente. Une affaire les conduit à ce que l’un soigne une victime dont l’agresseur est défendu par l’autre. Puis un fait divers survient : leurs enfants passent à tabac un SDF. Le film est articulé autour d’une série de dîners chics. En dépit de son décorum, et de son argument coréens (la grand-mère qui n’a pas encore été mise en maison de retraite), A Normal Family, utilise les ressorts d'un boulevard, sophistiqué, un peu cynique — dont il faut accepter les fonctionnements, au mépris de toute logique psychologique ou narrative.

mercredi 11 juin 2025

Edward Yang, Yi Yi, 2000

Chronique familiale et sentimentale composée principalement de plans fixes, et qui évoque — à sa manière, Fanny et Alexandre. Edward Yang a une capacité certaine à capter quelque chose d’une vérité dans ses plans. Un film sobre et captivant.

lundi 9 juin 2025

Kiyoshi Kurosawa, Cloud, 2025

Un revendeur sur le net est démasqué par ceux qu’il a arnaqués. Le film commence comme une chronique de l’e-économie, se transforme en Délivrance, puis en film de traque et enfin en western dans un bâtiment industriel. Cloud est trop long et donne souvent l’impression de bifurquer génériquement par épuisement de ses formes. La dernière séquence, inattendue, artificielle mais très réussie, décadre encore le film vers autre chose. Une singularité qui mérite le détour.

dimanche 8 juin 2025

Martin Scorcese, Taxi driver, 1976

Un vétéran reconverti en chauffeur de taxi cherche une manière de se réintégrer dans le monde, puis de réparer le monde. Il échoue et reprend une vie normale. Un film d’errance urbaine, formellement riche, mais surévalué par rapport à d’autres œuvres de la filmographie de Scorsese.

samedi 7 juin 2025

Victor Vu, Inspecteur Kien, 2025

XIXe siècle, un village dans la montagne, des cadavres décapités retrouvés dans la rivière, un fantôme monstrueux, l’inspecteur enquête. Effets maximaux pour une intrigue minimale, mais on se laisse emporter par cette enquête fantastico-horrifique enfantine, son Sherlock Holmes vietnamien, ses décors et sa langue exotiques.

vendredi 6 juin 2025

Damien Chazelle, Lalaland, 2016

Conte, comédie musicale —deux artistes qui espèrent une forme d’accomplissement, se croisent, s’aiment puis prennent des chemins différents. C’est très beau, émouvant, bien interprété, mais superficiel et caricatural.

 

jeudi 5 juin 2025

Jean-Luc Godard, Scénario, 2024

Scénario, son dernier film inachevé, est précédé d’un documentaire dans lequel Godard explique à ses assistants, à partir d’une « brochure » qui tient lieu de storyboard, la manière dont le film pourrait se dérouler. De ces idées, il ne reste pas grand-chose dans la version réalisée et montrée du film. Cette articulation entre les indications de tournage et le film lui-même compose une sorte de variations possibles des formes qu’il aurait pu prendre — un statut entre l’ébauche et la finalisation.


Dans le film : des images fixes, des extraits d’autres films : Week-endOnly Angels Have Wings…, des parasitages sonores, et le final, une minute de Godard lui-même, assis sur son lit, chemise ouverte, lisant, la veille de sa mort volontaire. Sa voix, parfois chevrotante dans de plus anciennes interventions, ne l’est pas ici. Il n’y a pas une once de morbidité ni de vieillesse dans ces images.


Comment évaluer ce geste, abscons, témoignant de la maîtrise absolue d’une vie qui se confond avec l’histoire du cinéma ?

Shinji Sômai, Le jardin d’été, 1994

L’été, un terrain vague au milieu des constructions modernes, une maison délabrée, un jardin envahi, et un vieil homme. Trois gamins intrigués par cet homme vont finalement l’aider à reprendre pied. Un film d’une luminosité et d’une beauté sidérantes par un réalisateur majeur. Passionnant, qu’il montre le débroussaillage d’un jardin ou qu’il s’attarde sur une scène immobile dans une piscine (et qui aurait presque pu se passer de toute autre intrigue). Un très grand film solaire.

Fabienne Godet, Le répondeur, 2025

Un écrivain engage un imitateur pour répondre au téléphone à sa place, afin de dégager du temps pour écrire. Comédie un peu anecdotique, mais qui déjoue habilement les attendus qu’elle semble mettre en place (la révélation de la supercherie), pour glisser vers le terrain beaucoup plus subtil des entrelacs amoureux, sexuels, professionnels. Avec les excellents Denis Podalydès et Aure Atika.

mardi 3 juin 2025

Kei Ishikawa, Lumière pâle sur les collines, 2025

Royaume-Uni, 1982, une femme japonaise, veuve d’un soldat anglais, s’apprête à vendre sa maison. Sa fille, journaliste à Londres, vient l’interroger sur ce qu’elle a vécu après Nagasaki. Le film utilise ces deux époques pour évoquer l’exil, les traumatismes de la guerre, la vie quittée, ce qui se télescope, les affabulations, les séparations, les deuils. S’ouvrant et se fermant sur Ceremony de New Order, porté par une belle photographie et des décors dénaturalisants — à la limite du fantastique, d’excellents acteurs et des plans qui en évoqueront d’autres de l’histoire du cinéma japonais (Mizoguchi, Kaneto Shindō) ce film, d’un grand classicisme et d’une grande sobriété dans sa réalisation, est un enchantement mélancolique. 

dimanche 1 juin 2025

Thibault Emin, Else, 2025

Puisant ses influences dans Delicatessen, chez Cocteau et Cronenberg, ce trip minéral sur l’asphyxie du couple et les corps composites agrégés à la matière est en deçà de tout amateurisme ; aucun plan (ce qui n’arrive jamais au cinéma) ne peut en être sauvé. Le scénario déficient, tente de pallier ses lacunes par une distension « poétique » des scènes, ses effets spéciaux sont pauvres, ses cadrages approximatifs, sa prise de son défaillante et sa direction d’acteurs hésitante. Aucune grille de lecture ne peut s’appliquer à un tel objet, qui suscite malgré tout une question : comment a-t-il pu trouver un producteur et un distributeur ?

samedi 31 mai 2025

Dean Fleischer Camp, Lilo et Stitch, 2025

Lilo est orpheline, c'est sa grande sœur qui en a la charge, les services sociaux veulent les séparer. De son côté, un extraterrestre mutant s’échappe de sa planète d’origine. Ces deux êtres rejetés vont s’allier dans une comédie qui mêle prises de vue réelles et animation. Portée par le charme et l’espièglerie de sa jeune comédienne, baignée dans l’atmosphère ensoleillée d’Hawaï et rythmée par un montage enlevé, cette comédie émouvante pour les enfants est réussie.

vendredi 30 mai 2025

Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado, Le Sel de la Terre, 2014

Photographies commentées chronologiquement par lui-même de Sebastião Salgado. Il y a une indéniable force dans ces images ; leur indéniable limite, c’est qu’elles sont avant tout des objets esthétiques, qui ne disent peut-être pas grand-chose des sujets qu’elles racontent. Le parcours, de la dénonciation sociale à la soif de réparation de la terre, témoigne du désastre du monde et de notre espèce. Un documentaire élagué de toute technique, de tous les moyens mis en œuvre, de tout système financier – qu’il aurait pourtant été intéressant de montrer – et de toute réflexion sur la nocivité de vouloir documenter ce qui devrait rester isolé.

mercredi 28 mai 2025

Frederik Louis Hviid, L’ultime braquage, 2025

Un film de braquage danois avec Reda Kateb ; la partie braquage à proprement parler est tendue, mais brouillonne. Quant au préambule, chaque fil qu’il tisse se solde de manière systématiquement déceptive. C’est dommage, car le braquage inaugural laissait présager le meilleur.

mardi 27 mai 2025

Caye Casas, Accident domestique, 2025

Court-métrage distendu en long. Le seul intérêt de ce type de film est de voir comment le coupable va réussir à dissimuler son forfait. Mais on est bien loin d’Hitchcock  : le scénario est consternant, et il n’y a pas une seule idée de cinéma. Faute d’astuce scénaristique, le réalisateur n’a recours qu’à deux procédés : l’étirement infini des scènes et la condamnation de la pièce suspecte. Lorsque la comédie noire patine, il fait basculer son film vers la tragédie. Narrativement paresseux, plastiquement affreux, La table basse échoue entièrement. Et ce, en dépit d’une situation de départ amusante et embarrassante (la table basse et la gamine) et d’une scène inaugurale prometteuse.

dimanche 25 mai 2025

Tim Mielants, Tu ne mentiras point, 2025

Irlande, 1985. Un charbonnier découvre une jeune fille maltraitée dans un couvent. Le film est rugueux, austère, lent. Il alterne le drame rétrospectif de cet homme (pauvreté, perte de sa mère très jeune) et la découverte de cette maltraitance institutionnalisée. Porté par Cillian Murphy impassible et contenu, le film n’est pas passionnant, mais il propose un traitement du son très intéressant et une fin abrupte qui en parachève assez bien l’éviction de tout romanesque.


samedi 24 mai 2025

Lawrence Valin, Little Jafna, 2025

L’infiltré. Thriller dans le 10ᵉ arrondissement avec une communauté jamais montrée au cinéma : les Tamouls. Ce film de genre propose une réflexion sur le communautarisme et l’allégeance aux codes. Il y a un sens du mouvement, de beaux plans et une belle photographie. Un polar sur un Paris exotique, très réussi.

vendredi 23 mai 2025

Mourad Winter, L’amour c’est surcôté, 2025

Début d’une histoire d’amour entre deux personnages issus de milieux sociaux différents. La photographie est assez belle, le duo d’acteurs est bien choisi et quelques répliques sont assez drôles. Mais l’indigence narrative de ce récit, composé de vignettes non articulées, est affligeante.


jeudi 22 mai 2025

Amélie Bonnin, Partir un jour, 2025

Il faut sans doute un certain goût pour la chanson, et les émotions artificielles qu’elle fabrique, pour le terroir, et une nostalgie de l’adolescence à la campagne — pour apprécier Partir un jour. On y trouve : transfuge de classe, maternité non désirée, retour d’un amour adolescent, routier et bord de route. Il y a un soin dans les arrangements des réinterprétations, et on peut trouver à Juliette Armanet un charme dans quelques chansons. Une reprise lancée puis avortée de Cabrel constitue la seule idée cinématographique du film. Mais Partir un jour n’en reste pas moins une sorte d’épisode musical de Plus belle la vie, consternant dans sa forme télévisuelle et la pauvreté de son récit. Que ce téléfilm à l’ambition au ras du sol ait pu faire l’ouverture du Festival de Cannes en dit long sur l’état des prétentions filmiques françaises en 2025.


Renoir, la grande illusion, 1937

Structurée en trois parties ascendantes, de la promiscuité à la solitude (la caserne, le château, les alpages), La Grande Illusion met en sc...