Film entièrement raté en dépit d'un début prometteur, d'une excellente distribution principale (François, Damiens,William Lebghil, Laura Felpin) et de quelques excellents seconds rôles (Vanessa Paradis, Bruno Podalydès, le trop rare Jean-François Cayrey et Alicia Hava). Le film ne tient pas ses promesses, gâche son histoire, n'a aucun rythme et se perd dans des scènes étirées inutilement, dommage.
lundi 14 août 2023
mardi 8 août 2023
Quentin Dupieux, Yannick, 2023
Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser, ses deux films précédents, revisitaient, le premier Le portrait de Dorian Gray et le second le tokusatu à la manière d’une comédie d’horreur à sketchs. Ici c'est le vaudeville. Le film raconte la prise d’otage, par un spectateur, des comédiens et des autres spectateurs, d’un vaudeville. Le film se déroule quasiment en temps réel. L'action est réduite aux discussions entre le preneur d'otage, les acteurs et autres spectateurs. Il y a quelques plans qui décalent de la scène du théâtre proprement dite sur d'autres lieux, et une utilisation ténue et fine de la musique. C’est une comédie politique frontale qui parle de classes et d'humiliation sociales, de reconnaissance et de statut, de maîtrise du temps personnel, de domination, de pouvoir, de centralisation, etc. Je trouve que ça tourne un peu court et que l’auto-réhabilitation finale, yeux humides avant la fin qui s'annonce (les CRS et la restitution de l'ordre) instaure une sorte de tendresse supplémentaire pour le personnage excentré inutile. C'est un Dupieux mineur, comme Au poste.
dimanche 23 juillet 2023
Jean-Paul Le Chanois, Les misérables, 1958
Le film condense dans ses grandes lignes l’intrigue du roman de Victor Hugo, dans une chronologie parfois différente. De nombreux éléments du roman disparaissent (la digression sur Waterloo) mais aussi un épisode pourtant très cinématographique, l'éléphant de la Bastille. Il y a aussi des modifications de scènes emblématiques comme celle de la pièce volée. L'aspect feuilletonesque du roman (le suspense) n'est pas retranscrit. La photographie en extérieur est assez belle, et il y a quelques plans intéressants (Cosette et le seau d’eau), mais on pouvait espérer de la distribution (Gabin/Jean Valjean, Bourvil/Thénardier et Blier/Javert) et du matériau de départ autre chose que cette honnête mais soporifique adaptation, mal rythmée et scolaire. Aucune des scènes mythiques du roman (la scène de la barricade, la mort de Gavroche, les égouts) n'est vraiment incarnée. L’adaptation de Raymond Bernard, 1933 est beaucoup plus intéressante.
jeudi 13 juillet 2023
Frank Capra, Arsenic and Old Lace Arsenic, 1944
Les scènes en contre-jour sont belles, mais une fois le procédé du film mis en place : les diverses excentricités des personnages présentées et l'articulation entre les vieilles dames débonnairement tueuses et les tentatives de dissimulation du neveu, le film n'offre plus qu'une mécanique amusante, virevoltante parfois brillante mais fatigante. Gary Grant en fait des tonnes. Le film est long et il aurait gagné à être réduit d'un tiers. Un film à la très haute réputation mais qui me semble surévalué. La vie est belle me fait le même effet. Capra, est génial pour moi, dans It Happened One Night et parfois dans Lost Horizon.
mardi 11 juillet 2023
Lloyd Corrigan, Daughter of the dragon, 1931
La princesse Ling Moi (Anna May Wong) découvre que le terrible Fu Manchu (Warner Oland) est son père. Une partie du film s’apparente à du théâtre filmé, avec sorties de scène, discussions et passages d’une pièce à l’autre. Warner Oland est très peu présent à l’écran. Quelques scènes : sous la pluie, dans les caves, un homme jeté dans une pièce filmé depuis le plafond, la chute d’un homme filmée depuis un toit et quelques astuces de dissimulation (sortie murale escamotée, trou dans la toile) valent à elles seules le visionnage de ce petit film — qui précède d’un an la sortie du génial The mask of Fu Manchu, dans lequel Boris Karloff remplacera Warner Oland.
mardi 4 juillet 2023
Lothar Rübelt, Mit dem Motorrad über die Wolken, 1926
Un voyage en moto dans les Dolomites, en 1926. C'est un des premiers road-movies. La photographie est magnifique et les paysages filmés sont magnifiques. Il y a une utilisation de filtres chromatiques qui singularisent les différentes séquences du film. Mais indépendamment de ses intérêts technique et artistique, le film vaut comme le témoignage d'un temps révolu et singulier entre l'essor de la locomotion mécanique individuelle (l'industrie de la moto commence au début du siècle) et avant le tourisme de masse. Un western à moto sans autre action que le déplacement sur des routes de montagnes vides, sans voiture, sans personne, un paradis perdu. C'est un moyen métrage documentaire muet de 46 minutes qui mérite une autre place dans l'histoire du cinéma.
lundi 3 juillet 2023
Jean Girault, Le gendarme en balade, 1970
Le film commence par une séquence civile très réussie dans laquelle Cruchot, châtelain haddockesque, s’ennuie ferme dans son château, sa femme (Claude Gensac) pourvoyant à tous ses besoins, anticipant tous ses désirs (pêcheur sous l’eau hameçonnant à la chaine des poissons), élévateur pour accéder au cheval, dispositif d’alarme pour électrocuter les intrus.
Plus tard, dans une autre séquence très réussie du film, c’est un bouchon sur la route qui va donner l’opportunité aux gendarmes de ré-enfiler leurs tenues et de goûter à nouveau aux joies de la mise au pas et de la discipline, dans une scène qui n’est pas sans rappeler le long travelling du Week-end de Godard sorti deux ans avant et qui contient une scène éblouissante qui résume toute l'expressivité géniale de de Funès (le dialogue au sifflet géniale).
La suite est beaucoup moins réussie, elle mélange une fausse amnésie, une sortie chaplinesque calquée sur Ulysse chez le Polyphème, une incursion chez les baba-cools avec voiture fleurie, pétards et amour général. Le film s'enfonce peu à peu,
C'est un Gendarme très inégal, un drôle de mélange, à la fois rétrospectif avec film de vacances méta, bande dessinée entre Tintin Lariflette, Nouvelle Vague et Homère et nanard.
lundi 26 juin 2023
Fabien Onteniente, Camping, 2006
Gérard Lanvin, chirurgien esthétique (riche) tombe en panne de voiture avec sa fille sur le route de ses vacances, tout prêt du camping des flots bleus, où Franck Dubosc et sa bande de potes passent les leurs, comme à leur habitude. Sa voiture immobilisée par un garagiste sympathique mais farfelu, contraint Gérard Lanvin d'accepter l'hospitalité de Franck Dubosc.
Mixité un peu compliquée et dépassement des a priori de classes.
À la fin des Bronzés, un illustre prédécesseur film de vacances, c'est le départ de la joyeuse équipe, leur retour à la ville après la parenthèse insulaire. Popeye, un JO (Thierry Lhermitte), bientôt seul, insiste pour que Bobo (Luis Rego) reste avec lui. Bobo refuse. Il y a cette idée que la vraie vie est ailleurs, et que repousser indéfiniment le moment de ce "réajustement" est vain.
Dans Camping, la mélancolie saisit le groupe au départ de Gérard Lanvin quand il parvient finalement à poursuivre ses vacances ailleurs. L'immobilité des JO s'est déplacée chez vacanciers. Dans Camping, les vacances sont le prolongement de la vie réelle. C'est un ailleurs mais pareil.
Ce n'est pas la seule chose qui sépare ces deux films. Les Bronzés est un grand film sur la mélancolie, et toujours hilarant 50 ans après et porté par un groupe à l'équilibre miraculeux. Camping ne tient que sur les épaules de Franck Dubosc et son absence des scènes marquent systématiquement leur échec, tout y sonne faux, artificiel.
jeudi 22 juin 2023
Gérard Oury, La grande vadrouille, 1966
Une très grande comédie française : un film de route et un duo improbable que la guerre a réuni. C'est une certaine idée de la France. Le film enchaine les scènes marquantes : les bains turcs, la grange Batellière, la nuit à l’hôtel (qui est elle-même une succession de scènes parfaites : l’arrivée dans la ville, à l’hôtel, le plateau repas, l’inversion des lits), etc. La fin est sans doute la partie la moins réussie du film (à partir des chiens). Comment tracer un chemin dans une culture commune à partir de présupposés différents et d'un antagoniste ?
mercredi 21 juin 2023
Sam Hargrave, Tyler Rake 2, 2023
Film d’action ultra spectaculaire, avec un plan séquence hallucinant (encore plus improbable que celui du 1). Le scénario n'a pas d’intérêt mais la maîtrise technique du film a poussé le curseur tellement loin que ça n’a pas d’importance. Un très grand film d’action.
mardi 20 juin 2023
François Ozon, Mon crime, 2023
Sororité 2023 replacée dans les années 30. Un peu toc — mais le défilé des acteurs : Dany Boon, Régis Laspalès, Olivier Broche, Franck de Lapersonne, Daniel Prévost, Luchini, Dussollier, Isabelle Huppert autour de Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder est sympathique.
lundi 19 juin 2023
Bruno Zincone, Gros dégueulasse, 1985
Le film par sa lecture littérale du personnage, slip taché et couilles qui dépassent, échoue à adapter la bande dessinée de Reiser. L’écriture est un peu paresseuse, les gags ne sont pas drôles, il y a un problème de rythme mais pour autant le film n’est pas complètement raté. Maurice Risch, dans ce rôle si ingrat, s'en sort avec une certaine élégance, il y a un discours sur l’exclusion sociale, des plans documentaires étranges sur un marché ou dans un magasin de lingerie. Une sorte de film franchouillard, un peu crade et qui emprunte en même temps à cette esthétique publicitaire ou de ce qu'on a appelé le cinéma du look. Un drôle de mélange.
dimanche 18 juin 2023
Philippe de Broca, Jean Girault, Jacques Pinoteau, Les Veinards, 1963
Comédie à sketchs sur les changements de mœurs, la loterie, la publicité. Il est question de couples libres, de partouzes, de gain au loto. Il y a des quiproquos, de chassés-croisés domestique/épouse, maitresse/épouse, etc. Vaudeville un peu idiot, lourd, caricatural et pas très drôle, malgré un beau casting (Jacqueline Maillan, Mireille Darc, Louis de Funès, Pierre Mondy, Francis Blanche).
Gérard Jugnot, Fallait pas!… 1996
La veille de son mariage, un homme (Gérard Jugnot) qui a embauché des acteurs pour jouer le rôle de ses parents afin de les présenter à sa femme, se retrouve associé à la débâcle d'une secte. On suit deux récits : le road-movie étrange de cet homme et l'un des adeptes de cette secte (François Morel) poursuivis par les méchants, tandis que sa femme, dans son château, accueille sa fausse belle-famille. La réalisation est un peu relâchée, ce n'est pas hilarant mais le scénario est suffisamment singulier et loufoque, l'ambiance suffisamment étrange pour s'attarder sur ce film de Jugnot qui, s'il n'est pas aussi enthousiasmant que ses deux plus grandes réussites : Une époque formidable, et Monsieur Batignolles, vaut néanmoins largement le coup.
samedi 17 juin 2023
Jonathan Goldstein (XII), John Francis Daley, Donjons et Dragons, 2023
Le film est ennuyeux, l’image est laide, et la bande d'aventuriers ne fonctionne pas, les personnages sont mal exploités, certains n’ont aucune autre fonction qu'occuper visuellement l'espace et hormis deux ou trois scènes amusantes (le dragon obèse, la stratégie pour infiltrer les cadeaux et la scène du labyrinthe), le film est totalement vain.
vendredi 16 juin 2023
Jalmari Helander, Sisu, 2023
Dans une zone déserte de Finlande, un chercheur d’or mutique et solitaire, accompagné seulement d’un chien, se fait braquer par un escadron de nazis convoyant des prisonnières. Les paysages, la photographie et la lumière sont très beaux, très belles. L’acteur évoque dans son dolorisme chrétien et sa nature surhumaine à la fois Jésus dans les étapes de son chemin de croix (crucifixion, mort, élévation, chute, etc.) et Rambo pour la traque, à la manière d'une bande dessinée. Sisu emprunte à plusieurs genres : le film de survie, de revanche, de route, le film post-apocalyptique, la nazisploitation, etc. mais tout en parvenant à avancer de façon mono-directionnelle, sans écart. C'est une sorte de post-Tarantino, peut-être plus intéressant que Tarantino lui-même désormais.
Clément Duhour, La vie à deux, 1958
Comédie à sketchs utilisant des intrigues de Sacha Guitry mort l’année précédente, cohérés par un fil narratif : le testament d’un auteur léguant sa fortune aux personnages ayant inspiré certaines de ses œuvres à la condition qu’ils soient heureux. Les dialogues de Guitry et la distribution (Pierre Brasseur, de Funès, Pierre Mondy, Jean Marais, Fernandel, Gérard Philippe) ne suffisent pas à sauver ce film.
jeudi 15 juin 2023
Jean Girault, Faites sauter la banque, 1964
Victor Garnier (Louis de Funès), commerçant fauché à cause des investissements douteux que lui a fait faire son banquier décide de se dédommager lui-même, et de creuser un tunnel jusqu’à la banque en face afin d’y dérober le contenu des coffres. Faites sauter la banque sort en 1964, en même temps que deux autres films de Jean Girault, le premier Gendarme et Les Gorilles. Les films de Girault ont souvent des problèmes de scénario (de construction) mais Faites sauter la banque avec Marielle en banquier véreux et Louis de Funès en marchand d’articles de chasse et pêche, ruiné et père de famille est bien rythmé, direct, dépourvu de séquences digressives inutiles et ponctué de quelques épisodes très drôles. Un des meilleurs films de Jean Girault.
samedi 3 juin 2023
Gérard Oury, Le corniaud, 1965
Il y a dans Le corniaud, un road-movie parallèle entre Bourvil et de Funès, de Funès surveillant discrètement son convoyeur : c’est à la fois la singularité et la limite et du film, que les deux grands acteurs ne jouent quasiment pas ensemble. Dans sa trame plus sociologique, Bourvil est un dragueur un peu fleur bleue qui fait du camping. Ce n’est pas aussi génial que La grande vadrouille, ce n’est pas aussi drôle mais la photographie est parfois remarquable.
jeudi 18 mai 2023
Edgar G. Ulmer, Detour, 1945
Un pianiste de bar fauché traverse les États-Unis en stop pour rejoindre sa petite amie. Les événements vont s’enchainer et ce pianiste va être impliqué, malgré lui, dans deux meurtres qu’on pourrait facilement lui imputer. Film court (une heure) sur la fatalité du destin et la mythologie contrariée de la traversée des grands espaces. Le film raconte-t-il ce qui s'est passé ? ou la manière dont le narrateur essaie de se disculper ? Film de route, d’écarts, de lignes, d’arrêt, de piano bars et d’hôtel.
8⭐️
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