jeudi 15 août 2024

John Ford, The Lost Patrol, 1934

Des soldats, échoués dans une oasis en plein désert de Mésopotamie, après la mort de leur chef, attendent, affrontant un ennemi invisible. À partir d’une situation minimale, d’un seul lieu et de quelques motifs : l'angoisse, la soif, la raréfaction de l’espoir et des cigarettes, John Ford réalise un grand film de guerre sans combat (et un récit allégorique qui est une sorte de matrice de la Quatrième dimension), captivant de bout en bout et preuve encore de ce que le génie de Ford s'est manifesté bien avant Stagecoach.



Guy Ritchie, The Ministry of Ungentlemanly Warfare, 2024

Pendant la guerre, un commando exceptionnel s'empare d'un navire italien. Post-Tarantino rythmé avec de spectaculaires acteurs (les très balèzes Henri Cavill et Alan Ritchson et la magnifique Eiza Gonzales). Guy Ritchie a désormais, semble-t-il, abandonné les effets de son style ultra maniériste pour une forme moins clinquante et plus reposante visuellement.

mercredi 14 août 2024

Jamel Debbouze, Terminal, 2024

Il y avait sans doute l'espoir chez les amateurs de H que s'y rejoue quelque chose de cette époque là ou que la série emprunte à d'autres modèles, brillants comme The Office. Mais Terminal use d'une autre partition, outrancière, un peu nulle, avec rires qui soulignent les gags — qui évoque sans doute plus les sitcoms françaises des années 80 qui l'ont précédée comme Maguy et Marc et Sophie — et bêtisier dans le générique de fin (ce qui est presque toujours un aveu de ratage)Il y a une tentative lourde de ne rien rater des thèmes qui polarisent la société. Mais c'est surtout le défaut de précision technique qui rend la série difficile à regarder. Les épisodes avec Manu Payet (sorte de Todd Packer, moins vulgaire) sont les plus drôles.



Julien Hervé, Cocorico — on ne choisit pas ses ancêtres, 2024

Cocorico aligne l'ensemble des travers d'une certaine comédie française caricaturale, dont Christian Clavier s'est fait l'interprète récurrent, et en dépit de mon admiration pour son génie comique, je n'ai pas pu aller au delà péniblement des 15 premières minutes.

Noah Hawley, Fargo 5, 2023

Deux figures, deux forces,  des caricatures, presque des abstractions : un cow-boy, mâle, shérif, raciste, terrien, violent, cruel (Jon Hamm) et une femme de pouvoir, sans pitié, mais sans commune mesure avec le précédent — capable de violence dans la légalité (Jennifer Jason Leigh)Entre les deux, une ex-victime, enfant battue, qui se révolte (Juno Temple).

Ce qui faisait Fargo, c’était la spirale infernale dans laquelle se trouvaient embarqués des personnages banals. Il n’y a plus rien ici de cela, la saison 5 traite de la violence conjugale et de la dette. En s'éloignant de son ADN de départ, la série perd de sa puissance narrative et de son entertainement ; elle gagne peut-être en combat social. La photographie est belle, l'interprétation est juste et la réalisation est remarquable. 




mardi 13 août 2024

George Miller, Furiosa, 2024

Un récit de vengeance, dont la vengeance est presque absente, plein de barbares, de dunes, de poussière, de moteur, de mécanique et de sable. Le métrage est divisé en cinq séquences, inégales, la route et la poursuite composant les scènes les plus réussies du film, le staticité s'accommodant moins bien de l'horlogerie un peu enfantine du dieselpunk. La troisième partie, une course poursuite hyper inventive est démente. Furiosa est moins surprenant que Mad Max : Fury Road, mais en conserve une certaine ampleur narrative et picturale.






Thomas Bidegain, Soudain seuls, 2023

Une femme et un homme échouent sur une île déserte. Robinsonnade et crise de couple : la combinaison des deux ne fonctionne pas une seule fois, à l'image de la reprise lamentable de Joy division. Le pire du cinéma français.

vendredi 2 août 2024

Gustave Kervern, Benoît Delépine, En même temps, 2022

Les deux réalisateurs ont réussi là un film moins didactique, curieusement moins frontalement politique qu'à leur habitude, et avec un sujet pourtant directement politique, mais dont le postulat grotesque, la fable, a comme évacué la charge qui porte leurs précédents métrages — comme si le sujet les exonérait en partie du devoir militant. Peut-être leur meilleur film.

jeudi 25 juillet 2024

Michael Curtiz, The Kennel Murder Case, 1933

Un concours canin, un chien tué, puis un homme retrouvé mort dans sa chambre fermée. L’inspecteur enquête. La réalisation est fluide, brillante, vive mais la narration est confuse et le mystère de la chambre close est (beaucoup) moins intéressant que le processus qui mène à sa résolution.



mercredi 24 juillet 2024

The Acolyte, 2024

Sixième série Star Wars en prise de vues réelles, décriée, notée à 3.9 5 sur imdb. Narrativement, la série n'est pas captivante, avec des répétitions qui distendent l'ensemble, un défaut de fluidité et une intrigue qui relève du soap. Mais les décors sont magnifiques, et les trop (rares) attaques de gros insectes sont réussies. 

mardi 23 juillet 2024

Guillaume Nicloux, Dans la peau de Blanche Houellebecq, 2024

Troisième épisode après L’enlèvement de Michel Houellebecq et Thallaso d'une trilogie (pour l'instant) de Guillaume Nicloux avec et sur Michel Houellebecq.

Le film commence par un préambule, dans l'appartement de Houellebecq, avec des formes anticipée des doubles qui seront développées plus tard dans le film proprement dit (un réalisateur qui propose à Houellebecq un rôle peut-être pornographique, une femme âgée et son "neveu" noir, un assistant hors la loi) et se termine sur la plage, avec un autre double. Entre les deux, Houellebecq, déphasé, se rend en Guadeloupe, assister à un concours de sosies de lui-même présidé par Blanche Gardin. 

Il y a des punchs, des discussions sur le colonialisme, des champignons hallucinogènes, une limousine, un cousin qui tient un restaurant, un meurtre, une histoire d'amour. C'est très drôle et singulier.

lundi 22 juillet 2024

Zack Snyder, Rebel Moon 2, 2024

Le film souffre d'une pauvreté narrative désarçonnante pour un projet de cette envergureZack Snyder n’a rien à raconter. Mais la photographie est souvent magnifique, à nouveau, comme dans le premier volet, surtout dans les vols des vaisseaux et leurs fumées et dans la belle scène de combat apocalyptique finale — le début du film se tenant à l'évocation lumineuse et douce d'un ranch amish.






jeudi 11 juillet 2024

William Wellman, Call of the Wild, 1934

Le chien Buck, rétif, est amadoué par un chercheur d'or et mis en tête d'attelage du traineau. Sa rencontre avec une louve l'éloigne des hommes.

William Wellman fait tout génialement, ici un magnifique film d'aventures dans le grand nord — qui parle de sauvage et de domestication —avec Clark Gable, Loretta Young et Jack Oakie. 



mardi 9 juillet 2024

Quentin Dupieux, Daaaaaali !, 2024

En s'éloignant d'un cinéma de genre populaire "exotique" (états-unien ou japonais) et en se rapprochant des récits de tradition européenne (Le portrait de Dorian Gray, le vaudeville ou le film surréaliste), Dupieux atténue le décadrage caractéristique de ses premiers films — ne subsiste alors que la structure purement mécanique de ses enchâssements. Daaaaaali ! est, en dépit du talent de Jonathan Cohen, toujours ennuyeux.




vendredi 7 juin 2024

Nakache et Toledano, Intouchables, 201

Petite musique au piano sur des images au drone de la voiture qui roule : séquences émotion puis séquence rigolade, etc. Intouchables est un film un peu plat, un peu terne dont le succès gigantesque me demeure à nouveau incompréhensible. Très loin de l'hétérogénéité et de la drôlerie, du rythme du Sens de la fête, leur plus grande réussite.


jeudi 6 juin 2024

Nakache et Toledano, Nos jours heureux, 2006

Deuxième film de Nakache et Toledano. Il y a une manière assez habile de construire un film avec un ensemble de scènettes. Le résultat est sympathique sans être vraiment drôle.


mercredi 5 juin 2024

Nakache et Toledano, Une année difficile, 2023

Surendettement, mouvement écologique et romance, le film rate à peu près tout, les seules séquences réussies sont les passages comiques avec Jonathan Cohen et Pio Marmaï. La morale pécuniaire bizarre qui clôt le film en rajoute une couche. Le film aurait peut-être dû rester une farce.

mardi 4 juin 2024

Nakache, Toledano, Hors normes, 2019

Le film de Nakache et Toledano peut-être techniquement le plus intéressant (mais pas mon préféré) et le moins aimable. Le propos n'est jamais démonstratif, la narration est habilement monocorde jusqu'à un éclat : la chute de l’ordinateur et la recherche de l’adolescent, qui témoigne d’une vraie puissance. Ce n'est pas un film sur l'autisme mais, comme toujours chez les deux réalisateurs, un film sur la possibilité de vivre ensemble. 

lundi 3 juin 2024

Ken Annakin, Swiss Family Robinson, 1960

Robinsonnade familiale Disney, d'après le roman de Johann David Wyss.

En débarquant sur l'île, la toute première chose que le plus jeune des fils Robinson, fait, après le naufrage, le tout premier rapport que sapiens a avec cette île, c'est de chevaucher une tortue géante et de s'en servir comme monture. Cette prise de pouvoir est suivie d’une requête de la mère, qui demande, avant toute autre action, de faire une prière. Voici pour l’incipit insulaire : l'île est une ménagerie fantasque, transcontinentale — une sorte d'arche de Noé conçue à dessein de servir et de divertir le maître.

Le film n’est cependant pas tant problématique pour son idéologie (c'est la même que montre Clouzot, plus subtilement, au début du Salaire de la peur) mais de ce qu'on peut imaginer des conditions de tournage de bêtes — comme elles le sont dans la plupart des vidéos d’Instagram ou de TikTok et parfois sous couvert de bien-être animal.

Les acteurs animaux morts pour la patrie Disney depuis longtemps, on peut regarder ce film comme un merveilleux film d'aventures pour enfant, et comme le témoignage de l'égarement et la cruauté de sapiens à l'encontre des autres espèces.




jeudi 30 mai 2024

Steve Kozak, Jeremy Coon, A Disturbance in the Force, 2023

Star Wars Holiday Special est un show télé diffusé en novembre 1978 et mettant en scène les personnages de la Guerre des étoiles ; il était destiné à faire patienter les fans entre Un nouvel espoir et L'empire contre-attaque, c'est une sorte d'épisode 1.5, banni, honteux, renié.

A Disturbance in the Force, le documentaire de Steve Kozak et Jeremy Cool revient sur sa genèse à travers des archives (George Lucas, Mark Hamill…) et des entretiens  (Jon Favreau, Seth Green…).

On y découvre le rôle déterminant de Charlie Lippincott dans le succès de la saga, pionnier du marketing, et inventeur du fandom  : les conventions de SF, la novelisation, la comicbookization, les jouets, tout le merchandising qui a porté les films, c'est lui.

On y apprend aussi que l'épisode s'inscrit à la suite d'une série de shows télé du même type, — ce qui en relativise un peu l'incongruité.

Le documentaire revient sur son impact dans la pop culture et sur le mythe, que l’impossibilité, pour les amateurs, pendant longtemps de s'en procurer une copie, engendra.

A Disturbance in the Force constitue une excellente préface à cet épisode que l’intransigeance de Lucas (« I would track down every copy and destroy it ») n'a pas suffi à exclure du canon et dont Jon Favreau a repris des éléments pour the Madalorian ; épisode qui n'a d'ailleurs pas entaché d'un iota la mythologie Star Wars, et qui illustre très bien la faillibilité d'un raconteur d'histoires fut-il de génie.




Star Wars : Skeleton Crew, 2024

Quatre enfants d'une banlieue pavillonnaire embarquent accidentellement dans un vaisseau qui les emmène loin de chez eux. Les voici donc...