vendredi 10 janvier 2025

Guillaume Nicloux, Sarah B la divine, 2024

Sarah B. la divine se concentre sur deux épisodes tragiques de la vie de Sarah Bernhardt : la perte de sa jambe et sa séparation de Lucien Guitry. Le personnage interprété par Sandrine Kiberlain est exubérant — mais, si l’on peut dire, de manière un peu outrancière.

C’est un film d’alcôve, sur la ménagerie animale et humaine qui entourait l’actrice. Sa construction comme sa reconstitution sont très classiques — pas ce que je préfère dans la filmographie du talentueux Guillaume Nicloux.

jeudi 9 janvier 2025

Clint Eastwood, Juré n°2, 2024

Un film de procès dans lequel un juré découvre qu’il est peut-être impliqué dans l’affaire. Un très beau film classique, au montage élégant — seul le personnage interprété par Kiefer Sutherland paraît un peu inutile. Rien, ici, ne trahit l’âge avancé de son réalisateur.

Koya Kamura, Un hiver à Sokcho, 2025

Un dessinateur français s’installe pour quelque temps dans une pension de famille à Sokcho, petite ville portuaire coréenne. Il loge dans l’établissement où travaille une jeune fille qui y fait la cuisine, et dont le père — qu’elle n’a pas connu — est lui aussi français. Une relation se tisse entre eux, à travers cette langue commune, entre dessin et cuisine.

Le personnage interprété par Rochdy Zem manque de finesse : il est caricaturalement artiste et français. Les liens et biographies des personnages sont abordés de manière très superficielle : on ne comprend pas bien le manque d’implication de cet homme, son refus de goûter la nourriture de la pension, ni certains éléments de la toile de fond du film, comme cette femme bandelée sortant de l’hôpital.

L’ensemble est ponctué de beaux dessins animés, dont la fonction narrative reste flous. Le film n’est pas dénué d’un certain charme, qui tient beaucoup à cette ville un peu triste. Il y a de très beaux plans sur la préparation du fugu, dans les maisons coréennes ou dans la ville — mais qu’on aurait aimé voir davantage.

mercredi 1 janvier 2025

Hitchcock, Psychose, 1960

Les éléments horrifiques, dont je me souvenais et qui avaient contribué à la surprise et à l’effroi du premier visionnage, sont presque entièrement neutralisés à la deuxième séance. Ce qui frappe désormais, c’est la précision et la justesse de la réalisation, le générique de Saul Bass, la musique de Bernard Herrmann, les deux acteurs principaux fascinants, la photographie, la tension constante, et cette composition étrange avec prologue et double enquête.

Un vrai chef-d’œuvre, pour le coup, prototypique — comme beaucoup de films d’Hitchcock, qui fut à la fois un immense réalisateur, prolixe, et inventeur de formes matricielles du cinéma.

lundi 30 décembre 2024

Robert Stevenson, The island at the top of the world, 1974

Quelque part entre Jules Verne et Karel Zeman, cette aventure au bout du monde vaut surtout pour ses décors, son ballon et quelques belles scènes. Mais l’ensemble manque de tension, surtout à partir de l’arrivée chez les Vikings.

lundi 23 décembre 2024

Sean Baker, Anora, 2024

Un très long fade-out : de l’euphorie à la remise en place sociale amère d’une jeune strip-teaseuse dont s’éprend un jeune garçon favorisé. Le film est structuré en séquences, chacune associée à un lieu et à une tonalité : la boîte de nuit, l’euphorie et la désinvolture ; la maison, le rappel à l’ordre ; la ville, la recherche et l’errance ; le tribunal, l’annulation du mariage, etc. Le film est distendu et, malgré la variété de ses registres, reste dépourvu d’aspérités. Mikey Madison est géniale. Un bon film, mais pas au-delà.



dimanche 22 décembre 2024

Superstore, saison 1, 2015

Le quotidien d’employés d’un supermarché de la chaîne fictive Cloud9. La série n’a pas la finesse ni la charge de The Office, à laquelle elle ressemble par son sujet et l’utilisation de plans de vacance entre les scènes proprement dites (et dont certains sont les vraies réussites de la série). Tout y est plus caricatural, et pourtant moins outrancier, l’apparentant plutôt à une version live des Simpsons ou d’American Dad.












Jacques Tourneur, Out of the past, 1947

Un détective est engagé pour retrouver une femme enfuie et tombe amoureux d’elle. Il y a un équilibre formel dans le film qui tient à sa photographie, aux prises de vue, à l’alternance des tonalités des plans, à leur durée, à la répétition des scènes de lisière qui montrent l’extérieur par les fenêtres, etc.

Sa perfection structurelle et rythmique le rapproche d’un autre film, pourtant bien différent, mais qui met aussi en scène un personnage aux aguets : AlienOut of the Past est à la fois l’archétype absolu du film noir et l’une de ses réussites formelles les plus manifestes. Un film obsédant, majeur.











Josef von Sternberg, The Shanghai Gesture, 1941

Un casino, dont on vient signaler à sa tenancière — la très sophistiquée Mother Gin Sling — qu’elle devra le fermer quelques semaines plus tard. Le mouvement du titre, c’est celui de la ville, carrefour cosmopolite vénéneux (jeu, drogue, alcool, prostituées), et celui de la caméra lorsqu’elle appréhende l’arène circulaire concentrique du casino, ainsi que sa galerie de personnages.

The Shanghai Gesture est moins réussi que Shanghai Express. Le drame familial qui le sous-tend, et fait coïncider la petite histoire aux mouvements du monde, reste un peu artificiel. Mais le décor, les personnages, l’ambiance, la photographie, et quelques scènes de toute beauté suffisent à faire de ce film un objet magnifique




 


Mark L. Lester, Commando, 1985

John Matrix a 11 heures pour sauver sa fille des griffes du général Arius. Arnold Schwarzenegger traîne ici quelques expressions faciales tendues et approximatives, comme des résidus de son rôle de Terminator — mais mais équilibrées par que sa sculpturale beauté. Les seconds rôles — Bennett, en côte de maille improbable, et l’opportune Cindy — complètent la distribution de ce film aussi fluide que réjouissant dans son enchaînement narratif pourtant incongru. Très drôle, spectaculaire, Commando réussit l’exploit d’être à la fois parodique tout en prenant son registre d’action au sérieux.







samedi 21 décembre 2024

Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d’une banlieue pavillonnaire découvrent un vaisseau spatial enfoui qui les propulse accidentellement à l’autre bout de la galaxie. Les voici donc tentant, tant bien que mal, de rentrer chez eux. Ils sont accompagnés dans leur quête par un pseudo-Jedi (Jude Law). Chaque épisode les confronte à une nouvelle planète et de nouveaux dangers. Le premier épisode évoque un fantasme de geek : un mash-up entre Star Wars et Les Goonies. La suite est une série enfantine, narrativement très simple, anecdotiquement plaisante.



mercredi 18 décembre 2024

Ridley Scott, Gladiator II, 2024

Il faut d’emblée accepter des CGI qui ne cherchent pas le réalisme : ils sont là pour représenter, comme des cercles peuvent figurer des têtes en bande dessinée. Une fois cette convention $ — un peu kitsch — admise, Ridley Scott nous embarque dans un récit visuel virtuose et parfaitement mené, qui rappelle à quel point il reste un immense réalisateur. On peut lui préférer ses chefs-d’œuvre des années 1970-80, mais il n’a clairement pas renoncé — ni à la mise en scène, ni au cinéma comme puissance narrative.

mardi 17 décembre 2024

Silo, 2023

Dix mille humains vivent retranchés dans un silo, socialement stratifiés, observant le monde extérieur — toxique et désolé — à travers un unique hublot. Des reliques du monde d’avant circulent, certaines tolérées, d’autres interdites. La série débute comme une chasse au trésor claustrophobe, centrée sur l’exploration des profondeurs inconnues de la structure, avant de bifurquer vers une enquête policière et le dévoilement progressif d’un complot. La saison 2 articule plus nettement ces deux trames, mais c’est l’exploration des silos par Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) qui demeure la plus captivante.



mardi 10 décembre 2024

Platonic, 2023

Une femme et un homme, complices de leurs années étudiantes, se retrouvent à la quarantaine : lui vient de divorcer, elle s’apprête à reprendre son métier d’avocate après quinze ans consacrés à l’éducation de ses enfants.

Le point de départ du récit — un peu artificiel — permet de mettre en regard deux trajectoires, deux mondes : celui d’un couple bourgeois en reconstruction, et celui d’un hipster célibataire devenu brasseur. La série explore ce moment de la vie où se remettre en phase avec la société ne va plus de soi.

Elle doit beaucoup au charme et à la justesse de Rose Byrne et Seth Rogen.




lundi 9 décembre 2024

Doria Tillier, Iris, 2024

Iris est institutrice et vit dans le bel appartement de sa grand-mère, avec sa cousine. Elle écrit un livre pour enfants, trouve un éditeur, et tombe amoureuse d’un homme plus âgé. Personnage décalé, elle obéit à une exigence logique discursive qui n’est pas celle de ses contemporains. Entre la comédie romantique et la fable, la série très douce, écrite et interprétée par Dora Tillier, déploie une singularité poétique à contre-courant. Avec : Anaïde Rozam, Jeanne Balibar, François Morel et Denis Podalydès.




jeudi 28 novembre 2024

Columbo, Ashes to Ashes, 1998

Réalisé par Patrick McGoohan — qui signe ici sa quatrième participation à un épisode de Columbo et incarne également le rôle d’Eric Prince, directeur d’un établissement mortuaire ayant assassiné une femme détenant la preuve d’un vol qu’il avait commis plus tôt — cet épisode, assez dense, vaut surtout pour le plaisir de voir s’affronter une fois de plus ces deux grands acteurs.

mardi 19 novembre 2024

The Office (AU), 2024

Cette version australienne réutilise les codes de l'originale et de sa déclinaison américaine, la typologie de certains personnages, des éléments de la trame, les plans de cadrage sur la ville, etc. Le premier épisode est raté mais au fur et à mesure des suivants, le calque avec l'originale s'efface, jusqu'à ce que la série trouve un ton et une identité nationale (exotique). Une très honorable nouvelle version.



lundi 18 novembre 2024

Columbo: Columbo Likes the Nightlife, 2003

Soixante-neuvième épisode de Columbo

Les tueurs sont trop jeunes et le meurtre initial trop accidentel pour qu'on y développe l'antipathie habituelle à leur encontre — et la manière dont Columbo prouve leur culpabilité est à l'avenant.

Mais à défaut d'un récit mémorable, on peut faire de cet ultime épisode (un soixante-dixième épisode envisagé ne fut jamais tourné) un passage de relais entre deux générations sérielles — une sorte de cross-over qui n'en aurait pas le nom.

Techniquement : une scène au début rappelle que CSI a commencé trois ans plus tôt, contaminant un peu de son esthétique (lumières nocturnes, fluidité de la caméra, musiques électroniques) la série quadragénaire.

Et par la présence de Steve Schirripa, le "messager," et acteur des Sopranos — dans laquelle il incarne déjà un mafieux — qui fait office, dans cette porosité des séries aux acteurs, de transmission de témoin.





samedi 16 novembre 2024

Columbo, Butterfly in Shades of Grey, 1994

Dans la plupart des épisodes de Columbo, la préparation du meurtre et la manière dont l'inspecteur débusque le coupable constituent une grande partie du plaisir de spectateur. Ici le meurtre est accompli sans génie et le piège que tend Columbo est anecdotique. Si Butterfly in Shades of Grey est un épisode remarquable, c’est par sa peinture d'un milieu (la radio, le show-business), par la densité de ses éléments un peu intercalaires et surtout par la présence de William Shatner qui incarne le tueur (et dont c'est la deuxième participation à un épisode) — et au plaisir de voir ces deux acteurs mythiques jouer ensemble.

vendredi 15 novembre 2024

Une amie dévouée, 2024

Une femme s'invente un lien avec l'attentat du Bataclan et participe à la création d'une association de victimes. La série est un peu longue, alors qu'elle donne l'impression de survoler à la fois la psychologie de cette femme et la manière dont ses arnaques sont mises en place. Les personnages satellites en dispersent encore un peu plus le propos. Il y a dans cette combinaison qui tient à la fois du témoignage d'un drame récent et d'une fiction de genre (l'usurpateur, le mythomane — comme cela a été traité dans L'adversaire et L'emploi du temps) — un hiatus inhibant leur articulation.



Thomas Ngingol, Indomptables, 2025

Yaoundé, un commissaire enquête sur le meurtre d’un autre policier. L'enquête sert plutôt à ce qui sy' narre entremêlé sa vie person...