dimanche 22 décembre 2024

Jacques Tourneur, Out of the past, 1947

Un détective est engagé pour retrouver une femme enfuie et tombe amoureux d’elle. Il y a un équilibre formel dans le film qui tient à sa photographie, aux prises de vue, à l’alternance des tonalités des plans, à leur durée, à la répétition des scènes de lisière qui montrent l’extérieur par les fenêtres, etc.

Sa perfection structurelle et rythmique le rapproche d’un autre film, pourtant bien différent, mais qui met aussi en scène un personnage aux aguets : AlienOut of the Past est à la fois l’archétype absolu du film noir et l’une de ses réussites formelles les plus manifestes. Un film obsédant, majeur.











Josef von Sternberg, The Shanghai Gesture, 1941

Un casino, dont on vient signaler à sa tenancière — la très sophistiquée Mother Gin Sling — qu’elle devra le fermer quelques semaines plus tard. Le mouvement du titre, c’est celui de la ville, carrefour cosmopolite vénéneux (jeu, drogue, alcool, prostituées), et celui de la caméra lorsqu’elle appréhende l’arène circulaire concentrique du casino, ainsi que sa galerie de personnages.

The Shanghai Gesture est moins réussi que Shanghai Express. Le drame familial qui le sous-tend, et fait coïncider la petite histoire aux mouvements du monde, reste un peu artificiel. Mais le décor, les personnages, l’ambiance, la photographie, et quelques scènes de toute beauté suffisent à faire de ce film un objet magnifique




 


Mark L. Lester, Commando, 1985

John Matrix a 11 heures pour sauver sa fille des griffes du général Arius. Arnold Schwarzenegger traîne ici quelques expressions faciales tendues et approximatives, comme des résidus de son rôle de Terminator — mais mais équilibrées par que sa sculpturale beauté. Les seconds rôles — Bennett, en côte de maille improbable, et l’opportune Cindy — complètent la distribution de ce film aussi fluide que réjouissant dans son enchaînement narratif pourtant incongru. Très drôle, spectaculaire, Commando réussit l’exploit d’être à la fois parodique tout en prenant son registre d’action au sérieux.







samedi 21 décembre 2024

Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d’une banlieue pavillonnaire découvrent un vaisseau spatial enfoui qui les propulse accidentellement à l’autre bout de la galaxie. Les voici donc tentant, tant bien que mal, de rentrer chez eux. Ils sont accompagnés dans leur quête par un pseudo-Jedi (Jude Law). Chaque épisode les confronte à une nouvelle planète et de nouveaux dangers. Le premier épisode évoque un fantasme de geek : un mash-up entre Star Wars et Les Goonies. La suite est une série enfantine, narrativement très simple, anecdotiquement plaisante.



mercredi 18 décembre 2024

Ridley Scott, Gladiator II, 2024

Il faut d’emblée accepter des CGI qui ne cherchent pas le réalisme : ils sont là pour représenter, comme des cercles peuvent figurer des têtes en bande dessinée. Une fois cette convention $ — un peu kitsch — admise, Ridley Scott nous embarque dans un récit visuel virtuose et parfaitement mené, qui rappelle à quel point il reste un immense réalisateur. On peut lui préférer ses chefs-d’œuvre des années 1970-80, mais il n’a clairement pas renoncé — ni à la mise en scène, ni au cinéma comme puissance narrative.

mardi 17 décembre 2024

Silo, 2023

Dix mille humains vivent retranchés dans un silo, socialement stratifiés, observant le monde extérieur — toxique et désolé — à travers un unique hublot. Des reliques du monde d’avant circulent, certaines tolérées, d’autres interdites. La série débute comme une chasse au trésor claustrophobe, centrée sur l’exploration des profondeurs inconnues de la structure, avant de bifurquer vers une enquête policière et le dévoilement progressif d’un complot. La saison 2 articule plus nettement ces deux trames, mais c’est l’exploration des silos par Juliette Nichols (Rebecca Ferguson) qui demeure la plus captivante.



mardi 10 décembre 2024

Platonic, 2023

Une femme et un homme, complices de leurs années étudiantes, se retrouvent à la quarantaine : lui vient de divorcer, elle s’apprête à reprendre son métier d’avocate après quinze ans consacrés à l’éducation de ses enfants.

Le point de départ du récit — un peu artificiel — permet de mettre en regard deux trajectoires, deux mondes : celui d’un couple bourgeois en reconstruction, et celui d’un hipster célibataire devenu brasseur. La série explore ce moment de la vie où se remettre en phase avec la société ne va plus de soi.

Elle doit beaucoup au charme et à la justesse de Rose Byrne et Seth Rogen.




lundi 9 décembre 2024

Doria Tillier, Iris, 2024

Iris est institutrice et vit dans le bel appartement de sa grand-mère, avec sa cousine. Elle écrit un livre pour enfants, trouve un éditeur, et tombe amoureuse d’un homme plus âgé. Personnage décalé, elle obéit à une exigence logique discursive qui n’est pas celle de ses contemporains. Entre la comédie romantique et la fable, la série très douce, écrite et interprétée par Dora Tillier, déploie une singularité poétique à contre-courant. Avec : Anaïde Rozam, Jeanne Balibar, François Morel et Denis Podalydès.




jeudi 28 novembre 2024

Columbo, Ashes to Ashes, 1998

Réalisé par Patrick McGoohan — qui signe ici sa quatrième participation à un épisode de Columbo et incarne également le rôle d’Eric Prince, directeur d’un établissement mortuaire ayant assassiné une femme détenant la preuve d’un vol qu’il avait commis plus tôt — cet épisode, assez dense, vaut surtout pour le plaisir de voir s’affronter une fois de plus ces deux grands acteurs.

mardi 19 novembre 2024

The Office (AU), 2024

Cette version australienne réutilise les codes de l'originale et de sa déclinaison américaine, la typologie de certains personnages, des éléments de la trame, les plans de cadrage sur la ville, etc. Le premier épisode est raté mais au fur et à mesure des suivants, le calque avec l'originale s'efface, jusqu'à ce que la série trouve un ton et une identité nationale (exotique). Une très honorable nouvelle version.



lundi 18 novembre 2024

Columbo: Columbo Likes the Nightlife, 2003

Soixante-neuvième épisode de Columbo

Les tueurs sont trop jeunes et le meurtre initial trop accidentel pour qu'on y développe l'antipathie habituelle à leur encontre — et la manière dont Columbo prouve leur culpabilité est à l'avenant.

Mais à défaut d'un récit mémorable, on peut faire de cet ultime épisode (un soixante-dixième épisode envisagé ne fut jamais tourné) un passage de relais entre deux générations sérielles — une sorte de cross-over qui n'en aurait pas le nom.

Techniquement : une scène au début rappelle que CSI a commencé trois ans plus tôt, contaminant un peu de son esthétique (lumières nocturnes, fluidité de la caméra, musiques électroniques) la série quadragénaire.

Et par la présence de Steve Schirripa, le "messager," et acteur des Sopranos — dans laquelle il incarne déjà un mafieux — qui fait office, dans cette porosité des séries aux acteurs, de transmission de témoin.





samedi 16 novembre 2024

Columbo, Butterfly in Shades of Grey, 1994

Dans la plupart des épisodes de Columbo, la préparation du meurtre et la manière dont l'inspecteur débusque le coupable constituent une grande partie du plaisir de spectateur. Ici le meurtre est accompli sans génie et le piège que tend Columbo est anecdotique. Si Butterfly in Shades of Grey est un épisode remarquable, c’est par sa peinture d'un milieu (la radio, le show-business), par la densité de ses éléments un peu intercalaires et surtout par la présence de William Shatner qui incarne le tueur (et dont c'est la deuxième participation à un épisode) — et au plaisir de voir ces deux acteurs mythiques jouer ensemble.

vendredi 15 novembre 2024

Une amie dévouée, 2024

Une femme s'invente un lien avec l'attentat du Bataclan et participe à la création d'une association de victimes. La série est un peu longue, alors qu'elle donne l'impression de survoler à la fois la psychologie de cette femme et la manière dont ses arnaques sont mises en place. Les personnages satellites en dispersent encore un peu plus le propos. Il y a dans cette combinaison qui tient à la fois du témoignage d'un drame récent et d'une fiction de genre (l'usurpateur, le mythomane — comme cela a été traité dans L'adversaire et L'emploi du temps) — un hiatus inhibant leur articulation.



Quentin Dupieux, Le deuxième acte, 2024

Quentin Dupieux est prolixe et sa relecture du cinéma de genre me semblait — jusqu'à Au poste — passionnante, mais ce sont plutôt ses structures à enchâssement dont il semble faire la marque caractéristique désormais de son cinéma.

Le film est construit sur une série de travellings (on en verra les rails à la fin du film), mettant en scène quatre comédiens, dans différentes combinaisons.

Plusieurs fictions s'entremêlent, dont l'une d'elles les met en scène dans des rôles qui jouent de la confusion avec ce qu'ils sont dans la (vraie) vie. Le propos du film est un peu nébuleux, et les différents discours qui construisent ces scènettes, banals : les acteurs jouent un rôle, la société va mal, et le cinéma n'y peut pas grand chose… S'y ajoutent quelques touches sur l'IA et le consentement — mais qui donnent plus l'impression de ne pas vouloir passer à côté de certains sujets actuels que d'avoir quelque chose à en dire.

Quelques scènes amusantes (lorsque Léa Seydoux appelle sa mère chirurgienne qui lui fait part de sa honte face à son jeu médiocre, et lui rappelle qu'elle n'aurait pas dû choisir cette voie, et lorsque le figurant essaie de demander leur 06 à Vincent Lindon et Raphael Queunard) sauvent un peu le film de son procédé et de notre ennui.

Le deuxième acte est une sorte de relecture structurelle, sèche, de Sullivan’s Travels — dont le réalisateur aurait disparu sous l'IA.



Quentin Tarantino, Pulp Fiction, 1994

La surprise que provoquait la chronologie non linéaire du film se dissipe nécessairement aux multiples visionnages, comme celle des tonalités qui composent ses différentes segments. Mais trente ans après, Pulp fiction reste un grand plaisir de cinéma, le meilleur film avec Réservoir dog, de son auteur.

Columbo and the Murder of a Rock Star (Jeux d'ombre), 1991

Un avocat tue sa compagne, une ex-rockstar et tente de faire accuser son amant. Le titre français dévoile la manière dont Columbo va prouver la culpabilité du meurtrier, en révélant l'astuce mise en place par l'avocat pour se disculper. C'est comme toujours la manière dont l'inspecteur piège le coupable plus que l'évidence du subterfuge qui est captivante, sa manière de surprendre le tueur et le spectateur par un pas de côté, fut-il énorme. Il y a dans la VF, des bruitages à un volume sonore disproportionné (le verre d'eau pendant le procès, et la chute des baies rouges) qui ajoutent à l'incongruité du récit. Un excellent Columbo — deuxième période, avec Shera Danese, comme alliée du méchant.


Bruno Podalydès, La petite vadrouille, 2024

Bruno Podalydès a déjà utilisé les étapes d'une circulation fluviale dans un film, l'un de ses meilleurs : Comme un avion — qui mettait en scène un canoéiste évoluant parmi les méandres d’une rivière et les habitants de ses berges. Cette redite du dispositif, en négatif, souffre de la comparaison, La petite vadrouille n'a pas le charme, la précision, l'inventivité du précédent, sa manière de créer un monde suspendu, bucolique. Il y a quelques belles idées dans La petite vadrouille comme cette troupe de branquignols malins qui se déplace à chaque écluse, incarnant toujours de nouveaux hôtes ou la balançoire sous un pont. Mais l'argument du film, amoureux est un peu lâche, et Bruno Podalydès a été mieux inspiré par le passé dans ses dialogues. 



mercredi 13 novembre 2024

Éric Judor, Problémos, 2017

Un couple et leur fille débarquent dans une communauté, qu'une pandémie va encore isoler un peu plus du monde. Robinsonnade survivaliste très drôle dont la fin s'étire un peu. 

Artus, Un p'tit truc en plus, 2024

Le film n'a pas d'ambition cinématographique, et n'est pas très drôle, il vaut surtout pour sa seule troupe des comédiens. Mais que dire d'un tel succès, et d'un film qui incite à ne pas singulariser la singularité ?


John Sherwood, The Monolith Monsters, 1957

Une série B de SF très typée année 50, une étrange pierre noire grossit au contact de l'eau et contamine ceux qui la touche, les pétrifiant. Quelques beaux plans de ces monstres monolithiques valent le coup d'œil sur ce film sympathique, mais ennuyeux, dépourvu de toute tension narrative.





Dragons, 2025

Il y a l’idée d’une réconciliation entre les especes et d’une réparation par les especes mais qui n’échappe malgré tout pas au massacre de l...