La jungle, un hélicoptère crashé, un commando de forces spéciales et un ennemi invisible. Survival, horreur, science-fiction : bien construit, avec de belles images de jungle et de l’humour.
lundi 10 mars 2025
samedi 8 mars 2025
Bong Joon Ho, Mickey 17, 2025
Le film articule plusieurs trames : la conquête dictatoriale, la prédation anthropique et la réduplication des corps serviables — la chair à canon. C’est trop long, un peu burlesque. La trame des remplaçables n’exploite presque rien de cette idée, et la prédation anthropique est réduite à une caricature.
Film de science-fiction burlesque, singulier mais décevant, très loin de Okja, Memories of Murder et Parasite.
Duvivier, David Golder, 1931
Adapté d’un roman d’Irène Némirovsky, premier film parlant de Duvivier. Chute et mort d’un homme qui a réussi. Le récit est ennuyeux, mélodramatique, et le jeu des acteurs, outré.
Mais le film est passionnant dans ses scènes en marge de l’intrigue proprement dite, qui jouent sur des tentatives formelles : superpositions sonores, cadrages, découpage — comme le début magnifique de cette scène finale sur le bateau, avec le chant des immigrés juifs et la sirène du navire.
Un film remarquable, très inégal.
jeudi 6 mars 2025
Sogo Ishii, Crazy family, 1984
La famille Kobayashi devient enfin propriétaire après des années passées en logement social. La découverte d’un termite et l’arrivée du grand-père SDF vont perturber le rêve pavillonnaire, le transformant en cauchemar.
Un jeu de massacre jubilatoire, mais trop long — le film ayant déjà donné à peu près tout ce qu’il avait à offrir dans sa première heure. La musique, créditée à 1984, est géniale.
mardi 4 mars 2025
Lou Ye, Suzhou River, 2000
Deux hommes, deux femmes, la rivière Suzhou. Le mélange de genres — histoire d’amour, crime, mystère, fantastique — est intrigant, et les images, filmées comme un documentaire, de la rivière et de ses berges industrielles sont très belles. Un film singulier, flottant dans son récit.
Julien Duvivier, Les cinq Gentlemen maudits, 1931
À bord d’un paquebot, en route vers le Maroc, cinq gentlemen, dont un millionnaire. Le film utilise un cadre presque ethnographique pour y couler un récit fantastique et mystérieux. Le mélange est absolument réussi : séquences musicales documentaires de toute beauté, poursuite finale de type slapstick, quelques échos du cinéma muet, et la splendeur des villes marocaines.
C’est l’un des premiers films de Robert Le Vigan. Les Cinq Gentlemen maudits est une parfaite synthèse entre un formalisme hérité des avant-gardes et une narration populaire. Un très grand film de Duvivier, et de l’histoire du cinéma, injustement méconnu.
Martin Scorcese, After hours, 1985
Une nuit à New York : des sollicitations amoureuses, de l’art contemporain, des bars, des vols et des poursuites. Un conte farfelu, drôle, porté par le ton très juste de Griffin Dunne. Une parenthèse légère dans la filmographie du grand Martin Scorsese.
Ozu, Printemps tardif, 1949
Un film d’une infinie délicatesse sur la séparation d’une jeune femme en âge de se marier de son père veuf. La famille, les conventions, les jeux de rôles sociaux. L’un des films les plus simples et les moins hiératiques d’Ozu. Tout ici est bouleversant.
vendredi 28 février 2025
Wong Kar-wai, 2046, 2004
Le film est traversé de beaux moments et d’au moins une scène sublime, quelques secondes dans un tripot. Il y a la beauté de ses deux acteur·rice·s, des vêtements, coiffures, maquillages, de la musique de Delerue — tout cela sauve un peu le film.
Mais le récit est distendu, et son roman de SF enchâssé, inutile. Le pire, peut-être, c’est que, tout en étant si attaché à ses images et à une imagerie des années 60, il ne parvient pas vraiment à retranscrire quoi que ce soit de la mélancolie amoureuse qu’il met en scène.
Un très beau film raté.
jeudi 27 février 2025
Wuershan, Creation of the Gods 2, 2025
Le film est beaucoup trop long et ne sait pas comment s’arrêter (trois scènes post-génériques…). Il a un problème manifeste de structure, de construction, de rythme. Par ailleurs, les dynamiques d’alliance entre les différents protagonistes et leur bestiaire sont à peu près incompréhensibles.
Si l’on passe outre, c’est un film mythologique entre le kitsch et les CGI flashy, jalonné de quelques bonnes scènes de baston/poursuite.
mercredi 26 février 2025
Robert Bresson, Quatre nuits d’un rêveur, 1971
Un jeune homme interrompt une jeune fille qui s’apprête à sauter du Pont-Neuf. Paris, la nuit, la Seine, les bateaux-mouches, des femmes longilignes très belles, la musique des années 70, les cheveux longs des garçons et le sentiment amoureux.
Le maniérisme de Bresson a trouvé, dans un certain cinéma de genre, son accomplissement formel : Pickpocket, Un condamné à mort s’est échappé. Ici, dépourvu de toute tension narrative, il montre certaines de ses limites, entre la grâce et le ridicule.
dimanche 23 février 2025
David Lynch, Twin peaks missing pieces, 2014
Récit parallèle au film, prolongeant certaines scènes, mettant en scène des acteurs de la série qui n’apparaissent pas dans le montage final du film.
mardi 18 février 2025
James Whale, La fiancée de Frankenstein, 1935
Le récit est loufoque et hasardeux, mais son artificialité répond parfaitement à celle de sa créature et de ses décors (magnifiques), ainsi qu’à son tournage en studio : la lande, la foule, le laboratoire, la machine — la fiancée du titre n’apparaissant qu’à la toute fin.
On y retrouve tout l’esprit des extraordinaires films fantastiques des années 1930 : Les Poupées du diable de Tod Browning, Le Testament du docteur Mabuse de Fritz Lang, The Mask of Fu Manchu, et d’autres films de James Whale.
Andreas Hartmann, Arata Mori, Jōhatsu (Evaporés), 2024
80 000 personnes s’évanouissent au Japon chaque année. La plupart réapparaissent, mais certains disparaissent pour de bon. Ce documentaire dresse le portrait de quelques-uns de ces évaporés et de leur passeuse — ceux qui ont accepté de témoigner après avoir disparu et refait leur vie ailleurs, afin d’échapper à leur femme, leur patron, la mafia, des dettes, etc.
Le film survole le phénomène — peut-être limité par la nécessaire confidentialité de ses témoignages. Aucun point technique, quelques belles images du Japon.
lundi 17 février 2025
Toshiharu Ikeda, La légende de la sirène, 1984
Un couple de pêcheurs d’ormeaux est attaqué par des yakuza, l’homme est tué. Accusée du meurtre, la femme trouve refuge sur une petite île, dans un bordel. Et elle va se venger.
Le film est singulier dans sa construction : il emprunte à la chronique insulaire, à la fable, au film aquatique, au pinku eiga, au grotesque et au film d’horreur sanglant. C’est à la fois un récit de vengeance maritale et celui d’une sauvage naïade contre le capitalisme.
Film de genre(s) extrêmement bien réalisé, aux images magnifiques.
Hou Hsiao Hsien, Mambo, 2001
Vicky veut quitter Hao-Hao, mais Hao-Hao la retrouve toujours. Les néons et les lumières artificielles, la fumée des cigarettes et la beauté de son actrice, Shu Qi, constituent les principaux motifs de ce film presque sans récit.
Mambo est un film sur la grammaire du cinéma et son pouvoir — qui donne envie de partir à Hokkaido, comme son héroïne, y traîner dans les rues enneigées, devant les cinémas, afin de poursuivre la séance devant d’autres films encore.
dimanche 16 février 2025
Brady Corbet, The Brutalist, 2025
Fresque sur la réhabilitation d’un architecte hongrois, émigré après la guerre aux États-Unis. Le film est ample et ambitieux, mais on peut lui trouver une emphase thématique (judaïsme, religion, architecture, Shoah, immigration, drogue, humiliation sociale, handicap, etc.), musicale (ces cuivres pompeux que semble vouloir dédouaner par anticipation la dédicace à Scott Walker) et une application scénaristique scolaire (morphologie du récit de réhabilitation) — depuis son « ouverture », en passant par son basculement souterrain, jusqu’à son épilogue raté. Une scène est très belle : la carrière de marbre.
Le film est dédié à Scott Walker, avec lequel Brady à collaboré, ce qui est une manière d'alignement à une esthétique (baroque, ample, industrielle) mais qui ne suffit pas pour autant à le mettre sur un pied d’égalité avec lui. Le film est qualifié de chef d’œuvre dans plusieurs journaux. Il ressemble dans sa structure, certains de ses plans et sa révélation finale à There will be blood, lui aussi volontiers qualifié régulièrement de chef d’œuvre. À supposer que le film de Paul Thomas Anderson en soit un, le seul décalque suffirait à disqualifier The Brutalist. Il y a là une une confusion entre l’ampleur, l’application d’un certain équilibre structurel et la réussite technique (la mise en scène de Brady est réussie mais n’est pas virtuose). la réutilisation de procédés. Un chef d’œuvre n’est peut être pas l’application de procédés déjà expérimentés ailleurs, il doit proposer une forme de novation. I
samedi 15 février 2025
Halina Reijn, Baby Girl, 2024
Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c'est un film, sur le désir (et l’importance de la famille) ponctuée de belles scènes et d'autres ridicules.
Une femme haut placée (dans le milieu de la robotique) n’a pas de plaisir avec son mari. Elle s’émeut d’un jeune stagiaire qu’elle a vu maîtriser un chien. Débute une relation SM qui empiète peu à peu sur sa vie de famille et risque de compromettre sa place dans l’entreprise. À la fin : tout rentre dans l’ordre (le mari réussit à la faire jouir).
Annoncé comme un thriller érotique, Baby Girl n’est vraiment ni l’un ni l’autre. Si l’on s’abstient d’y chercher un propos clair, c’est un film sur le désir (et l’importance de la famille), ponctué de belles scènes et d’autres ridicules.
vendredi 14 février 2025
Les Tuche 5, 2025
Les Tuche en Grande-Bretagne, le film est une suite de sketchs constamment nuls, empruntant parfois à un humour exogène qui ne fonctionne jamais. On peut trouver la proposition modeste ou fainéante.
Les Tuche en Grande-Bretagne : le film est une suite de sketchs constamment nuls, empruntant parfois à un humour exogène qui ne fonctionne jamais. On peut trouver la proposition modeste ou fainéante.
jeudi 13 février 2025
Carl Dreyer, La passion de Jeanne d’Arc, 1928
À partir des minutes du procès de Jeanne d’Arc. Le début, avec ses gros plans de visages, convoque des moments de l’histoire de la peinture — de Bruegel aux dessins de procès de sorcellerie de Victor Hugo. Avec un usage du décor théâtral, quasiment abstrait, et quelques plans pour l’ancrer dans un environnement réaliste.
Le film fait un usage presque systématique de la contre-plongée, comme pour restituer aux spectateurs la vision (yeux ostensiblement levés vers le ciel) de Jeanne d’Arc. La fin, dans sa construction de plans alternés — oiseaux, château, foule, feu — est de toute beauté.
Chris Marker l’a qualifié de plus beau film du monde. Muet et silencieux.
Danny Boyle, 28 ans plus tard, 2025
En dépit d’un certain mauvais goût et d’effet milf caméra dispensable il y a une certaine tension au début et une certaine efficacité le sc...
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