Quatre enfants d'une banlieue pavillonnaire embarquent accidentellement dans un vaisseau qui les emmène loin de chez eux. Les voici donc tentant tant bien que mal de rentrer sur leur planète. Chaque épisode est une nouvelle planète et de nouveaux dangers. Le premier épisode ressemble à un fantasme de geek fan de Star Wars et des Goonies et qui en aurait fait un mash-up. La suite est une série enfantine, narrativement très simple.
samedi 21 décembre 2024
mardi 17 décembre 2024
Silo
10000 humains vivent retranchés dans un silo, socialement stratifiés, ils voient l'extérieur toxique et la désolation par un hublot vitré. Des reliques du temps d'avant circulent certaines sont autorisées d'autres pas. La série commence comme une chasse au trésor et l’exploration des profondeurs inconnues de la structure, mais elle bifurque assez vite en une enquête policière et le soupçon du complot. La saison 2 articule encore plus nettement ces deux trames, la deuxième est la moins intéressante. Une bonne série de sf post-apocalyptique, claustrophobe, avec Rebecca Ferguson.
mardi 10 décembre 2024
Platonic, 2023
Une femme et un homme, très complices dans leur passé étudiant, se retrouvent à la quarantaine, après le divorce du second et au moment où la première s’apprête à reprendre son travail d'avocat après 15 ans à s'occuper de ses enfants.
Le dispositif de mise en action du récit (la perturbation) est un peu artificiel. Mais il permet d'évoquer deux types de trajectoires, deux mondes (celui d'un couple bourgeois et d'un hipster célibataire (et brasseur)) et ce moment, la quarantaine, où ré entreprendre se heurte à l'évolution d'une société où le décalage commence à poindre.
La série doit beaucoup au talent et au charme de ses deux interprètes : Rose Byrne et Seth Rogen.
lundi 9 décembre 2024
Doria Tillier, Iris, 2024
Iris est institutrice, elle vit dans le bel appartement de sa grand-mère, avec son cousine, et son copain. Elle écrit un livre pour enfant, trouve un éditeur et tombe amoureuse d'un autre homme. Le personnage d'Iris suit une exigence logique discursive qui n'est pas celle de ses contemporains. Entre la comédie romantique et la fable, la série très douce de Dora Tillier a une singularité poétique.
jeudi 28 novembre 2024
Columbo, Ashes to Ashes, 1998
Réalisé par Patrick McGoohan, dont c'est là la quatrième participation à un épisode de Columbo, et qui interprète aussi le rôle d'Eric Prince, le tueur, directeur d'un établissement mortuaire, qui a assassiné une femme détenant la preuve d'un vol commis par lui plus tôt. C'est un épisode assez dense qui vaut pour le plaisir de retrouver ces deux grands acteurs s'affronter encore une fois.
mardi 19 novembre 2024
The Office (AU), 2024
Cette version australienne réutilise les codes de l'originale et de sa déclinaison américaine, la typologie de certains personnages, des éléments de la trame, les plans de cadrage sur la ville, etc. Le premier épisode est raté mais au fur et à mesure des suivants, le calque avec l'originale s'efface, jusqu'à ce que la série trouve un ton, et identité océanienne. Une honorable nouvelle version.
Columbo, Likes The Nightlife, 2003
Soixante-neuvième épisode de Columbo
Les tueurs sont trop jeunes et le meurtre initial trop accidentel pour qu'on y développe l'antipathie habituelle à leur encontre — et la manière dont Columbo prouve leur culpabilité est à l'avenant.
Mais à défaut d'un récit mémorable, on peut faire de cet ultime épisode (un soixante-dixième épisode envisagé ne fut jamais tourné) un passage de relais entre deux générations sérielles — une sorte de cross-over qui n'en aurait pas le nom.
Techniquement : une scène au début rappelle que CSI a commencé trois ans plus tôt, contaminant un peu de son esthétique (lumières nocturnes, fluidité de la caméra, musiques électroniques) la série quadragénaire.
Et par la présence de Steve Schirripa, le "messager," et acteur des Sopranos — dans laquelle il incarne déjà un mafieux — qui fait office, dans cette porosité des séries aux acteurs, de transmission de témoin.
samedi 16 novembre 2024
Columbo, Butterfly in Shades of Grey, 1994
Dans la plupart des épisodes de Columbo, la préparation du meurtre et la manière dont l'inspecteur débusque le coupable constituent une grande partie du plaisir de spectateur. Ici le meurtre est accompli sans génie et le piège que tend Columbo est anecdotique. Si Butterfly in Shades of Grey est un épisode remarquable, c’est par sa peinture d'un milieu (la radio, le show-business), par la densité de ses éléments un peu intercalaires et surtout par la présence de William Shatner qui incarne le tueur (et dont c'est la deuxième participation à un épisode) — et au plaisir de voir ces deux acteurs mythiques jouer ensemble.
vendredi 15 novembre 2024
Une amie dévouée, 2024
Une femme s'invente un lien avec l'attentat du Bataclan et participe à la création d'une association de victimes. La série est un peu longue, alors qu'elle donne l'impression de survoler à la fois la psychologie de cette femme et la manière dont ses arnaques sont mises en place. Les personnages satellites en dispersent encore un peu plus le propos. Il y a dans cette combinaison qui tient à la fois du témoignage d'un drame récent et d'une fiction de genre (l'usurpateur, le mythomane — comme cela a été traité dans L'adversaire et L'emploi du temps) — un hiatus inhibant leur articulation.
Quentin Dupieux, Le deuxième acte, 2024
Quentin Dupieux est prolixe et sa relecture du cinéma de genre me semblait — jusqu'à Au poste — passionnante, mais ce sont plutôt ses structures à enchâssement dont il semble faire la marque caractéristique désormais de son cinéma.
Le film est construit sur une série de travellings (on en verra les rails à la fin du film), mettant en scène quatre comédiens, dans différentes combinaisons.
Plusieurs fictions s'entremêlent, dont l'une d'elles les met en scène dans des rôles qui jouent de la confusion avec ce qu'ils sont dans la (vraie) vie. Le propos du film est un peu nébuleux, et les différents discours qui construisent ces scènettes, banals : les acteurs jouent un rôle, la société va mal, et le cinéma n'y peut pas grand chose… S'y ajoutent quelques touches sur l'IA et le consentement — mais qui donnent plus l'impression de ne pas vouloir passer à côté de certains sujets actuels que d'avoir quelque chose à en dire.
Quelques scènes amusantes (lorsque Léa Seydoux appelle sa mère chirurgienne qui lui fait part de sa honte face à son jeu médiocre, et lui rappelle qu'elle n'aurait pas dû choisir cette voie, et lorsque le figurant essaie de demander leur 06 à Vincent Lindon et Raphael Queunard) sauvent un peu le film de son procédé et de notre ennui.
Le deuxième acte est une sorte de relecture structurelle, sèche, de Sullivan’s Travels — dont le réalisateur aurait disparu sous l'IA.
Quentin Tarantino, Pulp Fiction, 1994
La surprise que provoquait la chronologie non linéaire du film se dissipe nécessairement aux multiples visionnages, comme celle des tonalités qui composent ses différentes segments. Mais trente ans après, Pulp fiction reste un grand plaisir de cinéma, le meilleur film avec Réservoir dog, de son auteur.
Columbo and the Murder of a Rock Star (Jeux d'ombre), 1991
Un avocat tue sa compagne, une ex-rockstar et tente de faire accuser son amant. Le titre français dévoile la manière dont Columbo va prouver la culpabilité du meurtrier, en révélant l'astuce mise en place par l'avocat pour se disculper. C'est comme toujours la manière dont l'inspecteur piège le coupable plus que l'évidence du subterfuge qui est captivante, sa manière de surprendre le tueur et le spectateur par un pas de côté, fut-il énorme. Il y a dans la VF, des bruitages à un volume sonore disproportionné (le verre d'eau pendant le procès, et la chute des baies rouges) qui ajoutent à l'incongruité du récit. Un excellent Columbo — deuxième période, avec Shera Danese, comme alliée du méchant.
Bruno Podalydès, La petite vadrouille, 2024
Bruno Podalydès a déjà utilisé les étapes d'une circulation fluviale dans un film, l'un de ses meilleurs : Comme un avion — qui mettait en scène un canoéiste évoluant parmi les méandres d’une rivière et les habitants de ses berges. Cette redite du dispositif, en négatif, souffre de la comparaison, La petite vadrouille n'a pas le charme, la précision, l'inventivité du précédent, sa manière de créer un monde suspendu, bucolique. Il y a quelques belles idées dans La petite vadrouille comme cette troupe de branquignols malins qui se déplace à chaque écluse, incarnant toujours de nouveaux hôtes ou la balançoire sous un pont. Mais l'argument du film, amoureux est un peu lâche, et Bruno Podalydès a été mieux inspiré par le passé dans ses dialogues.
mercredi 13 novembre 2024
Éric Judor, Problémos, 2017
Un couple et leur fille débarquent dans une communauté, qu'une pandémie va encore isoler un peu plus du monde. Robinsonnade survivaliste très drôle dont la fin s'étire un peu.
Artus, Un p'tit truc en plus, 2024
Le film n'a pas d'ambition cinématographique, et n'est pas très drôle, il vaut surtout pour sa seule troupe des comédiens. Mais que dire d'un tel succès, et d'un film qui incite à ne pas singulariser la singularité ?
John Sherwood, The Monolith Monsters, 1957
Une série B de SF très typée année 50, une étrange pierre noire grossit au contact de l'eau et contamine ceux qui la touche, les pétrifiant. Quelques beaux plans de ces monstres monolithiques valent le coup d'œil sur ce film sympathique, mais ennuyeux, dépourvu de toute tension narrative.
mardi 12 novembre 2024
Michael Youn, BDE, 2023
Une vieille bande d'amis se retrouve dans le chalet luxueux du beau-père de l'un d'eux, et ça part en vrille. Déficit d'écriture, déficit d'idées, déficit d'humour, sur une énième variation de fête qui dégénère, Helena Noguerra est très belle, mais ça ne suffit pas à faire un film, dommage, Michael Youn a été mieux inspiré par le passé.
samedi 9 novembre 2024
Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, Le comte de Monte-Cristo, 2024
Le récit est passionnant, mais c'est le scénario de Dumas qui est génial. Pour autant, ce n'est pas une grande expérience de cinéma. Le film n'a pas l'ampleur des grands films à laquelle son scénario pourrait prétendre, l'image reste bien télévisuelle et la mise en scène plate.
Coralie Fargeat, The Substance, 2024
Fable farcesque chromatique, fluo, sexy — et son opposé : monstrueux, putrescent, ridé, difforme. L'intrigue exploite une seule idée jusqu'au bout : le mythe de la jeunesse éternelle, une variation du Portrait de Dorian Gray. Il y avait déjà dans son précédent film cette même tenue d'une seule ligne de laquelle la réalisatrice ne déviait jamais. Les références ostentatoires vont de Kubrick à Cronenberg et Lynch. Il y a dans ce film une certaine radicalité jubilatoire — pour qui est sensible au genre grand-guignol. On peut s'étonner que ce soit pour son scénario, si mince, qu’il a été primé à Cannes, tant ce sont ses images qui sautent aux yeux.
jeudi 7 novembre 2024
Maxime Govare, Heureux gagnants, 2024
Sketchs mettant en scène des malheureux gagnants au loto avec de bonnes actrices et acteurs. Anecdotique.
Columbo, La griffe du crime, 1997
Une femme et son amant assassinent le rival du mari de la première et disposent des preuves afin de faire soupçonner le mari. Ici les preuves sont évidentes et c'est au cours d'une simple confrontation que les coupables vont finalement, dévoilant leur complicité par deux gestes, se trahir eux-mêmes. C'est Shera Danese, le femme de Peter Falk qui joue la méchante. Un excellent Columbo deuxième période.
Jean-Christophe Meurisse, Les pistolets en plastique, 2024
Un film entièrement pénible et stupide, ponctué de quelques scènes comme extraites d'autres programmes (celle avec Jonathan Cohen) mais qui ne parviennent pas à le sauver de son désastre formel et de propos. Un cinéma qui se voudrait semble-t-il incisif, percutant, provocateur mais qui reste définitivement bas du front. Affligeant.
Jean-Christophe Meurisse, Oranges sanguines, 2022
Suite de sketchs attendus et complaisamment médiocres.
Erle C. Kenton, Island of lost soul, 1932
Un film plastiquement sublime dans tout son prologue, à la fois dans sa photographie, et dans son montage, sur le bateau, sur le pont, aux abords de l'île, dans le brume, dans l'encadrement des rochers : chaque plan est une affirmation de cinéma :
Par la suite, quand le récit proprement dit commence, lorsqu'il s'agit de montrer les rapports entre les différentes formes d'humanité, la photographie est moins travaillée, les plans sont moins inspirés. L'intrigue tourne autour d'une romance impossible, brasse beaucoup en très peu de temps : modification génétique, sexualité, sauvagerie, domination, sadisme, croyances…
Le réalisateur, Erle C. Kenton a réalisé plusieurs Frankenstein, un Dracula et plusieurs Abbott et Costello, c'est à Karl Struss, directeur de la photographie et à Hans Dreier, directeur artistique, qu'on doit la beauté étrange de ce film : sa photographie et son maquillage. Un film inégal magnifique.
mercredi 6 novembre 2024
Charles Lamont, Abbott and Costello Go to Mars, 1953
Abbott et Costello embarquent dans une fusée à destination de Mars, mais qui atterrit non loin de son lieu de décollage, en plein mardi-gras, créant la confusion chez les astronautes amateurs qui croient reconnaitre dans les figures monstrueuses en papier mâché des martiens.
La fusée s'envolera une deuxième fois, jusque sur Vénus, planète prétexte à montrer des vénusiennes en tenue sexy.
Il y avait dans la beauté des décors, du vaisseau, du véhicule et dans l'articulation de ces planètes (la terre prise pour une autre et la gynocratie vénusienne), une promesse comique, une ambition — qui comme la planète Mars du titre — ne seront jamais atteintes.
dimanche 3 novembre 2024
Guy Ritchie, The gentlemen, 2024
À la mort de son père, le fils cadet, un militaire hérite du domaine et d'une plantation de cannabis dont il découvre l’existence. Aristocratie anglaise et trafiquants divers, une bonne série, qui ne tient pas tout à fait les promesses de ses débuts enthousiasmant.
dimanche 27 octobre 2024
Fleischer, The Chinaman, 1920
Bref dessin animé dont l'intérêt principal vient de ce qu’il mélange animation et film.
Jeremy Saulnier, Rebel Ridge, 2024
Un homme noir est arrêté par les flics et dépossédé des 30000€ d'une caution destinée à libérer son cousin. L'homme va essayer de récupérer ce qui lui est dû. Rebel Ridge a une certaine ambition narrative à son début mais qui n'est pas tout à fait tenue. Reste une sorte de Rambo, plus administratif, moins social, et un peu longuet.
dimanche 8 septembre 2024
Hiroshi Shimizu, Anma to Onna (La femme et ses deux masseurs), 1938
Le récit ici est presque anecdotique : dans un onsen, à la montagne, des masseurs aveugles et des curistes se croisent sur les chemins de randonnées et se retrouvent le soir.
Le génie du film tient à autre chose.
La plus grande partie de la filmographie (169 films) de Hiroshi Shimizu date d’avant 1930, elle est muette et Shimizu en a gardé parfois la trace dans ses films sonores — comme un refus de sacrifier à l'avènement du parlant, un procédé toujours efficace.
Il y a dans La femme et ses deux masseurs une scène singulière, de toute beauté, qui métaphorise d'une part la cécité et l'extraordinaire dextérité des masseurs, et d'autre la perte qu'entraine l'avancée de la modernité et le désenclavement (ce qui un des thèmes récurrents du cinéma de Shimizu).
L’un des masseurs croise, dans la cour du onsen, une femme, qui va se retourner à plusieurs reprises, sans que lui, aveugle, ne puisse la voir. C'est une scène presque silencieuse, avec uniquement le son étrange de la pellicule — qui évoquerait presque une pièce de Bernhard Günter.
Cette scène se départit des autres : soit qu'elles n'émettent de son que les voix des acteurs (prises au micro directionnel et éliminant tous les bruits parasites); soit que des sons environnementaux ont été captés, ou encore lorsqu'une musique extradiégétique y a été ajoutée.
Le silence et la répétition du mouvement : les deux personnages qui avancent successivement vers la caméra, qui se frôlent et se cognent aux autres curistes, extraient presque cette scène du cadre purement narratif pour une forme d'abstraction.
Plus généralement, au delà de cette stratification sonore et de cette scène muette, le film met en œuvre une batterie technique : champ / contre champ, travelling le long des coursives, caméra portée qui suit les randonneurs, cadre au niveau des genoux sur les chemins, plans fixes à hauteur de tatami sur les curistes en train de se faire masser, etc. — un prodigieux ensemble de mouvements et de heurts.
Le film rappelle deux films français du début du parlant, dont les récits également anecdotiques servent une expérimentation formelle qui nourrira le cinéma de Godard notamment : La nuit du carrefour de Renoir et La tête d'un homme de Duvivier.
La femme et ses deux masseurs est une merveille et le cinéma de Shimizu est une merveille qui mérite une autre place dans l’histoire du cinéma.
jeudi 15 août 2024
John Ford, The Lost Patrol, 1934
Des soldats, échoués dans une oasis en plein désert de Mésopotamie, après la mort de leur chef, attendent, affrontant un ennemi invisible. À partir d’une situation minimale, d’un seul lieu et de quelques motifs : l'angoisse, la soif, la raréfaction de l’espoir et des cigarettes, John Ford réalise un grand film de guerre sans combat (et un récit allégorique qui est une sorte de matrice de la Quatrième dimension), captivant de bout en bout et preuve encore de ce que le génie de Ford s'est manifesté bien avant Stagecoach.
Guy Ritchie, The Ministry of Ungentlemanly Warfare, 2024
Pendant la guerre, un commando exceptionnel s'empare d'un navire italien. Post-Tarantino rythmé avec de spectaculaires acteurs (les très balèzes Henri Cavill et Alan Ritchson et la magnifique Eiza Gonzales). Guy Ritchie a désormais, semble-t-il, abandonné les effets de son style ultra maniériste pour une forme moins clinquante et plus reposante visuellement.
mercredi 14 août 2024
Jamel Debbouze, Terminal, 2024
Il y avait sans doute l'espoir chez les amateurs de H que s'y rejoue quelque chose de cette époque là ou que la série emprunte à d'autres modèles, brillants comme The Office. Mais Terminal use d'une autre partition, outrancière, un peu nulle, avec rires qui soulignent les gags — qui évoque sans doute plus les sitcoms françaises des années 80 qui l'ont précédée comme Maguy et Marc et Sophie — et bêtisier dans le générique de fin (ce qui est presque toujours un aveu de ratage). Il y a une tentative lourde de ne rien rater des thèmes qui polarisent la société. Mais c'est surtout le défaut de précision technique qui rend la série difficile à regarder. Les épisodes avec Manu Payet (sorte de Todd Packer, moins vulgaire) sont les plus drôles.
Julien Hervé, Cocorico — on ne choisit pas ses ancêtres, 2024
Noah Hawley, Fargo 5, 2023
Deux figures, deux forces, des caricatures, presque des abstractions : un cow-boy, mâle, shérif, raciste, terrien, violent, cruel (Jon Hamm) et une femme de pouvoir, sans pitié, mais sans commune mesure avec le précédent — capable de violence dans la légalité (Jennifer Jason Leigh). Entre les deux, une ex-victime, enfant battue, qui se révolte (Juno Temple).
Ce qui faisait Fargo, c’était la spirale infernale dans laquelle se trouvaient embarqués des personnages banals. Il n’y a plus rien ici de cela, la saison 5 traite de la violence conjugale et de la dette. En s'éloignant de son ADN de départ, la série perd de sa puissance narrative et de son entertainement ; elle gagne peut-être en combat social. La photographie est belle, l'interprétation est juste et la réalisation est remarquable.
mardi 13 août 2024
George Miller, Furiosa, 2024
Un récit de vengeance, dont la vengeance est presque absente, plein de barbares, de dunes, de poussière, de moteur, de mécanique et de sable. Le métrage est divisé en cinq séquences, inégales, la route et la poursuite composant les scènes les plus réussies du film, le staticité s'accommodant moins bien de l'horlogerie un peu enfantine du dieselpunk. La troisième partie, une course poursuite hyper inventive est démente. Furiosa est moins surprenant que Mad Max : Fury Road, mais en conserve une certaine ampleur narrative et picturale.
Thomas Bidegain, Soudain seuls, 2023
Une femme et un homme échouent sur une île déserte. Robinsonnade et crise de couple : la combinaison des deux ne fonctionne pas une seule fois, à l'image de la reprise lamentable de Joy division. Le pire du cinéma français.
vendredi 2 août 2024
Gustave Kervern, Benoît Delépine, En même temps, 2022
Les deux réalisateurs ont réussi là un film moins didactique, curieusement moins frontalement politique qu'à leur habitude, et avec un sujet pourtant directement politique, mais dont le postulat grotesque, la fable, a comme évacué la charge qui porte leurs précédents métrages — comme si le sujet les exonérait en partie du devoir militant. Peut-être leur meilleur film.
jeudi 25 juillet 2024
Michael Curtiz, The Kennel Murder Case, 1933
Un concours canin, un chien tué, puis un homme retrouvé mort dans sa chambre fermée. L’inspecteur enquête. La réalisation est fluide, brillante, vive mais la narration est confuse et le mystère de la chambre close est (beaucoup) moins intéressant que le processus qui mène à sa résolution.
mercredi 24 juillet 2024
The Acolyte, 2024
Sixième série Star Wars en prise de vues réelles, décriée, notée à 3.9 5 sur imdb. Narrativement, la série n'est pas captivante, avec des répétitions qui distendent l'ensemble, un défaut de fluidité et une intrigue qui relève du soap. Mais les décors sont magnifiques, et les trop (rares) attaques de gros insectes sont réussies.
mardi 23 juillet 2024
Guillaume Nicloux, Dans la peau de Blanche Houellebecq, 2024
Troisième épisode après L’enlèvement de Michel Houellebecq et Thallaso d'une trilogie (pour l'instant) de Guillaume Nicloux avec et sur Michel Houellebecq.
Le film commence par un préambule, dans l'appartement de Houellebecq, avec des formes anticipée des doubles qui seront développées plus tard dans le film proprement dit (un réalisateur qui propose à Houellebecq un rôle peut-être pornographique, une femme âgée et son "neveu" noir, un assistant hors la loi) et se termine sur la plage, avec un autre double. Entre les deux, Houellebecq, déphasé, se rend en Guadeloupe, assister à un concours de sosies de lui-même présidé par Blanche Gardin.
Il y a des punchs, des discussions sur le colonialisme, des champignons hallucinogènes, une limousine, un cousin qui tient un restaurant, un meurtre, une histoire d'amour. C'est très drôle et singulier.
lundi 22 juillet 2024
Zack Snyder, Rebel Moon 2, 2024
Le film souffre d'une pauvreté narrative désarçonnante pour un projet de cette envergure. Zack Snyder n’a rien à raconter. Mais la photographie est souvent magnifique, à nouveau, comme dans le premier volet, surtout dans les vols des vaisseaux et leurs fumées et dans la belle scène de combat apocalyptique finale — le début du film se tenant à l'évocation lumineuse et douce d'un ranch amish.
jeudi 11 juillet 2024
William Wellman, Call of the Wild, 1934
mardi 9 juillet 2024
Quentin Dupieux, Daaaaaali !, 2024
En s'éloignant d'un cinéma de genre populaire "exotique" (états-unien ou japonais) et en se rapprochant des récits de tradition européenne (Le portrait de Dorian Gray, le vaudeville ou le film surréaliste), Dupieux atténue le décadrage caractéristique de ses premiers films — ne subsiste alors que la structure purement mécanique de ses enchâssements. Daaaaaali ! est, en dépit du talent de Jonathan Cohen, toujours ennuyeux.
vendredi 7 juin 2024
Nakache et Toledano, Intouchables, 201
Petite musique au piano sur des images au drone de la voiture qui roule : séquences émotion puis séquence rigolade, etc. Intouchables est un film un peu plat, un peu terne dont le succès gigantesque me demeure à nouveau incompréhensible. Très loin de l'hétérogénéité et de la drôlerie, du rythme du Sens de la fête, leur plus grande réussite.
jeudi 6 juin 2024
Nakache et Toledano, Nos jours heureux, 2006
Deuxième film de Nakache et Toledano. Il y a une manière assez habile de construire un film avec un ensemble de scènettes. Le résultat est sympathique sans être vraiment drôle.
mercredi 5 juin 2024
Nakache et Toledano, Une année difficile, 2023
Surendettement, mouvement écologique et romance, le film rate à peu près tout, les seules séquences réussies sont les passages comiques avec Jonathan Cohen et Pio Marmaï. La morale pécuniaire bizarre qui clôt le film en rajoute une couche. Le film aurait peut-être dû rester une farce.
mardi 4 juin 2024
Nakache, Toledano, Hors normes, 2019
Le film de Nakache et Toledano peut-être techniquement le plus intéressant (mais pas mon préféré) et le moins aimable. Le propos n'est jamais démonstratif, la narration est habilement monocorde jusqu'à un éclat : la chute de l’ordinateur et la recherche de l’adolescent, qui témoigne d’une vraie puissance. Ce n'est pas un film sur l'autisme mais, comme toujours chez les deux réalisateurs, un film sur la possibilité de vivre ensemble.
lundi 3 juin 2024
Ken Annakin, Swiss Family Robinson, 1960
Robinsonnade familiale Disney, d'après le roman de Johann David Wyss.
En débarquant sur l'île, la toute première chose que le plus jeune des fils Robinson, fait, après le naufrage, le tout premier rapport que sapiens a avec cette île, c'est de chevaucher une tortue géante et de s'en servir comme monture. Cette prise de pouvoir est suivie d’une requête de la mère, qui demande, avant toute autre action, de faire une prière. Voici pour l’incipit insulaire : l'île est une ménagerie fantasque, transcontinentale — une sorte d'arche de Noé conçue à dessein de servir et de divertir le maître.
Le film n’est cependant pas tant problématique pour son idéologie (c'est la même que montre Clouzot, plus subtilement, au début du Salaire de la peur) mais de ce qu'on peut imaginer des conditions de tournage de bêtes — comme elles le sont dans la plupart des vidéos d’Instagram ou de TikTok et parfois sous couvert de bien-être animal.
Les acteurs animaux morts pour la patrie Disney depuis longtemps, on peut regarder ce film comme un merveilleux film d'aventures pour enfant, et comme le témoignage de l'égarement et la cruauté de sapiens à l'encontre des autres espèces.
jeudi 30 mai 2024
Steve Kozak, Jeremy Coon, A Disturbance in the Force, 2023
Star Wars Holiday Special est un show télé diffusé en novembre 1978 et mettant en scène les personnages de la Guerre des étoiles ; il était destiné à faire patienter les fans entre Un nouvel espoir et L'empire contre-attaque, c'est une sorte d'épisode 1.5, banni, honteux, renié.
A Disturbance in the Force, le documentaire de Steve Kozak et Jeremy Cool revient sur sa genèse à travers des archives (George Lucas, Mark Hamill…) et des entretiens (Jon Favreau, Seth Green…).
On y découvre le rôle déterminant de Charlie Lippincott dans le succès de la saga, pionnier du marketing, et inventeur du fandom : les conventions de SF, la novelisation, la comicbookization, les jouets, tout le merchandising qui a porté les films, c'est lui.
On y apprend aussi que l'épisode s'inscrit à la suite d'une série de shows télé du même type, — ce qui en relativise un peu l'incongruité.
Le documentaire revient sur son impact dans la pop culture et sur le mythe, que l’impossibilité, pour les amateurs, pendant longtemps de s'en procurer une copie, engendra.
A Disturbance in the Force constitue une excellente préface à cet épisode que l’intransigeance de Lucas (« I would track down every copy and destroy it ») n'a pas suffi à exclure du canon et dont Jon Favreau a repris des éléments pour the Madalorian ; épisode qui n'a d'ailleurs pas entaché d'un iota la mythologie Star Wars, et qui illustre très bien la faillibilité d'un raconteur d'histoires fut-il de génie.
dimanche 26 mai 2024
Jean-Luc Godard, Film annonce du film qui n’existera jamais : "Drôles de Guerres", 2024
Ce film (sous cette forme d'esquisse) a reçu l'imprimatur de Godard — confondant l’étape d’un travail à l'œuvre elle-même et l'excluant ainsi de la catégories des œuvres inachevées (ne laissant rien à la décision d'un autre). Pour Godard, c’est une manière de parachever l'œuvre complète, dans une restriction technique, qui est à la fois une poursuite de son travail de collage/montage et une superposition à la technique finale d’un autre grand artiste du XXe, les papiers découpés de Matisse.
Le film est composé en grande partie d'un feuilletage de montages d'images et de textes, silencieux puis musical — dont s’extraient quelques motifs : les cartons de cinéma, les monochromes d'Alphonse Allais et ceux de l'abstraction.
Tout aussi hermétique que le précédent Livre d’image, "Drôles de Guerres" n’en a pas l’âpreté, déployant au contraire une certaine douceur. D'une grande puissance d’émotion. Magnifique point presque final.
Rabah Ameur-Zaïmeche, Le gang des bois du temple, 2022
Film de braquage — ou qui utilise la structure d'un film de braquage, les séquences de film de genre proprement dit n'intéressent pas la réalisateur autrement que parce qu'elles lui fournissent une structure ; son attention se porte sur les interstices (narratifs et géographiques) de la trame : aires d'arrêt d'autoroute, PMU, discussions informelles, etc.
C'est un film de mecs (le seul personnage de femme est raté).
Le film est encadré de deux très belles séquences musicales : dans la première, Annkrist, le visage ridé, chante dans une église lors d'un enterrement ; dans la seconde, un prince saoudien danse, lors d'un concert. Deux folklores. D'une Bretagne de la célébration des morts au Magrebh d'une célébration des vivants. Ameur-Zaïmeche dessine une continuité entre les territoires que la France s'est agrégée.
C'est au final une sorte de conte étrangement articulé, entre scènes très justes et belles et d'autres bancales — comme un mélange bizarre entre Pialat et les Pieds-Nickelés de Forton.
Takashi Yamazaki, Godzilla Minus one, 2023
L'histoire d'une famille qui se construit, dans les décombres de la guerre, avec d'autres liens que ceux de la biologie. Les scènes attendues d'affrontement renouent avec certaines images des premiers films de Ishirō Honda, notamment dans sa réassignation des hommes à des figurines de jeu pour enfant. La première séquence est très réussie. Un beau film sur le sacrifice et la survie.
jeudi 9 mai 2024
Masters of the air, 2024
Troisième série sur la deuxième guerre mondiale produite par Steven Spielberg et Tom Hanks après Band of Brothers et The Pacific, centrée cette fois sur la Huitième Air Force. La réalisation, la photographie, les décors, les combat aériens témoignent d'un savoir-faire, d’une élégance, d'une qualité hors-normes. Pour autant, depuis Band of Brothers, l’intérêt pour la trilogie va decrescendo.
Dans Band of brothers, la séquence aérienne de parachutage qui débutait le deuxième épisode ouvrait à un récit terrestre, dramatique, romanesque. Ce n’est pas le cas ici, les combats aériens sont leur propre finalité. Pourtant ce sont les scènes après le parachutage, dans la campagne, dans les camps, quand les héros sont faits prisonniers, dans la tension avec l’ennemi, ou dans l'esquisse de l'intrigue amoureuse, quand on s'éloigne des volutes aériennes et des trainées dans le ciel — qui sont vraiment passionnantes, mais ces scènes ne sont pas développées.
Une très belle série ratée.
Archie Mayo, Petrified Forest, 1936
Dans le désert de l'Arizona, une station essence-épicerie-snack tenue par trois membres d'une même famille : le grand-père, le père et la fille. Surviennent un écrivain hobo, un couple de bourgeois et leur chauffeur et une équipe de bandits.
Le film est constituée de deux parties égales en temps : la mise en place et sa résolution —, la première est la plus passionnante, la deuxième ne faisant qu'effleurer les possibilités promises. C'est un huis-clos ouvert, à travers ses grandes fenêtres vitrées, sur le désert (magnifique), qui sert l'évocation d'une mythologie des États-Unis : virevoltants, base-ball, pionniers, Billy the kid, premier télégramme, etc. En contrepoint un ailleurs évoqué, fantasmatiquement meilleur (la France, François Villon et la cathédrale de Bourges). Il y a une typicité très marquée des personnages, comme dans une bande dessinée C'est le premier rôle important pour Bogart.
Petrified Forest est un film unique, merveilleux.
vendredi 3 mai 2024
Igor Gotesman, Fiasco, 2024
Une série inégale, portée par de bonnes idées (la stagiaire qui contrecarre l'histoire amoureuse, le cuisinier) mais trop peu exploitées.
mardi 30 avril 2024
William Wellman, Frisco Jenny, 1932
San Francisco, 1906, un séisme ravage la ville. Au cours du drame, le père et l'amant de Frisco Jenny qui est enceinte, meurent. Les années passent, elle est témoin d'un meurtre, puis contrainte à confier la garde de son fils à une famille d'adoption, dont elle observera, de loin, l'ascension sociale. Le film elliptique se déroule sur 25 années — entre Chinatown, un bordel et la prohibition. C’est un mélo sur le sacrifice d’une mère, avec des scènes de genre (film catastrophe, policier). Comme toujours chez Wellman, le film est ponctué de fulgurances formelles, d’associations d’images et de son, qui sont la marque de son génie. C’est le sixième film qu'il a sorti en 1932.
mardi 27 février 2024
John Cromwell, Of Human Bondage (L'emprise), 1934
À Paris, Philip un jeune homme au pied bot, renonce à la peinture et part à Londres étudier la médecine. Il s'éprend de Mildred, une serveuse, qui ne l'aime pas.
Une vie de déchéance, celle de Mildred et une vie de rejet, celle de Philip.
Très beau mélodrame sur l'aliénation amoureuse, la cruauté et l'échec, d’où saillissent quelques scènes comme ce final dans la cacophonie du trafic. C’est le film qui a fait de Bette Davis une star.
lundi 26 février 2024
André de Toth, Pitfall, 1948
Un agent d'assurance s'éprend d'une assurée frauduleuse. Une histoire d'amour, de jalousie, de désir, de routine. Un beau film linéaire noir avec la magnifique Lizabeth Scott.
mercredi 10 janvier 2024
Juan Antonio Bayona, La sociedad de la nieve (Le cercle des neiges), 2023
La tragédie (un avion s'écrase dans la cordillères des Andes, les survivants sont contraints au cannibalisme pour survivre) a fait l’objet d’un film précédent : Alive, avec Ethan Hawke, réalisé par Frank Marshall en 1991 — que j’avais préféré. Cette nouvelle version souffre de sa photographie, de ses couleurs, de ses filtres, de son image artificielle, du maquillage de ses acteurs (dents blanches, visage impeccablement rasé, cernes chromatiquement outrancières, etc.), l'ensemble dénaturalisant le film en une vignette YouTube. Le film est émouvant mais reste malgré ses quelques scènes spectaculaires : le crash, l’ensevelissement, la désolation devant les sommet, plat.
samedi 6 janvier 2024
Zack Snyder, Rebel Moon, 2023
Des paysans menacés enrôlent un groupe de combattants pour se défendre. L'esthétique maniériste de Snyder (ralenti, couleurs, matières en suspension) fonctionne mieux dans les scènes de combats (à la fin du film) qu'au début, dans son volet paysan. Dans sa structure narrative globale, le film manque d'ampleur, de tension, de cohérence, les sept samouraïs n'ayant aucune autre épaisseur que ce qu'en montre leurs scènes d'introduction/de combat. L'ensemble n'a pas de grande puissance mythologique, mais il y a une certaine beauté de dessin animé dans sa représentation de la guerre.
Xavier Giannoli, D'argent et de sang, 2023
L'arnaque à la taxe au carbone. Série de genre française, très addictive, bien rythmée, avec d’excellentes actrices, acteurs (Ramzy, André Marcon, Niels Schneider, Judith Chemla, Vincent Lindon…) et qui parvient à expliquer simplement les rouages de ce spectaculaire braquage. La série est peut-être un peu longue, les deux derniers épisodes ne parvenant pas à conserver le rythme.
vendredi 5 janvier 2024
Leave the World behind, 2023
Film de genre ante-cataclysmique sophistiqué. La structure cumulative à dessein d'annonce de l'effondrement (le pétrolier échoué, les propriétaires, le bruit, les animaux, les drones, les voitures, le voisin survivaliste, etc.) tient du catalogue, confus dans sa manière de mélanger les genres, plus que de la déconstruction. La toute fin amusante aère un peu l'ensemble.
Star Wars : Skeleton Crew, 2024
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